Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
31 réactions
Vous saurez tout sur le EZ
6/10
Partager cet article

Célèbre pour ses batteries virtuelles, Toontrack a eu la bonne idée, avec EZdrummer, de démocratiser le concept original de BFD dans une forme autrement plus accessible aux débutants : moins d’options, moins de boutons et du gros son accessible immédiatement, pour le plus grand bonheur des songwriters home studistes qui, faut-il le rappeler, ne sont pas tous ingé son et n’ont aucune envie de devoir jongler avec les EQ, les compresseurs et les alignements de phase pour obtenir un son produit…

Repre­nant le même préfixe, EZmix, qui nous arrive en version 2, entend être aux plug-ins d’ef­fets et de mixage ce qu’EZ­drum­mer est à la batte­rie virtuelle : un multi-effet simple à utili­ser, capable de simu­ler un ampli guitare comme de compres­ser une voix ou d’ap­pliquer un flan­ger à une batte­rie… Comme un Guitar Rig en somme ? Oui et non. Oui, car on retrouve la même variété de trai­te­ment dans le soft qui incor­pore une grosse tren­taine d’ef­fets virtuels. Non, car il n’est pas ques­tion ici d’ac­cé­der direc­te­ment aux réglages de ces derniers, mais à des presets les combi­nant, lesquels sont para­mé­trables avec deux boutons au maxi­mum. Au nombre de 350 dans la version de base, ces presets sont véri­ta­ble­ment ce qui fait la parti­cu­la­rité d’EZ­mix, tant du point de vue fonc­tion­nel que marke­ting, 12 packs d’ex­ten­sion étant déjà vendu par Toon­track : dédiés pour les uns à un genre musi­cal précis, ou signés pour les autres par tel ingé son ou produc­teur renommé, ils vous permet­tront de dispo­ser de toujours plus de presets pour la « modique » somme de 39 € l’unité. Mais foca­li­sons-nous pour l’heure sur la version de base, vendue pour sa part 139 €.

Qualité filtre

Toontrack EZ Mix 2

Utili­sable en version auto­nome ou comme plug-in aux formats VST, AU, RTAS en 32 et 64 bits sous Mac et PC, le soft s’ins­talle sans histoire et s’au­to­rise en ligne via un système de numéro de série, avec la possi­bi­lité de l’ins­tal­ler sur un maxi­mum de 4 machines, et de suppri­mer des auto­ri­sa­tions en fonc­tion de vos désirs. 

Même si les utili­sa­teurs de la première version retrou­ve­ront leurs petits dans la nouvelle inter­face de cette version 2, force est de consta­ter que cette dernière a pas mal évolué : on dispose désor­mais d’un aperçu photo­réa­liste des effets ou trai­te­ments auxquels recourt le presets, tandis que les faders qui permet­taient d’af­fi­ner les réglages ont cédé la place à 4 potards : deux pour régler le niveau d’en­trée et de sortie, et deux pour jouer avec tel ou tel para­mètre en fonc­tion du preset. Mais le plus gros apport de cette refonte tient dans le navi­ga­teur de presets évolué dont est désor­mais doté le logi­ciel. En vis-à-vis de la liste des patches dispo­nibles et d’un moteur de recherche, on dispose désor­mais d’un filtre multi­cri­tère comme on en trouve chez Native Instru­ments ou encore Spec­tra­so­nics. Vous pour­rez ainsi filtrer les presets dispo­nibles par instru­ments, effets, type (Ampli­fier, Aux, Group Bus, Insert & Master), genre musi­cal et enfin par packs de presets. Un ajout fort bien­venu, complété par une section ‘Favo­ri­tes’ qui vous permet­tra de gagner, elle aussi, du temps. A ceci près que les polices de carac­tères comme les visuels des effets utili­sés par un preset sont un peu trop petits, cette refonte ergo­no­mique motive à elle seule la mise à jour d’une version 1 vers la version 2 (mise à jour à 39 €). Voyons à présent comment se comporte le plug à l’usa­ge…

Take it EZ

C’est Over­loud qui s’est occupé de réali­ser les effets du logi­ciel, ce qui est plutôt de bon augure quand on connait la qualité de leurs réverbes et de leurs simu­la­teurs d’am­plis guitare. Et l’au­gure a bien raison vu qu’EZ­mix propose des sons très convain­cants, que ce soit au niveau des trai­te­ments dyna­miques, spec­traux ou des effets à retards et modu­la­tion. 

Voici quelques exemples réali­sés avec diffé­rents presets :

 

olivia dry
00:0002:08
  • olivia dry02:08
  • olivia ambian­ce100:22
  • olivia ambian­ce200:22
  • olivia slap00:22
  • drums dry00:08
  • drums comp00:08
  • drums filter00:08
  • drums disto00:08
  • bass dry00:16
  • bass rock00:16
  • bass huge00:16
  • guitar dry00:19
  • guitar satu00:20
 

Passé la phase de joujou avec quelques boucles, on a toute­fois vite envie de véri­fier si le soft mérite son nom, s’il rend effec­ti­ve­ment le mix ‘Easy’… Je me suis donc amusé avec un projet en m’as­trei­gnant à n’uti­li­ser que le plug de Toon­track et ses 350 presets de base pour le mixer. Le verdict tient en deux fichiers audio ci-dessous : le premier étant une mise à plat de la chan­son, et le second une version mixée avec EZmix (et EZmix seule­ment) sous Studio One.

 

ezmix­dry
00:0004:44
  • ezmix­dry04:44
  • ezmixed04:44

Indu­bi­ta­ble­ment, je ne suis pas Al Schmidt ni Rick Rubin, mais je dois recon­naître que le plug m’a permis d’ob­te­nir un début de résul­tat inté­res­sant en 10 minutes montre en main : le programme Exci­ter + Plate sur la voix fait notam­ment très bien le job, et j’ai pu renfor­cer la présence du kick ou des attaques de basse sans avoir à trifouiller 20 000 para­mètres. Le filtre multi-critères et le moteur de recherche sont pour cela une béné­dic­tion : on trouve vite ce qu’on veut, et comme le twea­king du preset reste très limité, on est vite rendu. 

Toontrack EZ Mix 2

Il faut dire aussi qu’avec 350 presets seule­ment pour cette version de base, les options dispo­nibles en terme de mixage ont vite faite de se réduire dras­tique­ment, ce qui est à la fois une bonne chose pour la produc­ti­vité (on va à l’es­sen­tiel, guidé essen­tiel­le­ment parce qu’on entend et non par ce qu’on voit ou ce que l’on imagine néces­saire), mais s’avère souvent très frus­trant : pour la guitare acous­tique, le soft ne propose par exemple que 3 presets nommés Acous­tic Guitar, Acous­tic Guitar2 & Acous­tic Guitar with Reverb. Pour les cordes acous­tiques, deux. Notons que rien n’est proposé en revanche au registre des instru­ments à vent, tandis que ‘vio­lin’ ne remonte aucun résul­tat. J’ima­gine qu’il faut ache­ter des exten­sions pour dispo­ser de choses de ce côté…

Rappe­lons aussi que le soft, comme son nom l’in­dique, est tourné vers le mix (plutôt pop-rock d’ailleurs à voir les noms des presets et l’orien­ta­tion acous­tique/élec­trique de l’en­semble) et non vers le sound design et la mani­pu­la­tion en live comme peuvent l’être un Tornado, un Effec­trix ou un Gross­Beat. On ne dispose ainsi pas d’ef­fets spéciaux basés sur des patterns ou des enve­loppes ultra sophis­tiquées, ni même de trai­te­ments lof-fi (pas de module pour réduire l’échan­tillon­nage ou la réso­lu­tion du son, pas de module non plus pour ajou­ter des craque­ments de vinyle ou des scratchs et des glitchs, bien que de nombreux presets, en combi­nant filtres et disto, permettent d’al­ler du côté du lo-fi). Par ailleurs, vu que le parti pris qui a été retenu est celui de la simpli­cité, vous ne serez pas étonné de ne pas trou­ver de presets utili­sables en side­chain.

Simple ou simpliste ?

Toontrack EZ Mix 2

Le plus gênant à l’usage reste toute­fois l’im­pres­sion que le logi­ciel est à la fois trop complexe pour un débu­tant et trop simpliste pour un home studiste plus avancé. Le grand débu­tant aura ainsi peu de chance de comprendre à quoi renvoie un preset nommé ‘LPF 12dB Oct’ tandis que le soft, non traduit en français, pourra le rebu­ter s’il n’a pas quelques bases d’an­glais tech­nique… Quant au home studiste plus rodé, il pestera sur quan­ti­tés de choses qui rendent le logi­ciel pénible à utili­ser : si l’on a la possi­bi­lité de voir tous les presets utili­sant un EQ, on ne peut pas voir unique­ment les presets spécia­li­sés dans l’éga­li­sa­tion, ce qui n’est pas la même chose (comme les coupe haut et les coupe bas par exemple). De la même manière, on peut certes voir les programmes dédiés à la simu­la­tion d’am­pli mais on ne dispose d’au­cun moyen de filtrer les sons clean, crunch ou satu­rés, les lead ou les ryth­miques… Et comme les auteurs du logi­ciel ont souvent opté pour de simple incré­ments pour diffé­ren­cier les presets (Sub Kick, Sub Kick 2, Sub Kick 3, etc. par exemple), on se retrouve souvent à partir à la pêche aux moules pour trou­ver un son, sans avoir aucune idée de ce qu’un preset peut cacher avant de l’avoir essayé. Avec 350 presets, c’est déjà pénible, alors j’ima­gine avec les milliers que l’on peut poten­tiel­le­ment ajou­ter à son arse­nal… Ce défaut pour­rait être aisé­ment compensé par l’uti­li­sa­teur si on lui lais­sait la possi­bi­lité d’ajou­ter ses propres tags mais ce n’est hélas pas le cas. Pour l’heure, on se conten­tera de bidouiller en ajou­tant tous les presets du logi­ciel dans la section ‘favo­ris’, et en utili­sant la fonc­tion ‘Renom­mer’ utili­sable dans cette section pour complé­ter tel ou tel nom… 

Toontrack EZ Mix 2

Autre problème relevé à l’usage : une instance de plug-in ne permet pas de combi­ner plusieurs presets. Du coup, on se retrou­vera parfois à insé­rer plusieurs EZmix sur une seule et même piste, sans plus savoir ensuite sur la tranche lequel fait quoi, vu que toutes les instances du plug-in appa­raî­tront avec le même nom ‘Ezmix’…

Par ailleurs, et même si l’on comprend que le concept de base est contraire à cette démarche, on aurait adoré avoir la main sur les effets consti­tuant les presets, quitte à payer plus cher. Se consti­tuer ses propres patches, pouvoir les échan­ger avec d’autres utili­sa­teurs, voilà qui aurait été inté­res­sant et aurait pu assu­rer un beau succès au soft, sur un modèle écono­mique certes très diffé­rent puisqu’ici, la seule pers­pec­tive d’évo­lu­tion tient dans l’achat de packs supplé­men­taires.

Enfin, on a l’im­pres­sion globale qu’en dépit de ses bonnes inten­tions de simpli­fier les choses, le logi­ciel n’ose pas aller jusqu’au bout de sa philo­so­phie : une ergo­no­mie orien­tée presets serait à mon sens extrê­me­ment perti­nente si des liens séman­tiques riches exis­taient entre ces derniers : dans l’ab­solu, quand je veux trai­ter une basse, je ne veux pas avoir le choix entre Bass1, Bass2 ou Bass3, mais plutôt des orien­ta­tions du type Softer, Stron­ger ou encore More Agres­sive comme ce qu’on peut trou­ver dans quan­tité de logi­ciels de trai­te­ment d’image grand public, avec un aperçu. Une logique qui serait plus payante pour les débu­tants, et rafrai­chis­sante pour les plus capés, mais qui implique­rait effec­ti­ve­ment de struc­tu­rer la base de presets sur un système rela­tion­nel.

Conclu­sion

Parce ce qu’EZ­mix a bien progressé dans cette version 2 et qu’il offre des effets et trai­te­ments de bonne facture, on recom­man­dera à tous ceux qui ont aimé sa première version de faire la mise à jour au prix raison­nable de 39 €. Reste à savoir s’il peut, à 139 € en version complète, inté­res­ser les autres… 

Sur ce point, en dépit de bonnes choses, il me semble qu’il reste encore au logi­ciel beau­coup de chemin à parcou­rir avant d’être un outil plei­ne­ment convainquant, pour le grand débu­tant comme pour le home studiste plus avan­cé… Son côté couteau suisse et la qualité des sons qu’il produit pour­ront en inté­res­ser certains pour trou­ver des idées de prod au petit bonheur la chance (quan­tité de grands morceaux ont béné­fi­cié de petits coups de pouce du hasard), ou faire un début de mixage vite fait bien fait, mais pour bosser vrai­ment, on voit mal comment il pour­rait être autre chose qu’un plug-in acces­soire en marge d’un arse­nal VST plus tradi­tion­nel. 

Vendu un peu trop cher compte tenu de ses limi­ta­tions, EZmix a toute­fois l’im­mense avan­tage de ne pas avoir de réel concur­rent (SFX Machine Pro pour­rait se rappro­cher un peu du concept mais s’il est un multi-effet plus complet et para­mé­trable, il est plus complexe à utili­ser, ne dispose pas de simu­la­teur d’am­pli et surtout, ne repose pas sur la combi­nai­son d’ef­fets au sein de presets, ce qui fait la véri­table origi­na­lité d’EZ­mix). Reste à savoir si son approche vous séduit, en télé­char­geant la version d’éva­lua­tion sur le site de l’édi­teur pour vous faire votre propre idée.

6/10
Points forts
  • Qualité globale des effets proposés
  • Simplicité d’utilisation
  • Filtre de recherche multicritère
  • Possibilité d’améliorer grandement une mise à plat en quelques clics
Points faibles
  • Trop compliqué pour un grand débutant, et trop limité pour un home-studiste plus expérimenté
  • Noms peu explicites de nombreux presets et pas de possibilité d’utiliser ses propres tags ou commentaires autrement qu’en bidouillant les noms des favoris
  • Pas de possibilité de combiner plusieurs presets dans une seule et même instance
  • Un peu cher en regard des limites du soft
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.