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Schecter Ultra Bass [2010-2019]
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Test de la Schecter Ultra Bass

Test écrit
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Neck Plus Ultra

Je ressens une curiosité toute pleine à l’égard de ce banc d’essai. Malgré toutes ces années passées à fréquenter le milieu de la guitare, je dois avouer n’avoir jamais eu l’occasion d’essayer un instrument de cette marque. L’histoire de cette compagnie se lit un peu comme un rêve américain.

En 1976, David Schec­ter devient éponyme de la société qu’il fonde (bapti­sée plus préci­sé­ment Schec­ter Guitar Research). C’est à l’époque un atelier qui fabrique tout ce qu’il faut pour monter une guitare (corps, manche, micros, cheva­lets…) en se concen­trant exclu­si­ve­ment sur le marché de la pièce déta­chée.

 

La compa­gnie four­nit alors deux des plus grands fabri­cants d’ins­tru­ments élec­triques (je vous laisse devi­ner de quels géants il s’agit) en articles variés pour oser sa première concep­tion d’ins­tru­ment en 1979. L’ate­lier devient alors « Custom shop » et produit des instru­ments haut de gamme, large­ment inspi­rés des concepts de Fender. En quatre ans, la compa­gnie est dépas­sée par un succès assez consé­quent pour provoquer son rachat par des inves­tis­seurs texans. Le custom shop démé­nage, devient produc­teur d’ins­tru­ments de série tout en restant dans la droite inspi­ra­tion (on pour­rait parler de copie) du Leg de Léo.

 

1987 marque un retour aux sources de la compa­gnie, rache­tée par le proprié­taire de la marque ESP : Hisa­take Shibuya. Il renvoie la fabrique dans ses quar­tiers cali­for­niens et lui redonne ses préten­tions de custom Shop pour distri­buer des guitares de pres­tige.

 

En 1996 la marque se détache enfin de son addic­tion pour le design Fender par la volonté de son nouveau mana­ger Michael Cira­volo qui veut souli­gner l’iden­tité propre de l’en­tre­prise.

Il ouvre aussi sa produc­tion à l’Asie (dans la province d’In­cheon en Corée du Sud) où il sous-traite la produc­tion d’une gamme d’ins­tru­ments réser­vés à un plus large public.

 

Je ne suppo­se­rai rien en affir­mant qu’In­cheon est le siège de l’usine prin­ci­pale d’un fabri­cant bien connu sous la marque CORT, dont la sous-trai­tance se retrouve aux cata­logues de nombreuses marques du marché…

 

Tout ça pour intro­duire la basse qui nous inté­resse aujour­d’hui, un instru­ment au look hybride et origi­nal, fabriqué en Corée et monté avec une élec­tro­nique passive stan­dard :

La Schec­ter Ultra.

 

On ne trahit pas ses origines

 

Quoiqu’en dise le tôlier, cette basse reprend le design mêlé d’une Tele­cas­ter et d’une Thun­der­bird (Gibson). Une sorte de métis­sage verti­cal qui pour la tête de manche et le bas du corps concerne la Gibson, alors que le haut de son corps (partie proche du manche) rappelle sans hési­ter celui de la célèbre Fender.

L’éclisse de cette basse est donc assez pronon­cée sous le bras droit, ce qui donne tout son côté décalé à l’ins­tru­ment : À la fois Rock, rétro et psyché.

 

Le manche est conduc­teur, avec trois plis d’érable et deux de noyer. Il mesure en largeur 38 mm au sillet et 62 mm à la dernière frette pour une longueur de 34 pouces (22 cases). Sa touche est en palis­sandre, assez foncée et tirant presque sur le violet (proba­ble­ment du palis­sandre indien).

 

Dans sa prise en main, on retrouve les repères assez stan­dards de la Jazz Bass à ce détail près que le dos de ce manche supporte un vernis brillant ainsi qu’une pein­ture.

 

Ce modèle est Sunburst de la tête au pied, sous deux tons (à l’an­cienne !), la tête de manche est donc coor­don­née et présente le même chan­frein que la table (repris sur la Thun­der­bird) dont la partie centrale est suréle­vée de 2 mm par rapport au reste. C’est très sympa visuel­le­ment et pour le coup, bien réalisé !

 

Les trois parties du corps sont en Acajou et le cheva­lier cordier séparé en deux pièces. Le sillet est de la marque Black Tusk (ivoire arti­fi­ciel) et les méca­niques sont des Grover à bain d’huile (à l’as­pect un peu cheap).

 

 

 

 

Côté élec­tro­nique, la marque a opté pour une paire de pavés EMG HZ, des doubles bobi­nages passifs contrô­lés le plus simple­ment du monde par deux volumes et une tona­lité. Rien de bien pres­ti­gieux, avouons-le : bien que de marque US, les séries HZ sont aussi fabriquées en Corée.

 

Niveau fini­tions, si on peut se fier à ce que j’ai sous les yeux, le travail est irré­pro­chable.

La pein­ture en deux tons et le vernis sont posés propre­ment. Il n’y a aucun nœud disgra­cieux dans les bois, la pose des frettes est très propre et les parties chan­frei­nées l’ont été avec soin.

Le poids géné­ral de cette basse est assez raison­nable, ce qui est assez surpre­nant pour un manche conduc­teur et le gaba­rit de son corps.

 

 

Allez, viens sur mes genoux…

 

Bah ouais, on n’est pas là pour regar­der le défilé. Les jolies basses sont un peu comme les jolies filles : C’est bien beau de les contem­pler, mais c’est quand même plus sympa de jouer avec ! Sauf qu’il est moins grave de mal jouer de la basse… Ou pas !

 

Trêve de gauloi­se­rie, j’at­taque direct et pose l’ins­tru­ment pour un petit essai assis. Jusque-là, tout se passe bien. Ma main gauche est confor­ta­ble­ment instal­lée pour parcou­rir tout le manche. Bon, au-dessus de la dix-neuvième ça commence à faire juste, vu qu’on passe sur la table derrière le pan coupé, mais bon, dans l’en­semble c’est pas plus fâcheux que ça. L’équi­libre est sympa, l’ar­rière étant bombé le manche se place bien.

 

 

J’ai un tout petit souci pour jouer sur le micro aigu, mon avant-bras droit venant se placer pile-poil sur l’ex­crois­sance de l’éclisse qui ne prévoit pas de chan­frein. Il y a donc un point de pres­sion qui vient s’opé­rer en posi­tion assise sur le nerf radial, ce qui peut être désa­gréable, voire handi­ca­pant, sur la longueur. Bon ce point ne concerne ici que moi et ma morpho­lo­gie person­nelle, tout le monde n’aura pas son avant-bras posé à cet endroit précis, dans des condi­tions simi­laires.

 

J’opte donc assez vite pour une posi­tion debout, la basse sanglée un peu plus bas qu’à mon habi­tude et là, plus de problèmes. Il faut même noter que l’équi­libre debout est parfait, le cul de la belle est telle­ment galbé que sa tête s’en trouve redres­sée !

 

Le poids est appré­ciable, on s’at­tend à bien pire avant de devoir porter cette quatre cordes. Merci l’acajou ! Je reviens sur ce point de la posi­tion assise pour dire qu’à force de la jouer tout en persé­vé­rant dans cette fainéan­tise qui me va si bien (désolé, chez moi je joue assis, à la cool et même parfois à demi nu), j’ai pris l’ha­bi­tude de la jouer un peu plus haut.

 

Dans le son, ça corres­pond mieux au carac­tère de l’ins­tru­ment.

 

Parlons-en juste­ment.

 

Joli minois, jolie voix

Si l’élec­tro­nique n’a rien de révo­lu­tion­naire (un bon vieux système passif), ni de bien sophis­tiqué (deux doubles iden­tiques au nord comme au sud), le rendu géné­ral est très inté­res­sant.

 

Ça sonne simple­ment et le jeu fera bien plus appel à la main droite du musi­cien et à des recettes évidentes en matière de réglage, qu’a une ingé­nie­rie élec­tro­nique tout en préam­pli et égali­seur.

 

Les micros EMG sonnent droit. Ce sont des doubles certes (Aimants en Céra­mique et acier), en cela qu’ils évitent les bour­don­ne­ments et rayon­ne­ments d’un simple. Mais ils gardent toute­fois une finesse dans le grain et ne sonnent pas aussi dure­ment qu’un double de base.

 

Le son du micro grave est très rond dans sa réponse, son grain est toujours galbé et garde cette rondeur même quand on pousse la tona­lité à fond dans les aigus.

 

Ici, les basses fréquences en berne sont bien­ve­nues de ce côté du duo magné­tique, car elles n’im­posent pas la contre­par­tie d’un son mou : ça reste toujours précis et dyna­mique. Le micro aigu s’im­pose donc par sa complé­men­ta­rité, avec de solides médiums qui en fonc­tion de la tona­lité géné­rale, peuvent monter haut et descendre suffi­sam­ment bas.

Mais ques­tion brillance, ce n’est pas Byzance !

 

Il fallait un peu s’y attendre avec du double bobi­nage, mais en toute fran­chise rédac­tion­nelle, je dois avouer que ce point ne dérange abso­lu­ment pas. Conscient du fait que l’Ul­tra ne se réserve pas aux slap­peurs fous, il ne sera pas diffi­cile de mettre ce style de jeu légè­re­ment de côté pour se faire plai­sir avec le reste.

 

Surtout que dans le fond elle ne sonne pas si mal quand on tape dessus, c’est toujours plus percus­sif qu’une 4001 ! Bon on est d’ac­cord, ça n’en fait pas une Jazz Bass de 75 mais ça peut faire le boulot quand-même. Par contre, le jeu étouffé au pouce sonne à merveille, les amateurs du son origi­nel du début des sixties appré­cie­ront.

 

Le son est donc souple ce qui permet une plus grande poly­va­lence et n’en­cla­vera pas l’usage de l’Ul­tra au style Rock qu’on aurait pu lui prédes­ti­ner de visu.

 

À mon avis, cette Schec­ter passera assez faci­le­ment de la pop au rock, de la musique cari­béenne à la musique latine, du blues à la coun­try. Moi j’aime bien la jouer Motown par ailleurs et il y a un je-ne-sais-quoi qui sent bon les seven­ties dans ce grain. La nostal­gie qu’évoque l’Ul­tra en moi n’a donc que du bon dans ces réfé­rences et durant les jours qui ont jalonné son essai, je me suis surpris à jouer dans des réper­toires jusque-là pas vrai­ment parcou­rus. J’en conclus donc que l’Ul­tra m’ins­pire, ce qui fait une qualité subjec­tive supplé­men­taire à cette basse.

 

Voici les sons réali­sés avec notre ampli TC Elec­tro­nic Rebel­Head 450 et le Two Notes Torpedo VB-101.

 


rock
00:0000:14
  • rock00:14
  • manche et cheva­let00:21
  • slap00:15
  • manche00:28
  • cheva­let00:15


Mise à prix

 

Bouclons cet essai par la déli­cate ques­tion du tarif qui affiche un prix public de 1090 €. Une basse fabriquée en Corée du Sud au-dessus des mille euros, ça peut faire mal là où on a géné­ra­le­ment l’ha­bi­tude de s’as­seoir.

 

Mais ce haut du pavé Coréen se rencontre aussi chez la concur­rence : Fender, Lakland, Tom Laul­hardt, TUNE… La ques­tion est de savoir si la Schec­ter Ultra vaut bien son pesant d’or, en consi­dé­rant avant tout son rapport qualité-prix.

 

En soit la fini­tion est très soignée, le son plutôt sympa, le manche est conduc­teur, le look reste origi­nal bien que synthé­tique (car inspiré par deux autres marques) et l’ins­tru­ment m’est arrivé parfai­te­ment réglé. Jusque-là rien à redire. Mais à 1000 €, on aurait peut-être attendu un peu plus d’un instru­ment stan­dard, fabriqué dans un pays où la main-d’œuvre est encore répu­tée bon marché : de meilleurs micros que ces licences E.M.G, des méca­niques un peu moins légères ou au moins, un bel étui sinon une housse.

 

Car à ce prix, cette Schec­ter vous sera cédée dans son magni­fique écrin en carton. Eh oui, ça n’est pas une blague et ça fait encore moins passer la pilule des 1090 €. Voilà dans le fond un avis qui reste le mien et qui n’a rien de fâcheux. Je reste confiant dans l’idée que même à ce tarif, cette basse saura inté­res­ser du monde.

 

Points forts
  • Le manche
  • La finition
  • Le look
  • Le son général est efficace
Points faibles
  • Les micros entrée de gamme
  • Les mécaniques
  • Livrée en carton

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