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Ubisoft Rocksmith
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Test de l'Ubisoft Rocksmith

Test écrit
38 réactions
6 cordes sur un gamepad
9/10
Award Innovation 2012
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Hum ? Un test de jeu vidéo sur AudioFanzine ? Tout à fait ! Sauf que ce jeu-là ne se joue pas avec un gamepad mais avec une vraie guitare. Et ça change tout...

Si la borne d’ar­cade Guitar­Freaks de Konami faisait figure d’OVNI à sa sortie, force est de consta­ter qu’en inspi­rant le Guitar Hero d’Ac­ti­vi­sion, puis le Rock­band de Rocks­tars, elle a depuis engen­dré un genre vidéo­lu­dique à part entière : le jeu de synchro musi­cale.

Il faut dire que le concept a de quoi plaire : vous mettre dans la peau des plus célèbres guita­ristes de la planète en jouant, devant des foules en délire, les plus grands stan­dards du rock, de la pop ou du métal… Comment ? En utili­sant une guitare en plas­tique à 5 touches en vis-à-vis d’une parti­tion revi­si­tée façon Tetris : des symboles glissent sur un tapis roulant et dès qu’ils atteignent le bas de l’écran, vous devez pres­ser les touches qui leur corres­pondent pour déclen­cher telle note, tel accord ou tel effet de jeu. Le game­play est certes archaïque, avec un score bête­ment basé sur votre préci­sion, mais il est compensé par un tel plai­sir de jeu que le public a complè­te­ment adhéré au prin­cipe. Le plai­sir ? C’est d’abord celui de jouer de la guitare comme un Dieu sans devoir apprendre à jouer vrai­ment de la guitare (pas de crampes, pas d’am­poules et une progres­sion autre­ment plus facile) mais c’est aussi et surtout le bonheur de jouer, non sur des réor­ches­tra­tions des chan­sons mais sur les versions origi­nales : quand vous tenez la guitare sur Satis­fac­tion des Rolling Stones, c’est bien Mick Jagger qui chante à vos côtés et Char­lie Watts qui enclume derrière vous. Bref, si tous les gamins des géné­ra­tions précé­dentes faisaient des play­backs avec une raquette de tennis en pous­sant le volume à fond sur la chaîne hi-fi fami­liale, ceux des années 2000 se sont écla­tés sur Guitar­Freaks, Guitar Hero ou encore Rock­band qui, au fil des versions, ont étendu le concept à d’autres instru­ments ou univers : basse, DJing, chant, batte­rie…

Guitar Hits

Bien que ce soit là son premier jeu à la Guitar­Freaks, Ubi Soft n’est pas vrai­ment un débu­tant en termes de péda­go­gie musi­cale : au milieu des années 90, sa série de CD-ROMs Guitar Hits permet­tait, au sein d’une inter­face combi­nant vidéos multi-angles et tabla­tures, d’ap­prendre quelques grands stan­dards pop avec bien plus d’à propos que nombre de vidéos péda­go­giques. Plus tradi­tion­nelle que Rocks­mith dans ses méthodes d’en­sei­gne­ment, la série n’est hélas plus en vente mais une partie de ses conte­nus a été rassem­blée sur un DVD inter­ac­tif présenté sur www.guita­rhits.fr

Or, avec ce dernier exemple, on était plus proche que jamais d’un véri­table appren­tis­sage de l’ins­tru­ment, car taper un rythme sur une batte­rie jouet, c’est fina­le­ment abor­der un travail ryth­mique qui gardera tout son inté­rêt pour jouer de la vraie batte­rie ensuite. De ce fait, on n’est donc pas trop surpris de voir arri­ver ce Rocks­mith qui gomme un peu plus encore la fron­tière entre le jeu vidéo et le logi­ciel d’ap­pren­tis­sage en troquant la guitare jouet à 5 touches pour une vraie guitare à 6 cordes : fini de faire semblant, cette fois, c’est pour de vrai ! 

D’ailleurs, pour marquer le coup, Ubi Soft a mis les petits plats dans les grands et s’est asso­cié à Epiphone pour vendre son jeu en bundle avec une Les Paul Junior au prix de 200 €. Évidem­ment, si cette guitare d’en­trée de gamme ne vous inté­resse pas, vous pouvez acqué­rir le jeu seul pour un peu moins de 70 €, lequel sera livré avec un câble Jack/USB qui fera office d’in­ter­face audio entre n’im­porte quelle guitare élec­trique et votre console ou votre PC car, préci­sons-le, Rocks­mith tourne sous PlayS­ta­tion 3, X-Box 360 et PC. Pas de Mac ? Non, pas de Mac.

Pour notre test, nous avons d’ailleurs utilisé la version X-Box en conjonc­tion avec 3 guitares diffé­rentes (une Fender Tele­cas­ter Deluxe, une autre Stan­dard et même une Variax 600 de Line 6) sans jamais rencon­trer le moindre problème, le tout fonc­tion­nant avec une latence tout à fait jouable. Le pari est d’au­tant plus réussi tech­nique­ment que la détec­tion poly­pho­nique est bien au rendez-vous, malgré certaines limites : l’al­go­rithme ne se soucie guère des doig­tés (un mi grave fretté à la cinquième case est détecté comme un la à vide par l’ac­cor­deur), cepen­dant qu’il se montre rela­ti­ve­ment tolé­rant en termes de préci­sion pour ne décou­ra­ger personne (du moins au début).

Penchons-nous, pour l’heure, sur le jeu propre­ment dit…

Ma femme, c’est Keith Richards

Ubisoft Rocksmith

Compa­tible avec n’im­porte quelle guitare ou basse élec­trique, Rocks­mith vous deman­dera d’abord si vous souhai­tez réali­ser le parcours Guitare ou le parcours Basse, en sachant que ce dernier pourra être réalisé soit avec une vraie basse, soit avec une guitare que le logi­ciel se char­gera de trans­po­ser. Une fois ce choix fait, il vous posera quelques ques­tions sur votre instru­ment pour adap­ter au mieux son inter­face et ses visuels : on peut ainsi préci­ser si l’on est gaucher ou droi­tier et le type de tête de la guitare, avant de passer à un cali­brage simple du son (véri­fi­ca­tion du niveau sonore) puis à son accor­dage. C’est à cette occa­sion que l’on fait connais­sance avec les codes couleurs utili­sés par le jeu : rouge pour le mi grave, jaune pour le la, bleu pour le ré, orange pour le sol, vert pour le si et rose pour le mi aigu. 

Si en amont de ces réglages, une courte vidéo vous explique comment tenir votre média­tor, on notera que l’ap­pa­reil péda­go­gique du logi­ciel se montre discret dès le départ pour ne pas gêner l’ac­cès à sa partie ludique. Sitôt arrivé dans le menu prin­ci­pal, le riff de Satis­fac­tion se fait d’ailleurs entendre comme une invi­ta­tion qui ne se refuse pas : allons-y !

Ubisoft Rocksmith

On se retrouve alors avec le son de guitare fuzz qui convient face au fameux tapis roulant où les notes dégrin­golent jusqu’à atter­rir sur le bloc corde au bas de l’écran, au moment précis où il faudra les jouer. Chaque note est évidem­ment de la couleur d’une corde et d’un design parti­cu­lier pour vous permettre d’an­ti­ci­per vos actions, tandis que le tapis roulant figure les cases de votre manche, au moyen de chiffres évoquant ses repères : 3e case, 5e case, 7e case, etc.

Le système est effi­cace même s’il demande un petit temps d’adap­ta­tion, pour le grand débu­tant comme pour le guita­riste plus confirmé : il faut mémo­ri­ser la posi­tion de chaque corde en fonc­tion de sa couleur, ce qui n’a rien de très évident lors des premières parties. On s’y fait vite toute­fois, tout comme à ce manche virtuel qui scrolle hori­zon­ta­le­ment en fonc­tion des notes à jouer. Et au bout d’une heure, on est à l’aise avec ce système qui s’avère rela­ti­ve­ment intui­tif.

Une chose est sûre en tous cas, pour ne rien louper des consignes qui défilent à l’écran, et parce qu’il s’agit ici de direc­te­ment jouer la chan­son dans son tempo origi­nal, on est forcé de regar­der l’écran et non son manche, ce qui est une très bonne chose péda­go­gique­ment. Évidem­ment, le débu­tant aura plus tendance à regar­der ses doigts mais, sous peine de louper la moitié des notes qui lui sont confiées, il finira vite par faire confiance à sa main gauche comme à sa main droite. 

L’autre aspect inté­res­sant du soft qu’on remarque dès cette première partie, c’est sa diffi­culté qui s’adapte en temps réel au progrès du joueur : si au début, on ne vous demande que de jouer quelques notes éparses pour ne pas vous démo­ti­ver, le logi­ciel sera atten­tif à vos progrès pour augmen­ter, quand il lui semble que vous maîtri­sez ce que vous faites, le nombre de notes à jouer. Sur le riff de Satis­fac­tion, on ne joue au départ qu’une note, puis deux, puis trois, quatre jusqu’à arri­ver au riff complet. Notez bien que cet ajus­te­ment de la diffi­culté ne se produit pas entre deux morceaux, mais bel et bien en cours de jeu, ce qui donne un côté impré­vi­sible à chaque partie et permet de main­te­nir un chal­lenge constant.

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Toute­fois, bien que cet aspect de Rocks­mith fasse beau­coup pour son game­play, il ne va pas sans poser certains problèmes sur le plan péda­go­gique : dans les choix qu’il opère sur les notes à ajou­ter, l’al­go­rithme n’est pas toujours des plus perti­nents et complique parfois inuti­le­ment les choses. Sur les 8 notes que compte le riff de Satis­fac­tion par exemple, après s’être concen­tré sur les deux premières notes sur quelques mesures, le soft s’est bizar­re­ment mis à ajou­ter la quatrième qui, à contre­temps, n’était pas la plus évidente à jouer. Du coup, il était presque plus facile de jouer le riff en entier que cette note seule… Plutôt que de confier la grada­tion du niveau à la machine, on aurait donc préféré qu’Ubi­Soft demande à un prof de guitare de décou­per la progres­sion de chaque morceau d’une façon qui fasse sens sur le plan péda­go­gique. Cela aurait en outre permis de propo­ser des vidéos ou des modé­li­sa­tion de la main gauche du guita­riste car, autre défaut de Rocks­mith, on n’y aborde jamais la ques­tion des doig­tés. De fait, lors de l’ob­ser­va­tion de ma chère et tendre qui m’a servi de cobaye grand débu­tant, je me suis aperçu qu’elle jouait toute la chan­son avec son seul index pour fret­ter, préfé­rant glis­ser de case en case plutôt que d’uti­li­ser ses autres doigts : pourquoi ne l’au­rait-elle pas fait puisque rien ne lui disait de ne pas le faire ?

Évidem­ment, Keith Richards ne joue pas avec beau­coup plus de doigts et la diffi­culté augmen­tant, elle fut vite obli­gée de revoir sa tech­nique de jeu pour pouvoir progres­ser, mais on sent bien qu’il peut être très facile de prendre de mauvais réflexes avec Rocks­mith. Des réflexes qui seront, pour certains, diffi­ciles à perdre…

Mon premier, c’est plai­sir

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Reste qu’en dépit de ces réserves, le jeu d’Ubi­Soft remplit haut la main son contrat dès la première partie. Pourquoi ? Parce que, portée par le plai­sir de jouer vrai­ment de la guitare avec le vrai groupe à ses côtés, et même sans jouer toutes les notes, ma douce a eu immé­dia­te­ment envie de recom­men­cer une partie pour s’amé­lio­rer, et s’amé­lio­rer encore. De fait, après 3 heures passées à s’achar­ner sur les Black Keys, les Red Hot Chili Peppers, Jarvis Cocker, Nirvana ou les Pixies, elle avait signi­fi­ca­ti­ve­ment progressé : elle ne regar­dait plus son manche à la moindre note et se montrait plus précise dans ses attaques comme dans ses dépla­ce­ments.

Et de préci­ser qu’elle aurait pu passer la jour­née dessus, elle qui, ordi­nai­re­ment, ne voit dans les jeux vidéos qu’une perte de temps rela­ti­ve­ment stérile : « ici, je ne perds pas mon temps, je fais quelque chose d’utile, j’ap­prends quelque chose… »

À l’heure où nombre de grandes entre­prises se mettent au Serious Gaming pour rendre leurs forma­tions plus effi­caces, ces propos ne manque­ront pas d’in­ter­pel­ler plus d’un profes­sion­nel de l’en­sei­gne­ment musi­cal, non que Rocks­mith puisse le moins du monde se substi­tuer à un prof ou à une méthode tradi­tion­nelle, mais qu’il soit visi­ble­ment un peu plus qu’un simple jeu vidéo et qu’il ouvre, à ce titre, de nouvelles pers­pec­tives en termes de support d’ap­pren­tis­sa­ge…

Ubisoft Rocksmith

Certes, pour ne pas dégout­ter le joueur, le logi­ciel n’est pas trop regar­dant sur la préci­sion du timing et certes, je serais curieux de voir comment son algo­rithme de détec­tion se sorti­rait d’une parti­tion touf­fue à la Steve Vai, mais il n’en reste pas moins qu’à force de vouloir bête­ment amélio­rer son score, on finit par apprendre des plans, puis des morceaux entiers, avec le choix à certains moments de choi­sir entre Ryth­mique ou Lead, et qu’à la fin, les oreilles prennent le relais des yeux pour jouer les bonnes notes au bon moment. Par honnê­teté, je dois avouer que ma grande débu­tante n’en est pas encore à ce point, mais l’en­vie est là, le jeu semblant par ailleurs parti­cu­liè­re­ment addic­tif.

Voilà qui donne en tout cas envie d’al­ler foui­ner du côté de la partie péda­go­gique du soft, pour voir ce que l’on peut en tirer. 

Hot for teacher

Ubisoft Rocksmith

Avant de décou­vrir de nouveaux morceaux dans le jeu, une voix off vous présente très succinc­te­ment les nouvelles tech­niques auxquelles vous aurez à faire dans le morceau suivant (bend, hammers, note tenue, harmo­nique, etc.) sans autre recom­man­da­tion que d’al­ler voir dans la section Tech­niques du logi­ciel pour en savoir plus. À cet endroit vous attendent en effet des exer­cices dédiés assor­tis de vidéos expli­ca­tives qui vous permettent de vous fami­lia­ri­ser avec tel ou tel type de tech­nique. On découvre d’ailleurs qu’Ubi­Soft ne tourne pas le dos aux bonnes vieilles méthodes péda­go­giques : les chan­sons sont décou­pées en sections (intro, riff, couplet, refrain, solo, etc.) et nombre d’exer­cices reposent sur un travail à vitesse ralen­tie d’abord, puis s’ac­cé­lé­rant progres­si­ve­ment ensuite.

Tous ces exer­cices sont rela­ti­ve­ment bien conçus, au point qu’il est  dommage de les avoir mis de côté plutôt qu’au sein de la progres­sion même du jeu, le débu­tant ayant tendance à les igno­rer pour enchaî­ner les chan­sons. Dans le même ordre d’idées, UbiSoft a imaginé toute une série de petits jeux qu’on contrô­lera en réali­sant telle ou telle note sur la guitare : du Duck Hunt au Space Inva­der en passant par le Simon ou le casse-brique, ce sont là autant d’op­por­tu­ni­tés de travailler l’ins­tru­ment en s’amu­sant, tout comme le démi­neur et le soli­taire n’avait d’autre but, dans les premières version de Windows, que de fami­lia­ri­ser l’uti­li­sa­teur avec les dépla­ce­ments, les clics et les drag & drop de la souris.

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Là encore, on aurait aimé que ces mini-jeux soient inté­grés à la progres­sion prin­ci­pale, non seule­ment pour varier le game­play, mais pour s’as­su­rer aussi que le joueur ne passe pas à côté. Parce qu’il faut dire qu’il est facile de les igno­rer tant l’in­ter­face globale du soft ne brille ni par son design, ni par son ergo­no­mie. Sur fond de cave obscure gros­siè­re­ment modé­li­sée, une succes­sion de menus et de sous-menus assez lour­dingues vous donne d’ac­cès à tous les compar­ti­ments du jeu, l’oc­ca­sion de décou­vrir de bonnes comme de mauvaises choses. Les bonnes choses, ce sont par exemple un diction­naire d’ac­cords, ou encore un espace vous permet­tant de jouer libre­ment avec les diffé­rents amplis, guitares et effets que vous débloque­rez au fil de votre progres­sion dans le jeu, avec un petit laïus sur chacun. Parmi les choses appré­ciables, on notera égale­ment la possi­bi­lité de jouer à deux via le réseau X-Box Live ou la boutique Rocks­mith Shop qui permet, contre paie­ment in-app, d’ache­ter de nouveaux matos, de débloquer toutes les fonc­tion­na­li­tés du jeu ou encore d’ajou­ter de nouvelles chan­sons à la play­list de base (avec un achat à l’unité ou par packs, et des choses rela­ti­ve­ment inté­res­santes comme Queen, Police, Otis Redding, etc.).

Ubisoft Rocksmith

La moins bonne surprise, vient en revanche du menu Chan­son qui permet, quelle que soit votre progres­sion, d’ac­cé­der à tous les titres du jeu. Mêlant stan­dards d’hier et succès d’aujour­d’hui, cette dernière est plutôt variée et de bon goût, là n’est pas le problème. Mais cet accès à tous les titres rend du coup le mode Progres­sion un peu caduc. Ce dernier s’or­ga­nise en effet en deux phases : une phase où l’on répète les chan­sons jusqu’à obte­nir un score de quali­fi­ca­tion, suivi d’une phase de concert où l’on joue ces mêmes chan­sons devant un public qui, en fonc­tion de la perfor­mance réali­sée, récla­mera un ou deux rappels. En dehors du fait qu’il donne accès à de nouvelles chan­sons, ce mode ne revêt que peu d’in­té­rêt, UbiSoft n’ayant vrai­ment pas forcé son talent pour ce qui est de la réali­sa­tion : seule diffé­rence entre le mode répet et le mode concert, un public fait de sprites gros­siers qui clignote pour que l’am­biance soit plus folle. On est très loin des graphismes d’un Rock­band et très loin du coup, de ressen­tir la moindre exci­ta­tion lors de ces concerts même si l’on comprend que la plus grande complexité du jeu ne permet pas d’axer sur le game­play sur le côté Jeu de scène. Mais comme de toute façon, les concerts ne servent même pas à débloquer les titres qui sont tous acces­sibles dans le menu Chan­sons, on voit mal quel inté­rêt lui trou­ver…

À la ramasse sur le graphisme, le jeu est évidem­ment bien plus à son aise sur le son, avec la possi­bi­lité de défi­nir le volume de chaque partie dans les options (guitare, basse, chant), et des simu­la­tions d’am­plis et d’ef­fets rela­ti­ve­ment convain­cantes, chaque chan­son dispo­sant de son preset dédié (préci­sons d’ailleurs que le jeu devra utili­ser la sortie analo­gique et non HDMI de votre console sous peine de vous retrou­ver avec une latence le rendant injouable).

Conclu­sion

Rock­mith n’est pas sans défaut, loin de là. Assu­rant le mini­mum graphique­ment, il a tendance à planquer sa dimen­sion péda­go­gique sous le tapis pour ne pas être étiqueté 'ludo-éduca­tif’, ce qui lui inter­di­rait tout espoir de succès commer­cial (un peu comme si un film Marc Dorcel était classé érotique au lieu de porno). Et pour­tant, c’est bien d’un jeu ludo-éduca­tif qu’il s’agit, au sens le plus noble du terme : on s’amuse et on apprend.

Ce n’est certai­ne­ment pas une alter­na­tive aux méthodes péda­go­giques tradi­tion­nelles car, en l’ab­sence d’une prise en compte des doig­tés et en substi­tuant quelques vidéos et un algo­rithme à l’ex­pé­rience d’un prof qui fait du sur mesure pour son élève, il ne dispense pas du tout le même genre d’en­sei­gne­ment. Mais face aux bons vieux exer­cices qu’il faut travailler à vitesse progres­sive au métro­nome avant d’ac­cé­der au moindre plai­sir de jeu, il repré­sente un support complé­men­taire de premier choix dans la mesure où sa méca­nique le rend addic­tif et où il offre un plai­sir immé­diat qui donne envie de persé­vé­rer. 

Bref. Rocks­mith remplace-t-il un prof de guitare ? Non, clai­re­ment. Est-il pour tout public ? Oui, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, grat­touillant à leurs heures perdues ou n’ayant jamais touché une guitare, aimant ou n’ai­mant pas les jeux vidéos. Va-t-il susci­ter de vraies voca­tions ? À n’en pas douter, ce qui amènera forcé­ment un nouveau public vers l’en­sei­gne­ment tradi­tion­nel. Faut-il le mettre sur sa liste de cadeaux pour Noël ? Défi­ni­ti­ve­ment. C’est pas un peu cher comme cadeau ? Non si celui à qui vous comp­tez l’of­frir dispose déjà d’un PC ou d’une console, et d’une guitare. Oui s’il n’a rien de tout ça. Mérite-t-il un award ? Oui, sans conteste, celui de l’in­no­va­tion : ne serait-ce pour souli­gner que ce n’est pas un construc­teur d’ins­tru­ments ou un éditeur de méthodes péda­go­giques qui signe cette réus­site, mais le papa de Rayman. 

Sur ce, je vous laisse, David Bowie n’at­tend plus que ma 6 cordes pour enton­ner Rebel Rebel. 

9/10
Award Innovation 2012
Points forts
  • Le nouveau mètre étalon des jeux musicaux
  • Techniquement au point sur la détection
  • Le plaisir immédiat
  • La gratification de jouer vraiment d'un instrument plutôt que de tapoter un joujou en plastique
  • Un excellent support d'apprentissage
  • Obligé de regarder l'écran et non ses doigts
  • Obligé de rattraper le cours du morceau après un pain (comme dans la vraie vie)
  • La difficulté qui s'adapte aux progrès de l'utilisateur
  • Une playlist conciliant des titres classiques comme modernes
  • La possibilité d'ajouter de nouveaux morceaux via le Shop
  • Les vidéos et les exercices de la section Technique
  • Les petits jeux d'arcade bien pensés
  • Utilisable avec une guitare ou une basse
  • Le mode émulant une basse avec une guitare
  • Les sons de guitare, bien réglés pour chaque morceau
  • Un jeu qui s'adresse à tout le monde
Points faibles
  • Ne remplace CERTAINEMENT PAS un prof et l'enseignement plus traditionnel
  • Graphismes d'un autre âge
  • Interface austère et lourde
  • Mode Progression perfectible
  • Pas de mention des doigtés
  • Facile de prendre de mauvais réflexes
  • Algo gérant la difficulté manquant parfois de pertinence
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.