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EastWest Quantum Leap Ministry of Rock 2
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Test du EastWest Ministry of Rock 2

Test écrit
23 réactions
Comme un rock

East West propose la suite de Ministry of Rock avec MOR 2, censée offrir le gros son nécessaire à des productions rock musclées. Revue.

Sans remon­ter à la préhis­toire (de la musique…), de nombreux joueurs de clavier ont plus ou moins essayé de sonner comme des guita­ristes. Avec parfois beau­coup de réus­site, comme le montre Jan Hammer, dont le phrasé a rejailli sur Jeff Beck (et vice-versa) ou encore Dave Stewart (pas celui d’Eu­ryth­mics, le vrai…), notam­ment dans son album avec Barbara Gaskin, Skin (l’al­bum est très moyen, mais les parties de Stewart sont remarquables).

Inté­rêt, pas d’in­té­rêt, le débat est vaste, à l’heure où les émula­tions et l’échan­tillon­nage plétho­rique permettent aux prati­ciens des touches noires et blanches de simu­ler la plupart des instru­ments, aidés en cela par le progrès des inter­faces de commande (clas­siques, à boutons et faders, ou plus musi­cales, comme les contrô­leurs à vent, les rubans). Et oublions les ridi­cules claviers-guitare, qui ne faisaient que flat­ter l’ego des musi­ciens pouvant enfin se poser sur le devant de la scène à côté du guita­ris­te…

Quasi tous les éditeurs se sont penchés sur le problème des sons de guitare, via l’échan­tillon­nage, la synthèse, la modé­li­sa­tion ou un mélange des diffé­rentes parties. En 2008, après quelques banques consa­crées à l’ins­tru­ment (56 Stra­to­cas­ter, par exemple), East­West et Quan­tum Leap ont sorti la première version de Play, leur moteur audio, et pour l’ac­com­pa­gner, Minis­try Of Rock (on trou­vera le test des autres banques sorties à l’époque ICI).

La banque propo­sait non seule­ment des sons de guitare, mais aussi de basses et de batte­rie avec une esthé­tique rock et métal, le tout contenu dans à peu près 20 Go d’échan­tillons enre­gis­trés dans le fameux Studio 2 d’East­West. Des échan­tillons Legato, Stac­cato, Round Robin, des batte­ries Ayotte, Ludwig, Gretch, des guitares et basses Fender, Spec­ter, Kubiki, Music­man, Gibson, et PRS le tout passant dans des amplis Ampeg, Marshall, Fender, Bogner, Vox et Budda, il y avait de quoi faire…

Et voilà que débarque la suite, Minis­try Of Rock 2.

Intro­du­cing Minis­try Of Rock 2

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz

OS 10.6.8

Logic 9.1.5

Play 3.0.15

Minis­try Of Rock 2

Deuxième instru­ment donc deux fois plus de contenu, semble en avoir décidé l’édi­teur. Plus de 57 Go, 60 000 échan­tillons (24 bits/44,1 kHz), huit DVD, soit deux heures d’ins­tal­la­tion, néces­si­tant de rester à côté de son ordi­na­teur ; mieux vaut prévoir un bon bouquin…

Compa­ti­bi­lité Mac/PC, 32 et 64 bits pour les deux OS (entre le début de ce test et sa remise, Play 3 est sorti), AU, VST, RTAS et stan­da­lone, c’est complet. Auto­ri­sa­tion via iLok, véri­fi­ca­tion des mises à jour, et on est prêt à écou­ter la bête.

EastWest Ministry of Rock 2

Ques­tion instru­ments, on béné­fi­cie donc de trois familles, guitares, basses et batte­rie, ces dernières enre­gis­trées dans le studio 1 (tiens, et pourquoi pas dans le studio 2 afin de propo­ser une acous­tique cohé­rente avec celle du prédé­ces­seur ?). Rayon guitares, les instru­ments propo­sés dans le premier volume étaient déjà très variés, il a donc fallu à l’édi­teur offrir autre chose, quitte à faire appel à des instru­ments moins usités. Ainsi on dispose d’une Les Paul sept cordes, d’une Schec­ter Hell­rai­ser sept cordes, d’une Dane­lec­tro bary­ton, d’une Carvin, d’une Tele­cas­ter Thin­line et d’une Jaguar. Du côté des basses, une Music Man Stin­gray cinq cordes et, ce qui devrait être une bonne nouvelle, la quasi-tota­lité des basses sorties à l’époque sous le nom de Hard­core Bass et Hard­core Bass XP. C’est-à-dire, une Lakland, une Stin­gray, une Jazz Bass fret­less de 61, une Höfner, une Gibson EB2 de 65, une Silver­tone de 66 et une Ricken­ba­cker de 72. Wooh… Pour finir, les batte­ries offrent des kits et éléments sépa­rés DW, Gretsch et Ludwig plus six caisses claires.

Tout ce beau petit monde a été enre­gis­tré dans les règles de l’art avec le meilleur maté­riel possible (Neve, Neumann, Tele­fun­ken, AKG, Manley, Fair­child, Royer, Chand­ler et Meit­ner), via les meilleurs amplis possibles (Fender, Divi­ded By Thir­teen, Marshall, Mesa Boogie, Bogner et Vox) par une solide équipe de musi­ciens, Shane Gibson, Greg Suran, Doug Rappa­port, Ashif Hakik, Tal Berg­man et Pierre Martin (je vous laisse le soin de vous amuser avec gougueule pour savoir qui a fait quoi, même si certains noms parlent tout de suite…). Un a priori plutôt posi­tif, à la lecture. Voyons voir (et écou­ter).

Scream !

EastWest Ministry of Rock 2

Commençons par les six, euh, sept cordes et assi­mi­lées. Elles sont sépa­rées en deux familles, Heavy Guitars et Rock Pop Guitars. Chaque guitare est ensuite divi­sée en Lead et Rhythm, à l’ex­cep­tion des Jaguar et Tele­cas­ter qui offrent elles une caté­go­rie Strum­mer en lieu et place des Rhythm. Ultime divi­sion selon les modèles, Elements, qui propose toutes les arti­cu­la­tions acces­sibles indi­vi­duel­le­ment, KS and MOD, qui regroupe les programmes multiples, permet­tant de passer d’une arti­cu­la­tion à une autre, soit par keys­witches (les plus complets) soit par la molette de modu­la­tion (qui, sur les autres programmes, est par défaut assi­gnée au filtre et appa­rem­ment à l’at­taque) et Tempo Sync Perfor­mance, géné­ra­le­ment des programmes trémolo qui sont, comme leur nom l’in­dique, synchro­ni­sés à un tempo, celui de l’hôte ou du stan­da­lone, que l’on spéci­fiera via la page Advan­ced Proper­ties.

 

EastWest Ministry of Rock 2

Commençons dans l’ordre, avec la Bary­ton. En mode Lead, on dispose de 10 arti­cu­la­tions diffé­rentes, sept se retrou­vant dans le programme KS (la diffé­rence s’ex­plique par le regrou­pe­ment des Up et Down, des Hammer et Pull Off, etc.). On retrouve ce prin­cipe sur la quasi-tota­lité des instru­ments.Une chose impor­tante à spéci­fier : le prin­cipe permis (et retenu) par la gestion des canaux audio de Play (voir aussi le test). Ainsi, l’édi­teur propose systé­ma­tique­ment deux prises de son d’un même instru­ment, la plupart du temps un canal via ampli et un canal via une boîte de direct, à l’ex­cep­tion des Carvin, Tele­cas­ter, Schec­ter et de la basse Music Man (on y revien­dra). La mise à dispo­si­tion d’un canal direct permet ainsi d’uti­li­ser son propre ampli (via re-amping) ou simu­la­teur. Pour tous les instru­ments, ne seront utili­sés pour ce test que les programmes KS, ceux que l’on est à même d’uti­li­ser le plus souvent, puisque toutes les arti­cu­la­tions sont ainsi immé­dia­te­ment sous les doigts. Les effets (sauf spéci­fi­ca­tion contraire) ont été main­te­nus, afin d’en­tendre les instru­ments tels que les a conçus l’édi­teur : la plupart des programmes comprennent en effet d’ori­gine écho et/ou réverbe.

 

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L’am­pli­fi­ca­tion est telle que la plupart des Harmo­nics sonnent plutôt comme si les notes étaient jouées norma­le­ment, ce qui n’est pas le cas avec le canal direct.

EastWest Ministry of Rock 2

La qualité sonore est là, avec la préci­sion et le côté in your face typique de East West. Les programmes legato fonc­tionnent très bien, permet­tant de réali­ser des traits assez convain­cants. Le trémolo reste inva­riant en cas de modi­fi­ca­tion du tempo, à la diffé­rence des programmes Tempo Sync. Les notes durent suffi­sam­ment long­temps pour être exploi­tables dans quasi toutes les situa­tions, et certaines fins laissent entendre de jolis vibra­tos, ou des bruits qui accen­tuent le réalisme.

Du côté Rhythm, c’est du Power Chord et des Chugs à foison, avec diverses varia­tions en terme de longueur, des effets (sur la plupart des programmes, une octave et demie propose des bruits de frettes et de cordes), sur 20 KS (de C0 à F#1). De quoi faire de grosses ryth­miques, et l’on peut appré­cier la longueur des sustains. À noter que suivant les modèles, on trou­vera aussi quelques phra­sés répar­tis chro­ma­tique­ment.

Il ne faut pas en attendre de subti­li­tés, là non plus il n’y a pas d’échan­tillons joués douce­ment. Des programmes legato, Hammer et Pull-Off sont four­nis, avec quelques problèmes sur les slides du KS F0, qui ne fonc­tionnent plus au-dessus de B2 : Play n’af­fiche plus de touches blanches à partir de cette note, bien que des échan­tillons soient assi­gnés jusqu’à B3. On ne sait donc pas si c’est un bug de program­ma­tion ou d’af­fi­cha­ge…

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Le programme Tempo Sync offre des Power Chords palm muted à 260 BPM, non bouclés (deux mesures en croches), et pouvant donc s’adap­ter au tempo. La qualité du stretch est correcte, sans être excep­tion­nelle, ce qui ne permet­tra pas de grandes varia­tions de tempo. De plus, on a du mal à les mettre en place, comme on peut l’en­tendre dans l’exemple, malgré une quan­ti­fi­ca­tion après coup.

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À noter que les versions Dry sont aussi présentes, ce qui permet d’uti­li­ser son logi­ciel favori.

Un regret, aussi bien pour la version ampli­fiée que directe : l’at­taque du média­tor est très présente, et l’on ne dispose pas d’échan­tillons à faible vélo­cité, obli­geant à jouer de la molette pour obte­nir un “touché” plus léger, ce qui d’abord n’est pas simple, mais surtout qui modi­fie parfois trop le son (on pilote le filtre). Ce qui s’ap­pa­rente plus à une pédale de volume qu’à des notes jouées douce­ment…

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Les autres guitares étant conçues selon le même modèle, on ne s’at­tar­dera que sur les diffé­rences et éven­tuels problèmes rencon­trés.

Les programmes de la Carvin Bridge présentent la parti­cu­la­rité d’être consti­tués de deux séries d’échan­tillons satu­rés, joués sépa­ré­ment (les deux étant iden­ti­fiables via leur appel­la­tion S1 et S2), afin de donner une impres­sion de doublage réel. Les versions Dry sont dispo­nibles par le biais des réglages de Pan, Stereo Double et Chan­nel Source. Elle offre 18 programmes, plus que la Bari­tone, les possi­bi­li­tés expres­sives sont donc (un peu) plus nombreuses. Quelques sons :

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Comme on peut l’en­tendre, quelques légers problèmes de mapping et/ou de justesse ici où là, comme avec les KS G0 et G#0, qui font entendre deux arti­cu­la­tions diffé­rentes.

On peut bien entendu n’uti­li­ser qu’un seul des canaux de la Carvin.

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De son côté, la partie Rhythm regroupe moins d’ar­ti­cu­la­tions, puisque les KS ne s’étendent “que” de C0 à G0. Mais le son est là, le doublage des guitares prenant ici tout son sens pour la produc­tion de grosses ryth­miques.

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Passons à une rareté, une Les Paul 7-cordes ; là encore, on cherche le power chord qui déplace les murs… Si je ne me buse, il doit s’agir d’une Epiphone Les Paul (de 2001–2002), car il me ne semble pas que Gibson ait un jour réalisé un tel modèle (les connais­seurs me corri­ge­ront dans le forum au cas où…).

Même répar­ti­tion, 22 arti­cu­la­tions en lead, on est gâté. Les KS sans vibrato descendent jusqu’au La grave, les autres à Si b.

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Du beau son encore, avec un bémol quand on use du pitch bend pour l’ef­fet de répé­ti­tion de notes et/ou jeu sur deux cordes (la première note est jouée norma­le­ment, la deuxième attaquée un ton en dessous) : l’ef­fet sonne arti­fi­ciel, (une des limites du moteur Play). En revanche, moins de problèmes dans l’autre sens (pitch descen­dant, pour les vibra­tos à la whammy-bar, par exemple). C’est malheu­reu­se­ment valable pour la tota­lité des guitares four­nies.

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Côté ryth­mique, 20 arti­cu­la­tions, du nanan… Ça sonne, profond, mais toujours avec ce média­tor très prononcé, et pas d’échan­tillons diffé­rents suivant la vélo­cité, ce qui empêche de passer d’une Mute pianis­simo à une attaque triple forte.

On en finit avec les grosses guitares par la Schec­ter, 7 cordes elle aussi. 12 arti­cu­la­tions en lead, rien de parti­cu­lier à signa­ler, les coups de média­tor et problèmes de pitch bend sont les mêmes que sur les autres guitares. À noter, pas de version dry, mais deux ampli­fi­ca­tions (Marshall et Bogner).

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On trouve 13 arti­cu­la­tions dédiées aux ryth­miques, dont un très réussi mode PM Hammer On+ Pull Off : la première note jouée est tenue, la deuxième (et suivantes si jouées legato) est étouf­fée. Petit problème : le Round Robin appelle parfois la note un demi-ton en dessous (ici un Mi b à la place du Mi joué).

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Dommage qu’on ne retrouve pas ce script sur les autres guitares.

Voilà donc quatre guitares fort diffé­rentes, dont les sono­ri­tés typées sont respec­tées, les diffé­rentes ampli­fi­ca­tions faisant leur travail. Quelques regrets sur les échan­tillons (manquants) à faible vélo­cité, les attaques de média­tor parfois trop fortes, et le pitch, pas très heureux. On y revien­dra.

On conti­nue avec des modèles plus “légers”.

Softly

Caté­go­rie Pop Rock, donc, avec pour commen­cer une Jaguar, emblé­ma­tique à la fois du courant surf des années 60 et du grunge des années 80, grand écart stylis­tique. 18 arti­cu­la­tions, une très belle sono­rité, permet­tant des nuances du son doux au son crunch à forte vélo­cité (enfin…). Indé­nia­ble­ment inspi­rant, l’ins­tru­ment offre de plus une version dry permet­tant toutes les ampli­fi­ca­tions possibles, de Sonic Youth à The Surfa­ris.

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À la place de Rhythm, on trouve une section Strum­mer, qui offre trois types d’échan­tillons visi­ble­ment conçus pour être joués en accord, avec ce qui semble être des échan­tillons alter­nant entre attaque du média­tor up et down. Le résul­tat est concluant, même si plus appro­prié à un jeu égre­nant les cordes qu’à des accords joués rapi­de­ment. Puisqu’il faudrait, à fin de réalisme, jouer les accords en alter­nant jeu du grave vers les aigus puis l’in­ver­se…

Il n’en reste pas moins que l’ins­tru­ment est très “réel” sous les doigts, donnant envie d’uti­li­ser sa sono­rité parti­cu­lière un peu partout…

Place à une autre belle guitare, la Tele Thin­line, pas celle de 1969, celle de 1972 (donc avec des humbu­ckers) et ses 15 arti­cu­la­tions. Moins “twangy” et acide que la Jaguar (humbu­ckers obligent), elle dispose de deux ampli­fi­ca­tions, un canal Divi­ded by Thirty et l’autre Vox. Elle permet des traits plus doux, avec parfois un côté Jeff Beck plutôt inté­res­sant. Il faudra la faire passer par une disto pour les sons à la Primus ou Placebo.

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Là aussi, on dispose d’une section Strum­mer, offrant les mêmes prin­cipes que celle de la Jaguar (quatre sons contre trois pour cette dernière).

Retour de la Carvin pour finir, cette fois avec le micro manche, en son saturé, toujours avec deux versions jouées (une par canal), mais moins clai­re­ment métal que sa précé­dente incar­na­tion. 16 arti­cu­la­tions, rien de parti­cu­lier, à l’ex­cep­tion d’un petit problème de script sur le Slide Fast Up Down.

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Et retour aussi d’une section Rhythm, avec les Mute, Chugs et Power Chords atten­dus.

Cet ensemble de guitares est tout aussi réussi que celui des guitares Metal, notam­ment en ce qui concerne les Fender.

Big bottom

EastWest Ministry of Rock 2

Pour secon­der ces guitares, il faut des basses de choix. East West propose donc une Music Man Stin­gray 5-cordes, jouée aux doigts et au média­tor, offrant une double ampli­fi­ca­tion, Ampeg à droite, SWR à gauche. Chaque version de jeu dispose de ses propres programmes. La version Finger offre 9 arti­cu­la­tions, du Sustain de diffé­rentes longueurs aux Hammer, Fall, Bend, etc., plus les bruits divers. La version Pick en propose 11, gagnant des notes répé­tées (éléments sépa­rés ou courtes phrases). Bizar­re­ment, les sustains courts paraissent peu natu­rels, comme affu­blés d’un fade. Et cette version Pick manque singu­liè­re­ment d’at­taque, de mordant quand on la compare à la Music Man Pick HiFi de Hard­core Bass (voir ci-dessous).

Notons à ce propos que l’on regrette que l’édi­teur n’ait pas prévu un script ou un programme séparé pour les échan­tillons de relâ­che­ment qui figurent sur certains sons (basses et guitares), obli­geant, pour en béné­fi­cier, à attendre la fin de la note jouée, alors que sa durée ne peut pas corres­pondre à tous les coups à celle dési­rée.

Bref. Dès les premières notes jouées, c’est le gros son. Tony Levin est dans le studio, en route pour un Pete Gab ou un King Crim­son, c’est ce type de son qu’a choisi l’édi­teur, avec du grain, des bruits de frettes à vélo­cité maxi­male, bref des “défauts” qui en font un instru­ment “vivant”. On en vient du coup a souhai­ter plus d’échan­tillons de round robin, comme le proposent main­te­nant plusieurs éditeurs (Spec­tra, les ex-Tone­ham­mer, etc.). Les deux (up et down, ou index/majeur, etc.) four­nis pour une vélo­cité donnée peuvent paraître répé­ti­tifs au bout d’un moment. On s’ha­bi­tue au luxe, quoi…

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EastWest Ministry of Rock 2

Autres basses présentes, celles que l’on trou­vait à l’époque dans Hard­core Bass (HB) et sa suite, Hard­core Bass Expan­sion (HBE), remas­té­ri­sées (elles sont un peu plus brillantes). Les instru­ments présen­tés reprennent l’in­té­gra­lité des arti­cu­la­tions de la première version, heureu­se­ment. On retrouve ça et là des erreurs de mapping, comme ce beau Si grave à la place du Si aigu du OpenUpDn de la Lakland, par exemple.

L’avan­tage est main­te­nant de dispo­ser d’un script legato perfor­mant (la précé­dente version utili­sait le Kontakt d’avant les scripts…). Sur les modèles de HB, on dispose des échan­tillons de chaque micro (Lakland Finger et Pick, Music Man Vintage Pick), tandis que les basses de HBE offrent une bi-ampli­fi­ca­tion.

Encore du gros son, de très bonne qualité ; la banque m’avait déjà fait forte impres­sion à l’époque de sa sortie et est toujours perti­nente, même si certaines basses souffrent d’une absence totale ou partielle (quelques arti­cu­la­tions seule­ment) d’échan­tillons Round Robin. Si l’on est à la recherche de bonnes grosses basses rock ou fusion expé­ri­men­tale, il y a de quoi faire. Dans l’exemple suivant, c’est la Lakland Pick KS (en mode Mono Sum) qui est mise à contri­bu­tion, en utili­sant les keys­witches.

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Big Boom

EastWest Ministry of Rock 2

Des guitares, des basses, manquent plus que les batte­ries, que voici. DW, Gretsch et Ludwig, de l’in­con­tour­nable (du moins vu du côté améri­cain). L’ar­bo­res­cence de la biblio­thèque propose des kits par marque, ces mêmes kits en version plus légère (Kits Less Load) et des Grou­ped Elements, programmes compre­nant tous les sons d’un même élément de kit (cymbale, char­ley, grosse caisse, caisse claire et tom).

Chaque kit est décliné en famille Metal ou Rock, ces mêmes varia­tions étant consti­tuées d’élé­ments de la marque, ensuite propo­sées avec diffé­rentes confi­gu­ra­tions de caisse claire : Black Beauty, DW, GMS, Brady (la marque qui fait des fûts taillés dans la masse d’une seule pièce de bois), Ludwig, NC1 (ou 2, Noble & Cooley), Sonor et Tempus (carbone et fibre de verre). À noter que suivant les familles, les kits sont parfois propo­sés en version XXX, version spécia­le­ment accor­dée.

Le mapping est effec­tué suivant la norme Gene­ral Midi, et l’on dispose de jusqu’à quatre échan­tillons Round Robin sur certains éléments. Quand on ouvre un programme complet, Play appelle les cinq Grou­ped Elements, et ne charge que les échan­tillons néces­saires en les assi­gnant tous à un seul canal Midi. L’avan­tage de ce prin­cipe est que l’on peut assi­gner les éléments aux diffé­rentes sorties stéréo afin de leur faire profi­ter si besoin d’un trai­te­ment indi­vi­duel, ou encore “enle­ver” les samples d’un des éléments pour les rempla­cer par d’autres (mettre telle ou telle caisse claire à la place de celle choi­sie dans le programme d’usine, par exemple). Mais cette gestion n’est pas aussi simple que si l’on allait cher­cher l’élé­ment de batte­rie direc­te­ment.

De plus, l’ar­chi­tec­ture du plug fait que l’on ne peut visua­li­ser dans une seule fenêtre la répar­ti­tion des sons sur le clavier, il faudra navi­guer dans les éléments pour affi­cher le code note blanche indiquant un son chargé. Pas le plus pratique, surtout quand on a l’ha­bi­tude de jouer sur des confi­gu­ra­tions maison, répon­dant aux néces­si­tés du jeu en direct sur le clavier (le GM n’est pas l’idéal pour ça…). Par exemple, si l’on veut utili­ser plusieurs caisses claires au sein d’un même kit, il faudra char­ger le Grou­ped Element, et lui assi­gner un canal Midi diffé­rent.

EastWest Ministry of Rock 2

Compa­ti­bi­lité au détri­ment de la joua­bi­lité person­na­li­sée, c’est néan­moins un choix compré­hen­sible. Mais il revient comme le souve­nir d’une version annon­cée de Play, permet­tant de char­ger les sons et de les mapper indi­vi­duel­le­ment, de défi­nir ses propres keys­witches, etc. Un rêve, peut-être…

Le Drum Mixer entre enfin en action, propo­sant donc plusieurs acous­tiques : une prise de son en proxi­mité addi­tion­née de la prise Overhead, une prise plus éloi­gnée (Room) et une Room compres­sée. Ce dernier élément est un choix qui se discute (on peut aussi vouloir faire sa propre compres­sion via des sorties sépa­rées, bus, etc.), notam­ment parce qu’une sépa­ra­tion de la prise Close et des Overhead aurait été justi­fiée, mais il est vrai que les péri­phé­riques utili­sés par East West pour cette compres­sion ne sont pas forcé­ment présents dans tous les studios des utili­sa­teurs poten­tiels de MOR 2… Notons, même si cela semble évident, que l’on ne peut utili­ser simul­ta­né­ment Room et Comp. Room (Play marque un temps de char­ge­ment à chaque fois que l’on bascule de l’une à l’autre). Avan­tage, ce choix est indé­pen­dant par élément (kick, snare, etc.) ce qui permet de peau­fi­ner le son.

Forcé­ment un peu moins détaillés que ceux propo­sés par les instru­ments spécia­li­sés type BFD 2, Addic­tive Drums ou Super­ior, les kits ont néan­moins leurs propres atouts, notam­ment celui d’être parfai­te­ment en accord d’un point de vue sonore avec le style choisi ou encore des frappes alter­na­tives, en fla, ghost, etc. L’autre atout auquel on pense tout de suite est bien entendu la qualité sonore intrin­sèque ; le son est impec­cable, bien dans l’es­prit des produits EW. Il faudra néan­moins passer un peu de temps à équi­li­brer les niveaux des éléments, les HiHats et cymbales étant par exemple assez faibles. Et faire atten­tion lors de l’uti­li­sa­tion des Room, certaines attaques pouvant subir un effet de “fla”, de légers retards que l’on pourra entendre sur certains des exemples ci-dessous (lais­sés volon­tai­re­ment).

Voilà quelques petits exemples réali­sés avec les kits four­nis, et les effets embarqués. Certains grooves seront joués “secs” (prise Close+OH seule) puis avec Room ou Comp.room.

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Bilan

Malgré son nom, Minis­try Of Rock 2 n’est pas à consi­dé­rer comme une version 2.0  de son aîné, mais bien comme un complé­ment du premier. D’où le choix d’ins­tru­ments moins habi­tuels pour les guitares.

La présence de ces guitares (les Jaguar et Tele Thin­line sont vrai­ment superbes) et de l’in­té­grale des basses de Hard­core Bass et Hard­core Bass Expan­sion est bien évidem­ment un élément qui peut-être déci­sif, puisque, malgré toutes leurs quali­tés, les kits de batte­rie ne sont pas aussi détaillés, et donc moins malléables que ceux des plugs spécia­li­sés.

Le tout sonne cepen­dant de façon cohé­rente, et permet de produire de façon convain­cante (écou­tez les démos sur le site de l’édi­teur). Atten­tion, je ne dirais pas non plus qu’il n’est plus néces­saire de faire appel à un guita­riste ou un bassiste. MOR 2 permet certaines choses, notam­ment en termes de rapi­dité de produc­tion et de coût, sans parler de la diver­sité sonore qui repré­sente un énorme budget si l’on veut l’ap­pro­cher dans la réalité, mais jamais le plug ne rempla­cera le savoir-faire, l’ins­pi­ra­tion et les “défauts” d’un véri­table instru­men­tiste. C’est évident, mais il est bon de le rappe­ler (régu­liè­re­ment).

L’ajout des versions Dry des guitares est une bonne idée, et d’un point de vue enre­gis­tre­ment/resti­tu­tion, il n’y a quasi aucun reproche à faire. Quelques défauts de mapping et de scripts (donc norma­le­ment corri­gibles via update des instru­ments), le manque d’échan­tillons à diverses vélo­ci­tés pour les guitares metal, des problèmes d’er­go­no­mie et le pitch bend assez mauvais sont cepen­dant à prendre en compte. La plate­forme Play a ses thuri­fé­raires et ses détrac­teurs ; je n’ai pour ma part pas grand-chose à lui repro­cher, sauf cette fameuse version arlé­sienne (où l’on pour­rait mapper les choses, etc.), et quelques problèmes impos­sibles à repro­duire par itéra­tions pour être sûrs de leur origine, comme le fait que Play ne réponde plus aux commandes à la souris, alors que tout fonc­tionne par ailleurs.

À 297 euros (il faut guet­ter les régu­lières « bonnes affaires » de l’édi­teur en matière de tarifs promo), MOR 2 est un choix à consi­dé­rer si l’on veut un produit effi­cace, sans “déchets” ni remplis­sage, afin de produire rapi­de­ment du gros rock, du mix orches­tral-ryth­mique épique, etc. Pour ce type d’usage, il est l’un des seuls (avec MOR 1) à propo­ser une solu­tion tout-en-un de cette qualité. Et encore une fois, la collec­tion de basses, si elle est dépas­sée tech­no­lo­gique­ment au niveau des arti­cu­la­tions par les Scar­bee, Orange Tree, Prominy, voire Spec­tra­so­nics, n’en reste pas moins unique par son concept sonore.

Points forts
  • Concept tout-en-un dédié au gros rock (et plus)
  • Qualité sonore
  • Diverses configurations d’ampli/guitare
  • Nombre d’articulations
  • Intégrale des basses Hardcore Bass
  • Guitares Jaguar et Tele Thinline
  • Gros son des Schecter, Carvin et Les Paul
  • Version Dry de la plupart des guitares
  • Double amplification
  • Drum Kits puissants et cohérents
  • Drum Mixer
  • Très bonnes réverbes (à convolution)
  • Pas de remplissage inutile
  • 64 bits pour tout le monde
Points faibles
  • Quelques problèmes de mapping/scripts
  • Manque d’échantillons de différentes vélocités (guitare metal)
  • On voudrait plus d’échantillons Round Robin (guitares, basses)
  • Quelques programmes courts sonnant de façon peu réaliste
  • Pitch Bend/resampling mauvais
  • Stretch perfectible
  • La gestion des kits et éléments séparés aurait pu être plus simple
  • Utilité de la Comp Room par rapport à un Overhead séparé
  • Temps d’installation beaucoup trop long (un DD ou une clé de 64 Go seraient plus appropriés)
  • Pas de possibilité de créer ses mappings et KS personnalisés
  • Manque d’échantillons de relâchement
  • 
Parfois, la GUI ne répond plus...
  • Interface trop grande

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