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Le mastering selon Craig Anderton

Introduction au mastering

L'art du mastering consiste à ajouter une touche finale au mixage d'un ou plusieurs morceaux (par exemple en modifiant le son, en contrôlant la dynamique, en vérifiant que les niveaux sont homogènes, etc.) et, dans le cas d'un album, à assembler les différentes pièces pour créer une expérience d'écoute cohérente. Au mastering, on peut même faire des choses comme raccourcir une intro ou un solo, ajouter de la réverbe ou des traitements encore plus radicaux, bref tout ce qui permet d'obtenir un enregistrement au son irréprochable.

Cepen­dant, pour un maste­ring réussi, vous devrez possé­der des années d’ex­pé­rience, une bonne paire d’oreilles et toute une série de quali­tés. Et la meilleure façon d’em­ma­ga­si­ner de l’ex­pé­rience consiste à se remon­ter les manches, commen­cer à maste­ri­ser et apprendre les tenants et abou­tis­sants du proces­sus de travail. Si vos mixages sonnent mieux après votre maste­ring, vous êtes sur la bonne voie.

 

Nous allons abor­der des tech­niques de maste­ring spéci­fiques dans de prochains articles. Mais avant même de démar­rer votre ordi­na­teur, je vous recom­mande forte­ment de créer un envi­ron­ne­ment appro­prié au maste­ring. Voyons ce à quoi vous devez penser pour commen­cer à maste­ri­ser.

 

L’im­por­tance du lieu

Le para­mètre le plus impor­tant en matière de maste­ring n’est pas un plugin ni un proces­seur rackable ou un logi­ciel mais un lieu à l’acous­tique corri­gée. La qualité des enceintes de moni­to­ring et le type de système importent peu si vous ne pouvez pas évaluer correc­te­ment le son en raison de problèmes acous­tiques dans la pièce. Inver­se­ment, un lieu à l’acous­tique adap­tée pourra révé­ler des problèmes au niveau de certains éléments de la chaîne du signal.

 

L’acous­tique est l’une des raisons prin­ci­pales pour lesquelles de si nombreux mixages issus de home studios ne sont pas « trans­por­tables » : souvent, la musique sonnera bien dans votre home studio et nulle part ailleurs. C’est parce que vous avez mixé puis maste­risé en compen­sant les défi­ciences acous­tiques de votre studio alors que les autres lieux présentent des défauts diffé­rents. Avec un lieu dont la réponse est suffi­sam­ment précise, les dévia­tions ne seront pas aussi impor­tantes lorsque vous diffu­se­rez votre musique dans d’autres lieux.

 

Onde stationnaireIll. 1 : cette illus­tra­tion montre les condi­tions d’ap­pa­ri­tion d’une onde station­naire dans lesquelles une onde est réflé­chie hors phase par un mur, ce qui annule la forme d’onde origi­nale.
Avec d’autres fréquences, il arrive souvent que la réflexion s’ajoute à la forme d’onde origi­nale et la renforce.
Ces anoma­lies dans la réponse en fréquence affectent la façon dont vous perce­vez la musique que vous mixez.

 

La correc­tion acous­tique est un thème telle­ment vaste qu’il néces­site des livres entiers ; à ce sujet, Mitch Galla­gher en a écrit un bon inti­tulé Acous­tic Design For The Home Studio (Thom­son Course Tech­no­logy, ISBN-10 : 159863285X, ISBN-13 : 978–1598632859). Bien que vous puis­siez certai­ne­ment amélio­rer certaines choses vous-même, si vous avez le budget, il sera préfé­rable d’ap­pe­ler un profes­sion­nel. Lorsque Spen­cer Brewer, un ami et compa­gnon musi­cal, a construit son studio, il a pris la sage déci­sion d’al­louer une part impor­tante de son budget aux hono­raires d’un concep­teur de studio profes­sion­nel parti­cu­liè­re­ment compé­tent en acous­tique. Au fil des ans, il a ajouté puis retiré divers équi­pe­ments de son studio tandis que l’acous­tique du lieu restait la constante dans tout son travail.

 

Hormis l’ou­vrage mentionné ci-dessus, vous trou­ve­rez de nombreuses sources d’in­for­ma­tion rela­tives à l’acous­tique. Les sites Inter­net de socié­tés telles que Real Traps, Aura­lex, Prima­cous­tic et bien d’autres sont géné­ra­le­ment très infor­ma­tifs et proposent diffé­rentes idées pour amélio­rer l’acous­tique d’une pièce. Et de mon côté, j’ai quelques conseils.

 

Si vous ne dispo­sez pas d’un lieu à l’acous­tique corri­gée et pensez qu’il est inutile de faire quoi que ce soit, utili­sez un analy­seur de niveau audio pour analy­ser le niveau à l’en­droit du poste de travail. Asseyez-vous avec l’ap­pa­reil au milieu de la pièce, diffu­sez une onde sinu­soï­dale (géné­rée par un oscil­la­teur) avec les enceintes et obser­vez l’ana­ly­seur. À moins d’avoir d’ex­cel­lents moni­teurs et une pièce à l’acous­tique corri­gée, l’af­fi­cheur de l’ana­ly­seur bouge comme une feuille prise dans une tornade. Les enceintes elles-mêmes ne possèdent pas une réponse parfai­te­ment linéaire, mais elles font figure de régu­la­teur par rapport à l’acous­tique non corri­gée de la pièce.

 

 


Ill. 2 : le fait de placer une enceinte contre un mur engendre souvent une ampli­fi­ca­tion subjec­tive des basses fréquences ;

le fait de la placer dans un coin de la pièce accen­tue encore plus le grave.


 

Vous n’au­rez même pas besoin d’ana­ly­seur de niveau pour réali­ser le test suivant : diffu­sez un son constant aux alen­tours de 5 kHz puis bougez la tête. Vous perce­vrez des varia­tions de volume très franches (si vous n’en­ten­dez pas le signal test à 5 kHz, il n’est peut-être pas trop tard pour cher­cher un nouveau domaine d’ac­ti­vité !).

 

Ces varia­tions appa­raissent lorsque le son rebon­dit sur les murs car les réflexions deviennent partie inté­grante du son global, ce qui crée des annu­la­tions et des addi­tions.

 

Pour avoir un autre exemple de l’im­por­tance de l’acous­tique sur le son perçu, essayez de placer une enceinte contre un mur pour ampli­fier le grave. Voici l’ex­pli­ca­tion : tous les sons émanant de l’ar­rière de l’en­ceinte ou diffu­sés à partir de la face avant (les basses fréquences sont très peu direc­tion­nelles) rebon­dissent sur le mur. Étant donné que la longueur d’onde des basses fréquences est très longue, les réflexions tendent à renfor­cer l’onde prin­ci­pale. Il s’agit d’une expli­ca­tion simpliste mais elle suffit à donner une idée du prin­cipe.

 

Étant donné que les murs, le sol et le plafond inter­agissent avec les enceintes, il est impor­tant que les moni­teurs soient dispo­sés symé­trique­ment dans la pièce. Par exemple, avec une enceinte placée à un mètre et l’autre à trois mètres d’un mur, les réflexions seront très diffé­rentes et affec­te­ront la réponse en consé­quence.

 

Certains essaient de compen­ser les imper­fec­tions de la pièce en insé­rant un égali­seur graphique juste avant l’am­pli­fi­ca­teur de puis­sance pour gommer les anoma­lies acous­tiques du lieu. Cette tech­nique est attrayante en théo­rie. Mais dès que vous déviez un tant soit peu de l’en­droit où était placé le micro­phone utilisé pour l’ana­lyse, la réponse en fréquence est de nouveau faus­sée. De même, en égali­sant forte­ment un espace acous­tique pauvre, vous n’ob­tien­drez qu’un espace acous­tique pauvre forte­ment égalisé. Comme pour la réduc­tion du bruit, qui fonc­tionne d’au­tant mieux que le signal contient peu de bruit, la correc­tion acous­tique d’une pièce donne les meilleurs résul­tats avec une pièce sans sérieuse irré­gu­la­rité acous­tique parce que tous les problèmes sous-jacents ont déjà été réso­lus.

 

Les enceintes de moni­to­ring

Outre la pièce (et vos oreilles, bien sûr), les enceintes de moni­to­ring sont l’élé­ment le plus impor­tant en matière de maste­ring car, répé­tons-le, vous devez pouvoir avoir confiance en ce que vous enten­dez. Les studios tradi­tion­nels possèdent de grosses enceintes de moni­to­ring placées à une distance consi­dé­rable (2 à 3 mètres) de la table de mixage et encas­trées dans le mur pour que leur façade soit affleu­rante, mais aussi une cabine d’écoute à l’acous­tique corri­gée pour mini­mi­ser les irré­gu­la­ri­tés de la réponse. Le « sweet spot », autre­ment dit le point d’écoute idéal car l’acous­tique est y la plus favo­rable, désigne l’en­droit où l’in­gé­nieur du son doit être assis à la console.

 

Dans les lieux de plus petite taille, notam­ment les home studios, les moni­teurs de proxi­mité sont la solu­tion d’écoute la plus répan­due. Dans ce cas, les enceintes compactes sont placées à 1 ou 2 mètres des oreilles de l’in­gé­nieur du son dont la tête et les enceintes forment un triangle.

 

Position d'écouteIll. 3 : avec un système d’écoute de proxi­mité, les moni­teurs doivent être diri­gés vers la tête de l’au­di­teur et être à la hauteur de ses oreilles.

 

Si les enceintes sont légè­re­ment plus hautes que vos oreilles, orien­tez-les vers le bas en direc­tion de vos oreilles. Les moni­teurs de proxi­mité réduisent l’in­fluence de l’acous­tique du lieu sur le son global car le son direct des enceintes est beau­coup plus fort que les réflexions renvoyées par les surfaces de la pièce. Parmi les avan­tages induits, les moni­teurs de proxi­mité n’ont pas besoin de déve­lop­per une puis­sance élevée puisqu’ils sont très proches des oreilles de l’au­di­teur. Cela permet d’abais­ser les exigences en matière d’am­pli­fi­ca­tion.

 

Cepen­dant, la posi­tion dans la pièce reste déli­cate. Si les enceintes sont trop proches des murs, on obtien­dra une accu­mu­la­tion du grave. Les hautes fréquences ne sont pas affec­tées par ce para­mètre parce qu’elles se propagent de façon beau­coup plus direc­tion­nelle. Si les enceintes sont éloi­gnées du mur, les réflexions arrière renvoyées par le mur peuvent engen­drer des annu­la­tions et des addi­tions pour les raisons évoquées plus haut.

 

Tout sera plus simple si les enceintes sont placées à 2 mètres du mur ou plus dans un espace d’écoute suffi­sam­ment grand (ce qui place le seuil d’an­nu­la­tion de fréquences sous le spectre norma­le­ment audible), mais tout le monde ne béné­fi­cie pas d’au­tant de place. Ma solu­tion, aussi triviale soit-elle, a été d’es­pa­cer légè­re­ment les enceintes du mur en les plaçant sur la table où est posée ma console et de trai­ter le mur derrière les moni­teurs avec des maté­riaux aussi absor­bants que possible.

 

Mais les réflexions de la pièce ne sont pas le seul problème : lorsque les moni­teurs sont placés au-dessus d’une table de mixage, les réflexions causées par la console elle-même peuvent engen­drer des impré­ci­sions sonores. Pour contour­ner ce problème dans mon studio, les moni­teurs de proxi­mi­tés sont adap­tés aux dimen­sions de la console et légè­re­ment suréle­vés. Cela permet aux sons diffu­sés d’avoir une trajec­toire aussi directe que possible des haut-parleurs jusqu’aux oreilles.

 

À propos des moni­teurs de proxi­mité

Il existe de très nombreux moni­teurs de proxi­mité décli­nés en diffé­rentes tailles et diffé­rents prix. La plupart sont des systèmes deux voies équi­pés d’un woofer 6" ou 8" et d’un twee­ter. Bien qu’al­lé­chant de prime abord, un système trois voies qui utilise un trans­duc­teur médium séparé peut compliquer les choses en ajou­tant un filtre et un trans­duc­teur. Un système 2 voies bien conçu surclas­sera une enceinte 3 voies de qualité moyenne.

 

Il existe deux grandes familles de moni­teurs : les passifs et les actifs. Les moni­teurs passifs contiennent unique­ment les haut-parleurs et l’étage de filtrage et néces­sitent donc un ou plusieurs ampli­fi­ca­teurs externes. Les moni­teurs actifs embarquent l’étage d’am­pli­fi­ca­tion qui permet d’ali­men­ter direc­te­ment les haut-parleurs avec un signal de niveau ligne. Géné­ra­le­ment, je préfère les moni­teurs ampli­fiés parce leurs déve­lop­peurs ont (en théo­rie !) conçu l’am­pli­fi­ca­tion et les trans­duc­teurs de sorte qu’ils forment un atte­lage homo­gène et effi­cace. Les problèmes tels que la résis­tance des câbles dispa­raissent et le système de protec­tion peut être inté­gré à l’am­pli pour préve­nir toute panne. Les moni­teurs ampli­fiés fonc­tionnent géné­ra­le­ment en bi-ampli­fi­ca­tion, c’est-à-dire qu’ils utilisent des ampli­fi­ca­teurs sépa­rés pour le woofer et le twee­ter, ce qui mini­mise la distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion et permet d’adap­ter préci­sé­ment les fréquences de coupure et la réponse en fréquence aux haut-parleurs utili­sés.

 

Cepen­dant, il n’y a pas de mal à choi­sir des moni­teurs passifs (ils sont moins chers que les versions actives), surtout si vous dispo­sez déjà d’un ampli­fi­ca­teur de puis­sance. Assu­rez-vous simple­ment que votre ampli­fi­ca­teur possède une réserve d’éner­gie suffi­sante. Chaque écrê­tage qui appa­raît dans l’am­pli génère de nombreuses harmo­niques dans l’aigu (deman­dez à n’im­porte quel guita­riste féru de distor­sion) tandis qu’une surcharge durable pourra même détruire les twee­ters.

 

Il est impor­tant de noter que la qualité des moni­teurs a énor­mé­ment augmenté ces dernières années tandis que les prix chutaient. À présent, on peut trou­ver une paire d’en­ceintes de bonne qualité pour bien moins de 1000 euros.

 

Le « meilleur » moni­teur existe-t-il ?

Sur la toile, vous trou­ve­rez des discus­sions infi­nies à propos des meilleurs moni­teurs de proxi­mité. Bien sûr c’est un cliché, mais je vous conseille d’écou­ter plusieurs moni­teurs et de choi­sir le modèle que vous préfé­rez. Je ne pense pas que vous trou­ve­rez le moni­teur parfait pour la simple raison qu’il n’existe pas. Choi­sis­sez simple­ment le moni­teur au son le plus neutre et le plus précis possible. Certains vous recom­man­de­ront de choi­sir un moni­teur qui colore le son confor­mé­ment à vos goûts, ce qui est l’ap­proche à adop­ter pour choi­sir des enceintes hi-fi mais pas pour des moni­teurs de maste­ring.

 

Le choix d’une enceinte est tout un art. J’ai eu la chance de pouvoir écou­ter ma musique sur les systèmes extrê­me­ment chers et très proches de la perfec­tion de diffé­rents studios de maste­ring et d’en­re­gis­tre­ment, donc je sais exac­te­ment comment elle devrait sonner. Mon critère de choix d’un moni­teur est simple : celui avec lequel le son de mon « CD de test » est le plus proche de celui obtenu avec des moni­teurs de très grande classe remporte la mise.

 

Si vous n’avez pas béné­fi­cié de ce type d’ex­pé­riences d’écoute, offrez-vous une demi-heure dans un très bon studio et écou­tez l’un de vos CD préfé­rés (on vous fera certai­ne­ment un bon prix parce que vous n’uti­li­se­rez qu’une petite partie du studio). Écou­tez le CD pour savoir comment il doit sonner puis compa­rez à cet idéal tous les moni­teurs que vous testez. Par exemple, si le piano de vos mixages est un peu faible avec des moni­teurs haut de gamme, choi­sis­sez des enceintes avec lesquelles le piano est tout aussi faible.

 

Un aver­tis­se­ment en passant : lorsque vous compa­rez direc­te­ment deux paires de moni­teurs, si l’une d’elles sonne légè­re­ment plus fort que l’autre (même une frac­tion de dB peut faire la diffé­rence), vous trou­ve­rez certai­ne­ment que la paire la plus bruyante est la meilleure. Véri­fiez donc que les volumes sonores sont aussi proches que possible pour béné­fi­cier d’une compa­rai­son valable.

Connaître ses moni­teurs et son studio

Pour finir, étant donné que votre situa­tion d’écoute sera au moins légè­re­ment impar­faite, vous devrez « faire connais­sance » avec la réponse de votre système. Par exemple, suppo­sons que vous maste­ri­siez une produc­tion dans votre studio et obte­niez un son de bonne qualité qui soit cepen­dant trop chargé en grave à l’écoute dans un très bon studio. Cela signi­fie que votre envi­ron­ne­ment d’écoute est plutôt timide dans les basses fréquences et, par consé­quent, que vous avez gonflé le grave pour compen­ser cette faiblesse (il s’agit d’un problème courant dans les home studios de petite taille). À l’ave­nir, vous saurez que vous devez tendre vers un grave plus léger pour obte­nir un master réel­le­ment équi­li­bré.

 

Compa­rez égale­ment le médium et l’aigu. Si les voix ont tendance à ressor­tir de votre système mais à être en retrait avec d’autres, il se peut que vos enceintes possèdent un médium domi­nant. Une fois encore, compen­sez en sous-mixant légè­re­ment les passages char­gés en médium.

 

Casque, enceintes hi-fi et systèmes avec satel­lites

Les musi­ciens désar­gen­tés envi­sagent souvent de mixer au casque plutôt qu’avec des moni­teurs car une centaine d’eu­ros suffit pour avoir un très bon casque audio. Bien que cela ne soit pas une bonne idée de mixer unique­ment au casque, je vous recom­mande vive­ment de conser­ver un bon casque à portée de main comme outil de véri­fi­ca­tion (évitez les casques tota­le­ment ouverts et préfé­rez un type qui entoure entiè­re­ment les oreilles). Parfois, vous aurez une meilleure lecture du grave avec un casque qu’avec des moni­teurs de proxi­mité. Mais prudence : en travaillant au casque, vous pour­rez faci­le­ment endom­ma­ger votre système audi­tif sans même vous en rendre compte. Surveillez le volume sonore (et soyez vrai­ment prudent afin d’évi­ter tout feed­back qui, à volume sonore suffi­sant, pour­rait entraî­ner des dommages audi­tifs perma­nents).

 

Concer­nant les enceintes hi-fi, voici une petite anec­dote. Il y a envi­ron 15 ans, je mixais avec une paire d’en­ceintes hi-fi dans mon home studio. Ces enceintes étaient parmi les moins exci­tantes et des plus ennuyeuses du monde. Mais elles étaient neutres et linéaires et, plus impor­tant, j’avais appris à les connaître à force d’em­por­ter mes mixages dans des studios profes­sion­nels pour les trai­ter ou les maste­ri­ser. En fait, lorsque j’écou­tais mon travail sur des moni­teurs très chers, le son corres­pon­dait presque toujours à ce que j’es­comp­tais à une excep­tion près : les portions de signal sous 50 Hz dispa­rais­saient tota­le­ment avec mes enceintes. Ainsi, je devais mixer les instru­ments très char­gés en grave de façon visuelle à l’aide des affi­cheurs de niveau. Ensuite, je véri­fiais le résul­tat dans un autre lieu. Depuis, j’ai heureu­se­ment remplacé mes enceintes hi-fi par de « véri­tables » moni­teurs !

 

Par consé­quent, et bien que je ne vous le recom­mande pas, vous pouvez mixer avec des enceintes hi-fi à condi­tion qu’elles sonnent de façon rela­ti­ve­ment droite et non colo­rée (atten­tion : certaines enceintes hi-fi « accen­tuent » le haut et le bas du spectre). Et n’ou­bliez pas que ces enceintes ne sont géné­ra­le­ment pas conçues pour fonc­tion­ner à pleine puis­sance, donc faites atten­tion à ne pas les griller. Un autre conseil : suivez les indi­ca­tions du fabri­cant concer­nant le posi­tion­ne­ment hori­zon­tal ou verti­cal de l’en­ceinte ; cela fait vrai­ment une diffé­rence.

 

Plus tard, les systèmes avec satel­lites ont fait leur appa­ri­tion dans les situa­tions néces­si­tant des moni­teurs de proxi­mité très compacts – en fait, trop compacts pour produire un grave suffi­sant (certains souli­gne­ront qu’au­cun haut-parleur de 6" ou 8" ne peut produire un grave suffi­sant, mais il est parfois néces­saire de récon­ci­lier les finances et l’es­pace dispo­nible avec les lois de la physique). Pour compen­ser, un troi­sième élément, le subwoo­fer (cais­son), ajoute un grand haut-parleur au système. Ce trans­duc­teur est alimenté par un signal filtré très bas de sorte que seul le grave soit repro­duit. Géné­ra­le­ment, on placera le subwoo­fer au sol contre un mur ; toutes propor­tions gardées, le posi­tion­ne­ment n’est pas réel­le­ment impor­tant car la diffu­sion des basses fréquences est assez peu direc­tion­nelle.

 

Peut-on utili­ser un système à base de satel­lites pour diffu­ser l’au­dio d’un ordi­na­teur ? Oui. Si l’es­pace est réduit, ce type de système est-il une bonne solu­tion pour réali­ser un ensemble hi-fi moins enva­his­sant ? Oui. Est-ce que vous mixe­riez le projet d’une major avec ces enceintes ? Non pour ce qui me concerne. Vous feriez certai­ne­ment l’ap­pren­tis­sage du système au fil du temps ; person­nel­le­ment, je me méfie du « grave déporté » sur les mixages impor­tants.

 

Faites des tests avec diffé­rents types de système

Fina­le­ment, quelle que soit la qualité de vos enceintes et l’acous­tique de votre studio, avant de livrer le résul­tat de votre travail de maste­ring, faites une ou deux copies de test et écou­tez votre master avec tout ce que vous pouvez : systèmes auto, enceintes hi-fi, gros moni­teurs de studio, enceintes de sono­ri­sa­tion, casques, etc. Cela vous permet­tra de juger l’im­pact du morceau avec toute une variété de systèmes de diffu­sion. Si tous donnent de bons résul­tats, super, mission accom­plie. Mais si le CD sonne trop brillant avec cinq des huit systèmes essayés, il faudra envi­sa­ger de tami­ser légè­re­ment le haut du spectre.

 

Origi­nel­le­ment écrit en anglais par Craig Ander­ton et publié sur Harmony Central.

Traduit en français avec leur aimable auto­ri­sa­tion.


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