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Pédago

Préparation : il n'y a pas que la musique

Faire ses premiers concerts (II)

On ne se rend pas à un concert comme on va à une répétition, il y a pas mal de choses à prévoir. Nous étudierons dans un futur dossier tout ce qui concerne la partie technique. Pour cette fois, nous en resterons aux questions artistiques.

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Le show chaud

concert

Un concert se doit d’être un spec­tacle. Si on est là d’abord pour les oreilles, il faut aussi satis­faire les yeux. Dans ce domaine, il n’y pas de règle abso­lue et cela dépend beau­coup de votre style de musique. Il est évident que si vous faites dans l’ hyper planant, sauter partout sur la scène n’est pas le plus appro­prié.

La première chose à soigner est le look. J’ai vu des musi­ciens arri­ver pour faire un concert en tenue de tous les jours et celle-ci plutôt négli­gée. Pourquoi pas ? Rien n’in­ter­dit cette approche à condi­tion qu’elle soit pensée et cohé­rente avec le style musi­cal pratiqué et surtout, que ça vous aille bien.

Il faut aussi se concer­ter avec l’en­semble des membres du groupe afin d’avoir des tenues qui s’ac­cordent. J’ai déjà expé­ri­menté quelques mauvais gags comme tous les musi­ciens qui arrivent habillés presque pareil. Ça peut être un concept, mais encore faut-il que ce soit pensé. Autre gag : deux musi­ciens du groupe qui portent le même jour un t-shirt rouge vif, mais de teinte un peu diffé­rente ou encore deux musi­ciens habillés de couleurs qui jurent ensemble. Bref, un mini­mum de concer­ta­tion est néces­saire.

Person­nel­le­ment, j’ai l’ha­bi­tude d’em­por­ter plusieurs tenues, ce qui permet en plus d’être couvert en cas d’ac­ci­dent type tache ou déchi­rure au dernier moment (si si, ça arrive). Pour le choix de votre look, pensez à l’image que vous voulez véhi­cu­ler. Comme en musique, l’imi­ta­tion n’est pas la meilleure façon de sortir du lot. Il peut certes être tentant de copier vos idoles ou vos réfé­rences, mais il est large­ment préfé­rable de déve­lop­per votre style person­nel. Un dernier point : prévoyez des vête­ments dans lesquels vous vous sentez bien, à l’aise. Elles ne doivent pas vous gêner pour jouer. N’ou­bliez pas non plus que sur scène, il va faire chaud.

Visuel

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Déco ?

Un ensemble de synthés et claviers instal­lés sur un stand en croix avec plein de fils qui pendouillent à l’ar­rière (donc côté public), ça le fait moyen. Pensez à soigner l’as­pect visuel. Pour ce genre de cas, ça peut aller de tendre un simple tissu jusqu’à brico­ler un panneau complet avec une déco­ra­tion dans votre style. Ou pourquoi pas le nom du groupe et son logo ou graphe ?

Dans le même ordre d’idée, une bande­role avec le nom du groupe en fond de scène, ça fait tout de suite plus classe. Pour cela, un simple drap qu’on pein­dra en noir sur lequel on ami grapheur vous taguera le nom peut suffire. D’au­tant que les arrière-plans des petits lieux du genre bars sont rare­ment sexy. Si vous avez la chance qu’un jour­na­liste vienne vous photo­gra­phier, la photo sera d’au­tant plus inté­res­sante dans le jour­nal qu’on voit votre nom de groupe en grand derrière vous. Même si vous n’avez pas beau­coup de sous, on peut faire des choses sympa à pas cher. Mais même en faisant peu, faites le mini­mum pour que votre scène ne ressemble pas à un foutoir.

Vidéo ?

C’est la grande mode aujour­d’hui. À la dernière fête de la musique, je n’ai pratique­ment pas vu un groupe qui n’avait pas de VJing. Mouais. Autant ça se justi­fie large­ment, voire c’est une quasi néces­sité dans le cas de live élec­tro à cause de l’as­pect peu visuel du jeu, autant ça n’ap­porte pas forcé­ment quelque chose d’in­té­res­sant dans tous les cas, pour tous les styles. Surtout s’il s’agit de mettre n’im­porte quoi. Le VJing est un art jeune et les bons artistes dans ce domaine ne sont pas légion. On voit donc beau­coup de trucs sans inté­rêt. Mieux vaut sans doute pas de VJing que du mauvais. Pensez aussi que ça va exiger une tech­nique supplé­men­taire (et pas des moindres) à gérer alors que vous allez devoir déjà vous concen­trer sur le son, les balan­ces… Mais si vous avez un ami VJ dont vous appré­ciez le travail et que celui-ci s’ac­corde à votre style, n’hé­si­tez pas. Deman­dez-lui cepen­dant de se débrouiller avec la partie tech­nique qui le concerne.

concert

 

Éclai­rages ?

Un concert sans éclai­rage, c’est comme une soupe sans mous­tache ou un baiser sans sel. Sauf que ça fait encore une ques­tion tech­nique supplé­men­taire à gérer, du matos en plus à trou­ver, trans­por­ter… On peut parfois lais­ser tomber cette ques­tion : beau­coup de petits lieux qui font assez régu­liè­re­ment des concerts ont sur place quelques projec­teurs. Mais il arrive qu’on joue au fond d’un pub sombre avec pour toute lumière une applique anémique… Dommage. Donc, si vous avez quelqu’un qui peut assu­rer les éclai­rages, autant en profi­ter. Sinon, faites simple. Là aussi, on peut prévoir des solu­tions faciles et peu coûteuses en faisant marcher un peu son imagi­na­tion. Quelques spots « domes­tiques » judi­cieu­se­ment placés peuvent suffire à donner un peu de vie et une touche supplé­men­taire. Et pourquoi pas une lampe de chevet au look vintage ?

Ne tombez cepen­dant pas dans le n’im­porte quoi genre le spot ou le projec­teur halo­gène avec un chif­fon de couleur dessus. N’ou­bliez pas que les lampes, ça chauffe. N’al­lez pas mettre le feu chez vos comman­di­taires. Et ne jouez pas avec l’élec­tri­cité : ça fait mal. Sauf si vous avez un éclai­ra­giste compé­tent, évitez aussi tout ce qui peut conte­nir un varia­teur : dans des lieux pas correc­te­ment équi­pés avec des lignes élec­triques sépa­rées, vous allez à tous les coups vous récu­pé­rer des buzz dans le circuit audio.

Artistes élec­tro et DJs

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Ces genres de musiques ont une exigence parti­cu­lière en terme visuel. Il existe cepen­dant des solu­tions alter­na­tives. Ainsi, la mode des DJ-stars a amené le DJ à se retrou­ver sur la scène et sous les projec­teurs. J’avoue qu’il y a bien des cas où je me demande quel inté­rêt ça a.

Si on n’a pas beau­coup de moyens pour un bon visuel, plutôt que du brico­lage qui fasse un peu minable, on peut reve­nir à la fonc­tion première du DJ qui est de faire danser. Ainsi, on peut propo­ser que le lieu où l’on va se produire soit plutôt installé en confi­gu­ra­tion dance­floor que live.

Si ce que vous faites n’est pas une musique à danser (de l’am­biant par exemple), ça ne vous oblige pas non plus à vous posi­tion­ner comme un musi­cien qui se produit. J’ai vu une fois un DJ installé paisi­ble­ment avec son matos dans un coin d’un bar. Il a mixé toute la soirée pendant que les gens discu­taient tranquille­ment et c’était très bien. Il a été chaleu­reu­se­ment féli­cité par le public à la fin.

Inver­se­ment, j’ai vu des gens scot­chés debout devant un type qui faisait un live élec­tro assez calme s’en­nuyer à mourir malgré la qualité de la musique et finir par s’en aller « trou­ver un coin où s’as­seoir ».

Enchaî­ne­ments, tran­si­tions et sketches

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J’ai vu récem­ment un chan­teur dont les chan­sons sont sympa et drôles, mais ne cassent pas trois pattes à un canard. Eh bien, je me suis régalé. C’est que lui et ses musi­ciens donnent un show où ne s’en­nuie pas une seconde et où on est plié du début à la fin. Mais arri­ver à ça demande une sacrée maîtrise scénique. Inver­se­ment, j’ai vu un groupe avec une mise en scène très travaillée, mais qui faisait complè­te­ment plaquée et arti­fi­cielle.

Si vous débu­tez, à moins que vous n’ayez dans le groupe des gens parti­cu­liè­re­ment talen­tueux pour les délires scéniques, ne vous encom­brez pas trop l’es­prit de ces ques­tions que vous pour­rez abor­der plus tard. Vous devez quand même d’abord et avant tout faire de la bonne musique. Vous pouvez évidem­ment prépa­rer des tran­si­tions, mais pour l’es­sen­tiel, repo­sez-vous sur votre spon­ta­néité. Des choses se déve­lop­pe­ront au fur et à mesure des concerts.

Pensez par contre, lorsque vous allez mettre en place votre play­list, à bien regar­der les moments où il peut y avoir des trous. Par exemple, s’il faut du temps à un guita­riste pour chan­ger d’ins­tru­ment, ce qui peut en plus deman­der un réac­cor­dage. Il faudra éviter que le groupe attende bras croi­sés et penser à meubler pour occu­per le public. Il aime géné­ra­le­ment qu’on lui parle et se sent ainsi plus proche de l’ar­tiste.

Conclu­sion

Prépa­rer artis­tique­ment un concert ne se limite pas à la musique. Mais le reste est loin d’être insur­mon­table. Un peu de jugeote et d’ima­gi­na­tion suffisent la plupart du temps à faire la diffé­rence. Cette démarche aura de surcroît l’avan­tage de vous inscrire dans une démarche profes­sion­nelle où l’on prend soin du moindre détail. Atti­tude qui s’avère toujours payante même à brève échéance.

Merci à Denfert pour ses photos.

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