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ISA Two pour lui

Fort du succès de l’ISA One, Focusrite se lance dans la production d’un « dual-mono », sobrement et efficacement nommé « ISA Two ». Petit tour d’horizon...

L’ar­ri­vée d’un nouveau produit chez Focus­rite suscite toujours la curio­sité des amateurs et profes­sion­nels de la musique. La firme anglaise fondée en 1985 par le légen­daire Rupert Neve a toujours visé le très haut de gamme en étant à l’écoute des plus grands ingé­nieurs du son. Suite au dépôt de bilan de Focus­rite en 1988, Phil Dudde­ridge, cofon­da­teur de Sound­craft, rachète la société et relance la produc­tion.

En 2008 sort l’ISA One, préam­pli mono. Dans une logique de réduc­tion des coûts de fabri­ca­tion pour une dimi­nu­tion du prix final du produit, Focus­rite propose un excellent préam­pli au tarif très compé­ti­tif de 450 €. Un très bon rapport qualité-prix pour cette petite boîte portable qui sera large­ment vendue auprès des home studistes.

Appar­te­nant à la série ISA (pour Input Signal Ampli­fier), avec un design très proche de l’ISA 110 déve­loppé dans les années 80, l’ISA Two est un double préam­pli conçu pour la prise de son « dual mono » ou stéréo, en rack 1U.
Il offre un large choix d’im­pé­dances et un niveau de gain de +80 dB afin de s’adap­ter à tout type de micro­phone.

Le débal­lage

Focusrite ISA Two

À l’ar­rière du rack, chaque canal est équipé d’une entrée micro (XLR), d’une entrée ligne (Jack TRS), d’un insert symé­trique avec send et return et d’une sortie (XLR).
Un petit bouton permet de cali­brer le Peak-mètre situé à l’avant du rack afin de l’adap­ter, par exemple, à celui des conver­tis­seurs.

À l’avant on retrouve, de manière clas­sique, par canal, une entrée instru­ment (Jack TRS), un bouton pour le choix de l’en­trée (MIC, LINE, INSTRU­MENT), un pour l’ali­men­ta­tion fantôme, un pour l’in­ver­sion de phase, un pour enclen­cher l’in­sert et un autre pour le filtre. Le poten­tio­mètre cranté (4 crans) du gain d’en­trée (0–60dB par cran de 10 dB), donne le choix, via un bouton « 30–60 », d’al­ler de 0 à 30 dB ou de 30 à 60 dB, pour l’en­trée MIC. Pour le niveau LINE, ce poten­tio­mètre permet d’al­ler de –20 dB à +10 dB par cran de 10 dB.

Focusrite ISA Two

Le poten­tio­mètre continu de Trim permet, quant à lui, de varier le gain de 0 à +20 dB (en MIC et LINE) et de gérer le gain de l’en­trée INSTRU­MENT (de +10 dB à +40 dB).
Le poten­tio­mètre du filtre coupe-bas permet de choi­sir la fréquence de coupure (de 16–420Hz) avec une pente fixe de 18dB/oct.

En entrée MIC, c’est une des spéci­fi­ci­tés de l’ISA Two, un bouton permet le choix de 4 impé­dances : Low = 600Ω, ISA 110 = 1.4 kΩ, Med = 2.4 kΩ et High = 6.8 kΩ.
Enfin 8 petites LED permettent de visua­li­ser le niveau d’en­trée (-42dBfs à 0dBfs) que l’on peut donc cali­brer avec le poten­tio­mètre « Peak Meter Cali­bra­tion » situé à l’ar­rière de la machine.

En condi­tions

Focusrite ISA Two

Avant de le soumettre à des tests compa­ra­tifs, nous nous sommes servis de l’ISA Two pendant 2 semaines sur diverses sessions au studio Mont­martre Recor­ding. De la voix à la batte­rie, en passant par la guitare folk, les guitares élec­triques, les percus­sions, la basse élec­trique, la contre­basse, le violon, les synthés… Tout y est passé, toutes les entrées et fonc­tions ont été utili­sées.

La poly­va­lence de ce préam­pli est un atout. En effet, l’ISA Two sert pour quasi­ment toutes les appli­ca­tions. Le choix des impé­dances se révèle être utile pour s’adap­ter à tous les types de micros. La posi­tion « Low », par exemple, s’adapte prin­ci­pa­le­ment aux micros à ruban de basse impé­dance (< 100Ω).

De notre côté, compte tenu de notre parc micros, nous avons prin­ci­pa­le­ment utilisé l’im­pé­dance « ISA 110 » (1.4 kΩ) qui corres­pond bien à l’im­pé­dance de charge néces­saire à nos micros. Une petite paren­thèse pour préci­ser compa­ra­ti­ve­ment que l’im­pé­dance, fixe, de l’en­trée MIC du Focus­rite ISA 110 est réglée à 1.2 kΩ…

L’em­ploi de l’ISA Two ne néces­site pas de temps d’adap­ta­tion et la prise en main est immé­diate. Nous appré­cions, pour l’en­trée MIC, le poten­tio­mètre cranté de Gain, suivi de celui continu du Trim. Petit bémol toute­fois, 10 dB par cran nous semble être un peu beau­coup. Ques­tion d’ha­bi­tude peut être, mais 5 dB nous aurait semblé plus oppor­tun. Rappe­lons que l’ISA 110 avait des crans de 6 dB pour une échelle de gain allant, comme l’ISA Two, de 0 à +60 dB (avec +20 dB en plus via le Trim). Notons aussi que le choix d’en­clen­cher ou non l’In­sert via un bouton en face avant peut s’avé­rer très utile si la machine est rackée et que l’ac­cès à l’ar­rière s’avère diffi­cile.

L’autre point inté­res­sant est la cali­bra­tion du Peak-mètre. En l’adap­tant à celui de nos conver­tis­seurs, nous évitons les mauvaises surprises du type peak des conver­tis­seurs alors que le VU-mètre du préam­pli module peu.
Quant au filtre coupe-bas, c’est du très clas­sique. Avec une pente fixe à 18dB/oct, ce qu’il y a de plus commun et adapté à la plupart des situa­tions, le filtre agit entre 16Hz et 420 Hz

Et le son dans tout ça ?

Comme nous l’avons dit précé­dem­ment, nous avons essayé l’ISA Two sur tout type de sources. La machine réagit bien. Le rapport signal / bruit est excellent. Le son semble rela­ti­ve­ment plein, peu coloré, quelle que soit la source. La « trans­pa­rence » est le mot qui nous vient direc­te­ment à l’es­prit. Ceci étant confirmé par la fiche tech­nique de l’ap­pa­reil qui nous indique que la distor­sion harmo­nique du préam­pli MIC est très faible (< 0,0007 % à 1 kHz).

Malgré ça, après quelques utili­sa­tions, un petit défaut nous est apparu. Il concerne le rendu du spectre dans les bas (fréquences < 200 Hz), où l’on détecte certaines impré­ci­sions, ainsi qu’un léger manque de clarté dans les hautes fréquences.

Nous l’avons, donc, soumis à un test compa­ra­tif avec d’autres excel­lents préam­plis. Nous avons réalisé une session d’es­sais avec un Neve 1073 DPA, un Phoe­nix Audio DRS-8 et deux API 512c, tous entrant dans une Aurora 16 de Lynx Studio Tech­no­logy, bran­chée au Mac Pro en AES via une carte AES16e, au studio Mont­martre Recor­ding.

Pour tous ces tests, les impé­dances ont été réglées de cette manière :

Extraits 1 : Grosse Caisse Micro : Audix D6

Kick­Fo­cus­rite
00:0000:09
  • Kick­Fo­cus­rite 00:09
  • Kick­Phoe­nix 00:10
  • Kick­Neve 00:10
  • KickAPI 00:10

Extraits 2 : Caisse Claire Micro : Audix I5

Snare­Fo­cus­rite
00:0000:12
  • Snare­Fo­cus­rite 00:12
  • Snare­Phoe­nix 00:14
  • Snare­Neve 00:08
  • SnareAPI 00:11

Extraits 3 : Guitare Folk (prise de son stéréo) Micros : Neumann Km184

Guita­re­Folk­Fo­cus­rite
00:0000:16
  • Guita­re­Folk­Fo­cus­rite 00:16
  • Guita­re­Folk­Phoe­nix 00:13
  • Guita­re­Folk­Neve 00:15
  • Guita­re­Fol­kAPI 00:15

Extraits 4 : Voix
Micro : Neumann U87

Voix­Fo­cus­rite
00:0000:18
  • Voix­Fo­cus­rite 00:18
  • Voix­Phoe­nix 00:19
  • Voix­Neve 00:19
  • VoixAPI 00:19

En entrée INSTRU­MENT, les impé­dances sont les suivantes :

  • Focus­rite Isa Two : > 2 MΩ
  • DRS-8 : > 10 MΩ
  • API-512c : impé­dance Hi-Z : 20 kΩ

Extraits 5 : Synthé MOOG Little Phatty (entrée INSTRU­MENT)

Keyboard­Fo­cus­rite
00:0000:10
  • Keyboard­Fo­cus­rite 00:10
  • Keyboard­Phoe­nix 00:09
  • Keyboar­dAPI 00:09
Focusrite ISA Two

À la première écoute, le Focus­rite tient plutôt bien la route à côté des autres préam­plis. Sa trans­pa­rence tranche forcé­ment avec des préam­plis plus colo­rés, notam­ment avec le Phoe­nix Audio.
Il se distingue, en confir­mant ce que nous disions plus haut, que le bas du spectre n’est pas aussi présent et bien resti­tué qu’avec le Neve ou l’API. Les hauts médiums et les aigus ne semblent pas aussi clairs et nets, ce qui donne cette impres­sion étrange d’un léger boost dans les médiums. Et cela se véri­fie aussi sur l’en­trée INSTRU­MENT, où le son du synthé MOOG balaie tout le spectre. Les tran­si­toires d’at­taque semblent aussi être moins tran­chants, surtout comparé à l’API, réfé­rence en la matière.

Les compa­rai­sons avec ces préam­plis, plutôt haut de gamme, nous permettent de repla­cer le Focus­rite dans son contexte d’uti­li­sa­tion et de mesu­rer l’écart qui le sépare d’ex­cel­lents préam­plis, beau­coup plus onéreux, comme le Neve 1073 ou l’API 512c. Toute­fois sa rela­tive trans­pa­rence et sa poly­va­lence lui confèrent un avan­tage dans certaines situa­tions par rapport à un préam­pli plus coloré tel que le Phoe­nix Audio, qui peut paraître parfois plus « mou ».

En conclu­sion

Le Focus­rite ISA Two est, donc, un bon, voire un très bon préam­pli « dual mono » pour… son prix (moins de 900 €) qui est, malgré tout, peu élevé pour une telle machine. Surtout au regard de sa poly­va­lence et de ses fonc­tion­na­li­tés.

Sans carac­tère, ni colo­ra­tion (en même temps nous étions préve­nus), le Focus­rite Isa Two se place, de manière compé­ti­tive, sur le marché des préam­plis poly­va­lents, même s’il reste en deçà, de notre point de vue, de l’ISA 110.

Télé­char­gez les fichiers sonores :Flac article

Points forts
  • Le rapport qualité / prix pour un préampli aussi polyvalent et transparent

  • Le choix des impédances, adapté à tout type de micros

  • La connectique symétrisée des inserts (Send et Return séparés) ainsi que le choix de l’enclencher ou non en face avant
  • 
La possibilité de calibrer le Vu-mètre à l’arrière
  • 
Le look « bleu » de la série ISA
Points faibles
  • Les crans de 10 dB sur le potentiomètre de Gain en entrée MIC et LINE

  • Quelques imprécisions dans le bas du spectre et un manque de clarté par rapport à des préamplis plus onéreux

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