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Pédago
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Comment apprendre à connaître ses outils de mixage ?

Le guide du mixage — 139e partie

Ces dernières semaines, nous avons vu comment confectionner la boîte à outils idéale qui servira de base à chacun de vos mixages. Mais posséder une belle boîte à outils ne veut absolument pas dire que l’on sait comment se servir de chacun d’entre eux ! Pour remédier à cela, il convient d’apprendre à connaître vos traitements sur le bout des doigts. L’épisode du jour sera donc consacré à cet apprentissage...

Comment apprendre à connaître ses outils de mixage ? : Le guide du mixage — 139e partie
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Désha­billez-moi

D’une certaine façon, la rela­tion entre un ingé­nieur du son et un trai­te­ment audio logi­ciel ou maté­riel pour­rait s’ap­pa­ren­ter à une histoire de couple. Il y a tout d’abord la rencontre via des ami(e)s (bouche-à-oreille) ou une petite annonce (pub/news). Arrive alors le temps des premiers véri­tables rendez-vous où l’on s’ap­pré­cie l’un l’autre dans tous les sens du terme, comme ce fût le cas lors de l’épi­sode n°137 de cette série. Puis, avec un peu de chance, on décide de tenter de faire un bout de chemin ensemble. À ce stade, avoir fait connais­sance n’est plus suffi­sant, il faut apprendre à se connaître vrai­ment afin de pouvoir vivre ensemble au mieux… jusqu’à ce qu’un nouveau modèle nous sépa­re… Veuillez me pardon­ner cette chute qui pour­rait faci­le­ment passer pour du cynisme si l’on s’en tient aux rela­tions humaines, mais avouez qu’en matière de trai­te­ment sonore, c’est tout de même assez vrai, surtout dans le monde du plug-in !

Bref, reve­nons-en à nos moutons et concen­trons-nous sur l’étape actuelle : l’ap­pren­tis­sage de la vie avec nos nouveaux cama­rades de jeu. Lorsqu’il s’agit du début d’une rela­tion, présen­tez-vous direc­te­ment votre nouvelle compagne/compa­gnon à votre famille ? Commen­cez-vous par le mariage ? Faites-vous des enfants sur-le-champ ? Mettez-vous toute votre vie entre les mains de l’autre au premier regard ?

Même si je suis plutôt de ceux qui donnent leur confiance, quitte à la reprendre, plutôt que de l’école où la confiance est quelque chose qui se gagne, il me semble que toutes ces ques­tions appellent une seule et unique réponse, néga­tive bien entendu. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, certes. Ceci étant, concer­nant notre sujet, il est heureu­se­ment plus facile de se raison­ner. Or ici, nous dispo­sons d’un avan­tage consi­dé­rable : le manuel d’uti­li­sa­tion ! Qui n’a jamais rêvé d’avoir ce genre de chose afin de mieux comprendre l’autre ? Eh bien figu­rez-vous qu’à de rares excep­tions près, les construc­teurs/éditeurs de produits audio four­nissent un guide détaillé de leurs joujoux. Peut-être serait-il judi­cieux de commen­cer par là, ne croyez-vous pas ? Je sais que ça n’a rien de « funky » et que cela s’avère parfois extrê­me­ment fasti­dieux, d’au­tant plus pour ceux d’entre vous qui ne maîtrisent pas la langue de Shakes­peare. C’est toute­fois une base essen­tielle selon moi. Et malheu­reu­se­ment, 75 % des utili­sa­teurs, si ce n’est plus, n’ou­vri­ront jamais le moindre manuel utili­sa­teur… Je prêche peut-être dans le désert, mais au moins c’est dit.

Oui, mais pas tout de suite

Mixage 139 Peanuts

Une fois le manuel ingur­gité, n’al­lez pas croire que tout soit joué ! Ce n’est pas parce que vous avez les moyens de vous offrir une Porsche 919 Hybrid et que vous en avez lu le manuel que vous savez forcé­ment conduire la bête et que vous pouvez vous attaquer aux 24 Heures du Mans en espé­rant gagner. Mora­lité, avant de vous jeter sur un nouveau mix d’im­por­tance, il est conseillé d’ap­prendre le manie­ment de votre nouvel outil sur un projet plus modeste tota­le­ment dépourvu d’enjeu. Dans le cas d’un ingé­nieur du son profes­sion­nel, cela veut dire qu’il ne vaut mieux pas utili­ser un nouveau produit direc­te­ment sur une session aux impli­ca­tions commer­ciales d’en­ver­gures ; dans le cas d’un amateur éclairé, cela signi­fie ne pas miser tout de suite sur le nouvel outil en ques­tion pour révo­lu­tion­ner un mix qui lui tient tout parti­cu­liè­re­ment à cœur. Bien sûr, cela peut passer, mais ça tient alors plus de la chance qu’autre chose et ce n’est tout bonne­ment pas la meilleure façon d’abor­der l’uti­li­sa­tion d’un trai­te­ment audio dans une optique de péren­ni­sa­tion. Oui, je suis un peu rabat-joie sur ce coup-là. C’est pour­tant pour votre bien, je vous l’as­sure, car j’ai malheu­reu­se­ment appris cette leçon à la dure…

Donc, pour recen­trer le débat, la meilleure approche à mes yeux consiste à étudier par le menu les possi­bi­li­tés offertes par vos nouveaux outils sur une session simple et dénuée de toute velléité artis­tique. À titre d’exemple, cela se résume typique­ment chez moi à un bête groove de batte­rie réparti sur quatre pistes (caisse claire, grosse caisse et overheads stéréo), une ligne de basse, une guitare ryth­mique et une petite portion de chant, le tout étalé sur à peine deux mesures que j’écoute en boucle.

Partant de là, j’es­saye d’ex­plo­rer les capa­ci­tés du trai­te­ment sur chacune des pistes en me fixant des objec­tifs pure­ment tech­niques rela­ti­ve­ment simples. Par exemple, dans le cas d’un compres­seur, je tente de voir jusqu’à quel point je peux écra­ser la dyna­mique de la batte­rie sur chacun des éléments, mais égale­ment sur le bus ; je travaille la basse de façon à la rendre plus « bondis­sante », etc. Ce faisant, je prête parti­cu­liè­re­ment atten­tion à l’in­ter­ac­tion qu’il peut y avoir entre tel et tel para­mètre du plug-in. Puis, dans un second temps, j’élar­gis mon étude aux possi­bi­li­tés d’in­ter­ac­tions entre le nouvel outil que j’es­saye de domp­ter et mes outils de travail habi­tuels ; la démarche restant somme toute iden­tique, à savoir se fixer un objec­tif pure­ment tech­nique et tenter de l’at­teindre via une combi­nai­son de trai­te­ments impliquant le nouveau joujou. Si je reprends l’exemple précé­dent, cela pour­rait se traduire par l’ac­cou­ple­ment du compres­seur passant sur le grill avec l’un de mes égali­seurs habi­tuels afin de créer un bus de compres­sion paral­lèle sous stéroïdes pour gonfler le son de la batte­rie. Inutile de m’étendre plus avant, je pense que vous avez saisi l’idée.

Mine de rien, tout cela demande pas mal de temps. Ceci étant, la tâche est beau­coup moins rébar­ba­tive qu’elle n’en a l’air et il est plutôt agréable d’ef­fec­tuer ce genre d’exer­cices lorsque vous avez ne serait-ce qu’une petite demi-heure à tuer. Au fur et à mesure, vous verrez que vous devien­drez de plus en plus expert dans le manie­ment de votre nouvel outil, si bien que vous en vien­drez natu­rel­le­ment à l’in­té­grer à vos véri­tables produc­tions. Cette façon de procé­der s’avère payante assez rapi­de­ment au final car elle confère une maîtrise de l’ou­til qui vous faci­lite gran­de­ment la vie à l’heure du mix en vous libé­rant l’es­prit des ques­tions tech­nico-tech­niques pour mieux le réser­ver à l’ex­pres­sion artis­tique. Bref, essayez, vous m’en direz des nouvelles !

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