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Pédago
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L’enregistrement de la batterie - La caisse claire

Le grand guide de l’enregistrement — 26e partie

Après avoir vu la Room Mono et les Overheads, il est grand temps pour nous d’attaquer l’enregistrement des éléments séparés du kit de batterie en « close miking », ou prise de proximité en « bon français ». Et nous commencerons cette semaine par la caisse claire.

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Prise de Son & Mixage : 01

Comme nous l’avons déjà vu précé­dem­ment, le rôle de l’en­re­gis­tre­ment en « close miking » des éléments d’une batte­rie consiste essen­tiel­le­ment à capter l’at­taque des frappes, les Overheads s’oc­cu­pant du reste. Dans le cas de la caisse claire, je vous propose une approche de cette prise de proxi­mité on ne peut plus clas­sique, mais qui a fait ses preuves : un bête sm57 placé en posi­tion « Snare Top », c’est-à-dire à seule­ment quelques centi­mètres au-dessus de la caisse claire (voir photos). Cela peut paraître simple, pour­tant je vous assure que la majo­rité des titres que vous écou­tez tous les jours utilise cette tech­nique. D’ailleurs, des ingé­nieurs du son aussi célèbres que Bob Clear­moun­tain, John Leckie ou bien encore Tony Visconti ne jurent que par elle. Écou­tez donc ce que cela donne :

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Prise de Son & Mixage : 02

Pris de façon isolé, le son semble beau­coup trop axé sur les médiums. Ça manque d’air, de brillance. Mais n’ou­bliez pas l’objec­tif de cette prise : l’at­taque. Ici, l’im­pact des frappes est bien présent et les « ghosts notes » seront égale­ment bien retrans­crites, c’est là le prin­ci­pal car la brillance et l’air vien­dront d’ailleurs.

Malgré la simpli­cité appa­rente de cette méthode, il existe tout de même quelques subti­li­tés à prendre en compte lors du place­ment. Tout d’abord l’éloi­gne­ment du micro. Afin de trou­ver la distance opti­male, il faut consi­dé­rer le jeu du batteur en regard du morceau à enre­gis­trer. Un jeu tout en souplesse sera propice à un place­ment proche afin de capter toutes les subti­li­tés alors qu’un jeu en force appel­lera une certaine prise de distance pour ne pas surchar­ger la capsule du micro et capter toute l’am­pleur de la frappe. De plus, en jouant sur l’angle de la capsule, vous pour­rez doser la balance entre la préci­sion et « l’épais­seur » de l’im­pact. En poin­tant plus vers le point de contact entre les baguettes et la peau, vous obtien­drez quelque chose de plus précis. Visez entre le centre de la peau et le cerclage pour un son plus épais. Enfin, s’orien­ter vers le cerclage peut être inté­res­sant pour les tech­niques de jeu s’y rappor­tant.

The bottom line

Prise de Son & Mixage : 03

Si d’aven­ture vous trou­viez que le micro « Snare Top » n’était pas suffi­sant, il est possible de redo­rer le blason de votre caisse claire grâce à une prise tout aussi simple à réali­ser et que l’on appelle couram­ment « Snare Bottom ». Comme le nom le laisse suppo­ser, il s’agit de capter la caisse claire via un micro placé juste au-dessous de cette dernière. Pour l’exemple audio, nous avons une nouvelle fois fait appel au micro tout-terrain par excel­lence, ce bon vieux sm57 :

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À l’écoute, le rendu est beau­coup plus « fin » qu’avec la posi­tion « Snare Top ». Mais nous récu­pé­rons ici un son plus clinquant et claquant. En mélan­geant cette prise avec la précé­dente, la caisse claire gagnera en brillance et récu­pè­rera un surplus de timbre. Mais atten­tion ! Pour que la manœuvre se passe sans anicroche, il vous faudra impé­ra­ti­ve­ment faire atten­tion aux problèmes de phase. En effet, 99 fois sur 100 les micros « Snare Top » et « Snare Bottom » captent des signaux en quasi totale oppo­si­tion de phase. En les mélan­geant sans vous en soucier, vous risquez de vous retrou­ver avec un résul­tat comme ça :

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Alors qu’en inver­sant la pola­rité de l’un des micros, vous obte­nez cela :

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Prise de Son & Mixage : 04

Avouez qu’il serait dommage de noyer le corps de votre caisse claire à cause d’une négli­gence pareille, non ?

Une fois que vous avez bien véri­fié la cohé­rence de phase entre ces deux micros, vous verrez que vous obtien­drez une jolie marge de manœuvre qui sera bien utile lors du mixage. Le mélange « Snare Top » et « Snare Bottom » offre effec­ti­ve­ment une large palette sonore sans que vous ayez à sortir le moindre égali­seur ou compres­seur. Pour illus­trer ce propos, voici un extrait sonore sur lequel j’ai auto­ma­tisé le volume du micro « Snare Bottom » :

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Inté­res­sant, n’est-ce pas ? Mais il est possible d’al­ler plus loin…

Claire et nette

Commençons par discu­ter du choix des micros. Bien que le célèbre SM57 soit la réfé­rence en la matière, il peut être avan­ta­geu­se­ment remplacé par d’autres micro­phones, surtout si vous n’êtes pas en quête d’un son brut de décof­frage sauce « Rock ». Par exemple, un statique à petit diaphragme en posi­tion « bottom » permet bien souvent d’ob­te­nir un rendu plus fin et natu­rel. Atten­tion toute­fois, une direc­ti­vité cardioïde est obli­ga­toire si vous ne voulez pas vous retrou­ver avec trop de « repisse » des autres éléments du kit. Les modèles habi­tuel­le­ment plébis­ci­tés pour cette tâche sont l’ex­cellent AKG C451 B et le Neumann KM 84. Ceci étant, des solu­tions plus écono­miques se trouvent assez faci­le­ment de nos jours, par exemple le très effi­cace Oktave MK-012. Notez que ces statiques sont égale­ment à leur aise en posi­tion « top ». Mais pour conser­ver la puis­sance de l’im­pact, je vous conseille tout de même d’y adjoindre les services de ce bon vieux SM57. Le mélange entre le statique et le dyna­mique vous permet­tra alors de doser fine­ment la part de « défi­ni­tion » avec la part de « patate ». Faites cepen­dant très atten­tion aux problèmes de phase qui ne manque­ront pas de se glis­ser dans ce type de prise « Snare Top » à deux micros.

Voyons à présent une vieille tech­nique de sioux qui pourra vous sauver la mise si d’aven­ture vous n’aviez pas la possi­bi­lité d’ef­fec­tuer un enre­gis­tre­ment en confi­gu­ra­tion « Snare Top »/« Snare Bottom », soit par manque de micros, soit par manque de voies sur votre inter­face audio. Dans ce cas, si vous souhai­tez tout de même pouvoir jouer sur la balance entre l’at­taque de la frappe et la brillance du timbre de votre caisse claire, vous pouvez utili­ser un seul micro placé sur le côté et visant direc­te­ment le fût. En jouant sur la hauteur de ce micro, il vous est alors possible de doser l’équi­libre « top »/« bottom ». Bien sûr, cette méthode donne un résul­tat moins précis et elle ne permet pas de modi­fier le mélange a poste­riori lors du mixage. Mais elle a tout de même un avan­tage, l’uti­li­sa­tion d’un seul et unique micro limite les soucis de phase.

Moongel on snare

Dernière astuce du jour : le Moon­gel. Cet acces­soire devrait être dispo­nible dans toutes les boîtes à outils des ingé­nieurs du son qui se respectent tant il est d’une effi­ca­cité diabo­lique ! Mais à quoi peut-il donc bien servir ? Tout simple­ment à atté­nuer les harmo­niques et/ou le sustain de vos fûts. Et ce n’est vrai­ment pas un luxe tant cet aspect peut varier d’un kit de batte­rie à un autre. Or, suivant les styles musi­caux, il est primor­dial d’avoir la main sur ce genre de choses. Par exemple, le mixage d’une batte­rie dans un style Rock tendance « Metal » peut être un véri­table cauche­mar si la caisse claire est trop géné­reuse en harmo­niques. Ou bien encore, n’im­porte quel morceau à un tempo élevé et un jeu de caisse claire dense peut s’avé­rer ingé­rable au mix si le sustain est trop long. L’uti­li­sa­tion de Moon­gel est donc du pain béni car cela permet de jugu­ler tous ces problèmes direc­te­ment à la source. Étant donné le tarif plus que raison­nable du joujou, pourquoi donc s’en priver ?

La semaine prochaine, nous conti­nue­rons ce chapitre consa­cré à l’en­re­gis­tre­ment de la batte­rie en nous attaquant à la grosse caisse.

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