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Pédago
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L’enregistrement de la contrebasse à l’archet

Le grand guide de l’enregistrement - 13e partie

Dans cet épisode, nous allons nous intéresser à l’enregistrement de la contrebasse, et plus particulièrement lorsque celle-ci est jouée à l’archet (arco). Ne vous en faites pas, nous verrons le cas du jeu au doigt (pizzicato) lors du prochain article.

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Spéci­fi­ci­tés

La contre­basse appar­tient à la famille des instru­ments à cordes. Profon­dé­ment ancré dans le registre grave, l’ins­tru­ment descend géné­ra­le­ment jusqu’au E1 (envi­ron 41 Hz), mais cela peut aller jusqu’au B0 (envi­ron 31 Hz) pour les versions équi­pées de 5 cordes. Par consé­quent, il convien­dra de choi­sir un micro capable de retrans­crire ce registre sans trop de bavures.

Concer­nant l’émis­sion du son, sachez qu’il provient essen­tiel­le­ment de la table d’har­mo­nie qui sert d’am­pli­fi­ca­teur à la vibra­tion des cordes. Autre point impor­tant, c’est le cheva­let qui est prin­ci­pa­le­ment respon­sable de la trans­mis­sion des vibra­tions des cordes à la table d’har­mo­nie. Connaître ces détails va nous permettre de travailler correc­te­ment nos place­ments de micro.

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Avant de passer à la partie pratique, deux remarques qui sont loin d’être anodines. Premiè­re­ment, l’ins­tru­ment repose au sol via le piquet. Ce dernier peut malheu­reu­se­ment véhi­cu­ler les vibra­tions… Or, s’il s’agit par exemple d’un parquet en bois, cela peut faire caisse de réso­nance et venir passa­ble­ment polluer vos prises. Gardez donc ce détail en tête et essayez autant que possible d’iso­ler le piquet en utili­sant une moquette bien épaisse ou une mini-estrade de fortune repo­sant sur du caou­tchouc le cas échéant.

La deuxième remarque ne se limite pas au seul cas de la contre­basse et concerne la majo­rité des instru­ments acous­tiques. Ces derniers sont par nature impar­faits et possèdent certaines réso­nances disgra­cieuses plus ou moins marquées. Les « meilleurs » instru­ments sont égale­ment concer­nés, même si le degré d’im­per­fec­tion sera moindre. N’hé­si­tez pas à deman­der au musi­cien, car ce dernier connaît géné­ra­le­ment bien son instru­ment et sera donc à même de vous appor­ter de précieuses indi­ca­tions en regard de celui-ci. Le but étant alors de trou­ver le meilleur micro et/ou place­ment apte à mini­mi­ser l’im­pact de ce problème. Par exemple, la contre­basse enre­gis­trée pour cet article a une fâcheuse tendance à réagir de façon exces­sive aux Ré selon son proprié­taire. Du coup, j’ai parti­cu­liè­re­ment fait atten­tion aux Ré lors de la capta­tion, et j’y serai égale­ment atten­tif lors de la phase de mixage.

En piste

Pour commen­cer, comme la contre­basse utili­sée aujour­d’hui est équi­pée d’une cellule, voyons ce que le jeu à l’ar­chet peut donner enre­gis­tré ainsi :

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Comme vous pouvez le consta­ter, ce n’est vrai­ment pas terrible. Dans le prochain article, nous verrons qu’en pizzi­cato la capta­tion via la cellule n’est pas trop mal, mais à l’ar­chet, ce n’est clai­re­ment pas adapté.

Passons donc à l’en­re­gis­tre­ment avec un micro. Niveau place­ment, toutes les prises utili­se­ront sensi­ble­ment le même, à savoir une distance de 15 à 40 cm du côté de la corde la plus aiguë, le micro légè­re­ment en dessous du cheva­let et poin­tant vers le corps de l’ins­tru­ment (voir photos). Notez que j’évite soigneu­se­ment de poin­ter vers le cheva­let dans ce cas précis, car cela à tendance à rendre la prise agres­sive, ce qui n’est pas du plus bel effet pour ce type de jeu. Pour vous aider dans le place­ment, vous pouvez utili­ser un repère visuel simple : le bas du « f » de l’ouïe.

L’ex­trait qui suit provient d’une prise réali­sée avec un statique C414 en mode omni­di­rec­tion­nel, sans pad ni coupe bas :

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Le rendu est certes plus inté­res­sant qu’avec la capsule, mais cela manque tout de même d’un peu de « corps », sans parler de l’em­preinte inévi­table de la pièce avec cette direc­ti­vité. Au passage, remarquez la fameuse réso­nance du Ré (3e note) qui est bel et bien présente comme prévu.

Le prochain extrait illustre l’uti­li­sa­tion du C414 en mode cardioïde :

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Le résul­tat me semble plus cohé­rent avec moins de pollu­tion prove­nant de la pièce et plus de « corps ». L’ef­fet de proxi­mité propre à la direc­ti­vité cardioïde peut ici être un atout. Atten­tion cepen­dant, s’il devient trop enva­his­sant, recu­lez donc votre micro.

Essayons main­te­nant un micro à ruban, le Sigma de Sontro­nics.

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Là encore, la direc­ti­vité (figure en 8) capte un peu trop la pièce à mon goût, mais le résul­tat peut être inté­res­sant malgré tout. En effet, la « douceur » de ce type de micro atté­nue le « crin­crin » de l’ar­chet, ce qui peut être utile suivant le type de son recher­ché pour votre produc­tion.

Pour finir, voici un exemple utili­sant un statique à petite membrane, un Oktava MC012 :

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Si le rendu se situe à l’op­posé du Sigma, il n’en reste pas moins inté­res­sant, car le gain dans le haut médium peut permettre de faci­le­ment faire ressor­tir l’ins­tru­ment dans un mix de musique « moderne ».

Voilà, c’est tout pour aujour­d’hui. Comme toujours, je vous invite à consi­dé­rer ces méthodes comme des pistes à explo­rer afin d’ob­te­nir le son que vous dési­rez pour vos propres œuvres. D’ailleurs, si votre lieu d’en­re­gis­tre­ment le permet, essayer de jouer sur la distance sépa­rant le micro de l’ins­tru­ment. Dans le cas de la contre­basse enre­gis­trée avec un cardioïde, c’est parti­cu­liè­re­ment inté­res­sant dans la recherche d’un équi­libre entre les graves et les médiums pour un rendu plus « natu­rel ». Atten­tion cepen­dant, « natu­rel » n’est pas forcé­ment syno­nyme de « facile à mixer » ! N’ou­bliez donc pas la fameuse règle d’or N°1 de l’en­re­gis­tre­ment.

Remer­cie­ments

Un grand merci à mon ami Colin qui a bien voulu m’épau­ler pour cet article ainsi que le suivant. Ma grati­tude est d’au­tant plus forte à l’oc­ca­sion de ce premier opus, car il a accepté de sortir de sa zone de confort pour la bonne cause, le jeu à l’ar­chet n’étant pas vrai­ment son violon d’Ingres. Colin est contre­bas­siste pour les Choz­pa­reï, un groupe incon­tour­nable de la scène mont­pel­lié­raine, ainsi que pour Tana & the Pocket Phil­har­mo­nic, une forma­tion envoû­tante dont vous devriez bien­tôt entendre parler près de chez vous tant leur musique a pour voca­tion le voyage de scène en scène.

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