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Pédago
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Réaliser une séance de voix – partie 2

L’aspect psychologique du travail avec un/e chanteur/se

Dans la première partie, nous avons abordé le choix et le placement du micro ainsi que le problème du retour casque. À présent, voici quelques astuces de réalisation qui vous aideront à révéler tout le potentiel du chanteur ou de la chanteuse.

Accéder à un autre article de la série...

[lire la première partie]

Atmo­sphère, atmo­sphè­re…

Beau­coup de chan­teurs* donnent le meilleur d’eux-mêmes quand l’am­biance du studio est apai­sante. Si vous le pouvez, tami­sez les lumières, véri­fiez que la tempé­ra­ture ambiante est agréable et prépa­rez une bouteille d’eau à l’at­ten­tion du chan­teur. Selon l’at­mo­sphère et le style de la musique, vous pour­rez même allu­mer une ou deux bougies. Il est aussi très impor­tant de déga­ger une impres­sion de confiance et de montrer que vous avez le contrôle de la situa­tion. Si vous avez des problèmes tech­niques, gardez-les pour vous !

Si possible, rédui­sez le nombre de personnes qui assistent à la séance. Si tous les membres du groupe tournent en rond sans arrêt, ils peuvent distraire le chan­teur qui risque de deve­nir hési­tant en prenant plei­ne­ment conscience de la situa­tion.

Souve­nez-vous que chan­ter en studio est une expé­rience très parti­cu­lière, même pour un chan­teur ayant une bonne expé­rience de la scène. Chaque détail est écouté, dissé­qué et évalué. Pour qui n’est pas habi­tué à cette façon de travailler, la situa­tion peut deve­nir très trou­blante. C’est pourquoi il est bon que tout se passe faci­le­ment et dans le calme. 

L’as­tuce « on fait juste les niveaux » 

Parfois, vous aurez de la chance et pour­rez enre­gis­trer la toute première prise du chan­teur, celle qu’il fait en croyant qu’il ne s’agit que d’un échauf­fe­ment. Utili­sez cette astuce en montrant osten­si­ble­ment que vous faites les niveaux. Avant de lancer l’en­re­gis­tre­ment, expliquez au chan­teur qu’il peut faire le morceau en entier pour s’échauf­fer pendant que vous véri­fiez les niveaux une dernière fois. Parfois, vous obtien­drez une super prise parce que le chan­teur aura pu se décon­trac­ter en croyant seule­ment s’échauf­fer. Ça ne marche pas à chaque coup, mais ça vaut la peine d’es­sayer, tout parti­cu­liè­re­ment si vous avez affaire à un chan­teur inex­pé­ri­menté. 

Stra­té­gie de la séance

Main­te­nant que vous enre­gis­trez « offi­ciel­le­ment », le chan­teur va devoir enchaî­ner plusieurs prises complètes que vous compi­le­rez ulté­rieu­re­ment. Cette stra­té­gie fonc­tionne géné­ra­le­ment mieux que la méthode consis­tant à inter­rompre l’en­re­gis­tre­ment et faire des over­dubs pour obte­nir une seule prise parfaite. En chan­tant des morceaux complets (ou au moins des passages entiers), le chan­teur a la possi­bi­lité d’in­ter­pré­ter la musique beau­coup plus faci­le­ment qu’en enre­gis­trant des phrases isolées. Le résul­tat aura d’au­tant plus d’éner­gie. On peut répa­rer beau­coup de choses au mixage, notam­ment en éditant les pistes et en corri­geant la justesse, mais on ne peut insuf­fler ni éner­gie ni émotion à une prise de voix.

Une méthode effi­cace consiste à deman­der au chan­teur d’en­re­gis­trer plusieurs versions complètes puis de compi­ler les diffé­rentes prises en ne gardant que les meilleurs passages.

Soyez diplo­mate si le chan­teur a des problèmes de justesse. La justesse est un sujet sensible pour beau­coup de chan­teurs. Si vous rele­vez constam­ment les problèmes de justesse, vous risquez de désta­bi­li­ser le chan­teur, auquel cas il aura encore plus de mal à chan­ter juste.

Si vous déce­lez des problèmes de justesse, montez légè­re­ment l’un des instru­ments à accords ou la basse dans le retour casque pour donner un meilleur repère harmo­nique au chan­teur. 

Vous pouvez aussi lui suggé­rer de décou­vrir un peu l’une de ses oreilles sous le casque pour qu’il entende mieux sa voix natu­relle. Formu­lez cette sugges­tion de façon posi­tive, c’est-à-dire comme un moyen d’amé­lio­rer l’écoute plutôt que comme une solu­tion à des problèmes de justesse. 

Pendant toute la séance, souli­gnez systé­ma­tique­ment ce qui est posi­tif afin de ne pas enta­mer la confiance du chan­teur. Ça n’aura aucune impor­tance avec un profes­sion­nel chevronné, mais un peu d’in­dul­gence peut faire la diffé­rence avec un chan­teur peu habi­tué au studio. 

Sachez vous arrê­ter

Pendant la séance, il peut arri­ver que la résis­tance physique du chan­teur atteigne ses limites ; au-delà, la qualité des prises ira en se dégra­dant. Il faut espé­rer que vous aurez déjà tout ce qu’il faut pour compi­ler une prise complète à ce moment de la séance.

Quand vous sentez que la limite de produc­ti­vité est atteinte, faites une pause et écou­tez ce que vous avez enre­gis­tré. Si seuls quelques lignes ou quelques mots néces­sitent d’être répa­rés, ça vaut la peine de deman­der au chan­teur de les ré-enre­gis­trer en over­dubs. Si des parties impor­tantes du chant doivent être refaites, coupez court et prenez rendez-vous avec le chan­teur pour une nouvelle séance. N’ou­bliez pas de docu­men­ter la posi­tion du micro et les réglages du préam­pli pour pouvoir retrou­ver le même son lors de la séance suivante.

* (Ndt : pour des raisons de commo­dité, « chan­teur » = « chan­teuse ou chan­teur » dans cet article)

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Réaliser une séance de voix – partie 1

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