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M.F.B. Dominion X
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Test du MFB Dominion X / X SED

Test écrit
33 réactions
Concentré analogique

Annoncé depuis 2 ans, le Dominion X est enfin disponible au format module ; voyons s’il est un concurrent sérieux dans un univers de synthés analogiques monophoniques en totale expansion…

Dans le monde de la synthèse sonore, la société berli­noise uniper­son­nelle MFB est répu­tée pour conce­voir des modules analo­giques, boîtes à rythmes et séquen­ceurs bon marché de taille réduite. En fait, elle existe depuis plus de 35 ans et a commencé par déve­lop­per des produits vidéo. Sa première BAR, la MFB-501, remonte d’ailleurs à 1980 ! En 2001, elle présente son premier synthé, le MFB-Synth ; après un beau succès, il est alors décliné en versions Lite, II et Poly­Lite. Vient alors une série de modules, suivie par la série « zwerg », de nouveaux synthés / semi-modu­laires / BAR / séquen­ceurs. Manfred Fricke le proli­fique a parfois des temps de déve­lop­pe­ment plus ou moins bien contrô­lés. C’est ainsi que le Domi­nion X nous a été dévoilé pour la première fois à la Musik­messe de Franc­fort il y a deux ans, dans un état de proto­type. C’est une version évoluée du savoir-faire de MFB, regrou­pant ses meilleurs modules et de nouveaux déve­lop­pe­ments. Il devait à l’ori­gine être équipé d’un filtre Shipp­mann, mais le busi­ness en a voulu autre­ment. Aujour­d’hui, il est enfin dispo­nible pour un test, décliné en deux versions de filtres : X et X SED. C’est la seconde que nous avons reçue…

Tout dans la face

Le Domi­nion X est un synthé analo­gique mono­pho­nique à mémoires présenté sous forme de module. La construc­tion est meilleure que sur les modules en plas­toc cheap habi­tuels de la marque. Ici, il y a des flancs en bois, des tranches avant / arrière en métal, mais une façade en maté­riau compo­site peint. C’est mieux mais encore limite, surtout au regard du prix. Le format est compact et le poids léger, ce qui en fait un compa­gnon de scène idéal. La machine est couverte de commandes soigneu­se­ment alignées : 30 potards, 17 sélec­teurs multiples rota­tifs, un mini-affi­cheur 3 LED 7 segments + 3 points et 6 petits boutons ronds, dont 4 surmon­tés d’une LED. Tout cela est bien serré. La résis­tance des potards est molle et l’an­crage accep­table.

MFB Dominion X

Il n’y a aucun menu caché, ce qui faci­lite la prise en main ; sauf pour comprendre une ou deux fonc­tions (comme la gestion des mémoires), il n’y a pas besoin d’ou­vrir le manuel ; heureu­se­ment car il est cheap, se conten­tant de décrire les para­mètres. Les potards ne fonc­tionnent qu’en mode saut, bof bof. Pour program­mer ses propres sons, il existe un mode manuel, acces­sible avec le potard Value. C’est ce même potard qui permet de gérer les mémoires, en conjonc­tion avec un autre sélec­teur et le bouton Enter : on tourne le potard pour choi­sir une banque, on appuie sur Enter, puis on choi­sit un n° de 1 à 32, puis re-Enter.

La connec­tique est répar­tie sur la façade et le panneau arrière. En façade, ce sont 9 entrées mini-jacks : 3 CV pour chaque VCO (format 1 V/Octave, l’en­trée CV du VCO1 contrô­lant les 3 VCO lorsqu’elle est connec­tée seule), Gate (5 Volts), FM VCO (se substi­tue au VCO3 comme source de FM), Sync (se substi­tue au VCO1 comme source de synchro), Mixer (source audio substi­tuée au géné­ra­teur de bruit), CV VCF (contrôle la coupure du filtre en 0–5 Volts) et CV VCA (contrôle du volume en 0–5 Volts), pas mal ! Sur le panneau arrière, on trouve la borne pour alimen­ta­tion externe (bloc extrême cheap), l’in­ter­rup­teur secteur pous­soir, un trio Midi, un jack d’in­ser­tion pour effet externe et une sortie audio mono. Rien de trans­cen­dant cette fois…

Son of the bitch

MFB Dominion X

La mémoire interne renferme 128 mémoires déjà char­gées d’usine avec des basses, leads, effets spéciaux et percus­sions. Certains programmes sont bien fichus et illus­trent bien les possi­bi­li­tés de la petite bête, en parti­cu­lier la richesse des VCO, VCF et modu­la­tions. Disons-le tout de suite, il est impos­sible de trans­mettre les valeurs des commandes en CC, ni de contrô­ler les para­mètres de synthèse en retour… dommage pour une machine sous contrôle numé­rique.

Heureu­se­ment qu’on se rattrape ques­tion sons. Dans ce domaine, le Domi­nion ne déçoit pas, bien au contraire. Il excelle dans les basses profondes avec beau­coup de carac­tère, parfois bien trash, parfois bien rondes. Le filtre SED y est pour beau­coup dans ce dernier cas, comme nous le verrons plus tard. La vélo­cité permet de modu­ler pas mal de para­mètres, rendant le son très expres­sif. On peut faci­le­ment créer des sons métal­liques, grâce aux modu­la­teurs en anneau sophis­tiqués. De même, de grosses synchros ont mis le voisin dans un état d’hu­meur exécrable, il commence à m’em…­der lui ! Il faut dire que le Domi­nion X est parti­cu­liè­re­ment gâté dans ce domaine. Nous avons aussi fait quelques sons FM convain­cants, à base des 3 VCO trans­for­més en opéra­teurs. Les effets spéciaux tirent profit des possi­bi­li­tés de modu­la­tions origi­nales, vive le numé­rique ! Moins sympa, les effets de pas liés au pilo­tage numé­rique des para­mètres sont audibles, notam­ment lorsque la réso­nance du filtre est pous­sée, on se croi­rait sur un bon vieux Prophet-5, domma­ge…

Bass1
00:0000:40
  • Bass1 00:40
  • Bass2 00:25
  • Bass3 00:23
  • Bed 00:25
  • FM1 00:36
  • FM2 00:17
  • Fret­less 00:19
  • Fuck\'d Fifre 00:11
  • ModVel 00:16
  • Ring\'d 00:15
  • SOS 00:18
  • Sync\'d 00:12
  • VCOs 00:31
  • Ashiz 00:17
 

Salade de VCO

Le Domi­nion X est un synthé analo­gique à chaîne clas­sique VCO – VCF – VCA. Le manuel annonce 5 à 10 minutes de stabi­li­sa­tion pour ses oscil­la­teurs contrô­lés en tension, mais le site inter­net MFB précise curieu­se­ment un contrôle de l’ac­cord par le proces­seur, va savoir !

MFB Dominion X

Les VCO sont plus complexes que ce que l’on trouve habi­tuel­le­ment : chacun offre 3 ondes de base (triangle, dent de scie, impul­sion) à symé­trie variable. Le triangle peut se trans­for­mer en sinus, la dent de scie en triangle et l’im­pul­sion sont à largeur variable (50 à 95%). Cette tran­si­tion est réglable en continu et peut être modu­lée par le LFO1 ou en manuel. Le pitch de chaque VCO est accor­dable de 4 à 32 pieds par octave et par demi-ton (+ ou – 6 ; + ou – 13 suivant le VCO), puis modu­lable par l’un des 2 LFO ou l’en­ve­loppe de filtre. Il existe aussi une posi­tion de modu­la­tion où le volume pré-mixage de chaque VCO est modulé par le LFO1.

Chaque VCO peut être modulé en anneau avec son voisin : respec­ti­ve­ment VCO1 et VCO2, VCO2 et VCO3, VCO3 et VCO2. On peut aussi synchro­ni­ser tout ce beau monde : ainsi, le VCO1 peut agir sur le VCO2, le VCO3 ou les deux en même temps. Mais ce n’est pas tout, puisque le VCO3 peut modu­ler en FM le VCO1, le VCO2 ou les deux, avec une inten­sité program­mable. Super ! Pour agré­men­ter le jeu, on peut faire inter­ve­nir un glide à temps ou vitesse constante (au choix), avec courbes loga­rith­mique, linéaire ou expo­nen­tielle. Un mode legato est égale­ment présent, avec redé­clen­che­ment des enve­loppes ou fonc­tion­ne­ment libre.

Dirty Domi

MFB Dominion X

Chaque VCO est envoyé dans un mixeur, ainsi qu’un géné­ra­teur de bruit blanc interne. Ce géné­ra­teur est coupé lorsqu’on connecte une prise à l’en­trée audio pour injec­ter un signal externe dans le mixeur. Chaque source dispose d’un niveau séparé program­mable. À niveaux élevés, on crée une satu­ra­tion légère dans le filtre, qu’on va pouvoir accen­tuer en réinjec­tant la sortie audio en entrée de filtre (feed­back réglable). C’est main­te­nant que les Domi­nion X et X SED vont diffé­rer.

Le Domi­nion X SED offre 6 modes de filtrage gérés par 2 VCF distincts mais non simul­ta­nés : d’abord, un filtre MFB multi­mode 2 pôles à réso­nance constante, avec réponses passe-bas, passe-bande, réjec­tion et passe-haut ; ensuite, un filtre SED passe-bas 2 et 4 pôles à réso­nance non linéaire ; il est basé sur des tran­sis­tors et décrit comme un filtre « au son Roland / SSM » (?). Nous avons créé des exemples audio de chaque filtre en fin de liste de la fenêtre idoine, avec varia­tion de la fréquence de coupure sous 3 niveaux de réso­nance pour chacun (0%, 50%, 100%). Les 2 modes SED offrent une colo­ra­tion très musi­cale et une réso­nance maîtri­sée ; ils apportent un grain plus vintage que moderne, complé­tant à merveille les filtres MFB, au carac­tère bien trempé, bien crades et sifflants… avec les deux varié­tés de filtres, on a deux carac­tères très distincts, bien au-delà du modèle X stan­dard.

Ce dernier propose un VCF MFB multi­mode réso­nant. Il fonc­tionne suivant 6 modes possibles : passe-bas 4 pôles, passe-bas 3 pôles, passe-bas 2 pôles, passe-bande 2 pôles, réjec­tion 2 pôles, passe-haut 2 pôles. Ici, le son reste bien crade quel que soit le filtre. Sur chaque modèle, on peut régler le suivi de clavier (0, 50%, 100%), la modu­la­tion par l’en­ve­loppe 1 (Contour), avec inver­seur. Il y a même un bus de modu­la­tion addi­tion­nel, à choi­sir parmi 4 sources : LFO1, LFO2, VCO2, VCO3, avec quan­tité dosable. Sympa…

W Filter2 SED2
00:0000:44
  • W Filter2 SED2 00:44
  • W Filter1 SED4 00:43
  • W Filter3 LP2 00:42
  • W Filter4 BP2 00:46
  • W Filter5 NO2 00:45
  • W Filter6 HP2 00:45
 

Modu­la­tions origi­nales

Le Domi­nion X offre des possi­bi­li­tés de modu­la­tion très inté­res­santes, voire origi­nales. À commen­cer par les 2 enve­loppes ADSR. L’une est préas­si­gnée au VCF, mais peut égale­ment modu­ler le pitch de chaque VCO ; l’autre est assi­gnée au VCA sans autre choix.

MFB Dominion X

Ces enve­loppes sont assez rapides, elles cliquent, sans pour autant claquer comme un Moog. Viennent ensuite 2 LFO complexes dont la fréquence varie de 0,1 à 100 Hz ; les formes d’onde dispo­nibles sont le sinus, le triangle, la dent de scie, la rampe, le carré et le S&H ; l’os­cil­la­tion est libre ou redé­clen­chée à chaque appui de note ; la vitesse peut dépendre du suivi de clavier, ce qui est excellent (et laisse suppo­ser que le LFO est numé­rique) ; le LFO peut aussi être basculé du mode cyclique en coup unique ; par contre, pas le moindre fondu ni de synchro de la vitesse au tempo.

Un troi­sième LFO simpli­fié à onde trian­gu­laire peut être assi­gné à l’une des 5 desti­na­tions suivantes : pitch global, VCO2, VCO2+3, VCF et VCA. La quan­tité de modu­la­tion est défi­nie par un potard et dépend de la posi­tion de la molette de modu­la­tion (ou du CC Midi n°1) ; si le potard est à zéro (posi­tion Off), il n’y a pas de modu­la­tion mais un contrôle direct de la desti­na­tion choi­sie. Enfin, la vélo­cité peut modu­ler 11 desti­na­tions simul­ta­nées, avec quan­ti­tés distinctes bipo­laires : VCA, VCF, réso­nance, ADSR1 vers VCF, vitesse des LFO (1 ou 2), symé­trie des formes d’onde (VCO1, 2 ou 3) et vitesse des enve­loppes (1 ou 2), cool !

Verdict

Au final, le Domi­nion X est un module analo­gique mono­pho­nique surpre­nant. La façade regorge de commandes et la prise en main est immé­diate. Avec une section VCO musclée et un tas de modu­la­tions très origi­nales, les terri­toires sonores couverts sont vastes. C’est encore plus vrai pour le modèle SED, dont le filtre addi­tion­nel est plus musi­cal, avec un petit côté vintage, alors que le premier est plus agres­sif. La petite décep­tion concerne la partie numé­rique, qui gère les mémoires (avec lour­deur), les notes Midi, quelques contrô­leurs physiques, les dumps et les chan­ge­ments de programme ; mais pour ceux qui veulent auto­ma­ti­ser, il faudra se conten­ter de quelques entrées CV, comme au bon vieux temps. La compa­cité et le poids plume destinent le Domi­nion X à la scène, mais il se sentira bien en studio où il appor­tera un son origi­nal dans un espace réduit.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

Points forts
  • La polyvalence des timbres (surtout le SED)
  • Les oscillateurs à ondes continues
  • Les interactions d’oscillateurs
  • Les filtres multimode résonants (surtout le SED)
  • Les modulations astucieuses
  • Les LFO élaborés
  • Les mémoires de programmes
  • Le nombre de commandes directes
  • La simplicité de prise en main
  • La connectique avec entrée audio et CV/Gate
  • La compacité du module
Points faibles
  • L’absence d’affichage de la valeur des paramètres
  • La gestion des mémoires un peu lourde
  • Pas d’émission / réception de CC Midi
  • Le mode d’emploi très basique
  • La qualité de construction moyenne pour le prix
  • L’alimentation externe
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.