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Interview / Podcast
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Interview d'Andrew Wade (A Day to Remember, Neck Deep, The Ghost Inside)

Quelques trucs du Big Boss

Surnommé “The Big Boss”, Andrew Wade en connait un rayon en matière d'enregistrement de guitares. Producteur, ingé son et songwriter spécialisé dans les styles pop-punk et Emo, il a produit des artistes de nombreux labels (dont des chansons du top 20 américain), tels qu'A Day to Remember, Neck Deep, et The Ghost Inside, parmi de nombreux autres. Depuis son Wade Studio dans la région d'Orlando en Floride, Wade s'est spécialisé dans les musiques largement centrées sur la guitare. Ses enregistrements se caractérisent par de grosses rythmiques, qu'il capte et mixe à l'aide de méthodes plus qu'intéressantes.

Interview d'Andrew Wade (A Day to Remember, Neck Deep, The Ghost Inside) : Quelques trucs du Big Boss

Il est en train de monter un nouveau complexe d’en­re­gis­tre­ment avec trois salles de mixage, deux « live rooms » et quatre cabines isolées, le tout confi­gu­rable à la demande en fonc­tion du projet. En plus de cela, le nouveau studio compor­tera un appar­te­ment et un espace de répé­ti­tion pour le groupe, deux lobbies, une grande entrée et quatre salles de bain.

Sound Techniques : Screen
Andrew Wade

En mai dernier, Wade était l’in­vité spécial de Nail the Mix, un programme de forma­tion au mixage par abon­ne­ment proposé par les produc­teurs Joey Stur­gis, Eyal Levi et Joel Wana­sek, et à l’is­sue de ce mois les abon­nés du programme (qui dispo­saient des pistes sépa­rées de la chan­son) ont eu la possi­bi­lité d’as­sis­ter en vidéo au mixage de la chan­son Can’t Kick Up The Roots de Neck Deep par Wade.

Notre conver­sa­tion avec Andrew a surtout abordé ses méthodes d’en­re­gis­tre­ment des guitares (notam­ment l’uti­li­sa­tion créa­tive qu’il fait des réponses impul­sion­nelles de baffles), ainsi que ses tech­niques de mixage.

Je voulais vous parler des sons de guitare que vous obte­nez. Surtout les trucs du genre pop-punk, il y a toujours des gros sons de guitares ryth­miques à droite et à gauche. En gros, vous avez une formule du genre combien de prises, combien de prises doublées, et quels trai­te­ments leur appliquer ?

Ouais. En géné­ral, je fais juste les guitares droite et gauche. Parfois c’est bien d’avoir un baffle diffé­rent, ça permet d’ob­te­nir un son plus « plein ».

Donc un baffle diffé­rent à droite par rapport au côté gauche ?

Ouais. Même ampli, mêmes réglages, juste un autre baffle. Mais il faut trou­ver un baffle du même type. Il ne sera jamais iden­tique, évidem­ment, mais il faut qu’il se rapproche assez de l’autre pour que les deux sons se mélangent bien et sonnent équi­li­brés.

Je suppose que la plupart des guita­ristes avec lesquels vous travaillez utilisent des baffles de 4×12 ?

Oui. Je ne sais pas si ça chan­gera dans l’ave­nir, mais actuel­le­ment je suis à fond dans les réponses impul­sion­nelles (IR) de baffles de guitare. Cette tech­no­lo­gie est tout simple­ment parfaite, quelle qu’en soit la raison.

Vous voulez dire, à la place d’une réverbe stan­dard ?

Non. Vous captu­rez un système acous­tique. Que ce soit une salle ou un haut-parleur, vous en captez la réponse en fréquences, ainsi que tout ce qui arrive au signal avec le temps au fur et à mesure qu’il décline dans cet envi­ron­ne­ment acous­tique.

Donc une réponse impul­sion­nelle du baffle dans la pièce ?

Ouais. Suppo­sons que je fasse une prise de votre confi­gu­ra­tion, avec un ampli et un baffle. J’en fais une prise avec un ou des micros, je la fais sonner de façon excep­tion­nelle, et ensuite, quand j’ai le bon « spot » et que j’aime vrai­ment la façon dont ça sonne, j’en­lève la tête d’am­pli et je la remplace par un ampli à tran­sis­tors, enfin, un ampli de sono, pas un ampli de guitare. Ensuite, tout ce qu’il reste à faire c’est d’y diffu­ser un bruit blanc sur la durée d’un sample. Ça sonne vrai­ment comme un « pop » de micro, un choc statique. Je fais passer ça dans le baffle, je l’en­re­gistre et vous avez votre réponse impul­sion­nelle. 

Et ensuite ?

Après ça, je prends le sample de la réponse impul­sion­nelle et je le charge dans Reca­bi­net. C’est un plug-in que j’uti­lise pour ça. Il semble stable, il marche bien et propose des options simples. Vous char­gez le sample et ça sonne exac­te­ment comme le baffle. J’ai fait faire des tests à l’aveugle avec des groupes et des gens qui ont l’ha­bi­tude d’une écoute critique, et personne n’a pu entendre la diffé­rence entre le vrai baffle et le faux.

Donc vous déclen­chez le tout avec le signal de la guitare enre­gis­tré via une boîte de direct (DI) ?

Recabinet 5
Wade utilise le logi­ciel Reca­bi­net de Kazrog pour utili­ser ses IR de baffles

C’est un peu plus compliqué. J’en­re­gistre via la DI. Ensuite, ça sort de l’or­di­na­teur via un boîtier de ream­ping, et ça rentre dans l’am­pli. Mais vous n’avez pas besoin de faire tout ça, vous pouvez aussi entrer direc­te­ment dans l’am­pli si vous voulez. Mais avec la DI, vous pouvez éditer et faire du ream­ping. Le premier scéna­rio que j’évoquais, c’était juste pour obte­nir la réponse impul­sion­nelle. Une fois que c’est fait, on dit au revoir à cette config, on a la réponse impul­sion­nelle et on procède diffé­rem­ment. On a la DI qui rentre dans l’am­pli, lui-même suivi d’un atté­nua­teur qui va vers le préam­pli qui lui-même rentre dans l’or­di­na­teur. Il faut un atté­nua­teur pour faire ça, sinon vous allez bousiller votre inter­face, ou quoi que ce soit dans lequel vous bran­chez votre ampli.

Donc ce que vous obte­nez c’est le son de l’am­pli, qui sonne foutre­ment mal, c’est un son statique. Mais une fois que vous lancez la réponse impul­sion­nelle derrière, ça sonne exac­te­ment comme avec le baffle. Donc dès que quelqu’un amène un baffle, je fais des tonnes d’IR. Je compte d’ailleurs vendre un pack conte­nant mes réponses impul­sion­nelles. 

Du coup, qu’est-ce qui rend cette méthode avan­ta­geuse par rapport au fait de capter le son d’un baffle à l’aide d’un micro ?

Je prends plein de mes micros favo­ris, je les mets dans toutes les posi­tions que je préfère, je passe le temps qu’il faut pour prendre les réponses impul­sion­nelles, et ensuite je passe des unes aux autres après qu’on ait enre­gis­tré la guitare et je les sélec­tionne une par une pour entendre les diffé­rences. De mon point de vue, on peut être plus créa­tif comme ça parce que ça élimine le temps et l’ac­tion physique qu’im­pliquent de se lever, aller dans l’autre pièce, chan­ger ce qui doit l’être, reve­nir et se rasseoir, tout ceci étant de nature à décon­cen­trer. Si vous devez faire tout ça, vous voyez les choses autre­ment. Par contre, si tout ce que vous avez à faire c’est de cliquer sur un bouton pour chan­ger de son, vous pouvez penser de façon plus claire à ce que vous cher­chez et à ce que vous enten­dez. Lorsque c’est moi qui dois tout bouger, je suis moins satis­fait du résul­tat.

Donc c’est un peu comme la partie « simu­la­tion de baffle » d’un logi­ciel de modé­li­sa­tion d’am­pli ?

C’est exac­te­ment ça. Mais je ne sais pas comment s’y prennent beau­coup des entre­prises qui en font, mais leurs baffles sonnent vrai­ment de façon merdique. Je ne comprends pas comment ils font. Si vous faites les choses correc­te­ment… Enfin, je ne sais pas s’ils s’y prennent mal, genre en captu­rant les IR à l’aide d’un ampli à lampes au lieu d’un ampli à tran­sis­tors, mais en tout cas je ne suis jamais satis­fait des autres IR que les miennes.

Histoire de clari­fier quelque chose, vous n’uti­li­sez l’am­pli à tran­sis­tors que pour la capture de la réponse impul­sion­nelle, c’est bien ça ?

Oui. L’am­pli à tran­sis­tors, c’est juste pour avoir le son du baffle et de lui seul, sans aucune colo­ra­tion en prove­nance des lampes. Ensuite, on vire l’am­pli à tran­sis­tors, au revoir, et on utilise l’am­pli pour guitare.

Donc la DI dans la STAN, réam­pée dans l’am­pli, puis le signal sans baffle est amené dans l’or­di­na­teur, et là il est traité à l’aide des réponses impul­sion­nelles.

Exac­te­ment. Ce n’est pas une façon très conven­tion­nelle de faire, mais pour moi c’est la meilleure.

Vu comme vos guitares sonnent bien, c’est que vous devez savoir vous y prendre.

Gross track 3
Une confi­gu­ra­tion de guitares ryth­miques à 3 pistes comme Wade les affec­tionne, avec deux pistes doublées dont l’une est légè­re­ment désac­cor­dée.

L’autre partie du son, c’est le putain de guita­riste ! Les gens ne comprennent pas ça. Ils croient qu’ils peuvent prendre n’im­porte quoi enre­gis­tré avec de vieilles cordes et qu’à l’ar­ri­vée ça devrait sonner comme ci ou comme ça, mais ça ne marche pas comme ça. S’il y a plusieurs guita­ristes, chacun audi­tionne pour jouer. C’est comme ça que je fais. Si votre main ne sonne pas bien, vous ne jouez pas !

Ça doit créer des situa­tions inté­res­santes.

Je sais le formu­ler autre­ment. Je ne le dis pas comme ça. Mais pour résu­mer, c’est ce qui se passe.

Lorsque vous faites la prise d’un baffle pour en captu­rer l’IR, avez-vous une façon de faire que vous privi­lé­giez ? Je suppose que vous utili­sez plus d’un micro…

En fait, ces temps derniers, j’aime bien utili­ser un [Shure] SM-7, légè­re­ment excen­tré. Le SM-7 sonne vrai­ment bien. Le 27 est évidem­ment un clas­sique. Un autre que j’aime bien depuis peu, c’est le [Senn­hei­ser] 421. Je sais que beau­coup l’uti­lisent mais pour je ne sais quelle raison je ne l’avais jamais aimé, mais j’ai changé d’avis depuis que j’uti­lise des réponses impul­sion­nelles. Je pense que c’est parce que j’ai éliminé l’étape où je devais bouger le micro : « oups, peut-être est-ce que je l’ai trop bougé et que je me suis foiré », c’est ce qui vous passe par la tête à chaque fois.

En géné­ral, à quelle distance du baffle posi­tion­nez-vous le micro ?

Au plus près. J’ai tenté de l’éloi­gner, et ça ne donne rien d’ex­cep­tion­nel.

Et vous aimez bien posi­tion­ner le micro comme vous venez de dire, à mi-chemin entre le centre et le bord du haut-parleur ?

Oui, parce que comme ça, ça enlève le côté criard du son. J’ai essayé de jouer avec l’angle du micro et d’uti­li­ser deux micros, mais je finis toujours par enle­ver l’autre micro et par préfé­rer comme c’est à ce moment-là. À une époque, je pensais que peut-être je n’ai­mais pas ça parce que ça prenait plein de pistes. Vous voyez ce que je veux dire, « oh la la, j’uti­lise toute ça comme pistes »… Mais main­te­nant que tout est dans le programme, je peux ajou­ter autant de baffles que je veux. Beau­coup ne jurent que par le fait d’uti­li­ser deux micros, mais je pense qu’uti­li­ser deux baffles diffé­rents (un à droite, l’autre à gauche) a peut-être le même effet que d’uti­li­ser deux micros.

Donc vous parliez de sons de guitares. Même ampli, avec des réponses impul­sion­nelles diffé­rentes.

Même ampli, mêmes pédales (si j’en utilise) avec les mêmes réglages, mais baffles diffé­rents. Du coup, les seules diffé­rences sont le baffle et la prise.

Vous doublez à la fois les parties droite et gauche ?

Pas toujours, mais parfois oui. Il se peut que je le fasse si je veux qu’un passage sonne vrai­ment « dur », à ce moment-là je ferai deux prises de chaque côté. Mais récem­ment, j’ai surtout fait une prise à droite, une à gauche et une prise brute et dégueu­lasse au centre.

Brute et dégueu­lasse ?

Je veux dire un peu désac­cor­dée et jouée très, très fort, avec une distor­sion bien dure. Ça ajoute beau­coup au résul­tat.

Quel niveau a la piste centrale dans le mix, juste un petit peu ?

Elle sonne moins fort que les autres guitares, mais quand elle est là on l’en­tend. J’uti­lise une guitare avec un cheva­let Ever­tune. Même quand vous faites un bend, il compense. Vous réglez la tension du cheva­let pour qu’elle corres­ponde à celle des cordes. Chaque pontet est séparé sur le cheva­let. Il y a des ressorts au dos qui s’étirent quand vous tirez. Donc on a toujours la même posi­tion, toujours la même tension du fait de ces ressorts au dos. Si on veut, on peut toujours régler l’ins­tru­ment pour que la hauteur des notes change quand on fait un bend, mais dans ce cas je prends plutôt une autre guitare. Donc disons que j’ai des prises droite et gauche faites avec une guitare à cheva­let Ever­tune, mais qu’en­suite je veuille une piste qui sonne plus dur, à ce moment-là je prends une guitare sans Ever­tune. Une piste centrale plus dure apporte beau­coup d’agres­si­vité et de feeling.

Mais ryth­mique­ment, elle est toujours synchro­ni­sée aux autres ? Juste un peu bizarre sur le plan tonal ?

Voilà.

Je voulais parler mixage vu que c’est une de vos spécia­li­tés. J’aime bien deman­der aux gens comment ils commencent leurs mixes. Qu’est-ce que vous faites en premier, de manière géné­rale ?

Eh bien, je charge tout dans mon template. Tout est orga­nisé par bus. Chaque piste entrante est assi­gnée à un bus, que ce soit le clavier, la batte­rie, les effets ou quoi que ce soit d’autre.

Sound Techniques : The Wade Studio under construction
L’une des salles d’en­re­gis­tre­ment du nouveau studio de Wade, alors encore en construc­tion.

Donc chaque piste se retrouve combi­née à un bus. Vous avez un bus de batte­rie, un pour les voix, etc. ?

Ouais, caisse claire et toms vont vers le bus de batte­rie. Toutes les voix prin­ci­pales vers le bus des voix prin­ci­pales. Les chœurs vers le bus des chœurs. Mais j’aime bien commen­cer avec les voix sur « mute » et en géné­ral je commence en jouant entre les pistes de batte­rie et de guitares en essayant d’avoir un son réampé. En géné­ral je réampe les guitares pendant le mixage. Du coup, géné­ra­le­ment, j’ai un réglage dont je sais qu’il marche bien, et si ce n’est pas le cas c’est qu’on risque d’avoir un problème, à moins que ce ne soit vrai­ment un groupe « inté­res­sant ». Mais ça, c’est rare de nos jours. Je commence comme ça, et si la basse ne sonne pas bien, je suis aussi obligé de la program­mer, et ça c’est un vrai cauche­mar.

Une basse MIDI ?

Ouais, une basse MIDI. Parfois je ne programme que le bas du spectre, juste pour le rendre plus clair, mais on conserve le haut du spectre de la vraie prise sur laquelle j’uti­lise alors un filtre passe-haut.

Mais pour faire ça, il faut la doubler avec exac­ti­tude, non ?

Non, en fait il y a une certaine marge d’er­reur à ce niveau-là. Ça pour­rait être un peu hors du rythme sans que personne ne s’en aperçoive. Donc j’aime bien avoir de bonnes sono­ri­tés de batte­rie et guitares, et les voix tout en dernier.

Lorsque vous pano­ra­mi­sez les guitares ryth­miques, vous les mettez à fond à droite et à gauche ou dans des posi­tions inter­mé­diaires ?

En géné­ral, à fond à droite et à gauche. Mais si on a par exemple un passage avec juste la guitare, il se peut que je mette une très légère réverbe stéréo simu­lant une pièce. Donc si la guitare est tout à droite, côté gauche elle sonnera comme si elle était jouée dans une pièce. Si vous écou­tez au casque, vous aurez l’im­pres­sion que la guitare est jouée dans la même pièce que vous, ou presque. Sans casque, vous ne remarque­rez même pas que la réverbe est là.

En géné­ral, combien de temps ça vous prend de mixer une chan­son ?

Je suis de plus en plus rapide. La première chan­son, quand je mixe un album, elle me prend faci­le­ment une jour­née. Une jour­née et demie si j’ai vrai­ment du mal, genre si je n’en peux plus à la fin de la première jour­née. À ce moment là, j’ar­rête d’écou­ter et le jour suivant les choix seront plus faciles à faire. La première chan­son prend aussi long­temps que ça, mais pour les autres j’avance au rythme de l’éclair. J’ai fait des albums entiers en seule­ment quelques jours.

C’est parce que les chan­sons sont toutes enre­gis­trées de la même façon, de manière à ce que le mixage de la première puisse servir de modèle pour toutes les autres ?

Avec un peu de chance. Parfois, ce n’est pas le cas.

Quels moni­teurs utili­sez-vous ?

Actuel­le­ment, des BM 6A Mark II de chez Dynau­dio. Mais le nouveau studio a une bien meilleure acous­tique que la normale. Mieux que ce à quoi je suis habi­tué, parce que pour tout dire, jusqu’ici mon studio s’est toujours situé là où je vivais. Mais c’est un envi­ron­ne­ment bien équi­li­bré pour mixer. Le cais­son de basses ne donne pas trop dans les « boum boum ». Ici, on a de grands bass traps dans toute la pièce d’écoute. Je chan­ge­rai peut-être de moni­teurs, je n’en sais rien. La pièce est plus grande, le studio aussi. Ici, à tous points de vue, on voit tout en plus grand.

Est-ce qu’en géné­ral vous « zappez » entre diffé­rents types de moni­teurs lorsque vous mixez ? Vous avez une façon d’écou­ter vos mixes diffé­rem­ment, autre­ment qu’en restant dans votre posi­tion de mix ?

C’est une bonne ques­tion. Je ne le fais plus vrai­ment, mais à une époque je restais debout, parce que ça change complè­te­ment la percep­tion des hautes fréquences.

Vos oreilles sont alors au-dessus des twee­ters.

Ouais. Et tout sonne diffé­rem­ment. C’est bien, quand ça sonne diffé­rem­ment. C’est bien d’être dans diffé­rentes posi­tions dans la pièce. Ce que je fais norma­le­ment, c’est que j’uti­lise n’im­porte quels moni­teurs à ma dispo­si­tion, un casque de qualité décente que je connais bien et ma voiture. Mais il y a des « trucs » qui permettent d’op­ti­mi­ser le résul­tat. Sur mon master, parfois, je prends le haut du spectre et je le pousse comme un malade, juste pour voir si le haut du spectre reste doux à l’oreille. Si c’est le cas, c’est que j’ai fait un bon boulot ; sinon, c’est qu’il faut que je reprenne quelque chose.

Quelle fréquence pous­sez-vous pour ça ?

Disons à partir de 4 kHz. À fond, et on écoute comme ça. Et je vous le dis, ça permet d’en­tendre beau­coup de trucs ue vous n’en­ten­diez pas avant.

En d’autres termes, les éléments qui ne sont pas bien inté­grés dans le mix vont ressor­tir quand vous faites cela.

Sound Techniques : NtM andrewWade 03 IG 1080x1080
Le 29 mai, Wade a mixé une chan­son de Neck Deep dans une vidéo live dans le cadre du programme Nail the Mix.

Exact, disons que vous mixiez et que tout sonne assez doux, parfois un élément pourra paraître plus dans les aigus sur un autre système d’écoute, mais ça vous ne le saurez pas avant d’avoir écouté tout le haut du spectre. Donc c’est ce que je fais. Je fais pareil avec le bas du spectre, je mets un filtre coupe-haut et je m’as­sure que tout garde ce qu’il faut de punch et de clarté sans le haut du spectre.

Et ce filtrage-là, vous le faites vers quelles fréquences ?

Je dirais vers 1 kHz.

C’est une tech­nique inté­res­sante.

Ça m’a beau­coup aidé.

Vous avez d’autres trucs comme ça ?

Pour moi, la clé, c’est le cais­son de basses. Je ne sais pas comment j’ai pu survivre avant d’en avoir un. Mais le simple fait de moni­to­rer sur mon cais­son est telle­ment complexe. Il y a des fréquences basses dans les voix dont vous ne soupçon­niez même pas l’exis­tence. Il y a des trucs dans les voix que vous n’en­ten­drez jamais à moins d’avoir un cais­son. C’est quelque chose que j’ai compris récem­ment, au cours des cinq ou six dernières années. Pour moi, ça aussi, c’est très impor­tant.

Avant d’uti­li­ser un cais­son, vous utili­siez beau­coup de filtres passe-haut pour élimi­ner ces fréquences basses inutiles.

Ouais, mais on a vite fait d’en faire trop. Si vous avez un cais­son, vous n’en­le­vez que ce que vous avez besoin d’en­le­ver et c’est bon. Pas besoin de dépas­ser les bornes.

Parlez-moi de ce que vous faites avec Nail the Mix ?

C’est génial. Je trouve que ce que Joey [Stur­gis] et Ayal [Levi] font est tout simple­ment super. Je ne sais pas si vous savez comment ça marche ?

Je sais que c’est une clinique de mixage en ligne, vous vous inscri­vez et on vous four­nit des stems.

Vous obte­nez toutes les pistes de la session. C’est incroyable que les groupes et les labels acceptent de marcher dans ce concept. Ils font ça avec plein de groupes, et des groupes connus, qui ont une répu­ta­tion. Le groupe que je mixe, c’est Neck Deep. Ils s’en sortent plutôt bien, on va dire. Je montre tous mes presets. Et c’est du « all-in-the-box », donc vous pouvez copier préci­sé­ment les presets et faire de votre mieux pour que ça sonne bien. Évidem­ment je ne vais pas détailler chaque piste, mais ça vous donnera clai­re­ment de bonnes indi­ca­tions, surtout pour ceux qui mixent chez eux, vu que le mix est 100 % « in-the-box ».

Merci beau­coup et bonne chance pour votre nouveau studio.

Merci.


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