Dans l'article précédent, je vous ai proposé des exemples de voice-leadings pour trois types de cadences : l'enchaînement des accords de septième dans le cycle des quintes, la cadence parfaite et la demi-cadence. Et je vous ai invités à observer les exemples de mouvements des voix à l'intérieur de ces différentes cadences.
Dans le présent article, nous allons poursuivre cette exploration du voice-leading lié aux cadences les plus communes.
Pour commencer, intéressons-nous à la cadence plagale.
La cadence plagale
Comme nous l’avons vu dans l’article 7, la cadence plagale apporte une ponctuation dans le discours harmonique, sans pour autant posséder le caractère conclusif de la cadence parfaite.
Voici un exemple de voicing la concernant :
Les voix suivent le cheminement suivant. La basse descend d’une quarte juste, de la sous-dominante vers la tonique. Dans la voix supérieure, le Fa résout sur le Mi, de la même manière que dans la cadence parfaite. On remarquera à ce sujet que le quatrième degré d’une gamme tend naturellement vers le troisième degré. Dans les voix intermédiaires, le Do reste en place, assurant une certaine stabilité dans le mouvement, et le La descend vers le Sol dans un mouvement conjoint.
Nous allons enchaîner par la cadence rompue.
La cadence rompue
Rappelons que la cadence rompue se caractérise par la surprise auditive qu’elle provoque, puisqu’elle ne résout pas sur la tonique de la gamme, mais sur la sus-dominante (sixième degré), entraînant par là même souvent une modulation dans la tonalité relative de la tonalité générale du morceau.
Voici un exemple de voicing à partir de ce type de cadence :
Les trois accords sont à l’état fondamental et en position ouverte.
La basse suit un mouvement conjoint ascendant entre les trois voicings, mouvement suivi en parallèle par la voix supérieure. Les deux voix intermédiaires, quand à elles suivent d’abord un mouvement oblique l’une par rapport à l’autre, puis parallèle descendant. Mais également toujours de manière conjointe.
Penchons-nous maintenant sur le cas de l’Anatole.
L’Anatole
L’Anatole est, comme je l’avais déjà noté dans l’article 7, une formule harmonique extrêmement répandue, et reconnaissable entre mille grâce à son enchaînement de notes basses très spécifique : I-VI-II-V. C’est cette progression-là qu’il importe de faire ressortir dans le voicing.
On peut imaginer le voice-leading suivant :
La progression citée plus haut est bien conservée. En voix supérieure, on maintient une pédale de tonique sur les trois premiers voicings et le passage à la sensible sur le dernier voicing (basé sur l’accord de septième de dominante) provoque la tension bien connue qui ne réclame qu’à être résolue sur une nouvelle itération de la tonique. Donc en voix supérieure, on assure ainsi une grande stabilité de l’ensemble. Les voix intermédiaires évoluent également très peu, puisque chacune d’elle n’alterne qu’entre deux notes conjointes.
Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour continuer notre voyage au pays du voice-leading !