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Pédago
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Modulations aux tons voisins, aux tons éloignés et chromatiques

Les bases de l’harmonie — 20e partie

Les précédents articles nous ont présenté certaines des méthodes permettant de moduler d'une tonalité vers l'autre, notamment en usant d’accords pivots pour assurer une transition fluide. Mais maintenant que nous avons vu comment moduler, il serait intéressant de savoir vers quoi nous pouvons moduler.

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C’est ce à quoi nous allons nous atte­ler dès à présent. Et après le « retour des cadences » dans l’ar­ticle 18, voici donc…

Le retour des tons voisins

Souve­nez-vous, nous les avions évoqués dans l’ar­ticle 3, en rela­tion avec le cycle des quintes. Rappe­lons rapi­de­ment que les tons voisins d’une tona­lité donnée sont la tona­lité basée sur la quinte supé­rieure (ou quarte infé­rieure), celle basée sur la quinte infé­rieure (ou quarte supé­rieure) et les gammes rela­tives de ces dernières ainsi que de la tona­lité d’ori­gine. Comme nous l’avions déjà constaté, les armures des tona­li­tés voisines d’une gamme ne diffèrent que d’une alté­ra­tion (hors les alté­ra­tions acci­den­telles des gammes mineures harmo­nique et mélo­dique). Ces faibles diffé­rences d’ar­mures permettent donc des modu­la­tions très fluides d’une tona­lité à l’autre : plus les tona­li­tés sont voisines entre elles, plus la modu­la­tion sera douce. D’ailleurs, si l’on reprend l’exemple de l’ar­ticle 18, on constate que l’on a modulé d’une tona­lité (Do majeur) vers l’une de ses tona­li­tés voisines (Fa majeur), et ce par l’em­ploi d’une seule alté­ra­tion, la bemo­li­sa­tion du Si.

Le petit exemple suivant présente deux autres modu­la­tion vers des tona­li­tés voisines de celle de départ :

modulation tons voisins
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La modu­la­tion aux tons voisins a long­temps été le seul type de modu­la­tion utilisé. Ce n’est qu’après le XVIIIe siècle, à l’époque où se termine la période baroque et où débute la période clas­sique, que l’on a commencé à s’aven­tu­rer à modu­ler vers des tona­li­tés hors de cet ensemble.

Les modu­la­tions aux tons éloi­gnés

Il est impor­tant de souli­gner ici que plus l’on s’éloigne des tona­li­tés voisines, plus l’on s’éloigne du contenu harmo­nique d’ori­gine, et donc plus la modu­la­tion sera pronon­cée. On consi­dère que l’on module vers les tons éloi­gnés à partir du moment où l’on constate une diffé­rence d’au moins deux alté­ra­tions (toujours hors alté­ra­tions acci­den­telles, cf plus haut) entre les tona­li­tés de départ et d’ar­ri­vée. On peut aller ainsi jusqu’à six alté­ra­tions d’écart, avant de tomber dans le domaine de l’en­har­mo­nie… dont je parle­rai dans le prochain article, ne soyez pas impa­tients !

Dans l’exemple suivant, on passe de Do majeur à Mi majeur. Il y a 4 alté­ra­tions d’écart, donc 4 degrés d’écart sur le cycle des quintes :

modulation tons éloignés
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Les modu­la­tions chro­ma­tiques 

Mais parfois, nous pouvons éprou­ver le besoin d’opé­rer un chan­ge­ment encore plus radi­cal. Et pour cela, rien de tel qu’une modu­la­tion chro­ma­tique, c’est à dire d’un demi-ton vers le haut ou vers le bas à partir de la tona­lité de départ. Car contrai­re­ment à ce que l’on pour­rait penser, une modu­la­tion chro­ma­tique est très brusque, car c’est elle qui engage le plus gros chan­ge­ment d’al­té­ra­tions !

Dans l’exemple suivant, nous passons ainsi bruta­le­ment de Do mineur à Do# mineur (7 degrés d’écart sur le cycle des quintes), je vous laisse entendre l’ef­fet produit. Les deux dernières notes de la première ligne font office d’or­ne­men­ta­tion :

modulation chromatique
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Ce type de modu­la­tion est très souvent employé pour relan­cer l’in­té­rêt d’une mélo­die en se conten­tant de la déca­ler vers une autre tona­lité. Bien souvent, comme dans l’exemple ci-dessus, ce genre de modu­la­tion est défi­ni­tif et entraîne un chan­ge­ment d’ar­mure.

Pour conclure cet article je vous laisse avec les deux règles suivantes :

  • Plus les tona­li­tés de départ et d’ar­ri­vée sont voisines entre elles sur le cycle des quintes, et plus la modu­la­tion sera douce.
  • Plus les tona­li­tés de départ et d’ar­ri­vée sont proches les unes des autres en termes d’in­ter­valles, et plus la modu­la­tion sera brutale.
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