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Pédago
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Utilisation du « II-V-I » et accords pivots

Les bases de l’harmonie — 19e partie

Le précédent article nous a montré que nous pouvions faire usage des cadences afin d’opérer des modulations. Nous verrons toutefois que, cadence ou pas, une modulation fluide passe avant tout par la présence d’accords pivots.

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Les « II-V-I » en série

Une formule caden­cielle fréquem­ment utili­sée pour modu­ler est le « II-V-I ». On peut la démul­ti­plier à l’in­fini jusqu’à atteindre le nouveau centre tonal que l’on souhaite. Je vous montre.

Dans l’exemple suivant, on cherche à modu­ler de Do majeur à Lab majeur. Pour cela, on passera par trois cadences « II-V-I » :

modulation série II V
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Pour mettre en œuvre ce type de modu­la­tion, il faut consi­dé­rer que chaque nouveau degré I de la formule « II-V-I » est en fait le degré II de la formule suivante. Les accords corres­pon­dants seront donc toujours mineurs. Le I final par contre pourra être aussi bien mineur que majeur, selon l’ef­fet recher­ché. Chaque demi-cadence « II-V » inter­mé­diaire ne sera consi­dé­rée que comme… un inter­mé­diaire, et l’on n’at­tri­buera réel­le­ment le titre de modu­la­tion qu’à la tona­lité d’ar­ri­vée.

Dans notre exemple, la demi-cadence du milieu est donc un inter­mé­diaire. Atten­tion donc à ne pas consi­dé­rer ses alté­ra­tions comme des notes carac­té­ris­tiques (voir article précé­dent) de la tona­lité finale (je sais ça peut sembler logique, mais bon…). Cette forme de modu­la­tion démontre s’il était encore néces­saire à quel point le cycle des quintes (cf. article 3) est déci­dé­ment un incon­tour­nable de notre système tonal occi­den­tal.

Les accords pivots

Et cela nous amène tout natu­rel­le­ment au sujet des accords dits pivots. Kézako ? Ce sont des accords qui appar­tiennent à diffé­rentes tona­li­tés, et qui peuvent donc servir aisé­ment à modu­ler entre celles-ci. L’exemple précé­dent regorge litté­ra­le­ment de ces accords, comme on peut le voir. Ainsi, par exemple, le Ré mineur et le Sol majeur de la première demi-cadence II-V sont des accords appar­te­nant tout aussi bien à la gamme de Do majeur (la tona­lité de départ du morceau) qu’à celle de Do mineur mélo­dique, tona­lité du I mineur qui suit, qui est lui-même en même temps le second degré de la gamme du Sib mineur qui suit, qui est lui-même en même temps le second degré de la gamme du Lab majeur final, tonique de la tona­lité d’ar­ri­vée. Vous avez suivi ?

On va faire plus simple avec l’exemple suivant, dans lequel nous allons modu­ler simple­ment de la tona­lité de Sol majeur à celle de Ré majeur :

modulation via accord pivot 2
 
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L’ac­cord de Mi mineur de la troi­sième mesure appar­tient aux deux tona­li­tés : dans la première il s’agit du sixième degré, alors que c’est le second degré de la tona­lité d’ar­ri­vée. Il agit donc comme un accord pivot. On notera bien sûr à l’oc­ca­sion qu’il n’est donc pas néces­saire qu’un accord pivot soit un accord de domi­nante. 

Comment un accord pivot agit-il exac­te­ment sur notre oreille ? Comme nous l’avons vu dans les articles précé­dents, l’oreille déter­mine une tona­lité donnée en fonc­tion de l’en­vi­ron­ne­ment diato­nique du morceau. L’ac­cord pivot va donc être inter­prété par l’oreille en premier lieu selon le rôle dudit accord dans la première tona­lité. Survient la modu­la­tion dont il est le pivot : l’oreille va réin­ter­pré­ter a poste­riori la place de cet accord dans la nouvelle tona­lité.

Nous pour­sui­vrons la semaine prochaine nos tribu­la­tions modu­la­toires.

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