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Rythmes créatifs
8/10
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Cinq ans après les premiers Volca, la série s’enrichit d’un nouveau modèle à base de percussions modélisées à injectables dans un résonateur. Cocktail détonant ?

Test du Volca Drum de Korg : Rythmes créatifs

Déci­dé­ment, certains Volca poussent paisi­ble­ment à l’ombre des Mini­logue. Trois ans en arrière, le Volca FM inté­grait sans sour­ciller un DX7 dans le désor­mais célèbre mini-boitier mono­li­thique, alors que le Mini­logue faisait une entrée fracas­sante sur le marché du synthé analo­gique poly­pho­nique. Cette année, ce sont deux nouveaux modules Volca qui arrivent discrè­te­ment sur la pointe des poten­tio­mètres, alors que le Mini­logue XD fait son show sous les sunlights du NAMM. La gamme Volca compte désor­mais huit modèles : Beats, Bass, Keys, Sample, FM, Kick… et main­te­nant Drum et Modu­lar, qui viennent de nous parve­nir en tir groupé. C’est le Volca Drum que nous testons ici.

Compact et léger

Volca Drum_2 tof 1.JPGLe Volca Drum est un mini module qui reprend le format compact (19 × 11 × 4 cm) et léger (370 g) de ses aînés. La construc­tion est sérieuse, avec une plaque en alu gravé vissée en façade et une coque rigide en plas­tique trans­lu­cide. Les commandes ont un ancrage suffi­sant et une réponse fort correcte, que ce soient les 13 mini-poten­tio­mètres, le petit enco­deur cranté Select Param ou les boutons-pous­soirs. On trouve plusieurs blocs de poten­tio­mètres en partie supé­rieure (para­mètres de synthèse, réso­na­teur, para­mètres globaux non mémo­ri­sables Swing / Tempo / Volume), des boutons rétroé­clai­rés au centre (mode d’édi­tion, fonc­tions, sélec­tion de la couche sonore à éditer, trans­port du séquen­ceur, fonc­tions secon­daires) et un clavier tactile de 16 touches à diodes en partie infé­rieure. Ce dernier permet de sélec­tion­ner une piste, jouer un son, choi­sir des para­mètres / fonc­tions, char­ger un programme ou encore entrer les pas du séquen­ceur. On comprend qu’avec ces diffé­rents modes d’édi­tion couplés à des fonc­tions prin­ci­pales et secon­daires, on s’em­mêle parfois un peu les pinceaux !

Tout est cepen­dant fait pour nous donner un maxi­mum d’in­di­ca­tions utiles : par exemple, les mini-poten­tio­mètres trans­lu­cides sont rétroé­clai­rés. Cela permet de suivre ceux pour lesquels un mouve­ment a été enre­gis­tré dans chaque piste du séquen­ceur ; pour sa part, le poten­tio­mètre de tempo s’éclaire en rythme. De même, le clavier tactile infé­rieur surplombe une rangée de diodes qui permettent de se repé­rer plus faci­le­ment : piste sélec­tion­née, pas en cours de lecture, acti­va­tion de certaines fonc­tions… Le LCD orange bien contrasté affiche graphique­ment le mode actif (couche éditée, sélec­tion des programmes, fonc­tion à exécu­ter), la valeur des para­mètres de synthèse (avec affi­chage alterné entre les couches lorsqu’on sélec­tionne les deux en même temps) et la réponse du réso­na­teur (type et acti­va­tion). La connec­tique est placée en haut de la façade : entrée alimen­ta­tion (toujours pas four­nie !) + inter­rup­teur secteur à gauche, entrée MIDI DIN, entrée/sortie synchro mini-jack (l’en­trée permet­tant aussi les mises à jour d’OS) et sortie audio stéréo mini-jack (casque / ligne). Sous le capot, un mini-HP anec­do­tique et un compar­ti­ment permet­tant d’ac­cueillir 6 piles AA (four­nies cette fois) assurent l’au­to­no­mie totale de la machine, du moins pendant les 8 heures annon­cées par le construc­teur.

Elec­tro powa

Le Volca Drum allie synthé de percus­sions et séquen­ceur à pas. Entiè­re­ment numé­rique, il comprend un synthé VA poly­pho­nique multi­tim­bral 6 sons et un effet réso­na­teur global. Les 6 sons et les réglages du réso­na­teur sont regrou­pés en kits et sauve­gar­dés dans l’un des 16 empla­ce­ments mémoire.

Volca Drum_2 tof 5.JPGChaque son est utilisé au sein d’une piste ryth­mique de 16 pas maxi­mum. Les 6 pistes combi­nées forment un motif, l’en­semble motif + numéro de kit étant sauve­gardé dans l’un des 16 programmes en mémoire. Il est donc facile de char­ger un programme, puis d’al­ter­ner diffé­rents kits pour tester rapi­de­ment diffé­rentes combi­nai­sons. L’une des grandes quali­tés du Volca Drum est de permettre ce travail inin­ter­rompu entre d’une part, la sélec­tion, la lecture et l’en­re­gis­tre­ment de motifs, et d’autre part, le char­ge­ment, le jeu et la modi­fi­ca­tion des kits. Tout cela tourne en rythme et sans inter­rup­tion, de quoi pour­suivre le concert toute la nuit !

Le module est livré avec 10 programmes et 10 kits réins­crip­tibles. On appré­cie immé­dia­te­ment deux points essen­tiels : d’abord le carac­tère sonore bien trempé de la machine, ensuite la souplesse du séquen­ceur qui semble faire plus que 16 pas ! Nous verrons plus tard pourquoi. La machine semble à l’aise dans tous les styles de musique élec­tro­nique, tant la variété sonore est grande. Ici des kicks qui tabassent, là des caisses claires qui claquent, ici des hi-hats qui tranchent, là des claps qui frappent, ici des percus­sions métal­liques qui résonnent, là des drones qui… dronent. C’est très surpre­nant et ça règle d’em­blée la ques­tion du doublon avec les autres produits de la série. Les sons évoluent en rythme, les séquences bougent dans tous les sens, la souplesse de la machine est excel­len­te… tout comme l’est la patate de sortie (sans souffle) pour un si petit objet, comme quoi une nouvelle fois, ce n’est pas la taille qui compte !

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Percus­sions synthé­ti­sées

Volca Drum_2 tof 7.JPGChaque piste du Volca Drum comprend un son de percus­sion synthé­ti­sée par modé­li­sa­tion analo­gique. Très poly­va­lent, le moteur de synthèse est le même pour toutes les pistes, il n’y a pas de diffé­ren­cia­tion par nature de percus­sion, ce qui est un vrai atout. On dispose de deux couches sonores pour chaque percus­sion. Comme déjà évoqué, il est possible d’édi­ter les couches alter­na­ti­ve­ment ou simul­ta­né­ment. On peut rapi­de­ment modi­fier le volume, la hauteur, la modu­la­tion de hauteur (quan­tité / vitesse), l’en­ve­loppe de volume (attaque / relâ­che­ment) et l’en­voi vers l’ef­fet réso­na­teur global.

Là où ça se complique, c’est pour sélec­tion­ner les trois éléments qui forment la struc­ture du son : nature de la source sonore (onde sinus, onde dent de scie, bruit avec LPF, bruit avec HPF, bruit avec BPF), type de modu­la­tion de hauteur (rampe bipo­laire, LFO sinu­soï­dal ou géné­ra­teur aléa­toire) et type d’en­ve­loppe (linéaire, expo­nen­tielle ou à attaques répé­tées, idéale pour les claps). Car plutôt que d’avoir accès direc­te­ment au choix des trois para­mètres, il faut utili­ser l’en­co­deur Select/Param et tous les faire défi­ler ; à savoir les 3 types d’en­ve­loppe en premier, puis les 3 types de modu­la­tion ensuite, puis les 5 types de source sonore enfin, ce qui fait 45 possi­bi­li­tés à passer en revue (on ne peut pas chan­ger de source tant qu’on n’a pas changé de modu­la­tion et on ne peut pas chan­ger de modu­la­tion tant qu’on n’a pas changé d’en­ve­loppe). C’est juste ubuesque pour une machine taillée pour le live !

Tous ces para­mètres sont modi­fiables par couche, mais il en existe d’autres qui traitent l’en­semble de la percus­sion : réduc­tion de bit (une arme de destruc­tion massive par excel­lence !), repli d’onde (spectre sonore de l’onde), drive (un bon complé­ment à l’arme de destruc­tion massive), pano­ra­mique (chouette !) et gain (offset). Le réglage de ces para­mètres est lui aussi assez pénible dans son genre, puisqu’il néces­site de passer en mode Edit/Step, ce qui inter­dit de jouer le son manuel­le­ment (il faut donc faire tour­ner une séquence ou utili­ser un clavier externe pour contrô­ler). Là encore, l’er­go­no­mie gagne­rait à être repen­sée dans une future mouture d’OS…

Heureu­se­ment, ce mode utilise deux poten­tio­mètres, un pour la sélec­tion du para­mètre, l’autre pour son réglage. Ceux qui veulent s’en remettre au sort pour­ront faire appel à la fonc­tion de créa­tion aléa­toire de sons, qui agit sur la(les) couche(s) sonore(s) active(s) de la piste en cours. Dernière remarque, il n’est pas possible d’ar­chi­ver les kits vers l’ex­té­rieur de la machine, c’est bien dommage, mais assez habi­tuel sur la série Volca (hors modèle FM).

Six pistes indé­pen­dantes

Volca Drum_2 tof 6.JPGPassons main­te­nant à la partie séquen­ceur à pas. Un motif comprend 6 pistes indé­pen­dantes de 1 à 16 pas, chacune char­gée d’un son de percus­sion, comme une BAR… ou plutôt mieux qu’une BAR puisqu’on peut acti­ver les pas que l’on souhaite sur chaque piste. Lorsqu’un pas est désac­tivé, le séquen­ceur le bypasse : résul­tat, la poly­mé­trie, qui plus est non destruc­tive, puisqu’on peut à tout instant acti­ver/réac­ti­ver les pas sans détruire les évène­ments enre­gis­trés dans les pistes. Cela aurait été parfait si on avait aussi pu choi­sir diffé­rents sens de lecture, genre à l’en­vers, alterné, aléa­toire, mais bon, ne nous plai­gnons pas.

Le tempo et le facteur de swing (bipo­laire) sont globaux pour toutes les séquences, mais heureu­se­ment à portée de doigts ! Avec la fonc­tion Mute, il est possible de couper / acti­ver n’im­porte quelle piste, histoire de créer un peu de varia­tions. On peut aussi sauter sur l’un des 16 pas et le forcer à rebou­cler en main­te­nant la touche Step Jump, le Volca Drum pour­sui­vant la lecture en rythme dès qu’on le libère. Pour huma­ni­ser les rythmes, il est possible d’ac­cen­tuer n’im­porte quel pas de n’im­porte quelle piste, sur 16 valeurs. Ceux qui aiment les roule­ments et les fla seront ravis d’uti­li­ser la fonc­tion Slice, qui permet de répé­ter un pas de 2 à 16 fois pendant sa durée, là encore sur n’im­porte quelle piste. Il existe aussi une fonc­tion Choke qui donne la prio­rité à une piste par rapport aux autres acti­vées (utile pour les situa­tions du genre hi-hat ouvert / fermé).

Pour program­mer un motif, on peut entrer les pas (note on/off, Slice, accent) avec les 16 pads sous forme de grille, ou en temps réel avec les 6 premiers pads lorsque le séquen­ceur tourne. Mieux, on peut enre­gis­trer les mouve­ments de tous les poten­tio­mètres trans­lu­cides (hors tempo) ; le Volca Drum capture les évolu­tions pendant le premier cycle, puis repasse en lecture ; les poten­tio­mètres en mouve­ment s’éclairent alors en rythme, sympa ! On peut désac­ti­ver les mouve­ments enre­gis­trés (sans les effa­cer) ou encore effa­cer les notes et les mouve­ments d’une piste ou de toutes les pistes à la fois. Pour ceux que la program­ma­tion rebute ou qui aiment remettre au hasard leurs compo­si­tions, Korg a prévu une fonc­tion de créa­tion aléa­toire de pistes ; elle affecte les pas program­més, les décou­pages, les accents et l’ac­ti­va­tion des pas. Une fois le motif satis­fai­sant, on l’en­re­gistre dans l’un des 16 empla­ce­ments mémoire. Il n’existe en revanche pas de fonc­tion d’ar­chi­vage externe des séquences. Un dernier mot pour signa­ler que le Volca Drum est dépourvu de mode Song. Il est toute­fois possible de chai­ner plusieurs motifs consé­cu­tifs en main­te­nant 2 des 16 pads afin de défi­nir la plage de chai­nage / bouclage. Ce chai­nage n’est pas mémo­ri­sable. Faute de sorties MIDI – USB – CV/Gate, les notes séquen­cées ne sont évidem­ment pas trans­mises vers l’ex­té­rieur.

Conclu­sion

Avec sa synthèse VA orien­tée percus­sions élec­tro­niques, le Volca Drum se diffé­ren­cie tota­le­ment des Volca Beat et Sample sur le plan sonore. S’il en reprend l’ADN et l’er­go­no­mie, il apporte son lot d’ori­gi­na­lité, telles que les fonc­tions Slice, Active Step, Random ou encore le surpre­nant réso­na­teur. Il hérite toute­fois de certains compro­mis consta­tés sur une partie de ses aînés : motifs limi­tés à 16 pas prin­ci­paux, un seul chaî­nage basique de motifs, absence de sauve­garde externe des mémoires, feuille de jour­nal lapi­daire en guise de mode d’em­ploi… L’er­go­no­mie permet un travail en continu, mais la prise en main n’est pas des plus intui­tives, à cause des diffé­rents modes d’édi­tion, des fonc­tions secon­daires et des commandes très proches ; tout cela néces­site contrôle et dexté­rité. Quoi qu’il en soit, nous avons appré­cié la qualité sonore, les six pistes indé­pen­dantes, les séquences à mouve­ments, les mémoires de programmes / kits et l’ori­gi­na­lité ; sans oublier la compa­cité, l’au­to­no­mie et le prix serré, qui carac­té­risent si bien cette série Volca, dans laquelle nous prenons toujours plai­sir à voir arri­ver un nouveau membre.

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8/10
Points forts
  • Caractère sonore bien trempé
  • 6 pistes indépendantes
  • 6 moteurs sonores identiques polyvalents
  • Mémorisation des sons, kits et motifs
  • Polymétrie
  • Fonctions originales (Slice, Active Step, Random)
  • Résonateur créatif
  • Travail sans interruption
  • Automation des paramètres de synthèse et d’effets
  • Réponse aux CC MIDI entrants
  • Compact et autonome
  • Prix serré
Points faibles
  • Ergonomie parfois peu intuitive
  • Motifs limités à 16 pas (hors chainage)
  • Pas de véritable mode Song
  • Pas de transmission des notes séquencées
  • Pas de sauvegarde externe des mémoires
  • Alimentation externe non fournie
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.