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TRminator
7/10
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Annoncée au Dancefair 2014, la série AIRA compte pour le moment 4 instruments : la TR-8 (boîte à rythmes), la TB-3 (séquenceur basse), le VT-3 (processeur vocal) et le System-1 (synthé hôte pour instruments virtuels). Nous venons de recevoir la TR-8. Contact !

Posi­tion­née pour les musi­ciens/DJ nomades avec une forte orien­ta­tion Dance, la série AIRA revi­site les gloires du passé des marques Roland / Boss, dont la cote ne cesse de s’en­vo­ler : il faut aujour­d’hui comp­ter plus de 1500 euros pour une TB-303 et plus de 2000 euros pour une TR, fut-elle 808 ou 909. On ne pourra donc pas repro­cher à Roland de propo­ser une version moderne — avec des compo­sants actuels — de ces machines qui ont marqué l’his­toire, bien des années après leur sortie, il faut bien l’avouer. On peut ainsi appa­ren­ter la TR-8 à une version contem­po­raine cent pour cent numé­rique d’une hybri­da­tion TR-808/TR-909pour 500 €, un instru­ment neuf contre 4 000 € pour une paire 808 / 909 bien usée, avouons que l’offre semble allé­chan­te… alors là, léchons ! 

Vert pomme

Roland TR-8

La TR-8 est embarquée dans un boîtier en plas­tique avec façade métal­lique noire entou­rée d’une bande vert pomme immanquable. Elle est légère (moins de 2 kg) mais ne semble pas spécia­le­ment fragile, boutons, potards, curseurs et pads sont bien atta­chés au PCB et restent dans l’axe. Côté fonc­tion­na­li­tés, la façade couverte de commandes donne immé­dia­te­ment envie d’y mettre les mains, beau­coup plus géné­reuse que ce qu’on trouve sur les ancêtres. Tous les instru­ments d’un kit possèdent leurs commandes directes, occu­pant une large partie centrale ; elles sont rangées à la manière d’une table de mixage : potards en haut (nombre et fonc­tions variables suivant l’ins­tru­ment), curseur de volume en dessous et sélec­teur en bas. Cette section prin­ci­pale est entou­rée d’autres commandes tout aussi abon­dantes : en haut, volume global, accent, réglages des effets, de l’en­trée audio ; côté gauche, sélec­tion des modes de jeu/enre­gis­tre­ment, sélec­tion des kits/Patterns, touche Start/Stop, Scale, varia­tion de Pattern (A/B), effa­ce­ment ; côté droit, le tempo est roi : écran avec 4 diodes 7 segments, vitesse, Shuffle, réglage fin, touche Tap. Tout en bas enfin, une rangée de 16 pads statiques multi­co­lores (couleur variable suivant le mode) permet de program­mer les rythmes ou sélec­tion­ner des fonc­tions.

Roland TR-8

À l’ar­rière, la connec­tique est complète : l’au­dio analo­gique est au format jack 6,35, avec une sortie casque stéréo, une paire de sorties stéréo (gauche/droite), une paire de sorties sépa­rées (2 mono assi­gnables) et une paire d’en­trées audio (stéréo ou double mono). On trouve aussi un duo MIDI (In/Out conver­tible en Thru), une prise USB 2, une borne pour alimen­ta­tion secteur externe (four­nie et de type bloc à l’ex­tré­mité), un inter­rup­teur et un port anti­vol. La prise USB 2 permet de véhi­cu­ler les signaux MIDI et audio en bidi­rec­tion­nel, pour commu­niquer avec un ordi­na­teur ; il faut pour cela instal­ler un driver PC (XP/Vista/Windows 7 / 8 / 8.1) ou Mac (OSX 10.6.8 / 10.7 / 10.8 / 10.9), télé­char­geable sur le site du construc­teur. Le piteux mode d’em­ploi n’in­dique même pas que l’in­ter­face USB permet de gérer 14 canaux audio sépa­rés en paral­lèle vers l’or­di­na­teur (entrées stéréo + tous les instru­ments) et 4 en retour (sorties stéréo + 2 auxi­liaires) ; une excel­lente nouvelle, inédit sur ce type de maté­riel.

Simple d’uti­li­sa­tion

Roland TR-8

L’er­go­no­mie est excel­lente, c’est une TR ! Les commandes sont, on l’a vu, logique­ment dispo­sées, tout tombe sous la main, impos­sible de se perdre. Elles sont égale­ment suffi­sam­ment espa­cées, la TR-8 offre une belle surface de contrôle, une fois et demie celle de l’Analog Rytm d’Elek­tron qui parta­geait le studio lors de notre test. Aucun menu, 95 % des fonc­tion­na­li­tés sont direc­te­ment acces­sibles via les commandes en façade, avec parfois des combi­nai­sons de touches, pour sélec­tion­ner des éléments, déclen­cher des roule­ments, suppri­mer des instru­ments program­més ou faire certains réglages. Il reste toute­fois 5 % de fonc­tions cachées dont certaines ne sont pas décrites dans le dépliant papier laco­nique qui fait office de mode d’em­ploi… mieux vaut télé­char­ger la version mise à jour en ligne, pas loin d’être tout aussi laco­nique…

TR-1717

La TR-8 modé­lise les sons et le compor­te­ment des véné­rées TR-808 (1981) et TR-909 (1984), que l’on retrouve sur les produc­tions Hip-Hop / House / Techno / Dance depuis plusieurs décen­nies. Elle est donc 100 % numé­rique. On dispose de 16 kits de 11 percus­sions modé­li­sées. Il s’agit de décli­nai­sons des deux kits origi­nels de TR-808 et TR-909, avec quelques hybri­da­tions.

Roland TR-8

On retrouve avec plai­sir le punch des grosses caisses, la patate des caisses claires et le côté analo ou Lo-fi des cymbales, suivant le modèle. Sans oublier les toms et les percus­sions bien en ligne avec les ancêtres. Les sons de 909 semblent toute­fois plus pêchus et gras que ceux de 808. Lorsqu’un Pattern joue, le son des instru­ments varie subti­le­ment, soit en fonc­tion de l’ac­cent, soit de manière aléa­toire / inex­pliquée, ce qui met un peu de vie dans le groove. On profite de para­mètres d’édi­tion plus nombreux que sur les vieux modèles : par exemple, tous les instru­ments ont des potards Tune et Decay, en plus du curseur de volume et du pano­ra­mique éditable ; en plus de ces para­mètres, la grosse caisse béné­fi­cie de réglages d’at­taque et de compres­sion, alors que la caisse claire béné­fi­cie de réglages de Snap et compres­sion.

Chaque instru­ment offre 2 ou 3 variantes, mais on ne peut pas mélan­ger les sons de diffé­rente nature. Pire, on ne peut pas sauve­gar­der les kits (ou Patterns) modi­fiés avec les commandes en façade, on doit juste se conten­ter des sons de base : ça craint à l’ère du numé­rique ! Cela aurait notam­ment permis d’uni­for­mi­ser le volume entre certains sons, par exemple la caisse claire de TR-808 un peu faiblarde à côté de celle de TR-909 ; pas terrible quand on change de kit alors qu’un Pattern tourne. Autre point d’in­sa­tis­fac­tion, même si tous les sons des 808 et 909 sont bien là, cela ne repré­sente que 28 sons de base, c’est très insuf­fi­sant ! Souhai­tons que Roland propose des mises à jour avec des sons d’autres BAR.

1 808 BD SD HH
00:0001:05
  • 1 808 BD SD HH 01:05
  • 2 808 BD SD HH FX 00:48
  • 3 808 Perc FX 00:31
  • 4 808 Scat­ter 00:52
  • 5 909 BD SD HH HC 01:14
  • 6 909 BD SD HH HC FX 00:58
  • 7 All kits dry 01:14
  • 8 All kits FX 01:14

Flux sacré

Roland TR-8

La mémoire de la TR-8 renferme 16 Patterns x 2 varia­tions (A et B) de 16 pas maxi­mum. On peut chaî­ner les 2 varia­tions pour créer un Pattern de 32 pas ou créer un enchaî­ne­ment éphé­mère de plusieurs Patterns (lecture unique de chaque maillon) en appuyant simul­ta­né­ment sur 2 pads, mais c’est tout ce qu’on pourra assem­bler car la TR-8 n’a pas de mode Song ; c’est une décep­tion pour ceux qui veulent program­mer des morceaux complets sans faire appel à une DAW et cela limite la TR-8 aux musiques qui tournent en boucle. Patterns et kits sont tota­le­ment indé­pen­dants, impos­sible de les lier, ce qui fait que certaines asso­cia­tions Patterns/kits ne sont pas heureuses. Là encore il faudrait que Roland revoie les choses. La grande force de la TR-8, comme les TR en géné­ral, est de pouvoir être jouée et program­mée aussi bien en pas-à-pas qu’en temps réel, sans stop­per le flux créa­tif. Par défaut, la TR est en mode pas à pas, sans distinc­tion entre lecture et enre­gis­tre­ment (les modi­fi­ca­tions faites en cours de jeu sont mémo­ri­sées instan­ta­né­ment). On peut défi­nir la divi­sion tempo­relle (4 types de Scale possibles : trio­let de croches, trio­let de doubles croches, double croche, triple croche) et la longueur du Pattern (Last Step entre 1 et 16).

Le mode temps réel dispose de deux sous-modes, jeu ou enre­gis­tre­ment, avec leurs boutons respec­tifs ; passer de l’un à l’autre se fait sans inter­rup­tion du jeu, tout comme passer entre le mode pas-à-pas et les modes temps réel. Vrai­ment l’un des points forts de la TR, nous ne le répé­te­rons jamais assez ! On peut program­mer des roule­ments en main­te­nant le pad de l’ins­tru­ment à rouler tout en appuyant sur l’un des 4 pads Roll (8ème, 16ème et 2 varia­tions synco­pées). On peut aussi suppri­mer ou muter certains pas/instru­ments, pendant que le Pattern tourne. Quelques fonc­tions d’édi­tion globales sont présentes : copie de Pattern (globale ou par instru­ment), suppres­sion et créa­tion aléa­toi­re… depuis l’OS 1.10, on peut sauve­gar­der et restau­rer les mémoires internes via USB (gestion de fichiers), mais ce n’est pas un véri­table dump MIDI, oups !

Quadruple fermen­ta­tion

La TR-8 est capable de trai­ter ses sons internes via une petite section d’ef­fets. À commen­cer par une réverbe dont on peut régler le niveau, le temps et le Gate. Il y a 8 types de réverbe, pour diffé­rentes colo­ra­tions du son. Certains sont un peu métal­liques ou bouclés, mais la plupart sont tout à fait adap­tés, surtout en rédui­sant le Gate. Le délai propose quant à lui les para­mètres de niveau, temps et feed­back. Le temps se synchro­nise à l’hor­loge, tant mieux. Il y a égale­ment 8 types de délais : mono, stéréo, ping-pong, écho, inver­se… là encore, ils sont bien adap­tés au contexte.

Roland TR-8

Les types de réverbe et délai peuvent être sauve­gar­dés au sein de chaque kit ou défi­nis de manière globale. Les actions respec­tives de la réverbe et du délai sont acti­vées par pas, tout comme un instru­ment : c’est le bouton Step et les 16 pads qui permettent de spéci­fier sur quel pas chaque effet doit être activé. On peut aussi spéci­fier si tel ou tel instru­ment est concerné par tel effet. Dommage qu’on ne puisse trai­ter les entrées audio.

L’ef­fet Scat­ter, que l’on retrouve sur la TB-3, permet de mélan­ger numé­rique­ment l’ordre et le sens de lecture de portions d’un Pattern, suivant 10 algo­rithmes. Un peu comme si on décou­pait en tranche une boucle audio et qu’on la recom­po­sait. L’ef­fet peut être plus ou moins prononcé et inat­tendu, prenant tour à tour la forme de bouclage de phrase, d’in­ver­sion de lecture ou de grains synthé­tiques, avec des résul­tats pas toujours exploi­tables. Il traite aussi les signaux présents aux entrées audio. Ces dernières peuvent égale­ment être soumises à un effet Ducking via la fonc­tion Side Chain : le volume des signaux audio est atté­nué en fonc­tion du Pattern joué ; tout comme pour la réverbe et le délai, l’ef­fet est program­mable par pas (touche Step + 16 pads), tandis que le niveau de réduc­tion de volume se règle avec un potard dédié. À tester ! 

Conclu­sion

La TR-8 (499€) se posi­tionne comme une alter­na­tive actuelle aux TR-808 et 909. Sans les éclip­ser, elle sonne et se mani­pule de façon suffi­sam­ment proche pour méri­ter un vif inté­rêt. L’er­go­no­mie est exem­plaire, avec un work­flow excellent. Les commandes sont géné­reuses, tout est fait pour la mani­pu­la­tion direc­te… mais c’est au détri­ment du nombre de sons et kits dispo­nibles, des Patterns trop courts et peu nombreux, du mode Song inexis­tant et des réglages en façade non mémo­ri­sables. C’est donc un instru­ment peu adapté en l’état pour un studio qui doit enchaî­ner les produc­tions. Mais pour tous ceux qui jouent dans l’ins­tant présent, qui exigent le rendu sonore et l’er­go­no­mie des 808 / 909 sans souf­frir de collec­tion­nite aiguë, la TR-8 est le droit chemin à emprun­ter.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

7/10
Points forts
  • Modélisation sonore réussie
  • Commandes très généreuses
  • Prise en main immédiate
  • Workflow excellent
  • Modes temps réel et pas-à-pas
  • Effets utiles intégrés
  • Side Chain sur les entrées audio
  • Émission/réception de CC MIDI pour les commandes
  • Interface audio USB multicanal
  • Connectique complète
Points faibles
  • Pas assez de sons et kits
  • Patterns trop courts
  • Patterns en nombre insuffisant
  • Pas de mode Song
  • Paramètres non mémorisables dans les kits
  • Mouvements des commandes non enregistrés
  • Pas de véritable dump MIDI des Patterns
  • Mode d’emploi spartiate inacceptable
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.