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Sujet [Bien débuter] Introduction à la Rumba

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1 [Bien débuter] Introduction à la Rumba
introduction-a-la-rumba-2916.jpg
Aujourd'hui, si nous restons dans les pays de langue espagnole notre étude des musiques populaires nous emmène de l'autre côté de l'Atlantique à la rencontre d'une tradition musicale principalement issue de l'Afrique: la rumba cubaine !


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2
Bravo NewJazz, j'étais très loin d'imaginer que j'allais tomber sur ce thème :oo:.
étant fan de musiques et danses cubaines depuis quelques années, ces traditions méritaient d'être un peu plus connues; c'est aussi la base d'un haut niveau dans la culture musicale dans l’île.
L’enchaînement Flamenco Rumba, j'avoue que je ne l'ai vu venir :bravo:
3
4
Non mais non mais non !
Ay purée de nous autres !
On est un certain nombre de musiciens et musicologues spécialistes des musiques cubaines en France.
Perso depuis plus de 20 ans.
Mais où es-tu allé trouver cette sornette de rumba viendrait de nkumba en langue congolaise ?
Langue congolaise n'existe pas, on dit langue bantoue et pourquoi pas le kikongo, mais il y a énormément de langues différentes dans la zone ethnique bantoue.

Guaguanco effectivement se réfère au nombril.
Mais ce n'est qu'une seule des danses/musiques de la rumba.

Et rumba qui est un mot venu sans transformation depuis une zone proche de l'actuel Libéria et veut dire simplement fête.
Wawa : nombril, endroit physiologique de la fécondation selon les cosmogonies soudano-bantoues.
Nko est transformation de ngo qui est le dieu léopard des bantous.

Il y avait autrefois 4 formes de rumba, seguirya, aujourd'hui disparue, 6/8 ultra rapide, proche du zapateado andalou.

Ils restent le guaguanco et le yambu (2 styles suivant qu'on est à la Havane ou à Matanzas, et même trois en incluant Santiago de Cuba où elle apparaît presque aussi ancienne) plutôt binaires et la columbia, ternaire avec des phrases binaires superposées.

Se sont inventés au XXème siècle le guarapachangueo, la batarumba etc ...
Chaque ensemble créant sa propre version.

Tu n'expliques rien de la naissance sur les docks, l'usage des cajones, le nom des tambours, des claves, des hochets...
Qu'est ce qu'est abakua ?
Et le lien avec ce culte qui n'est pas bantou, mais de langue kua, sud Cameroun actuel.

D'où mes questions sans flicage, juste poyr comprendre pourquoi ce digest plein d'erreur sur un genre musical si fondamental : qui es-tu et d'où tiens tu tes sources ?

Moi je suis Emmanuel Massarotti, spécialiste reconnu (désolé pour la frime) de cette musique, je passe sur mon cv, et si j'aime qu'on s'instruise et démocratiquement, certes, c'est aussi sans galvauder la culture fabuleuse de cette île.

Pardon si je parais en colère mais c'est après ceux qui t'ont raconté tant d'erreurs et d'incomplétudes, cubains compris, qui parfois ne savent rien de leur propre culture, même s'ils savent jouer la rumba.

L'ethnomusicologie, c'est autre chose que l'interprétation de sa propre tradition.

Même Anga Diaz reconnaissait que j'en savais plus que lui sur la musique traditionnelle populaire de son île.
Et pourtant quand j'ai joué avec lui (pendant 2 ans) il est évident que lui était un maître fabuleux de ses tambours et moi, encore un jeune apprenti.

Bref, s'il te plaît, présentons-nous.

Bon weekend, nonobstant.

Moforibale

[ Dernière édition du message le 12/10/2019 à 08:03:03 ]

5
Merci Moforibale/Emmanuel !
C'est tout l'intérêt d'Audiofanzine de pouvoir rectifier et compléter les articles, et je pense que tu es vraiment le bienvenu, d'autant que tu es mesuré et précis dans ta critique.
Tu serais encore plus le bienvenu si tu nous faisais un article complémentaire, j'imagine. Je ne sais pas si tu en as le temps, la disponibilité etc. Sinon quelques références m’iront assez bien pour compléter mon intérêt pour ces musiques que je ne connais absolument pas.
Merci en tout cas à Newjazz pour le thème et les vidéos !


Be bop a loulou !

[ Dernière édition du message le 12/10/2019 à 11:22:09 ]

6
Citation de moforibale :
Non mais non mais non !
Ay purée de nous autres !
On est un certain nombre de musiciens et musicologues spécialistes des musiques cubaines en France.
Perso depuis plus de 20 ans.




Bonjour Moforibale, et merci de ton intervention.

Tout d'abord je tiens à rappeler une chose à tous les lecteurs: tous ces articles font partie d'un dossier (d'ailleurs si vous faîtes attention, vous verrez que tous les articles sont numérotés.) Ce dossier répond à certaines règles et contraintes que j'ai signalées ici en préambule du premier article.
Il y est notamment fait mention des choses suivantes
- le découpage en quatre articles différents pour chaque tradition musicale abordée
- l'aspect forcément incomplet et non-exhaustif de l'exercice.

Ce qui n'est pas mentionné dans ce préambule, c'est que ces articles correspondent à un format éditorial de 3000 signes, nombre d'ailleurs souvent dépassé.

Enfin, si nous en sommes ici à l'article 5, il faut savoir qu'il y en a déjà 22 en tout qui ont été envoyés et donc 17 qui sont en attente de publication.

Tout cela devrait déjà t'éclairer sur pas mal de questions que tu soulèves.

Mais je vais te répondre point par point dans le prochain message. :)


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[ Dernière édition du message le 14/10/2019 à 16:29:26 ]

7
Comme promis dans le message précédent, voici ma réponse complète aux remarques de Moforibale. Je vais fournir les sources et les éléments dont je dispose, et je serai bien sûr absolument prêt à effectuer toute correction qui s'avèrerait nécessaire, à condition que les arguments soient sourcés et pertinents.

1.
Citation de moforibale :
Mais où es-tu allé trouver cette sornette de rumba viendrait de nkumba en langue congolaise ?


Je vais d'abord te répondre sur le sujet du nombril, avant d'aborder celui de la "langue congolaise" dans le point numéro 2.

Pour ce qui est du lien entre le mot "nkumba" ou "kumba" d'une part, le nombril d'autre part et enfin les origines de la Rumba, je me suis basé sur de nombreuses références:

- ]ici :
"Cette rumba a beaucoup voyagé. Son nom originel, c’est le nkoumba : le nombril. C’est une danse ancestrale, collé/serré, sensuelle, pratiquée en Afrique Centrale il y a 400 ans. Les esclaves déportés à Cuba l’emmènent avec eux. Mais là-bas, le maître gomme l’Afrique et la renomme rumba."

- ]ici :

"Des historiens démontrent avec force de détails que l’origine de la rumba congolaise remonte à cinq siècles  lorsque les esclaves noirs africains débarquaient à Cuba avec la danse ” Nkoumba ”, appelée plus tard Cuba rumba, issue d’une danse du nombril prenant sa source en Afrique centrale, dans le Royaume Kongo et en République centrafricaine,  chez  les “Bakongo”, groupe ethnique situé au sud du Congo Kinshasa, du Congo Brazzaville, de l’Angola mais aussi chez les ”Mbati ” de Centrafrique, expression folklorique charnelle permettant à un couple de danseurs de se produire nombril contre nombril."

- ]ici :

"D’autres pensent que « rumba » dérive du mot « kumba » qui signifie « nombril » en langue Kikongo."

Et ici :

"La ” Nkoumba ” appelée plus tard à Cuba Rumba est une danse de nombril qui prend sa source en l’Afrique Centrale, plus précisément dans le Royaume Kongo et en République Centrafricaine chez ” Mbati “, un groupe ethnique du sud ouest du pays. En ” Mbati “, tout comme en ” Moukongo “, ” Nkoumba ” désigne le nombril."



2.
Citation de moforibale :
Langue congolaise n'existe pas, on dit langue bantoue et pourquoi pas le kikongo, mais il y a énormément de langues différentes dans la zone ethnique bantoue.



Pour te paraphraser : « Mais où es-tu allé trouver cette sornette que je parlais de langue congolaise » ? ;)
La phrase exacte de mon article est : « Le mot "rumba" d'ailleurs pourrait provenir des mots «koumba» ou «nkoumba» issus de dialectes congolais et qui signifient «nombril». "

Le mot « dialecte » est sans doute impropre, je le reconnais, mais à aucun moment je ne parle d'une langue congolaise unique, ni ne sous-entends son existence. Tu n'auras pas manqué non plus de remarquer le conditionnel ("pourrait provenir") que j'emploie...Et je te promets que je n'ai pas modifié mon article entre-temps. :)

3.
Citation de moforibale :
Guaguanco effectivement se réfère au nombril.
Mais ce n'est qu'une seule des danses/musiques de la rumba.

Et rumba qui est un mot venu sans transformation depuis une zone proche de l'actuel Libéria et veut dire simplement fête.
Wawa : nombril, endroit physiologique de la fécondation selon les cosmogonies soudano-bantoues.
Nko est transformation de ngo qui est le dieu léopard des bantous.


Ok, j'en prends note.

4.
Citation de moforibale :
Il y avait autrefois 4 formes de rumba, seguirya, aujourd'hui disparue, 6/8 ultra rapide, proche du zapateado andalou.

Ils restent le guaguanco et le yambu (2 styles suivant qu'on est à la Havane ou à Matanzas, et même trois en incluant Santiago de Cuba où elle apparaît presque aussi ancienne) plutôt binaires et la columbia, ternaire avec des phrases binaires superposées.

Se sont inventés au XXème siècle le guarapachangueo, la batarumba etc ...
Chaque ensemble créant sa propre version.


Je parle de la Seguiriya, du Yambu, du Guaguanco, de la Colombia et du Guarapachangeo dans l'article 6 qui paraîtra demain normalement.

5.
Citation de moforibale :
Tu n'expliques rien de la naissance sur les docks, l'usage des cajones, le nom des tambours, des claves, des hochets...


Tout ceci est décrit dans l'article 8 du dossier qui paraîtra dans 15 jours. Il est vrai que j'aurais pu mentionner les docks dans le présent article. J'y fais référence dans l'article 8 lorsque je parle des claves qui étaient à l'époque issues des chevilles employées par les ouvriers dockers.


6.
Citation de moforibale :
Qu'est ce qu'est abakua ?

Et le lien avec ce culte qui n'est pas bantou, mais de langue kua, sud Cameroun actuel.


Pour faire très court et si je ne m'abuse, l'abakua est une société secrète vouée à la conservation et la transmission de rites religieux africains au sein des populations d'esclaves tout d'abord puis de leurs descendants en Amérique du Sud.

L'abakua est fréquemment citée comme l'un des éléments voire des sources de la culture Rumba à Cuba.
- ici:
"Ces claves ternaires sont peu utilisées dans les genres profanes, sauf dans la columbia, une des trois formes de la rumba. Ces claves ternaires à 12, que l’on nomme parfois clave africana à Cuba, semblent être plus utilisées dans les musiques sacrées et rituelles telles que bembé, palo, abakuá"

- ici
"L'influence des ethnies d'origine Nkua (abakua, efi, efo…) est également prépondérante dans la rythmique, le chant et la danse de la rumba."

- ici
"Ces mêmes rythmes et chants permettent également d’égayer les rares moments libres des journées harassantes de travail. Certains esquissent quelques pas d’une danse improvisée. Durant ces instants de détente, les influences des diverses ethnies africaines représentées se mélangent pour produire une musique profane purement cubaine. On note notamment une forte influence Congo (Yuka et Makuta), Abakuá et, selon Fernando Ortiz, Gangá."

- et ici:
"Los Muñequitos de Matanzas are part of the living legend of African music in Cuba, and they remain very close to their Abakuá (Efik/Efo) roots. Most members are also members of an Abakuá potencia, or lodge."
traduction:"Los Muñequitos de Matanzas sont une part de la légende vivante de la musique africaine à Cuba, et ils conservent des liens très forts à leurs racine Abakuá (Efik/Efo). La majorité des membres du groupe appartiennent également à une loge Abakuá


Je n'ai pas voulu m'étendre là-dessus dans l'article , du aux contraintes précédemment citées et au fait que les articles de notre dossier s'intéressent avant tout à l'aspect musical des traditions concernées même s'ils définissent sommairement le cadre historico-social et culturel afférent.

7.
Citation de moforibale :
D'où mes questions sans flicage, juste poyr comprendre pourquoi ce digest plein d'erreur sur un genre musical si fondamental : qui es-tu et d'où tiens tu tes sources ?


Nous n'avons pas l'habitude de divulguer nos identités sur les fora publics, éventuellement en message privé.
Et il me semble que la seule erreur factuelle potentielle que tu soulignes est celle concernant l'origine du mot Rumba. Le caractère erroné de la phrase au conditionnel que j’ai employée reste encore à prouver, mais je suis prêt à reconnaître et corriger mon erreur si nécessaire.
Le reste des défauts que tu cites sont des manques soit qui (et pour la plupart) sont traités dans d’autres articles certes non encore publiés, soit qui relèvent de l'aspect forcément incomplet de ce dossier dont je me suis déjà expliqué plus haut.

Citation de moforibale :


Bon weekend, nonobstant.



Merci, bonne soirée à toi.

Accepter qu'on n'sait pas, c'est déjà l'premier pas.

 

MUSICIENS ET PUBLIC, PROTEGEZ VOS OREILLES!

[ Dernière édition du message le 15/10/2019 à 07:41:45 ]

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Merci beaucoup, newjazz, pour ta réponse, car, à te lire, je me rends encore mieux compte à quel point la musique est d'abord leçon d'humilité...
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Hors sujet :
Pour fréquenter un peu professionnellement le milieu de la musique bretonne, je peux dire que les spécialistes (autoproclamés ou reconnus) de la "tradition" font tous preuve d'une certaine humilité. Quand la tradition est quasi uniquement orale, même ceux qui sont qui sont allés s'abreuver aux sources les plus anciennes savent à quel point elles sont sujettes à caution, aux défauts de mémoire des personnes concernées, lesquelles tiennent eux même des informations de personnes dont la fiabilité n'est pas forcément totale. Les traces écrites peuvent, elles, être l'oeuvre de non spécialistes qui ont pu se tromper et beaucoup datent de la période romantique où on aimait bien arranger un peu la réalité dans un sens qu'on estimait plus beau ou intéressant.
C'est déjà vrai pour les traditions en général, c'est encore plus vrai pour la musique qui, contrairement aux pratiques quotidiennes, aux légendes ou au contes, était maîtrisée par un relativement petit nombre de personnes.
Si on ajoute à tout ça les particularismes locaux qui fait que ce qui est vrai à un endroit donné peut être très différent à 50 km de là...
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Hors sujet :
Entièrement d'accord avec toi. Après, il appartient à chaque musicien d'apprécier sur quel 'ton' et à quel 'degré', s'exprime cette humilité...