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Maschine Keyboard
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Accompagnant la sortie de Maschine Mk3, la nouvelle version des claviers Komplete Kontrol débarque avec la ferme intention de transformer l’essai marqué il y a 3 ans. Pari réussi ?

Test du clavier maître Komplete Kontrol S Mk2 de Native Instruments : Maschine Keyboard

Quelques kilo­mètres de fleuve ont coulé sous les ponts depuis la sortie des premiers claviers de Native Instru­ments. Et si durant trois années, la gamme Komplete Kontrol a évolué avec l’ar­ri­vée d’un modèle de 88 touches à toucher lourd et l’amé­lio­ra­tion de quan­tité de petites choses sur le plan logi­ciel, si Native est parvenu à convaincre bon nombre de grands éditeurs d’adop­ter son format de mapping NKS (dont des concur­rents !), on n’est pas mécon­tent de voir débarquer cette version mk2 dont on espère qu’elle va vrai­ment faire avan­cer le schmil­blick des claviers de contrôle et corri­ger les défauts de la précé­dente mouture.

Kontrol teknik

L’ins­pec­tion du clavier rassure d’em­blée sur le fait que ce n’est pas une petite évolu­tion qui nous est propo­sée mais bien une refonte complète de ce dernier, tant du point de vue cosmé­tique qu’er­go­no­mique. Outre une nouvelle fini­tion aussi moderne qu’élé­gante et qui s’ins­crit dans le prolon­ge­ment de la nouvelle Maschine Mk3 (et lorgne donc genti­ment, elle-aussi, du côté du Push d’Able­ton), la première chose qui saute aux yeux tient dans la présence de deux grands écrans couleurs cernés de 8 switchs lumi­neux et 8 enco­deurs sensi­tifs. Certains d’entre vous auront reconnu ce bloc : ce n’est ni plus ni moins le même que l’on retrouve sur Mashine Mk3, donnant de faux airs de Maschine Keyboard à ce Komplete Kontrol Mk2. Comme sur le contrô­leur à pads du construc­teur, préci­sons-le d’em­blée : il ne s’agit pas d’écrans tactiles. J’y revien­drai.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : side

La deuxième énorme nouveauté qui nous assaille, c’est le retour des molettes de pitch bend et de modu­la­tion, bien larges, fermes et visi­ble­ment robustes, se tenant à l’en­droit même où l’on dispo­sait autre­fois de rubans tactiles unique­ment. Ces derniers ne sont toute­fois pas complè­te­ment passés à la trappe puisqu’on dispose d’un ruban hori­zon­tal juste sous les molettes. On garde ainsi le meilleur des deux mondes : les molettes tradi­tion­nelles bien pratiques pour le jeu et le ruban tactile dont le compor­te­ment comme l’as­si­gna­tion sont libres et qui offre bien des possi­bi­li­tés hors de portée des molettes. Rappe­lons-le : outre la possi­bi­lité de le tapo­ter pour alter­ner entre plusieurs valeurs sans aucun glide entre les deux (on peut par exemple passer un pitch de moins à –5 demi-tons à +5 demi-tons sans visi­ter les hauteurs inter­mé­diaires), on peut affec­ter un compor­te­ment 'physique’ à ce dernier et l’uti­li­ser pour lancer une 'balle’ de modu­la­tion qui va rebon­dir entre deux bornes jusqu’à s’épui­ser… ou pas, le compor­te­ment et l’as­si­gna­tion de ce dernier se défi­nis­sant dans le logi­ciel Komplete Kontrol. Bref, on est ravi de voir que Native, tout en accé­dant aux prières des fans de molettes, n’a pas fait table rase de ce qui était l’une des plus inté­res­santes origi­na­li­tés du Komplete Kontrol Mk1.

Le troi­sième gros chan­ge­ment de cette version est invi­sible mais il n’en est pas moins inté­res­sant puisque le clavier, malgré son Light­guide (système de lumières témoins multi­co­lores bordant chaque touche du clavier) et ses deux écrans, n’a plus obli­ga­toi­re­ment besoin d’une alimen­ta­tion secteur pour fonc­tion­ner (cette dernière n’est d’ailleurs plus four­nie de base). Un simple câble USB suffit en effet, ce qui simpli­fie évidem­ment les bran­che­ments comme l’usage du clavier en live. Pour arri­ver à cela, Native a dû réali­ser une grosse opti­mi­sa­tion en termes de consom­ma­tion élec­trique, ce qui explique sans doute que les lumières du Light­guide soient nette­ment plus petites sur cette version Mk2 et que les switches soient nette­ment moins lumi­neux qu’ils ne l’étaient. Rassu­rez-vous toute­fois : on ne ressent aucun incon­fort en se passant d’alim secteur, le clavier demeu­rant très lumi­neux et parfai­te­ment opéra­tion­nel.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : stancontrole

Ultime chan­ge­ment à commen­ter : la réor­ga­ni­sa­tion complète des boutons de commandes flanqués de part et d’autre du bloc-écran. Sur la gauche, Native a bien déve­loppé tout ce qui concerne le pilo­tage de la STAN, de sorte qu’en plus des habi­tuels Play/Stop/Record/Loop, on dispose désor­mais de boutons pour le métro­nome, le tempo et, plus inté­res­sant encore, la quan­ti­fi­ca­tion, l’Undo/Redo ou le Solo/Mute de piste. À la droite des écrans, on trouve tout ce qui concerne le pilo­tage du logi­ciel Komplete Kontrol et des plug-ins, dont la fameuse molette qu’on connais­sait déjà, toujours cliquable et toujours aussi cran­tée, mais qui fait main­te­nant aussi office de joys­tick, cerné de 4 petites LED s’illu­mi­nant pour vous montrer les dépla­ce­ments possibles dans la navi­ga­tion.

Pour le reste, le Komplete Kontrol n’a pas changé : c’est toujours Fatar qui four­nit le clavier semi-lesté sensible à l’af­ter­touch, ce qui est un vrai gage de qualité, tandis qu’en face arrière, les connec­tiques se résument toujours à un MIDI In/Out sur prises DIN, deux entrées Jack pour pédales de sustain et expres­sion (non four­nies), un connec­teur USB, une prise pour l’alim (option­nelle donc) et un bouton de mise en/hors fonc­tion… La qualité d’as­sem­blage et de fini­tion de l’en­semble est toujours aussi bonne : à ce prix, me-direz vous, c’est le moins que Native puisse faire.

Mais puisqu’on en parle, l’autre chose qui n’a pas changé, et c’est une bonne surprise, c’est juste­ment le prix. Il est vrai qu’à 600 et 700 euros les modèles de 49 et 61 touches, les Komplete Kontrol figu­raient déjà parmi ce qui se fait de plus cher sur le marché, ne lais­sant que peu de marge à Native pour amélio­rer son bébé. On appré­cie vrai­ment du coup de voir ces claviers bien plus riche­ment équi­pés que dans la version MK1 sans que cela se traduise pour autant par une hausse du tarif. Pour arri­ver à cela, le construc­teur a bien sûr fait quelques écono­mies et on ne s’étonne pas du coup d’avoir des Light­guides plus réduits (mais tout aussi effi­caces) ou de l’ab­sence d’alim secteur dans la boîte. Disons que ce dernier détail est même une façon comme une autre d’as­su­mer le fait que le Komplete Kontrol est bien un clavier de contrôle pensé avant tout pour la MAO et non pour le pilo­tage d’ins­tru­ments maté­riels : il peut certes le faire, et même sans ordi en ache­tant l’alim sépa­rée, mais ce n’est pas là sa voca­tion première.

Après cet aperçu de surface, il convient de plon­ger dans le détail de la machine. Comme dirait Acta­rus en tirant le star­ter de son Goldo­rak diesel après une nuit de gel :

Aaaaal­lu­maaaage !

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : screens

Comme sur Maschine, on a le droit à la petite vibe lumi­neuse qui fait plai­sir lorsqu’on allume le clavier, avec cette déli­cieuse impres­sion de se retrou­ver aux commandes d’un vais­seau spatial. Et comme un gosse grim­pant dans un Faucon Mille­nium, on appuie d’em­blée sur à peu près toutes les touches et tourne les boutons pour voir si ça fait de la lumière ou active l’hy­per­es­pace. Évidem­ment, il ne se passe pas grand-chose de cet ordre, mais cette prise en main est l’oc­ca­sion d’un premier contact sensuel très satis­fai­sant avec l’ins­tru­ment : les enco­deurs comme les switches respirent la qualité et la soli­dité, aucune lumière ne vacille et le clavier Fatar est toujours aussi agréable : ferme et précis, autant sur la réponse à la vélo­cité qu’à l’af­ter­touch. Ça sent la bonne came. Seule la molette très cran­tée rend un son et un feeling un peu cheap, sans pour autant qu’on doute de sa robus­tesse. Bref, on se sent en confiance pour pour­suivre le test.

Et pour le pour­suivre, il faut en premier lieu lancer le logi­ciel Komplete Kontrol qui va de suite prendre posses­sion des deux écrans couleur. Rappe­lons-le, ce dernier est un hôte virtuel que vous pouvez pilo­ter depuis le clavier et qui centra­lise tous les presets de vos instru­ments virtuels, qu’il s’agisse de banques pour Kontakt, d’en­sembles Reak­tor, de synthés Native Instru­ments… ou d’ins­tru­ments émanant d’édi­teurs de tierce partie, pour peu qu’ils soient compa­tibles avec le format NKS utilisé par le logi­ciel.

L’in­té­rêt de ce logi­ciel, c’est qu’il vous permet de filtrer vos dizaines de milliers de presets au moyen de tags, ce qui est un vrai gros avan­tage à l’usage : plutôt que d’ou­vrir tel ou tel instru­ment dans lequel on va cher­cher tel ou tel son pour se rendre compte qu’il n’y est pas, on se concentre ici sur le son qu’on cherche, et tag après tag, on parvient à une liste où figurent tous les presets corres­pon­dant à la recherche, quels que soient les instru­ments auxquels ils font appel. Si je cherche par exemple un lead de synthé agres­sif arpé­gié, il me suffit de choi­sir les tags appro­priés pour me retrou­ver face à un ensemble de presets issus de tous mes instru­ments : qu’ils s’agisse du Massive de NI ou du Diva de U-he, d’un synthé d’Ar­tu­ria ou d’une banque de Heavyo­city. L’idée est brillante car elle pousse à (re)décou­vrir sans a priori les trésors qui gisent au fond de notre réper­toire de VST : l’oc­ca­sion de se rendre compte qu’en dépit de leur sale gueule, quan­tité de vieux synthés Reak­tor sonnent vrai­ment très bien.

Reste que si l’ou­til est génial, il n’en était pas moins peu utili­sable depuis le clavier dans la première version du Komplete Kontrol S. En l’ab­sence d’écrans sur ce dernier, il fallait non seule­ment garder les yeux rivés sur son ordi­na­teur en perma­nence tandis que la molette très cran­tée du clavier ne faci­li­tait pas le dépla­ce­ment dans les longues listes de presets. Trois ans plus tard, qu’en est-il ?

Tout faire avec 8 enco­deurs ?

Disons qu’avec les écrans, on peut déjà se passer de regar­der son ordi vu que l’in­ter­face du Komplete Kontrol y est parfai­te­ment repro­duite, ce qui est une très bonne chose. Côté contrôle physique, les enco­deurs viennent au secours de la molette-très-cran­tée-qui-fait-désor­mais-aussi-joys­tick pour sélec­tion­ner les tags et faire défi­ler les presets : 1 par 1 ou 10 par 10 en pres­sant la touche shift que se trouve à l’op­posé sur le clavier. Indu­bi­ta­ble­ment, c’est bien mieux qu’au­pa­ra­vant. Mais sincè­re­ment, c’est toujours loin d’être idéal.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : navigation

Voici dix ans qu’Apple nous a habi­tués à balayer des listes longues comme le bras d’un simple geste sur nos écrans tactiles et se retrou­ver avec de bêtes enco­deurs pour réali­ser la même chose manque singu­liè­re­ment, en 2017, d’à propos ergo­no­mique : on se croi­rait revenu dans nos réper­toires télé­pho­niques à l’ère pré-tactile du Black­berry et du Nokia 3310. C’est vrai pour les listes de presets comme pour la sélec­tion de tags qui serait si intui­tive si l’on pouvait direc­te­ment tapo­ter ces derniers du doigt au lieu de tour­ner des enco­deurs pour les faire défi­ler séquen­tiel­le­ment.

On peste d’au­tant plus que certaines choses possibles sur le logi­ciel depuis l’or­di­na­teur ne sont pas acces­sibles depuis le clavier comme la sélec­tion de tags multiples. Si vous voulez par exemple filtrer les presets de basse corres­pon­dant aux tags « Addi­tive » et « Arpe­gia­ted », un simple Shift-clic suffit sur le logi­ciel depuis l’or­di… alors qu’il faudra choi­sir ou l’un ou l’autre depuis le clavier. C’est un peu comme si le serveur d’un restau­rant vous propo­sait de choi­sir entre manger un plat chaud ou salé. Ou comment brider la puis­sance d’une navi­ga­tion par tags, au risque de rallon­ger signi­fi­ca­ti­ve­ment les listes et de s’ex­po­ser à des tours et des tours d’en­co­deur.

Dans le même ordre d’idée, cela fait main­te­nant 3 ans que le logi­ciel ne gère pas l’ex­clu­sion de tags : voir tous les pianos sauf les élec­triques, ce n’est ainsi pas possible. Pour cela, un tag « Acous­tic » eût été bien pratique… mais il n’existe toujours pas lui non plus. Bien sûr, l’édi­teur offre désor­mais la possi­bi­lité à l’uti­li­sa­teur de réali­ser ses propres tags, mais c’est un pis-aller peu accep­table si l’on consi­dère que le gros avan­tage du format NKS par rapport à la démarche d’un Akai VIP, c’est de propo­ser de base un taguage de qualité sans qu’on ait à mettre la main à la pâte. Bref, on reste un poil déçu sur ce point même si Native se rattrape en offrant enfin la possi­bi­lité de mettre en favo­ris certains presets pour se brico­ler une short­list de sons, et plus impor­tant, en offrant un système de pré-écoute.

Au doigt et à l’oreille

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : Photo 19 09 2017 13 03 18

Comme nous l’ob­ser­vions lors du test du premier Komplete Kontrol, parcou­rir une liste de presets pouvait s’avé­rer rela­ti­ve­ment fasti­dieux car il fallait à chaque fois char­ger l’ins­tru­ment corres­pon­dant pour se rendre compte que le son… ne conve­nait pas à ce qu’on cher­chait et char­ger le suivant ! Un calvaire ? Oui, surtout quand on parcou­rait de grosses banques de samples ou de gros ensembles Reak­tor bien longs à char­ger. La solu­tion était déjà si évidente à l’époque que nous l’avions suggé­rée lors du banc d’es­sai : propo­ser un extrait audio pour chaque preset, nous permet­tant de savoir si char­ger l’ins­tru­ment vaut le coup.

Eh bien, Allé­luia, Youpi, Atchiquat­chiquat­chiquaïaïaï : Native l’a fait ! Désor­mais, dès que vous passez sur un preset, vous enten­dez une note de ce dernier, voire un court extrait s’il s’agit d’un pattern, chose réali­sée via une bonne grosse base de fichiers Ogg concer­nant tous les presets de tous les instru­ments compa­tibles NKS (désor­mais, four­nir cet extrait audio est d’ailleurs un prérequis pour les déve­lop­peurs tiers).

Ça n’a l’air de rien comme ça, mais ça change réel­le­ment la vie, sachant que comme il s’agit d’une évolu­tion du logi­ciel qui n’est pas liée au maté­riel, tous les utili­sa­teurs du Komplete Kontrol Mk1 pour­ront en profi­ter ! Braci ! Mervo ! C’est d’ailleurs pour moi, loin devant tout le reste, la fonc­tion la plus inté­res­sante qui appa­rait avec cette version Mk2. Devant le reloo­king, les molettes et les deux écrans réunis.

N’ou­blions pas toute­fois que l’in­té­rêt du système Komplete Kontrol ne réside pas seule­ment dans la navi­ga­tion mais aussi dans la gestion des mappings du clavier.

Map du dimanche

Dès lors que vous sélec­tion­nez un preset, c’est encore le logi­ciel Komplete Kontrol qui se charge d’as­si­gner les contrôles du clavier aux para­mètres les plus judi­cieux. Et c’est l’une des grandes forces du produit de Native : ces assi­gna­tions ont été réali­sées amou­reu­se­ment par les éditeurs eux-mêmes pour chaque preset, de sorte que les huit enco­deurs sont immé­dia­te­ment affec­tés à des para­mètres vrai­ment utiles au jeu. Résul­tat, entre la navi­ga­tion dans les presets et ces mappings prêts à l’em­ploi, on a la sensa­tion d’avoir à faire à une works­ta­tion plutôt qu’à un clavier maître pilo­tant un ordi­na­teur, et tous les instru­ments, quels qu’ils soient (pourvu qu’ils soient compa­tibles NKS) se fondent dans un gros tout homo­gène bien agréable.

Hélas, là encore, les choix en termes de concep­tion hard­ware viennent un peu gâcher la fête. Pour un clavier sensé nous permettre de pilo­ter tous nos instru­ments, le fait de tout miser sur des enco­deurs rota­tifs est toujours aussi péna­li­sant ergo­no­mique­ment dès qu’on veut pilo­ter des choses un peu plus sophis­tiquées qu’un Mini­moog.

Cela nous pousse d’abord à gérer les pads X/Y d’un Alchemy ou d’un Absynth à la manière d’un bon vieux Télé­cran, ce qui, 18 ans après le premier Kaoss Pad, n’a rien de bien compré­hen­sible. Et vu que les pads X/Y sont aussi très utili­sés pour program­mer des instru­ments virtuels complexes comme les cordes ou les vents, on se dit qu’on n’est pas près de pouvoir se passer de nos iPad et de TouchOSC.

Ce choix complique aussi inuti­le­ment le pilo­tage de simples inter­rup­teurs On/Off vu que le bouton se trans­forme alors en potard dont les 50% de la course activent le Off et les 50% qui restent activent le On. Aber­rant ? Oui, et d’au­tant plus agaçant que c’était déjà le cas il y a trois ans. Comme dirait Nabila : « non mais allo, quoi ! » Évidem­ment, vu que les enco­deurs sont sensi­tifs, on se doute bien que NI pourra mettre à jour son logi­ciel et sa base pour amélio­rer cela mais ce n’est pas le cas à la sortie du produit. Et sans parler des On/Off ou des X/Y, ces d’en­co­deurs sont encore tout aussi limi­tants pour contrô­ler intui­ti­ve­ment les tirettes d’un orgue Hammond ou les faders de la console d’une STAN, comme nous allons le voir.

Les limites de l’en­co­deur infini (le retour)

Comme nous l’avons dit, Native a bossé sur le pilo­tage d’une STAN depuis son clavier, ce qui est une très bonne chose même si l’on regret­tera que le Komplete Kontrol S ne gère pour l’heure qu’Able­ton Live et Logic Pro X, tandis que la prise en charge de Cubase/Nuendo n’ar­ri­vera qu’au dernier trimestre et qu’au­cun calen­drier n’a été annoncé concer­nant les autres, repré­sen­tant tout de même d’après notre sondage 43% du marché en France.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : Maschinepattern

Quoi qu’il en soit, c’est donc sur Able­ton Live que nous avons testé la chose et force est de consta­ter que cela marche très bien, du moins sur tout ce qui concerne le bloc de lecture/enre­gis­tre­ment et les fonc­tions de base. On ne va pas s’ex­ta­sier sur le fait de dispo­ser d’un Play/Stop/Record sur un clavier de contrôle mais le fait d’avoir le Tempo, l’Undo/Redo et la quan­ti­fi­ca­tion à portée de main au moment où l’on enre­gistre une partie MIDI est un vrai plus qui évite de se saisir de la souris à tout bout de champ et permet de rester concen­tré sur le jeu. Si l’on couple ça à la navi­ga­tion dans les presets depuis le clavier et les mappings prêts à l’em­ploi, on comprend de suite l’in­té­rêt du Komplete Kontrol en termes de produc­ti­vité, même s’il ne fera aucune ombre, évidem­ment, à un Push pour les Able­to­niens. On peste en outre de voir que les 5 boutons bordant les écrans du bloc Maschine ne sont abso­lu­ment pas mis à contri­bu­tion dans ces mappings, alors que les 8 enco­deurs rota­tifs le sont bien heureu­se­ment.

Concer­nant le pilo­tage de la console, je reste d’ailleurs assez dubi­ta­tif car s’il est agréable de retrou­ver ses tranches repré­sen­tées 8 à 8 sur les deux écrans couleur, c’est encore le choix des enco­deurs rota­tifs comme seul et unique contrôle qui vient dégra­der la fonc­tion. Vous voulez monter le volume de trois pistes en même temps dans votre STAN ? Il vous faudra… 3 mains ! La fonc­tion­na­lité est du coup un peu gadget et c’est dommage. Bien sûr, tout aurait été diffé­rent avec 8 sliders à côté, ou 8 rubans sensi­tifs comme Native sait si bien les faire. Tout aurait pu être parfai­te­ment géré aussi avec du tactile multi­point. Mais non.

Rela­ti­vi­sons tout de même : on n’at­tend pas d’un clavier de rempla­cer une vraie surface de contrôle pensée pour le mixage. Encore que…

Maschine sur la touche

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : editinstrument

Vous l’au­rez compris, une foule de petits détails qui nuisaient à l’ex­pé­rience-utili­sa­teur du Komplete Kontrol S Mk1 sont toujours présents dans cette version, au point qu’en dehors d’af­fi­cher le navi­ga­teur Komplete Kontrol, on se demande bien ce qu’on a réel­le­ment gagné avec ces deux écrans.

Et puis on lance Maschine et tout s’éclaire, au sens propre comme au figuré, car on va pour le coup beau­coup plus loin dans l’in­té­gra­tion à cette dernière qu’avec Able­ton Live. Dès que le logi­ciel est lancé, on se retrouve face à l’in­ter­face fami­lière sur nos écrans, et la possi­bi­lité de visua­li­ser nos scènes et nos beats jusqu’au piano roll même grâce aux fameux 5 boutons sur la gauche des écrans qui trouvent enfin leur utilité.

Bon, disons-le clai­re­ment : le Komplete Kontrol ne rempla­cera pas une vraie Maschine pour ce qui est de l’édi­tion, mais les utili­sa­teurs de la groove machine de Native Instru­ments seront proba­ble­ment ravis de ce pilo­tage depuis le clavier qui pren­dra tout son sens en live. Pas besoin de repas­ser aux pads pour lancer telle ou telle scène ou mani­pu­ler tel ou tel effet, on peut tout faire depuis son clavier, et comme l’er­go­no­mie aussi bien que les contrôles sont les mêmes que sur Maschine Mk3, on trouve immé­dia­te­ment ses repères. C’est vrai­ment du très bon boulot.

Reste à parler des choses moins agréa­bles…

Le point de vue d’Oran­gina rouge

À part sur le Light­guide moins sexy, ce nouveau Komplete Kontrol surpasse son aîné en quasi­ment tous points. Entre les deux écrans couleur, la molette-joys­tick, les molettes physiques, la réor­ga­ni­sa­tion des contrôles plus orien­tés vers le pilo­tage de STAN et le fait que le clavier puisse désor­mais se conten­ter d’une alimen­ta­tion par USB, il serait dur de ne pas consi­dé­rer cette version mk2 comme une réus­site. D’au­tant qu’elle conserve tous les points forts du modèle précé­dent (Light­guide notam­ment) et que le logi­ciel Komplete Kontrol propose désor­mais l’aperçu audio des fichiers tout en gérant toujours plus d’ins­tru­ments de tierce partie. D’au­tant que le prix n’a pas bougé du Mk1 au Mk2.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : onoff

Cela étant dit, on est encore loin, très loin du clavier de contrôle que le premier Komplete Kontrol S lais­sait espé­rer, Native n’ayant pas gran­de­ment progressé sur les prin­ci­paux reproches que nous adres­sions à la première version du produit. Et, il faut bien l’avouer, si l’on comprend le rappro­che­ment du clavier avec Maschine d’un point de vue stra­té­gique (Native cherche clai­re­ment à propo­ser un écosys­tème complet pour le musi­cien élec­tro/hip-hop), on regrette que cette orien­ta­tion ait mobi­lisé autant de ressources alors que des choses plus cruciales restaient à résou­dre… et qu’elles n’était pas forcé­ment compliquées à résoudre.

Passée la bonne surprise de décou­vrir les deux écrans couleur, on se rend compte que s’ils présentent un inté­rêt réel pour un usage avec Maschine ou la navi­ga­tion dans les presets, ils n’ap­portent rien de plus que les anciens affi­cheurs au contrôle des instru­ments car ils sont pour l’heure très large­ment sous-exploi­tés. Avec un Komplete Kontrol Mk1, on était obligé d’af­fi­cher les para­mètres 8 par 8, et de faire défi­ler les pages pour accé­der aux suivants. À présent qu’on dispose de deux grands écrans couleur… c’est toujours la même chose ! En noir et blanc pour ne pas chan­ger, avec pour seule fiori­ture le fait d’avoir un joli fond d’écran en couleur de l’ins­tru­ment en cours d’édi­tion ! Vous éditez un EQ ou une enve­loppe ? N’ima­gi­nez pas, même dans Maschine, profi­ter des écrans pour affi­cher leurs courbes respec­tives : juste des potards ronds, noir et blanc, avec des valeurs en dessous. Comme dans Komplete Kontrol Mk1 en somme ? C’est exac­te­ment cela et on est déçu de voir que personne ne semble s’être gratté la tête à ce sujet, tout comme personne ne semble s’être penché sur le fait d’of­frir une gestion correcte des pads X/Y ou des On-Off, tout comme personne ne s’est rendu compte du problème du fait que pilo­ter la console d’une STAN n’avait rien de très inté­res­sant avec des enco­deurs… En trois ans. Or, on a beau savoir que Native est aujour­d’hui adepte du déve­lop­pe­ment agile, que le construc­teur va rajou­ter des fonc­tions, des modes qui vont amélio­rer bien des choses sur les claviers, il ne fait aucun doute que tous ces défauts ne pour­ront être comblés que par des chan­ge­ments maté­riels… en version Mk3 donc ! Dans trois ans ?

Pour résoudre tout cela, on se serait bien volon­tiers contenté d’un seul écran tactile plutôt que d’en avoir deux non tactiles et, à suppo­ser que cela ne soit pas possible finan­ciè­re­ment (encore qu’Akai ait montré que cela n’avait rien d’in­ac­ces­sible avec la MPC Touch, encore qu’on trouve des tablettes de 7 pouces de marque sur Amazon à moins de 100 euros), on aurait même préféré n’avoir qu’un seul écran mais dispo­ser d’un bête pavé tactile (comme sur le petit Korg Taktile), d’un bloc de 8 sliders ou 8 rubans sensi­tifs, d’une molette à iner­tie (comme sur les souris Logi­tech à 30 balles) ou d’un vrai Jogw­heel (comme sur les contrô­leurs de montage vidéo) pour la navi­ga­tion dans les presets… Et même si tout cela n’était pas envi­sa­geable pour une obscure raison, on aurait adoré que Native nous propose enfin une appli Komplete Kontrol pour iPad/Android : c’était là une solu­tion rela­ti­ve­ment écono­mique pour balayer quan­tité de défauts du clavier. Bref, le construc­teur avait plein d’op­tions à sa dispo­si­tion et il a choi­si… de camper sur ses posi­tions en recon­dui­sant des choix déjà très discu­tables il y a trois ans.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : scene

Même s’il ne s’agit pas d’une réelle doléance, souli­gnons aussi que le Komplete Kontrol S demeure toujours un clavier centré sur un usage infor­ma­tique. En dépit des connec­teurs DIN MIDI en face arrière, on sent que Native n’a pas vrai­ment pensé son produit pour qu’il pilote des instru­ments élec­tro­niques hard­ware, chose que traduit l’alim par USB et l’ab­sence d’alim secteur dans la boîte. Les fonc­tions d’ar­pé­gia­teur ou de contraintes de gamme sont ainsi toujours tribu­taires du logi­ciel tandis que, vous vous en doutez, le CV/Gate n’est pas au programme. Il ne s’agit pas là de réels défauts pour ceux qui sont bran­chés instru­ments virtuels mais d’une orien­ta­tion qu’il convient d’avoir à l’es­prit en ache­tant le Komplete Kontrol S Mk2 : sans le logi­ciel qui va avec et donc sans ordi­na­teur, il demeure un clavier de contrôle lambda qui n’offre rien de très attrac­tif pour pilo­ter du hard­ware.

Puisqu’on parle du logi­ciel Komplete Kontrol, notons d’ailleurs que si ce dernier offre LA fonc­tion qui change tout, à savoir la pré-écoute des presets, il n’a pas du tout changé pour le reste et n’offre toujours pas d’in­ter­face en Respon­sive Design, ni de fonc­tion­na­li­tés qu’on trouve depuis belle lurette sur le VIP d’Akai, son grand concur­rent : pas de gestions des effets, donc, ni de multis. Et même si ça devrait arri­ver un jour (on voit bien à l’ins­tal­la­tion que le soft scanne les effets), Native n’a semble-t-il pas trouvé le temps de gérer ça en trois ans… Dans le même ordre d’idée, on regret­tera que l’édi­teur n’ait pas plan­ché sur une solu­tion pour les temps de char­ge­ment. Des pistes existent pour­tant, qu’il s’agisse de ne char­ger qu’une seule vélo­cité d’une grosse banque Kontakt avant de char­ger le reste en arrière-plan, ou de pré-inté­grer des compo­sants de Reak­tor dans Komplete Kontrol même. Le SSD ne pourra pas tout faire dans tous les cas et on se retrouve avec un écran qui, bien trop souvent, affiche un « busy » en atten­dant que l’ins­tru­ment veuille bien se char­ger.

On clora ce long chapitre des reproches en souli­gnant que si le Komplete Kontrol S premier du nom propo­sait des fonc­tions inté­res­santes (ruban à compor­te­ment physique, Light­guide) qui simpli­fiaient la program­ma­tion de manière rela­ti­ve­ment inno­vante, ce nouveau modèle n’offre à son tour rien qui change vrai­ment la donne. On déplore toujours l’ab­sence d’une entrée pour Breath Control­ler (ce qui est pour­tant très utile lorsqu’on doit program­mer des instru­ments expres­sifs comme des vents bien sûr, mais aussi des cordes frot­tées) et au-delà de ça, le fait que le clavier ne gère pas le pitch bend poly­pho­nique comme les Seaboard de Roli ou les Touch­keys. Il s’agit pour­tant, bien plus que l’af­ter­touch, de la plus grande avan­cée qu’aient connu les claviers élec­tro­niques depuis l’avé­ne­ment du MIDI, parce que cela permet de réali­ser en temps réel et intui­ti­ve­ment des program­ma­tions qui pren­draient autre­ment des plombes à obte­nir avec un clavier normal… comme ce Komplete Kontrol S Mk2.

Le mieux en même

Vous l’au­rez compris : sans qu’on puisse dire qu’il est déce­vant dans la mesure où il surpasse en tout point son prédé­ces­seur pour le même prix, le nouveau clavier de Native n’est certai­ne­ment pas le « game chan­ger » que lais­sait espé­rer la version Mk1. Parce qu’il est clai­re­ment aujour­d’hui un leader de marché, on rêve­rait que Native instru­ments nous fasse le coup du « One more thing » des keynotes de Steve Jobs et nous présente des idées qui nous laissent langue pendante façon loup de Tex Avery, mais ce n’est pas le cas. Pour ce qui est de recon­duire l’er­go­no­mie rustique d’une bonne vieille works­ta­tion, ça fait la blague, mais pour trou­ver un moyen simple et inno­vant de pilo­ter un violon, une guitare ou un instru­ment à vent, on sent bien que la R&D est au point mort à Berlin. Ques­tion de culture sans doute (l’ADN de Native est clai­re­ment élec­tro), mais ques­tion de prio­ri­tés marke­ting aussi.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : molettes

En effet, il n’en­trait sans doute pas dans les objec­tifs de Native d’in­no­ver ou de faire le meilleur clavier de contrôle possible, quoi qu’il en coûte, mais de rester sur un rapport pres­ta­tion/prix qui demeure acces­sible : avec un écran tactile, un arpé­gia­teur hard­ware, du CV/Gate, un Breath Control­ler, des sliders et du pitch bend poly­pho­nique, on serait sans doute à deux-trois fois le prix du clavier, ce qui laisse de la place pour un Komplete Kontrol Pro. On sent en outre que les efforts des concep­teurs concernent surtout l’in­ter­ac­tion du clavier avec Maschine, sachant qu’avec l’in­ter­face audio inté­grée sur la version Mk3 de cette dernière, on se doute bien que l’au­dio finira bien par y poin­ter le bout du nez et Maschine de deve­nir de ce fait une véri­table STAN. Native pourra alors se targuer de propo­ser l’éco­sys­tème hard/soft le plus complet du marché pour faire de la musique élec­tro­nique de sorte que, stra­té­gique­ment, le pion avancé avec ce Komplete Kontrol S Mk2 est tout à fait cohé­rent.

Et puis, soyons beaux joueurs : malgré ses défauts, agaçants parce qu’ils ne datent pas d’hier, le Komplete Kontrol Mk2 n’en demeure pas moins l’un des meilleurs claviers de contrôle du marché, si ce n’est le meilleur pour ce qui est de la MAO. Certes, on trou­vera chez la concur­rence bien des produits mieux dotés en termes de contrôles physiques, mais après avoir déjà fait un premier tri sur la qualité même du clavier Fatar, on n’en trou­vera proba­ble­ment aucun qui améliore autant la produc­ti­vité au quoti­dien que le produit de Native.

Reste d’ailleurs à voir au cas par cas à qui s’adresse fina­le­ment ce clavier et à le confron­ter à l’offre concur­rente.

Komplete Kontrol : pour qui ? Pour quoi ?

À n’en pas douter, ceux qui envi­sa­geaient déjà de se payer un Komplete Kontrol peuvent ache­ter sans se poser de ques­tion cette version Mk2 qui dispose de toutes les quali­tés de son aîné tout en y ajou­tant des molettes physiques, deux écrans couleurs et une alimen­ta­tion par USB unique­ment. De fait, le Komplete Kontrol offre toujours deux énormes avan­tages : une bonne gestion centra­li­sée des presets avec les mappings de qualité prêts à l’em­ploi pour tous les instru­ments compa­tibles NKS (et ils sont nombreux) et le système Light­guide qui simpli­fie le jeu comme la program­ma­tion des instru­ments complexes. Et oui, ça change la vie au quoti­dien, surtout main­te­nant qu’on a la fonc­tion de pré-écoute.

Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : lightguide

On adres­sera le même conseil aux utili­sa­teurs de Maschine qui envi­sa­geaient de s’équi­per en clavier maître. Avec son excel­lente inté­gra­tion et son ergo­no­mie cohé­rente avec le soft comme le hard, le Komplete Kontrol S Mk2 est sans l’ombre d’un doute LE clavier à avoir pour complé­ter leur setup. Puisqu’on parle de Maschine, souli­gnons-le clai­re­ment : nous ne sommes pas en présence d’une Maschine à touches, le clavier n’étant utili­sable que pour l’af­fi­chage, le lance­ment de scènes et le réglage d’ef­fets/console, mais certai­ne­ment pas pour l’édi­tion propre­ment dite. Ache­ter ce clavier en pensant faire l’éco­no­mie de Maschine n’est donc abso­lu­ment pas un bon calcul.

La consigne d’achat sera plus miti­gée pour les posses­seurs de la version Mk1 n’uti­li­sant pas Maschine, et qui devront peser l’in­té­rêt que repré­sente pour eux le fait d’avoir de vraies molettes physiques, le navi­ga­teur sur écran et l’alim via USB. En dehors de ces aspects, le plus gros progrès du système Komplete Kontrol provient de la pré-écoute des presets dont ils béné­fi­cie­ront de toute façon par mise à jour gratuite du logi­ciel. Même s’il est inté­res­sant, le contrôle de la STAN depuis le clavier demeure en effet rela­ti­ve­ment sommaire tandis que l’ap­pa­ri­tion des écrans ne change pas gran­de­ment la donne dans l’édi­tion d’ins­tru­ments et que les contrô­leurs physiques dont sont équi­pés le clavier présentent les mêmes limi­ta­tions que dans la version Mk1. Bref, le nouveau Komplete Kontrol Mk2 en fait plus que l’an­cien pour le même prix, mais il ne fait pas forcé­ment beau­coup mieux que ce dernier sur la promesse de base du clavier.

À présent qu’il est livré sans alim secteur, qu’il ne propose pas de CV/Gate et parce que ses fonc­tion­na­li­tés avan­cées (arpé­gia­teur, scale, etc.) sont tribu­taires d’un logi­ciel, on décon­seillera en revanche le Komplete Kontrol à ceux qui cherchent un clavier pour pilo­ter en premier lieu des instru­ments élec­tro­niques hard­ware en se passant d’or­di­na­teur. Il peut certes le faire mais dans ce registre, on trou­vera mieux ailleurs, voire moins cher.

Il nous reste à envi­sa­ger le cas de celui qui veut juste ache­ter un clavier de contrôle orienté MAO et dont le porte­feuille balance certai­ne­ment entre ce Komplete Kontrol, l’Advance d’Akai (et ses clones chez M-Audio et Alesis, moins chers mais avec de moins bons claviers) et le Pano­rama de Nektar, soit les trois claviers qui sont allés plus loin dans la symbiose hard/soft. Sur ce point, la réponse est plus complexe.

Pour la gestion d’une STAN, c’est sans doute le Pano­rama qui demeure le plus complet (encore qu’il soit loin de les gérer toutes aussi bien et en ignore certaines), mais dès qu’on rentre dans le monde des plug-ins, les offres de Native et d’Akai sont clai­re­ment plus déve­lop­pées, grâce à leurs gestion­naires de presets maison : Komplete Kontrol d’un côté et VIP de l’autre.

Or s’il y a trois ans, il fallait faire un match au point par point pour déter­mi­ner un vainqueur entre les deux compé­ti­teurs, il semble bien pour l’heure que ce soit Native qui ait clai­re­ment pris le dessus. Pourquoi ? Parce que sans parler de telle fonc­tion qu’on a chez l’un et pas chez l’autre ou vice versa, la promesse d’un clavier permet­tant de gérer un gros corpus de presets n’est réel­le­ment tenue que par les berli­nois qui ont dès le départ misé sur la qualité et la colla­bo­ra­tion avec les éditeurs tiers alors que les japo­nais ont cher­ché à faire de la quan­tité tous seuls (et proba­ble­ment en utili­sant des mouli­nettes plutôt que des humains). La problème ne tient donc pas tant au logi­ciel VIP lui-même mais à la base de données sur laquelle il repose et qui est parse­mée d’ab­sur­di­tés et de lacunes. Le Komplete Kontrol S Mk2 sort donc grand gagnant de son duel avec l’Ad­vance lancé il y a trois ans, sachant que les nippons pour­raient bien présen­ter eux aussi la version Mk2 de leur clavier, inté­grant un écran tactile comme la MPC Touch. Tout serait alors à revoir, évidem­ment.

D’ailleurs, à l’heure où ces lignes sont écrites, la version 3.0 de VIP vient de sortir, utili­sable sur les claviers de n’im­porte quelle marque et propo­sant le format VIPMS (VIP Native Plugin Map Stan­dard) permet­tant aux éditeurs de tierce partie de réali­ser le mapping de leurs propres produits. Ou comment chan­ger son fusil d’épaule et adop­ter la stra­té­gie du concur­rent… Reste que cette poli­tique ne sera réel­le­ment effi­cace que si Akai s’échine à promou­voir son format auprès d’éven­tuels parte­naires comme Native l’a fait, sachant que pour l’heure, aucun nom n’a été avancé.

Bref, si les japo­nais n’ont pas dit leur dernier mot et si vous pouvez comp­ter sur moi pour révi­ser mon juge­ment, je n’au­rai pas trop d’état d’âme en vous conseillant à cet instant T le clavier de Native plutôt que son concur­rent direct.

Conclu­sion

Native ne s’est certai­ne­ment pas moqué du monde avec ce Komplete Kontrol S mk2 qui, tout en conser­vant les points forts de la première version (clavier de qualité, logi­ciel Komplete Kontrol, Light­guide, arpé­gia­teur, chor­der et scaler), propose bien plus de choses encore sans pour autant faire grim­per le tarif : entre les molettes physiques, l’alim via USB, les deux écrans couleurs et l’ex­cel­lente inté­gra­tion de Maschine, ceux qui envi­sa­geaient déjà de se payer le clavier de Native peuvent foncer sur cette version Mk2 qui sera très certai­ne­ment à terme complé­tée par un modèle de 25 touches et un autre de 88 toucher lourd (mais pas pour tout de suite visi­ble­ment). Au-delà des chan­ge­ments maté­riels, l’ap­port le plus impor­tant du concept Komplete Kontrol tient toute­fois au fait d’avoir une pré-écoute de chaque preset de la base, ce qui est un vrai chan­ge­ment au quoti­dien et qui, on s’en réjouit, profi­tera aussi aux posses­seurs de la première version du clavier.

Ceci étant dit, force est de consta­ter que, trois ans après la première édition, les modi­fi­ca­tions appor­tées sont loin de gommer les défauts que nous avions mention­nés lors de notre précé­dent test. Si les écrans permettent désor­mais de navi­guer dans le logi­ciel sans avoir besoin de garder les yeux sur son ordi­na­teur, le choix des poten­tio­mètres rota­tifs et de la molette demeure toujours aussi limi­tant en termes d’er­go­no­mie et réduit sensi­ble­ment le poten­tiel du concept. Et c’est dommage car sans même parler du tactile multi­point qui existe depuis 10 ans sur nos télé­phones et depuis deux ans chez la concur­rence, il y avait quan­tité de solu­tions peu onéreuses pour éviter cela.

Si l’on comprend enfin la direc­tion Maschi­nesque que prend Native Instru­ments en termes de stra­té­gie, on ne peut s’em­pê­cher d’être un peu déçu par le petit manque d’au­dace du colosse berli­nois : on s’at­ten­dait à quelque chose d’au­tre­ment plus inno­vant, à un truc qui fasse dire « Wouah ! », mais il faut croire que Native n’avait pas d’autre ambi­tion que d’amé­lio­rer tranquille­ment son clavier, sans vouloir révo­lu­tion­ner le marché. De fait, si le construc­teur nous livre un bon outil de travail, ce dernier est suffi­sam­ment perfec­tible pour qu’on attende déjà avec impa­tience la version Mk3 pour 2020. Pendant ce temps là, on conti­nuera de regar­der du côté de Roli, Touch­keys, Joué, Touché ou encore Leap Motion pour trou­ver des idées neuves.

Tarifs : 599 € pour le Komplete Kontrol S49 mk2 et 699 € pour le Komplete Kontrol S61 mk2

  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : molettes
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : side
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : lightguide
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : screens
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : stancontrole
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : navigation
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : editinstrument
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : Photo 19 09 2017 13 02 36
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : onoff
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : scene
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : MaschineScene
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : Maschinepattern
  • Native Instruments Komplete Kontrol S49 mk2 : maschine2

 

8/10
Points forts
  • Design réussi
  • Le clavier Fatar : what else ?
  • Qualité de fabrication
  • Deux beaux écrans couleur
  • Pas besoin d'alim : l'USB peut suffire
  • Excellente intégration avec Maschine
  • Mieux pensé pour le contrôle de STAN
  • Molettes et ruban : le meilleur des deux mondes
  • Le format NKS et ses mapping qualitatifs, de plus en plus reconnu comme un standard
  • Les aperçus audio pour tous les presets
  • LES APERÇUS AUDIO POUR TOUS LES PRESETS, PUTAING !
  • La nouvelle molette qui fait joystick : c’est mieux.
  • Tout ce qu’on aimait déjà dans le Komplete Kontrol S Mk1 : le Lightguide et ses applications, la programmation du ruban, le concept global, le bundle Komplete Select
  • Un concept qui impacte vraiment la productivité
  • Le Mk1 était un très bon produit, ce Mk2 est meilleur
  • Pas mal de choses en plus pour un prix qui demeure le même
Points faibles
  • Pas de mapping pour la plupart des STAN du marché (ça va venir, certes, mais ce n'est pas là)
  • En trois ans, la plupart des défauts du Mk1 n’ont pas été corrigés à cause d’une ergonomie basée exclusivement sur des encodeurs : Navigation dans les tags/presets toujours fastidieuse, gestion aberrante des On/Off et pads X/Y
  • Écrans non tactiles et vraiment sous-exploités
  • Toujours pas d’exclusion de tags, ni de tag ‘Acoustic’
  • Aucun progrès du côté des temps de chargement
  • Toujours pas d'entrée pour breath controller
  • A l’heure des Seaboard, Joué, Touché, Touchkeys, rien qui fasse dire « wouah ! »
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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