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Test écrit
mpressionnant!
10/10
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Dans le petit monde des compresseurs et limiteurs haut de gamme, on connaît bien sûr les références que sont le CL1b de TubeTech, le 1176 d'Urei ou encore les étages qui équipent les tranches et consoles de Neve, API ou SSL. Mais en marge de ces véritables valeurs sûres, quelques constructeurs ont récemment essayé de proposer des compresseurs innovants, assurément plus polyvalents puisqu'on peut les utiliser pour le mixage ou le mastering, mais aussi pour faire un véritable travail de sound design. C'est le cas du Distressor d'Empirical Labs, plébiscité par nombre de professionnels, mais aussi de l'étonnant Dynax d'Also ou encore du mpressor d'Elysia qui nous occupe aujourd'hui.

Dans le petit monde des compres­seurs et limi­teurs haut de gamme, on connaît bien sûr les réfé­rences que sont le CL1b de Tube­Tech, le 1176 d’Urei ou encore les étages qui équipent les tranches et consoles de Neve, API ou SSL. Mais en marge de ces véri­tables valeurs sûres, quelques construc­teurs ont récem­ment essayé de propo­ser des compres­seurs inno­vants, assu­ré­ment plus poly­va­lents puisqu’on peut les utili­ser pour le mixage ou le maste­ring, mais aussi pour faire un véri­table travail de sound design. C’est le cas du Distres­sor d’Em­pi­ri­cal Labs, plébis­cité par nombre de profes­sion­nels, mais aussi de l’éton­nant Dynax d’Also ou encore du mpres­sor d’Ely­sia qui nous occupe aujour­d’hui.

Elysia

La première chose qui frappe lorsqu’on déballe le mpres­sor, c’est le soin apporté à sa fabri­ca­tion et, chose plus rare pour du maté­riel profes­sion­nel, à son esthé­tique. Boutons cerclés de lumières, diodes élec­tro­lu­mi­nes­centes bleu­tées, courbes harmo­nieuses et façade ultra clas­sieuse : on est très loin du look carré et austère que préfèrent certains construc­teurs de maté­riels pro, par tradi­tion ou parce que, psycho­lo­gique­ment, ce qui est moche sonne forcé­ment bien. Une chose est claire en tout cas, Elysia peut sans problème rempor­ter la palme du plus beau compres­seur sur le marché, cepen­dant que la mani­pu­la­tion des poten­tio­mètres et switchs ne laisse aucun doute sur la qualité de l’en­semble. Un très bon point donc…

Pour ne rien gâcher, la doc four­nie avec l’ap­pa­reil est très bien faite, détaillant, courbes à l’ap­pui, toutes les fonc­tions du mpres­sor et propo­sant même quelques sugges­tions de réglages. Le tout est hélas en anglais mais ne devrait pas être hors de portée de l’uti­li­sa­teur connais­sant un tant soit peu la termi­no­lo­gie audio… Gageons d’ailleurs que c’est le cas de ceux qui peuvent se payer un tel joujou et passons à la visite de la bête…

Un compres­seur doit savoir compres­ser…

Compres­seur stéréo, le mpres­sor offre en face avant des contrôles dédou­blés pour chaque canal. À gauche comme à droite, on dispose ainsi de 8 poten­tio­mètres rota­tifs assor­tis de 6 switchs, que nous allons à présent passer en revue :

Sans surprise, on retrouve sur les réglages typiques d’un compres­seur, à savoir le seuil (Thre­shold), l’at­taque (Attack), le relâ­che­ment (Release), le ratio et le gain. A l’in­ten­tion des débu­tants, rappe­lons que le seuil est le niveau sonore à partir duquel le trai­te­ment rentre en action (plus il est bas, plus la compres­sion est présente dès les sons les plus faibles, plus il est haut, plus on travaille sur les crêtes, avec une action plus discrète donc) tandis que le ratio déter­mine la 'force’ de la compres­sion : un ratio de 2:1 indique par exemple qu’un signal de 0 dB en entrée sera à – 5 dB en sortie (on passe de 2 à 1) pour un seuil situé à –10 dB. Le gain permet quant à lui de compen­ser en sortie la perte de niveau sonore occa­sion­née par la compres­sion (pour remon­ter ainsi de –5 à 0 dB). Enfin, l’at­taque et le relâ­che­ment défi­nissent respec­ti­ve­ment la rapi­dité avec laquelle le compres­seur commence et s’ar­rête de travailler. C’est sur ces para­mètres qu’on va jouer pour que le trai­te­ment soit le plus natu­rel possible ou au contraire pour faire 'pomper’ la compres­sion. Comme sur la plupart des compres­seurs, on dispose aussi d’une entrée laté­rale en face arrière, acti­vable en façade via un switch, ainsi que d’un mode Auto-fast qui permet de régler l’at­taque auto­ma­tique­ment pour qu’elle soit la plus courte possible.

Au-delà de la compres­sion

Potards

Reve­nons en premier lieu sur le para­mètre Ratio qui, dans la deuxième partie de sa course propose des valeurs néga­tives. Passés les ratios posi­tifs qui proposent une courbe de compres­sion de type Hard Knee et la posi­tion 'infi­nie’ où le mpres­sor se comporte comme un limi­teur (aucun son ne dépasse plus le niveau défini par le seuil), on obtient avec les ratios néga­tifs une chute de la courbe de compres­sion : on a donc une baisse de niveau entre le signal avant et après trai­te­ment. Et à l’oreille, ça donne quoi ? Ben, c’est une bouche­rie. Plus 'on rentre’ bour­rin avec un ratio néga­tif, et plus la compres­sion écrase le signal, façon presse de casse auto­mo­bi­le… Assu­ré­ment inté­res­sant pour choper un son énorme sur les batte­ries et aller du côté bien crade si prisé des amateurs de lo-fi. Le mpres­sor cesse alors d’être un outil pour ingé son pour deve­nir un véri­table effet créa­tif…

Et ce n’est pas tout puisqu’il offre la possi­bi­lité de jouer sur le spectre au travers des poten­tio­mètres EQ Gain et EQ Freq qui déter­minent le réglage d’un filtre interne nommé Niveau Filter. Avec EQ Freq, on règle la valeur médiane du filtre tandis qu’EQ Gain permet, sur la première moitié de sa course, de boos­ter les graves et de couper les aigus, puis sur la seconde moitié, de faire exac­te­ment l’in­verse : couper les basses et de boos­ter les aigus… Placé après la section de compres­sion, ce filtre désac­ti­vable via un switch n’in­fluence pas le travail sur la dyna­mique : on n’est donc pas en présence d’un compres­seur multi­bande. Mais le Niveau Filter n’en demeure pas moins très inté­res­sant pour travailler le son obtenu, d’au­tant qu’un switch permet de multi­plier par 10 la plage de fréquences sur laquelle il travaille : selon que ce dernier est ou non activé, on agit donc donc de 26 Hz à 2,2 kHz ou de 260 Hz à 22 kHz, ce qui auto­rise, suivant les cas, des effets assez subtils ou au contraire carré­ment bour­rins, et offre une nouvelle approche, sans doute plus intui­tive de l’éga­li­sa­tion. Evidem­ment, il faut un certain temps d’adap­ta­tion avant d’être vrai­ment fami­lier du concept et de l’uti­li­ser plei­ne­ment, mais force est de consta­ter que le mpres­sor n’a pas néces­sai­re­ment besoin d’être suivi d’un EQ : il peut très bien se débrouiller tout seul.

Potards 2

Plus inno­vant encore, le switch Anti­log permet de modi­fier le compor­te­ment du relâ­che­ment. Lorsqu’il est activé, la courbe de release n’offre plus en effet une progres­sion linéaire, mais anti­lo­ga­rith­mique, qui permet d’ac­cé­lé­rer la courbe sur la fin. Dans les faits, ça se traduit par des possi­bi­li­tés qu’offrent peu de compres­seurs en matière de Sound Design (voir les exemples audio), comme la possi­bi­lité de faire remon­ter dras­tique­ment sur son sustain la réson­nance d’une caisse claire. Les créa­tifs vont adorer, c’est sûr.

Parce que le mpres­sor est capable de trai­te­ments rela­ti­ve­ment bour­rin, Elisia a aussi pensé à propo­ser un poten­tio­mètre Gain Reduc­tion Limit, donc l’ac­tion est juste­ment de limi­ter l’ac­tion du compres­seur. On peut par exemple défi­nir que, quels que soient les réglages, on ne dépas­sera pas les 0,5 dB de compres­sion.

Finis­sons enfin avec le potard de Gain qui n’est pas aussi simple qu’il y paraît puisque lorsqu’on consulte le diagramme fourni par le construc­teur, on se rend compte qu’il n’est pas situé en entrée ou en sortie comme toujours, mais au beau milieu de la chaîne audio. Bien plus que de défi­nir le niveau de sortie du mpres­sor, il influe véri­ta­ble­ment sur la couleur du trai­te­ment…

Ne l’ou­blions pas, le mpres­sor est un compres­seur stéréo : trois switchs centraux permettent d’ac­ti­ver/désac­ti­ver le canal droit ou gauche, ou encore de les linker, étant entendu dans ce dernier cas que seuls les réglages de compres­sions sont mutua­li­sés à partir des poten­tio­mètres de gauche. Vous gardez donc toute lati­tude pour régler diffé­rem­ment, à droite et à gauche, les para­mètres de l’éga­li­sa­tion et le gain.

On air

Arrière

Évidem­ment, le test d’un tel maté­riel ne pouvait pas se faire en Home Studio. C’est donc dans le très agréable Studio de la Reine, à Paris, que nous nous sommes rendus pour voir ce que la bête avait dans le ventre et ce qu’en pensaient les ingés son sur place…

Deux choses frappent dès le départ avec le mpres­sor : l’ap­pa­reil est d’une part extrê­me­ment poly­va­lent, et dans la mesure où il joue la carte de l’ori­gi­na­lité sur nombre de ses fonc­tions et sur sa concep­tion en géné­ral, il n’est pas évident de le domp­ter en quelques heures…

Pour vous faire une idée de ses capa­ci­tés, nous lui avons d’abord soumis une boucle de batte­rie bien rock, char­ley ouvert. Pas de soucis pour obte­nir des compres­sions normales, ou plus marquées, à la limite du lo-fi, comme en témoigne les extraits Drum­loop1 et Drum­loop2. Là où cela devient plus inté­res­sant, c’est lorsqu’on se met à jouer avec les réglages propres au mpres­sor, qui permettent d’ob­te­nir des résul­tats assez extrêmes. On le voit avec Drum­loop3, l’uti­li­sa­tion de la fonc­tion Anti­log et d’un ratio néga­tif permet de créer une sorte d’ef­fet Reverse assez hallu­ci­nant : les attaques sont complè­te­ment écra­sées mais la compres­sion se relâche sur la fin, avec un effet de pompe dont la rapi­dité évoque une lecture inver­sée. Au-delà de ce pur plan de sound design, il nous a été possible, avec des réglages plus fins, de faire ressor­tir unique­ment le timbre de la caisse claire par exemple. Et évidem­ment, le niveau filter est là ensuite pour travailler la couleur de tout ça… Toujours au rayon effets spéciaux, les exemples Drum­loop4 (réglage) et Drum­loop5 (réglage) sont assez éloquents sur la capa­cité qu’a le mpres­sor de modi­fier l’in­té­gra­lité ou une partie d’un groove, ou de n’exal­ter qu’une partie de son spectre via son système d’EQ (Drum­loop5).

mpressor

Lorsqu’on l’es­saye sur un mix global, il n’est plus ques­tion de jouer au petit chimiste sonore bien sûr, mais le mpres­sor n’en demeure pas moins inté­res­sant, capable de choses très fines (la présence renfor­cée du bas sur le master1réglage) comme de compres­sion plus gros­sière, façon radio FM (master2réglage). Si Elysia a acou­ché d’un gros compres­seur de maste­ring, l’alpha compres­sor, pour ces champs d’ap­pli­ca­tion, il faut donc recon­naître que le 'petit’ mpres­sor peut tout à fait se rendre utile dans ce domaine.

Aussi à l’aise sur une piste que sur l’en­semble d’un mix, le mpres­sor confirme bien sont statut de compres­seur haut de gamme : le trai­te­ment peut s’avé­rer extrê­me­ment subtil, appor­tant juste ce qu’il faut en terme d’ho­mo­gé­néité au son, ou au contraire être extrê­me­ment présent, appor­tant une belle couleur au signal qu’on lui soumet, et pompant à l’ex­trême si c’est ce qu’on lui demande, pour aller dans la destruc­tion sonore la plus totale. Effets reverse, gating et même simi­li­de­lays sont ainsi de la partie, au point que le bébé d’Ely­sia boxe­rait presque dans la caté­go­rie multief­fets. Vu qu’avec seule­ment deux boutons, Elysia nous offre un contrôle effi­cace du spectre, le mpres­sor semble même pouvoir se passer d’un EQ en sortie…

Conclu­sion

mpressor

Au vu de toutes ces quali­tés et de sa poly­va­lence, le mpres­sor pour­rait donc bien être LE compres­seur qui remi­se­rait au placard les trois quarts de ses concur­rents, parce qu’au-delà de ses nombreuses inno­va­tions tech­niques (anti­log, ratios néga­tifs, etc.) il se paye le luxe d’être très réussi esthé­tique­ment parlant. Cela dit, il serait plus juste de dire que c’est vous qui allez payer ce luxe, car le bougre est vendu la baga­telle de 3490 € HT. Cher le mpres­sor? Oui et non, car on est assu­ré­ment dans du très haut de gamme, à savoir que ses compo­sants de première qualité ne sont pas montés dans une obscure usine chinoise, et qu’il y derrière ce prix des coûts de recherche et déve­lop­pe­ment assor­tis d’un indé­niable parti pris pour la qualité.

Au vu de la poly­va­lence de l’en­gin et de son côté nova­teur, on serait en outre tenté de dire que, pour qui sait en tirer partie, ça peut même être une bonne affaire en lieu et place d’une demi-douzaine de compres­seurs vintage qui, en dehors de leur 'person­na­lité' sonore qui les rend rela­ti­ve­ment couteux, ne savent pas faire le quart de ce que le mpres­sor sait faire…

Préci­sons-le d’ailleurs : le mpres­sor n’a abso­lu­ment pas voca­tion à riva­li­ser avec les compres­seurs Vintage qu’on adore pour leur signa­ture sonore. Son inten­tion n’est pas, en effet, de sonner comme un 1176 par exemple, et si vous cher­chez le grain parti­cu­lier de ce dernier, alors c’est lui qu’il vous faut ache­ter. Sachez juste que vous ferez 1000 fois moins de choses avec un 1176 qu’avec le mpres­sor…

Autre gentil reproche qu’on pourra adres­ser au compres­seur d’Ely­sia : les possi­bi­li­tés sont telles qu’il faudra un certain temps d’ap­pren­tis­sage avant d’ap­pri­voi­ser le monstre et de pouvoir travailler vite et bien avec. De plus, on a vite fait d’ob­te­nir 1000 possi­bi­li­tés inté­res­santes qu’on ne peut hélas pas stocker, le recall se faisant à l’an­cienne, en repro­dui­sant les réglages qu’on aura préa­la­ble­ment notés sur papier… Et croyez-le, il y a de quoi noter…

Une chose est sûre, Elysia fait avan­cer le schmil­blick avec le mpres­sor et il ne serait pas éton­nant de voir certains de ses concepts être adop­tés par la concur­rence tant ils ouvrent d’ho­ri­zons. A écou­ter donc.

10/10
Points forts
  • Le look ultra soigné qui change de l'austérité de tant de concurrents.
  • Les possibilités offertes par la fonction Antilog et les ratios négatifs.
  • Le contrôle de la réduction de gain.
  • Le Niveau Filter : simple et efficace. A quand un EQ Elysia reprenant ce principe?
  • La polyvalence : du sage à l'extrême, du mastering au sound design.
  • Ne l'oublions pas : le son…
Points faibles
  • Un prix qui le destine clairement aux pros.
  • Une bête qu'il faut apprendre à domestiquer.
  • Pas de recall…
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.

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