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quatre-quartes quatre-quartes

« OK pour la musique en concert, pis-aller pour le studio, inadapté pour la régie de théâtre »

Publié le 12/12/20 à 22:57
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
J'ai acquis cette console pour pouvoir gérer la régie en direct tout en étant musicien au plateau pour une pièce de théâtre. Comme j'ai une usine à gaz avec plein d'instruments et plein de micros, je l'ai choisie pour ses 32 entrées combo mic/line, et la possibilité d'avoir 16 aux (en pré ou en post) en plus du main parce que c'est un projet où je veux spatialiser mes sources. Sur scène, je pilote la machine avec un iPad, à travers un routeur externe branché en ethernet, et je prépare mes scènes en amont à la maison avec un ordi branché en usb.

Je ne l'ai testée que 2 semaines, mais dans des conditions très différentes et donc complémentaires : 1ère semaine roots avec une sono bas de gamme (2 stage pass Yamaha + quelques msp5 en appoints localisés), et 2ème semaine avec une sono haut de gamme (une grosse vingtaine de gamelles en Christian L, dans une scène nationale très bien équipée).

Dans les 2 cas, j'ai pu très vite obtenir un son très propre, tout marche à merveille, les channel strip sont très complets et très efficaces sur toutes les tranches. En ce sens, et quoique ce soit assez subjectif, je dirais donc que c'est plutôt transparent et que j'ai été agréablement surpris par le son. Je n'ai pas eu le moindre souffle ni buzz, y compris en ouvrant des gains très fort, et surtout je n'ai eu aucun problème de DSP interne alors que j'ai fait tourner la machine à plein régime (une trentaine de sources en entrées, et des mix localisés sur chacun des 16 aux en sortie). Il y a des RTA qu'on peut mettre en pré ou en post sur toutes les EQ, mais elles ne sautent aux yeux que quand ça module beaucoup (autrement dit, les outils fonctionnent à merveille mais ne dispensent pas d'utiliser d'abord les oreilles).

Coté hardware, on est sur du simple et efficace: on branche, ça marche. ce minimalisme m'inspire plutôt confiance. Il y a un bouton "all mute" en cas d'urgence panique. Mon seul regret est que les 16 sorties Aux soient en jack trs et pas en XLR. J'ai eu deux faux contacts avec des multipaires bas de gamme, immédiatement résolus en les remplaçant par des câbles plus fiables avec des connectiques Neutrick.

Coté software, l'écosystème Presonus est plutôt bien pensé, et passe par 4 applications distinctes :
-Universal control pour piloter la console depuis un ordi en usb, ou en ethernet sur rj45 via un routeur externe que je n'ai eu aucune difficulté à installer, ou depuis une tablette en wifi sur ce même routeur.
-Qmix pour que des musiciens puissent faire eux-même leur mix retour depuis leur smartphone ou tablette sur le même réseau wifi (je ne l'ai testé que très rapidement, ça a l'air de marcher très bien).
-Capture pour enregistrer en multipiste sur un ordi via usb tous les flux entrants dans la console (et éventuellement les relire via la console, par exemple pour une balance virtuelle). Ça a marché quand j'ai utilisé un ordi pour ne faire que ça, en revanche j'ai eu des bugs quand j'ai mis ce même ordi en réseau avec le routeur qui pilotait la console via universal control.
-Studio One pour mixer les sessions enregistrées dans capture. Je ne me suis pas servi de ce dernier car j'ai préféré convertir les sessions Capture en .aaf pour les ouvrir dans Pro-tools. J'ai eu des choses inutiles et bizarres au passage (duplication en L+R des pistes monos, mais rien de rhédibitoire puisque j'ai pu récupérer tous mes audio files pour les mixer proprement, j'accepte ça comme le prix à payer pour sortir de l'écosystème logiciel de base, même si je ne le ferai pas tous les jours).

Tout ça est plutôt satisfaisant, et me fait un peu penser au concept qui a été popularisé depuis quelques années par la XR18, mais en mieux et avec plus de possibilités. Le logiciel Universal Control, qui est le principal outil de dialogue avec cette machine s'avère complet, on peut faire à peu près tout ce qu'on veut comme sur n'importe quelle vraie table de mixage : des groupes, des dca, des groupes de mute, des copie-coller de tout ou partie des paramètres de canaux ou de scène, des mix distincts pour des retours pilotables (sous Qmix) par d'autres périphériques dont on définit les autorisations. Il y a plusieurs modes d'affichages très fonctionnels selon ce sur quoi on travaille. Et les effets internes, sans être époustouflants, fonctionnent très honorablement et peuvent être enrichis par des presets téléchargeables sur le site de Presonus. Bref, si ce n'était que pour faire des concerts, je serai très content de mon achat.

Là où le bas blesse pour moi, c'est sur la gestion des mémoires de scène : au théâtre, j'en suis un gros consommateur puisque j'ai plein de sons à envoyer à un endroit ou un autre à des moments très précis. Et sur ce point, le logiciel devient fastidieux : il faut quitter la page principale de la console, aller chercher la mémoire en question dans un projet (qui ne regroupe qu'une vingtaine de mémoires, pourquoi si peu ?), puis rappeler la scène et croiser les doigts pour qu'elle arrive (ce qui prend quelques secondes très précieuses et très stressantes quand on joue d'un instrument en même temps et qu'on a plein d'autres manips à effectuer). Il manque dans la page de console une indication de la mémoire actuelle et un raccourci vers la mémoire suivante. C'est donc sur ce point très précis que j'enlève une étoile à cette machine qui a par ailleurs des performances musicales qui me semblent tout à fait honorables dans cette gamme de prix.

Pour en revenir à mon titre, si je la trouve performante pour le concert, c'est bien sûr d'abord et avant tout pour le côté pratique du concept "boitier de scène" et les outils logiciels adaptés qui vont avec.
Pour le studio ou le home studio, ça fait certes une carte son à 32 entrées pour pas cher, mais ce n'est pas fait pour ça, et il me semble exceptionnel qu'on ait besoin d'autant de tranches en studio : je crois clairement que mieux vaut avoir moins de préamps mais de meilleure qualité, et surtout n'être pas prisonnier de l'offre logicielle d'un fabriquant (et pouvoir choisir un DAW qui marche directement bien avec son environnement hardware ou réciproquement me semble la base d'un choix réussi).
Pour le théâtre et les spectacles qui demandent beaucoup de manipulations de régie, la question de la gestion des mémoires me semble rédhibitoire. En attendant que Presonus fasse évoluer l'ergonomie de son logiciel, il appartient donc à tout futur acquéreur de déterminer si ce point est capital ou pas en fonction des usages projetés.