Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Agrandir
Ajouter ce produit à
  • Mon ancien matos
  • Mon matos actuel
  • Mon futur matos
Kush Audio Clariphonic
Photos
1/108

Test du Kush Audio Clariphonic

Test écrit
17 réactions
Est-ce bien clair ?

Un rack 19’’ / 1U aux couleurs chamarrées censé redonner de la clarté à vos enregistrements et autres mixages ? Fabriqué par Kush Audio dîtes-vous ? Les mêmes qui avaient livré une version «custom» du Fatso d’Empirical Labs ?! Pas très clair tout ça; on transmet tout de suite le dossier à La Brigade du Test !

Clair obscur

Présenté à l’AES de San Fran­cisco en novembre dernier, le Clari­pho­nic est le second produit lancé par Kush Audio. Si cet égali­seur stéréo est censé redon­ner de la clarté à vos enre­gis­tre­ments, l’exis­tence et la philo­so­phie de cette jeune marque améri­caine restent pour le moins obscures. En effet, bien qu’un certain Gregory Scott soit à l’ori­gine du concept, aidé par Kevin Hogan à la réali­sa­tion et au déve­lop­pe­ment de la partie élec­tro­nique, on ne sait que peu de choses les concer­nant…  Fait assez rare pour être souli­gné, je tiens tout de même à rappe­ler que c’est ce même fabri­cant qui avait obtenu l’ap­pro­ba­tion d’un certain Dave Derr (fonda­teur d’Em­pi­ri­cal Labs) pour propo­ser l’UBK Fatso, une version un peu spéciale du non moins célèbre Fatso Jr… Connais­sant le carac­tère pointu du géni­teur du Distres­sor, on a néces­sai­re­ment affaire à une marque sérieuse, dési­reuse de marier qualité sonore et origi­na­lité.

Et c’est déjà le cas avec le concept de cette machine qui, dans sa caté­go­rie, semble bien seule. En effet, contrai­re­ment à ses confrères plus « tradi­tion­nels », le Clari­pho­nic est un égali­seur stéréo « paral­lèle ». La philo­so­phie est assez simple ; on parle de « trai­te­ment » (et bien souvent, de compres­sion) paral­lèle lorsqu’on mélange une source « Dry » (non trai­tée) avec cette même source « Wet »… trai­tée. Dans le cadre de la compres­sion paral­lèle par exemple, l’avan­tage de cette tech­nique réside dans la possi­bi­lité d’ob­te­nir une compres­sion plutôt signi­fiante, sans pour autant perdre les attri­buts du signal d’ori­gine.

Le Clari­pho­nic suit donc le même concept, à ceci près qu’il tota­lise dans sa matrice interne 3 circuits stéréo de trai­te­ment fréquen­tiel mixés ensemble et orga­ni­sés comme ceci :

 

 

Kush Audio Clariphonic

Un premier circuit inti­tulé Full Frequency repré­sente le circuit « Dry » du trai­te­ment. Cette concep­tion est très avan­ta­geuse puisqu’elle assure théo­rique­ment une phase parfaite entre le signal d’ori­gine et le signal trai­té… En façade, deux petits inter­rup­teurs FF situés de part et d’autre du switch de marche/arrêt permettent de bypas­ser ou non ce signal non traité.

Il est donc possible d’uti­li­ser le Clari­pho­nic de manière « tradi­tion­nelle », à savoir en inser­tion directe sur une piste stéréo, ou bien de l’uti­li­ser en égali­sa­tion paral­lèle – en s’af­fran­chis­sant du signal d’ori­gine – et de faire reve­nir le péri­phé­rique sur une autre voie.

Auto-Focus

Les deux circuits suivants corres­pondent aux deux étages d’éga­li­sa­tion. Pour conti­nuer dans l’ori­gi­na­lité, point d’éga­li­sa­tion para­mé­trique ou semi-para­mé­trique « clas­sique » sur le Clari­pho­nic : chaque étage corres­pond à une bande et une utili­sa­tion bien spéci­fique.

Kush Audio Clariphonic

Le premier étage, inti­tulé Focus, se concentre (ou devrais-je dire « se foca­lise » ?) sur les fréquences bas-médium à haut-medium. Un premier inter­rup­teur Lift/Open agit en quelque sorte comme un sélec­teur de fréquence ou plage de fréquences. À ce sujet, les données tech­niques restent plutôt vagues concer­nant les fréquences réelles : Lift corres­pon­drait aux fréquences situées à partir d’en­vi­ron 800 Hz et plus ; Open  agit  un peu plus tard, à partir de 3kHz et au-delà.

Un second sélec­teur 3 posi­tions déter­mine la nature de la courbe du filtre engagé, un peu à la manière d’un réglage de facteur de qualité à deux posi­tions (« wide » et « narrow »). Tight voit le filtre comme une sorte de cloche dont la pente retom­be­rait autour de 14 kHz et Diffuse s’ap­pa­rente plus à un shelf, offrant une réponse qui retombe bien plus tard. Mais là encore, peu de rele­vés réels et point de courbes dans la notice tech­nique…

La posi­tion inter­mé­diaire Out permet, comme son nom l’in­dique, de désac­ti­ver l’étage d’éga­li­sa­tion Focus. Enfin, on trouve le poten­tio­mètre sobre­ment inti­tu­lé… Focus… qui agit simple­ment comme un gain (posi­tif) sur la plage de fréquences sélec­tion­née. Pas de gradua­tion numé­rique en revanche, simple­ment des petits repères qui peuvent tout de même faci­li­ter les recalls.

Kush Audio Clariphonic

Le dernier étage d’éga­li­sa­tion inti­tulé Clarity fonc­tionne de manière légè­re­ment diffé­rente. Pas de sélec­teur de courbe ou de ce qui pour­rait s’ap­pa­ren­ter à un facteur de qualité; ici nous n’avons affaire qu’à des sélec­teurs de fréquence qui sont au nombre de 4, répar­ties sur 2 sélec­teurs. Un premier sélec­teur permet de choi­sir entre Presence (à partir d’en­vi­ron 5 kHz) et Sheen (8 kHz). Le second sélec­teur, quant à lui, gère des fréquences bien plus élevées via la posi­tion Shim­mer (19 kHz) et Silk (39 kHz !). Au milieu de ces 2 sélec­teurs se trouve un autre sélec­teur 3 posi­tions permet­tant de choi­sir entre le binôme Presence/Sheen et Shim­mer/Silk, ou de complè­te­ment bypas­ser cet étage d’éga­li­sa­tion, via la posi­tion Out. En revanche, comme c’est le cas pour Focus, on n’agit que sur une seule « plage de fréquence » à la fois. Un dernier poten­tio­mètre Clarity vient par consé­quent augmen­ter le gain sur la plage de fréquences sélec­tion­née.

En termes de connec­tique, rien d’éso­té­rique pour le coup. Cepen­dant, en plus des deux entrées/sorties au format XLR et la connec­tique d’ali­men­ta­tion, on a tout de même droit à des sorties au format jack, avec en sus un inter­rup­teur Balan­ced/Unba­lan­ced. Le Clari­pho­nic nous permet donc de travailler avec des liai­sons asymé­triques et peut par consé­quent s’in­sé­rer dans n’im­porte quelle chaîne de trai­te­ment audio…

Come Clarity

Kush Audio Clariphonic

Une fois câblé et allumé, le Clari­pho­nic nous dévoile ses deux jolies LED jaune/orange – témoins de son acti­va­tion – qui se fondent à merveille dans son origi­nal look marron/noir orienté « soul/funk années 70 »… La simpli­cité et la sobriété de la face avant nous donne envie de nous amuser et d’éclair­cir très vite nos ternes enre­gis­tre­ments !…

Bien que les termes employés pour la séri­gra­phie restent très imagés, il devient vite frus­trant d’abor­der la machine de façon empi­rique sans réel­le­ment connaître les consé­quences de nos réglages sur le son final… même si ça s’en­tend ! La lecture du manuel devient indis­pen­sable, qui plus est elle est presque… récréa­tive ! Au fil des lignes, malgré le manque d’in­for­ma­tions tech­niques « pures », on comprend un peu mieux la philo­so­phie de la machine, de sa concep­tion et surtout, sa véri­table raison d’être et la façon de l’abor­der…

Voici donc une série d’ex­traits sonores dévoi­lant les diffé­rentes actions des sélec­teurs, pour des réglages de gain (Focus et Clarity) fixés à 1h (et oui, pas de gradua­tion, alors, on explique comme on peut…!). Le Clari­pho­nic est placé en Hard­ware Insert sur une piste stéréo de Protools.

 

Acc Clari­pho­nic bypass
00:0000:16
  • Acc Clari­pho­nic bypass00:16
  • Acc Lift Diffuse00:16
  • Acc Lift Tight00:16
  • Acc Open Diffuse00:16
  • Acc Open Tight00:16
  • Acc Presence00:16
  • Acc Sheen00:16
  • Acc Shim­mer00:16
  • Acc Silk00:16

 

À ce niveau et sur un seul instru­ment, les diffé­rences peuvent paraître très subtiles; il ne faut cepen­dant pas oublier qu’il s’agit là d’une égali­sa­tion paral­lèle. Et encore une fois, d’après la docu­men­ta­tion, certains réglages agissent sur des plages de fréquence à la limite de l’au­di­ble… On a très vite tendance à effec­tuer  des premiers réglages très « extrêmes », avec les poten­tio­mètres posi­tion­nés bien au-delà de la moitié de leur course, afin d’en­tendre l’ac­tion de l’éga­li­seur de manière signi­fi­ca­tive. Néan­moins, comme le dit si bien le manuel : « le lende­main, à la ré-écoute, on a l’im­pres­sion d’être allé trop loin ». Et au final, on redes­cend la course des poten­tio­mètres de moitié !

En revanche, quand on commence à utili­ser le Clari­pho­nic « in situ », sur des groupes d’ins­tru­ments, en le compa­rant au signal d’ori­gine, on entend tout de suite mieux l’ac­tion réelle de l’éga­li­seur en fonc­tion des valeurs « esthé­tiques » (« Eclat », « Soyeux », « Scin­tillant » …) annon­cées par la face avant.

Drums Dry
00:0000:20
  • Drums Dry00:20
  • Drums Clari­pho­nic Lift­Tight­Sheen00:20
  • Drums Clari­pho­nic00:20

 

Idem sur cette mise à plat où, effec­ti­ve­ment, la clarté est sans équi­voque entre l’ex­trait audio d’ori­gine et celui traité. Réglages :

 

Rough Mix Dry
00:0000:27
  • Rough Mix Dry00:27
  • Rough Mix Clari­pho­nic00:27

 

D’un seul coup, le trai­te­ment apporté par le Clari­pho­nic devient signi­fi­ca­tif et, suivant les sources sonores, ne fait pas de doute quant à ses bien­faits sur le signal traité. A la ré-écoute, on comprend mieux les réelles plages d’ac­tion des deux étages d’éga­li­sa­tion, qui fina­le­ment portent bien leur nom. Focus semble redon­ner de la préci­sion au signal, du détail, de la présence, en l’af­fran­chis­sant d’un éven­tuel côté « fouilli » (oui, je me mets à parler comme le manuel !) que l’on peut avoir sur certains enre­gis­tre­ments. D’ailleurs, quand la posi­tion Tight de la partie Focus est enclen­chée, c’est tout l’en­semble du signal qui devient plus précis, pas seule­ment dans le médium/haut-médium, et je serais bien curieux de savoir si ce réglage a une quel­conque inci­dence directe sur le bas/bas-médium… Clarity en revanche se comporte comme un « vernis », ajou­tant une touche de brillance au son, dans des registres aigus (qui vont de la « Présence » à la « Soie »…).

Alors, s’il est vrai que le manuel ne nous fait pas d’ex­posé mathé­ma­tique quant aux perfor­mances du Clari­pho­nic, il nous en apprend suffi­sam­ment sur son utili­sa­tion et sa prise en main. Et si pour une fois nous avions affaire à une machine qui nous demande d’uti­li­ser nos oreilles pour de vrai ? Du look à sa concep­tion, en passant par son utili­sa­tion, le Clari­pho­nic possède un certain « Mojo »… qui agit pour de bon sur le signal sonore. Grâce à lui, on peut redon­ner de la préci­sion dans le médium sans pour autant obte­nir un résul­tat agres­sif. On peut égale­ment redon­ner de la « brillance » ou « de l’air » au signal, sans pour autant qu’il devienne stri­dent ou « vapo­reux ». Bref, vous l’au­rez compris, le Clari­pho­nic porte bien son nom : la clarté, c’est sa grande passion !

J’ai tout de même regretté l’ab­sence d’un switch de Bypass géné­ral agis­sant sur l’en­semble de l’éga­li­seur, afin de pouvoir bête­ment compa­rer les signaux avant et après trai­te­ment. Pour se faire, on est obligé de bypas­ser chaque étage sépa­ré­ment et cela demande déjà pas mal de dexté­rité opéra­toire (puisque je rappelle que le bypass se situe entre les sélec­teurs de plages de fréquences)… Alors, quand on utilise le Clari­pho­nic sur un signal stéréo, l’opé­ra­tion devient vite labo­rieuse.

C’est bien un des seuls reproches que je puisse faire à cette machine qui, après m’avoir dérouté et désta­bi­lisé dans son concept, son approche et sa prise en main, s’est révé­lée redou­table (dans le bon sens du terme) voire indis­pen­sable, et m’a plutôt séduit. L’ap­proche créa­tive de la machine et son ergo­no­mie assez intui­tive me font penser à certains aspects de feu les EQ Pultec qui, bien que très diffé­rents, possé­daient une approche tout aussi récréa­tive dans leur utili­sa­tion… En somme, un outil vrai­ment inté­res­sant !

Conclu­sion

Kush Audio confirme son statut d’out­si­der dans le monde de l’au­dio profes­sion­nel avec ce nouvel égali­seur  paral­lèle stéréo plutôt unique en son genre. Si l’ab­sence d’ex­pli­ca­tions et de repères tech­niques peut dérou­ter les tech­ni­ciens purs, il faut recon­naître que l’uti­li­sa­tion du Clari­pho­nic est très acces­sible, créa­tive et hyper musi­cale. La qualité sonore est au rendez-vous de cette machine vrai­ment origi­nale, aussi bien dans son look que son concept géné­ral et il est fort probable que pour un prix de 1500 € TTC, certains soient aussi au rendez-vous ! C’est clair ? Parfai­te­ment !

Points forts
  • Le concept d’égalisation parallèle
  • La qualité sonore générale vraiment bonne
  • Les deux étages d’égalisation Focus et Clarity
  • Le manuel, dans la lignée de la machine !
  • Le look
  • Le prix !
Points faibles
  • Pas de Bypass général !
  • Quelques courbes et explications techniques un peu poussées dans le manuel auraient été les bienvenues...? À moins que ce soit un secret ??!
  • Dis Monsieur Kush, bon les mediums et les aigus c’est bien mais tu t’occupes quand du grave pour de vrai ? Non parce qu’on ne cracherait pas dessus hein...!

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre