Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Agrandir
Ajouter ce produit à
  • Mon ancien matos
  • Mon matos actuel
  • Mon futur matos
EastWest Quantum Leap Silk
Photos
1/6

Test d'EastWest Quantum Leap Silk

Test écrit
3 réactions
C'est la fête du Silk

Pour ceux qui ne le sauraient pas, le mot anglais "silk" veut dire "soie". Un nom énigmatique pour un instrument virtuel qui, loin de vous proposer des samples de machines à tisser, entend bien vous faire voyager aux confins de la Chine, de la Perse et de l’Inde, remontant ainsi la célèbre route de la Soie.



Du tourisme sans bouger de sa chaise donc, et qui commence par l’ou­ver­ture d’une jolie et grosse boîte un peu déce­vante vu de l’in­té­rieur : pas de manuel papier, cepen­dant que les DVD sont dans de vulgaires pochettes en papier… On aurait préféré un ou deux boîtiers Crys­tal ou un boîtier DVD histoire de ranger tout ça plus faci­le­ment et de libé­rer un peu de place sur l’éta­gè­re…

Livré sur 4 DVD « seule­ment », le logi­ciel se montre simple à instal­ler, à la faveur notam­ment d’un assis­tant pour la License iLok et d’un instal­leur qui copie les samples auto­ma­tique­ment sur votre disque dur (ça semble une évidence, sans doute, mais il existe encore chez certains éditeurs des procé­dures d’ins­tal­la­tion récla­mant un bon vieux copier/coller…). Au bout de trois petits quarts d’heure, vous voici rendu, prêt à partir vers les contrées asia­tiques.


Une autre desti­na­tion, mais le même véhi­cule

ADT ? Arti­fi­cial Double Tracking, ça vous rappelle quelque chose ? C’est une tech­nique mise au point dans les studios d’Ab­bey Road tandis que les Beatles étaient en enre­gis­tre­ment. Il s’agit de simu­ler une re-take direc­te­ment, sans avoir à faire une seconde fois l’en­re­gis­tre­ment. Ce système est basé prin­ci­pa­le­ment sur l’uti­li­sa­tion d’une bande qui en jouant sur diffé­rents para­mètres tels que le retard, ou la vitesse de celle-ci simule plus ou moins de diffé­ren­cia­tion de la prise. Cet effet ajoute du corps à une mélo­die et permet d’évi­ter l’ef­fet chorus pas forcé­ment à propos. Si je vous en parle, c’est que SILK embarque un ADT tout à fait inté­gré à l’in­ter­face et permet faci­le­ment de jouer sur la présence de l’ins­tru­ment utilisé sans pour autant parve­nir à des résul­tats excep­tion­nels.

Si vous êtes fami­lier des instru­ments East­West utili­sant Play, le lecteur d’échan­tillons maison, vous ne serez pas dépay­sés par l’in­ter­face de Silk : on y retrouve de bas en haut le clavier virtuel (utile pour voir les zones mappées), un bandeau d’in­for­ma­tion géné­rale (consom­ma­tion des ressources, routing Audio, confi­gu­ra­tion MIDI et détail des arti­cu­la­tions char­gées/jouées) puis, occu­pant la majeure partie de la fenêtre, les diffé­rentes para­mètres permet­tant d’édi­ter le son ou de lui appliquer des effets et trai­te­ment : enve­loppe AHDSR, filtre réson­nant, réverb, Delay et ADT (voir enca­dré).



Tout cela est complété par un sélec­teur de jeu (legato, porta­mento, etc.), un module de micro­tu­ning sur lequel nous revien­drons, deux réglages de spatia­li­sa­tions (un pano­ra­mique et un permet­tant de gérer la largeur de l’es­pace stéréo) et deux menus : l’un pour sélec­tion­ner les instru­ments et l’autre pour les options de confi­gu­ra­tion.

Tout cela est très lisible et, ce qui ne gâche rien, prend place au sein d’un design à la fois chaud et discret, entre bois et ambre, où passent discrè­te­ment des fantômes de dragons et de palmes exotiques. Bref, ça donne envie de jouer…




Voyage en première classe

La première chose qu’on constate en navi­gant dans les presets de Silk, c’est qu’il y a de la matière. Répar­tis par natio­na­li­tés, les instru­ments samplés par East­West sont en effet très nombreux. Pour commen­cer, faisons un rapide tour d’ho­ri­zon des instru­ments que nous trou­ve­rons dans cette banque de sons :

 

China

  • Bawu (vent)
  • Dizi (vent)
  • Er Hu (cordes frot­tées)
  • Guzheng (cordes)
  • Jin Hu (cordes frot­tées)
  • Pipa (cordes)
  • Sheng (accor­déon)
  • Suona (vent – cuivre)
  • Xiao (vent)
  • Yangqin (cordes)
  • Zhong Hu (cordes frot­tées)



India

  • Bansuri (vent)
  • Breath (oui, des sons de souffle. Très pratique pour mettre de la vie dans la program­ma­tion)
  • Dilruba (cordes frot­tées)
  • Sarod (cordes)
  • Tanpura (cordes)


Persian Empire

  • 30 pieces String section (un bout d’or­chestre harmo­nisé, programmé en mono­pho­nique)
  • Duduk (vent)
  • E Cello (cordes frot­tées)
  • Kemenche (cordes frot­tées)
  • Nay Flute (vent)
  • Qanun (cordes)
  • Tar (cordes)

 

Pas moins de 23 instru­ments ethniques prêts à inté­grer vos compo­si­tions sans que vous ayez à appe­ler votre ami de Pékin ou de Bombay à venir enre­gis­trer chez vous avec votre micro à pas cher. C’est bien joli sur le papier, mais à l’uti­li­sa­tion, les banques de sons ethniques se sont souvent trou­vées être compliquées à program­mer de manière réaliste. Ne serait-ce que par la mécon­nais­sance de l’ins­tru­ment origi­nal, le program­meur MIDI lambda peut être très vite pris au dépourvu. C’est juste­ment sur ce sujet précis que l’équipe du 6000 Sunset Boule­vard a fait un travail impres­sion­nant de recherche et de produc­tion en offrant ZE alter­na­tive, un mélange de boucles, samples et presets très bien pensé.


Boucles de soie

La première et la plus facile oppor­tu­nité donnée par East­West à l’uti­li­sa­teur est d’uti­li­ser direc­te­ment des boucles enre­gis­trées par des maîtres de chaque instru­ment. Le résul­tat est magni­fique et permet certaines expres­sions tout simple­ment impos­sibles à obte­nir en program­ma­tion.

Ces boucles sont clas­sées par instru­ments, puis dans la caté­go­rie « Perfor­mances ». Une fois le patch chargé, il faut passer en revue toutes les phrases enre­gis­trées et simple­ment séquen­cer les boucles avec une simple note. Certains instru­ments proposent une centaine de boucles, répar­ties sur plusieurs patchs. Pour faci­li­ter la navi­ga­tion, chacun de ces patchs est nommé d’après sa tona­lité, ou son tempo.

Tout ce maté­riau sonore s’avère très pratique, mais rela­ti­ve­ment statique. On peut certes sélec­tion­ner à l’aide du contrô­leur continu CC#1 (mod wheel) un des « points d’en­trée » de la boucle, program­més dans la banque de son, mais il n’est pas possible d’édi­ter celui-ci. L’énorme avan­tage demeure qu’on peut en très peu de temps utili­ser ces boucles pour un rendu tout à fait remarquable. L’in­con­vé­nient, c’est qu’il faudra les utili­ser vite avant qu’un autre les mette dans ses compos colo­rées ethniques sous peine de se retrou­ver avec le son de Monsieur Tout-le-Monde.

00:0000:00

00:0000:00

00:0000:00

00:0000:00


00:0000:00
00:0000:00

00:0000:00


Et pour le jeu Live ?

Pour pallier la rigueur des boucles, SILK propose, pour la plupart des instru­ments de la banque, un ou plusieurs patchs « LIVE ». Ces patchs utilisent diffé­rentes arti­cu­la­tions en fonc­tion de la vélo­cité et du CC#1 en temps réel. A forte vélo­cité, on aura par exemple sur un duduk, une légère appo­gia­ture tout à fait à propos dans l’in­ten­tion de jeu et surtout très natu­relle à jouer. Ensuite, avec la molette de modu­la­tion (CC#1), on pourra jouer sur la présence de plus ou moins de souffle pour les instru­ments à vent, ou simple­ment l’in­ten­sité sonore. Prévu pour être « joué en live », ces patchs feront le bonheur de la program­ma­tion rapide d’une mélo­die ou d’un accom­pa­gne­ment.

00:0000:00


Et voilà ce que ça peut donner en modu­lant :

00:0000:00


Ce mapping est très intui­tif et donne un compro­mis très inté­res­sant aux boucles et à la complexité de la program­ma­tion des arti­cu­la­tions. Malgré la grande quan­tité de patchs « LIVE », il faut toute­fois noter qu’on ne peut pas éditer le mapping.


Ar-ti-cule !

Comme à son habi­tude, l’équipe d’East­West ne se contente pas d’en­re­gis­trer une note « neutre » de l’ins­tru­ment et de la décli­ner.
Une quan­tité éton­nante d’ar­ti­cu­la­tions – corres­pon­dant à des inten­tions de jeu – a en effet été enre­gis­trée. Du plus vif stac­cato au plus lent legato, nous avons accès dans cette banque de son à un panel ahuris­sant de sono­ri­tés par instru­ment. On retrouve pour l’uti­li­sa­tion de ces arti­cu­la­tions les méthodes de travail chères à East­West, à commen­cer par l’as­si­gna­tion d’une arti­cu­la­tion par canal MIDI.

Si on souhaite que notre ligne de dilruba soit en notes tenues du début jusqu’à la fin, aucune raison de s’en­com­brer d’autres arti­cu­la­tions. On peut simple­ment ouvrir le patch « Legato » de l’ins­tru­ment et jouer avec. Cette méthode a l’avan­tage d’être très simple d’uti­li­sa­tion, même si beau­coup préfè­re­ront certai­ne­ment les patchs « LIVE » qui appor­te­ront une touche plus humaine très rapi­de­ment.

Si on souhaite cepen­dant ajou­ter juste une poignée de notes courtes, on peut simple­ment recou­rir à un nouveau patch, assi­gné à un autre canal MIDI. Dans l’in­ter­face PLAY, on a alors la possi­bi­lité de router le nouveau patch vers la même sortie que le premier. Cette méthode très claire au niveau de la program­ma­tion et trans­pa­rente pour le mixage pose cepen­dant un problème lorsqu’on charge beau­coup d’ar­ti­cu­la­tions. En effet, au niveau de la program­ma­tion, on se retrouve à jouer sur plusieurs canaux MIDI et du côté de PLAY, on doit gérer de plus en plus de patchs. Ca peut vite deve­nir le Bronx.

On est d’ac­cord, PLAY est multi­tim­bral sur 16 canaux, pas de problème là-dessus, ceux qui sont expé­ri­men­tés avec le multi­tim­brale n’au­ront pas de problème. L’idée d’East­West pour amélio­rer ce système a été de mettre en place des patchs « Keys­witch ». Complè­te­ment inté­grés à l’in­ter­face de PLAY et utili­sés sur la quasi-tota­lité de leurs banques de sons, ces patchs chargent un grand nombre d’ar­ti­cu­la­tions direc­te­ment dans un seul patch. Plutôt que de chan­ger de canal MIDI pour chan­ger d’ar­ti­cu­la­tion, on utilise des notes ni plus ni moins. Ces notes MIDI ne sont pas liées à des sons, et sont iden­ti­fiées en bleu sur le clavier de PLAY. Elles permettent de passer d’une arti­cu­la­tion à l’autre direc­te­ment, au sein du même patch. En plus d’être multi­tim­bal sur 16 canaux, PLAY devient ainsi multi­tim­bal de X arti­cu­la­tions sur 16 canaux.

Les heureux utili­sa­teurs du VST Expres­sion dans Cubase 5 trou­ve­ront leur bonheur avec ce système par exemple. Les autres auront le plai­sir de mani­pu­ler très simple­ment avec leur clavier maître le type d’ar­ti­cu­la­tion acti­vée à un moment donné. Atten­tion cepen­dant aux ressources. Si ce système est très pratique, il est tout de même conseillé de « muter » quelques arti­cu­la­tions – celles dont on ne se sert pas – ce qui permet d’al­lé­ger un peu le poids de la session.

Au final au niveau de l’uti­li­sa­tion, il y en a pour tous les goûts et tous les usages. On peut aller très vite et poser une boucle très belle en quelques instants, on peut travailler simple­ment avec les patchs « LIVE » pour un rendu cohé­rent et très intui­tif à program­mer, et enfin, aller cher­cher le détail en utili­sant les arti­cu­la­tions une par une ou dans un « Keys­witch ».

00:0000:00


Sortie de gamme

Toujours dans leur démarche d’aide à la produc­tion pour le compo­si­teur, SILK intègre le moteur de micro­tu­ning déjà présent dans RA. Il arrive en effet qu’on doive utili­ser une gamme ethnique dont on ne connaît pas néces­sai­re­ment les inter­valles, ce qui oblige certains program­meurs MIDI à utili­ser des « trans­for­ma­teurs d’en­trée » sous Cubase ou autre, pour contraindre leur mélo­die à une gamme. C’est ni plus ni moins ce que propose SILK direc­te­ment inté­gré à son inter­face.

L’uti­li­sa­tion est très simple : on choi­sit un type de gamme, on choi­sit la tona­lité. Ensuite, quelle que soit la note qu’on va jouer, SILK déter­mine si cette note est ou n’est pas dans la gamme sélec­tion­née et choi­sit alors de jouer la note ou celle qui sera la plus proche tout en respec­tant les inter­valles. Si on séquence une montée chro­ma­tique, certaines notes seront jouées deux fois. Aussi, ce qu’East­West propose est d’étu­dier le compor­te­ment de SILK et de se mettre les gammes en tête avant de program­mer. Force est de consta­ter que la méthode est très inté­res­sante et permet une approche très claire des gammes obscures.

Le micro­tu­ning ne s’ar­rête pas là car SILK permet de contrô­ler à partir du piano roll ou du clavier maître des inter­valles en dessous d’un demi-ton sans s’achar­ner avec la molette de pitch pour trou­ver le bon écart. A partir de là, musi­ca­le­ment, les fron­tières sont ouvertes et il est tout à fait possible de bluf­fer des coutu­miers des musiques ethniques.


Le son de la soie

Après ce tour d’ho­ri­zon de la bête, qu’en est-il du son et du rendu en vrai ? Disons qu’il est tout simple­ment bluf­fant, les prises étant magni­fiques et jouées avec maes­tria. Voici un exemple impliquant plusieurs boucles d’un Bansuri de SILK program­mées : Il s’agit de l’ou­ver­ture du trai­ler d’un docu­men­taire sur le Bots­wana, réalisé par Zack Spiger.



(notez que les instru­ments fonc­tionnent tout à fait sur un paysage afri­cain… pour des oreilles occi­den­ta­les…)

00:0000:00

00:0000:00


Les autres instru­ments étant Omni­sphere pour le Deep Boom, East­West EWQL­SOPE pour les contre­basses et une darbouka jouée par un non-joueur de darbouka, pris avec un Lange­vin CR 2001, dans un Joemeek SixQ, dans ma chambre. Le temps de produc­tion : 1 heure 30, mixage compris, sachant que n’étant pas un habi­tué de la banque de son, il m’a fallu parcou­rir les boucles pour trou­ver les bonnes inten­tions.

Le constat est cepen­dant sans appel : c’est un régal. Le temps de produc­tion est simple­ment ridi­cule compte tenu du résul­tat. L’ap­proche pro de SILK est très réus­sie et si certaines banques de sons peuvent être terri­ble­ment riches au niveau du spectre, rendant le mixage quelque­fois compliqué, il s’avère que SILK demeure tout à fait exploi­table dans un mixage.

Dans l’exemple ci-dessus, tout l’in­té­rêt était bien sûr de faire sortir le côté ethnique de la musique. Le Bansuri n’a été que très peu retou­ché au mix, cepen­dant dans une appli­ca­tion plus fondue dans un groupe d’ins­tru­ments, son exploi­ta­tion sera tout à fait agréable.

 

Conclu­sion

Il n’y a pas grand-chose à redire sur la qualité de Silk ou  sur sa perti­nence, tant du point de vue cultu­rel qu’au­dio ou ergo­no­mique. A coup sûr, le logi­ciel d’East­West ravira les musi­ciens à la recherche d’exo­tisme et parce qu’il permet de travailler vite et bien, ravira ceux qui font du son à l’image et qui doivent, en deux heures, pondre le géné­rique d’un docu sur Marco Polo. Un parfait complé­ment à RA donc, en atten­dant qu’East West nous propose d’autres desti­na­tions vers lesquelles embarquer nos oreilles.

 



Points forts
  • La qualité des sons
  • La qualité des boucles
  • Les patchs « LIVE »
  • L’ergonomie et l’intégration à PLAY
Points faibles
  • Très peu de manipulation des boucles.
  • ~ General Patton ~ 1656 posts au compteur
    ~ General Patton ~
    AFicionado·a
    Posté le 31/10/2009 à 14:18:51
    Bon article ! Juste une petite faute de français à corriger:

    Citation :
     Pour pallier à la rigueur des boucles

  • Early Reflexions 424 posts au compteur
    Early Reflexions
    Membre d’honneur
    Posté le 31/10/2009 à 14:41:40
    Bien vu, désolé, et corrigé !
  • Anno Nyme 2650 posts au compteur
    Anno Nyme
    Squatteur·euse d’AF
    Posté le 31/10/2009 à 16:31:53
    Hmmm... Ca a l'air vraiment bien!!! (Flag déguisé...)

    A bientôt

    Xa

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre