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Epiphone Gary Clark Jr. "Blak & Blu" Casino Bigsby
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Test de la guitare Epiphone Gary Clark Jr. « Blak & Blu » Casino avec Bigsby

Test écrit
23 réactions
La guitare qui te met des Clark
8/10
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Ah la Casino ! Le destin de cet instrument n’aurait certainement pas été le même si, en 1964, un petit gars de Liverpool ne s’était mis en tête d’acquérir une Epiphone.

Complè­te­ment sonné par un après-midi d’écoute de musique blues en compa­gnie de John Mayall, le jeune Paul McCart­ney se mit en quête d’un instru­ment lui offrant les joies d’un feed­back maîtrisé. C’est évidem­ment sur le modèle Casino que son choix se porta. Ses copains John et George, convain­cus par les quali­tés de l’ins­tru­ment, le firent égale­ment leur. Coïn­ci­dence ou pas, bien des années après, peu de guitares élec­triques Epiphone peuvent se targuer de susci­ter encore autant de fasci­na­tion que ce modèle. Audio­fan­zine a eu l’oc­ca­sion de mettre la main sur la dernière Casino en date commer­cia­li­sée. Modèle signa­ture de l’ar­tiste améri­cain Gary Clark Jr., l’ins­tru­ment nous a séduits.

Nais­sance d’un mythe

Le modèle Casino naquit à Kala­ma­zoo, dans le Michi­gan, en 1961. Mise à mal par la Seconde Guerre mondiale malgré sa longue et passion­nante histoire, la firme de la famille Statho­pou­los venait de tomber dans l’es­car­celle de l’en­nemi intime : Gibson. La bataille fut âpre, mais les $20 000 offert par le géant en deve­nir parache­vèrent l’in­évi­table rappro­che­ment. C’est donc dans ce contexte qu’ap­pa­rut la guitare qui aujour­d’hui nous réunit. 

Epiphone Gary Clark Jr.

La guitare Casino avait été pensée comme la soeur jumelle de l’ES-330 de Gibson, mais estam­pillée Epiphone. Cette quasi-copie se diffé­ren­ciait essen­tiel­le­ment par sa forme légè­re­ment rema­niée au niveau du corps et de la tête. Hormis cela, l’en­semble des carac­té­ris­tiques de l’ES-330 étaient conservé, dont notam­ment les micros P-90 et la caisse hollow­body sans la poutre centrale qui équi­pait l’ES-335 et la Shera­ton. Au fil du temps, chaque modèle vécut sa propre vie, évoluant chacun à sa manière, et passant de main en main. Ainsi, de John Lennon à Dave Grohl, en passant par Keith Richards et Noel Galla­gher, nombreux furent les grands noms de la musique à s’ap­pro­prier l’ins­tru­ment. Bref, la répu­ta­tion de la Casino n’est plus à faire, et des artistes émer­gents perpé­tuent la légende. C’est notam­ment le cas de Gary Clark Jr.

Nouveau western

Epiphone Gary Clark Jr.

Malgré son nom, Gary Clark Jr. n’est pas le fils illé­gi­time de Gary Cooper et Clark Gable. S’il fallait réel­le­ment lui attri­buer de fantasques origines, gageons que Jimi Hendrix et Marvin Gaye seraient de la partie. Mais égre­ner les noms ne saurait rendre compte de l’éclec­tisme dont fait preuve le guita­riste et chan­teur. Véri­table ode à la musique améri­caine de la seconde moitié du XXe siècle, l’œuvre de Gary Clark Jr. navigue allè­gre­ment entre blues, rock, coun­try, soul, et hip-hop. Les nombreuses colla­bo­ra­tions et scènes parta­gées avec des artistes tels que Jimmie Vaughan, Sheryl Crow, Eric Clap­ton, Alicia Keys, les Rolling Stones, ou encore les Foo Figh­ters, peuvent en témoi­gner. 

Si l’ar­tiste ne jouit pas d’une forte popu­la­rité en France, il fait depuis quelques années partie du paysage musi­cal aux États-Unis. Parfois critiqué pour ses produc­tions très cali­brées et sa présence au sein de l’ogre Warner Bros., ses quali­tés de show man et ses perfor­mances à la fois vocales et guita­ris­tiques en live font l’una­ni­mité. Adepte de riffs furieux qu’il martèle quasi exclu­si­ve­ment sur des modèles Casino, Gary présente le profil type du musi­cien porte-éten­dard. Il n’aura donc pas fallu attendre long­temps pour qu’Epi­phone se penche sur le cas Clark. En défi­ni­tive, si certains choix d’ar­tiste lors de paru­tions de modèles signa­ture étonnent parfois, la légi­ti­mité du modèle Gary Clark Jr. « Blak & Blu » Casino, elle, ne fait aucun doute. 

Touchez pas au Bigsby !

La guitare Gary Clark Jr. « Blak & Blu » Casino tire son nom du premier album commer­cial de l’ar­tiste. Epiphone a en effet décidé de décli­ner le titre « Blak and Blu », pour le moins évoca­teur, en une fini­tion Burst unique. D’un bleu profond en son centre, la guitare s’as­som­brit petit à petit pour lais­ser place à des contours parfai­te­ment noirs. Le dos, les éclisses, l’ar­rière du manche, et la tête sont, quant à eux, inté­gra­le­ment noirs. Un binding Pure White sur le corps et sur le manche relève subti­le­ment l’en­semble, et autant le dire tout de suite, la guitare a de la gueule. Elle est même très belle ! Nous avons tous été séduits à la rédac­tion par le look rava­geur de l’ins­tru­ment.

Epiphone Gary Clark Jr.

Côté bois, nous avons affaire à un corps en érable laminé, 5-plis bouleau/érable. Le manche collé est en acajou, et la touche en palis­sandre. Le tout est assem­blé en Corée. Le diapa­son de la guitare est de 24.75", et le radius de la touche est de 14". Le manche est très agréable à jouer avec son profil 1960's Slim­Ta­per en D. La guitare est décon­cer­tante de faci­lité. Les 22 frettes se parcourent aisé­ment jusqu’à la 16e case (join­ture du manche), mais pas au-delà, l’ac­cès aux aigus n’étant pas une prio­rité pour ce type d’ins­tru­ment.

Les deux micros sont bien évidem­ment de type P-90. Il s’agit de modèles Gibson U.S.A P-90T pour la posi­tion cheva­let et Gibson U.S.A P-90R pour la posi­tion manche. Les deux se comportent admi­ra­ble­ment bien, avec ce son à la fois gras, chaud, et précis, typique de ces micros. Nos doigts se baladent, et les P-90 captent de façon puis­sante et subtile ces allées et venues. 

Le cheva­let est un ABR Tune-O-Matic tout ce qu’il y a de plus clas­sique. Pour le cordier, deux choix sont possibles : cordier trapé­zoï­dal ou vibrato Bigsby B700. Deux modèles de la Gary Clark Jr. « Blak & Blu » Casino existent donc, l’un avec Bigsby, et l’autre sans. Mais c’est bien la version avec Bigsby qui nous inté­resse aujour­d’hui. J’en profite d’ailleurs pour indiquer qu’Epi­phone nous a aussi prêté le modèle sans Bigsby, mais il était si mal réglé, qu’il nous était impos­sible de compa­rer les deux guita­res… Espé­rons qu’Epi­phone/Gibson fasse un effort la prochaine fois ! 

J’ai beau­coup aimé la préci­sion d’ac­cor­dage qu’ap­portent les méca­niques Grover Roto­ma­tics ratio 18:1 de cette guitare. À l’in­verse, j’ai beau­coup moins aimé l’en­trée Jack située sur la table. J’ai trouvé les bran­che­ments et débran­che­ments abrupts sur les deux modèles que j’ai eus entre les mains. De plus, je trouve la posi­tion de la prise Jack tout simple­ment peu pratique ! Cepen­dant, les modèles Casino ont toujours été conçus ainsi, et d’une certaine façon, cela fait partie du mythe. 

Martin Scor­cese Presents… The Blues

Il est temps d’écou­ter notre Gary Clark Jr. « Blak & Blu » Casino avec Bigsby. Dans ces quatre premiers extraits, vous pour­rez décou­vrir la palette sonore que propose la guitare en son clair. Dans le premier enre­gis­tre­ment j’uti­lise le micro grave, dans le deuxième les deux micros ensemble, et dans le troi­sième le micro aigu. Enfin, dans le quatrième extrait je joue avec les potards de tona­lité en plaçant celui consa­cré au micro grave au premier quart de sa course, pour obte­nir un son plus rond et jazzy. Les contrôles de volume et de tona­lité glissent d’ailleurs très bien et offrent une réelle progres­si­vité.

Extrait 1 Clean grave
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  • Extrait 1 Clean grave 00:18
  • Extrait 2 Clean grave et aigu 00:18
  • Extrait 3 Clean aigu 00:29
  • Extrait 4 Clean grave + Tone à 1:4 00:44

On entend bien à travers ces enre­gis­tre­ments les diffé­rentes iden­ti­tés des micros grave et aigu. À l’in­verse de certaines guitares, on ressent l’en­vie de jouer avec les deux contrôles de tona­lité, de jouer sur le mix des volumes lorsque les deux micros sont actifs, etc. J’ai aimé tous les sons que propose cet instru­ment, et ils sont variés ! Pour autant, je ne pour­rais pas quali­fier cette guitare de poly­va­lente, le son restant globa­le­ment rond et chaud, taillé pour le blues, le jazz et la soul.

Dans les deux extraits sonores suivants, j’uti­lise le vibrato Bigsby B700. Pour les guita­ristes qui ne seraient pas habi­tués à l’uti­li­sa­tion d’un Bigsby, rappe­lons que celle-ci n’est pas instinc­tive, et néces­site un réel appren­tis­sage. La pièce en métal prend de la place, et peut notam­ment gêner la main droite. Mais reve­nons à nos exemples sonores ! Dans le premier enre­gis­tre­ment, je mani­pule le B700 avec déli­ca­tesse, alors que je l’en­fonce plus bruta­le­ment dans le second.

Extrait 5 Clean Bigsby Doux
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  • Extrait 5 Clean Bigsby Doux 00:29
  • Extrait 6 Clean Bigsby Fort 00:33
Epiphone Gary Clark Jr.

L’uti­li­sa­tion d’un Bigsby implique parfois des problèmes d’ac­cor­dage. En le mani­pu­lant comme dans le premier extrait, vous ne rencon­tre­rez aucun problème. Par contre, le second type de mani­pu­la­tion est plus à risque. Je me suis retrouvé quelques fois complè­te­ment désac­cordé ! Tempé­rons néan­moins notre constat, puisque j’ai joué un exem­plaire peu ou mal réglé, et surtout peu joué. Dans ces condi­tions, toutes les guitares ont tendance à manquer de stabi­lité.  

Termi­nons nos extraits en son clair avec cet enre­gis­tre­ment dans lequel je joue un simple accord de Mi avec le micro grave, puis les deux micros ensemble, et enfin le micro aigu. Comme il est de coutume avec les hollow­bo­dies, la Gary Clark Jr. est un régal de réso­nance et de vibra­tions.

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Place aux sons satu­rés ! Dans le premier enre­gis­tre­ment j’uti­lise le micro grave, dans le deuxième les deux micros ensemble, et dans le troi­sième le micro aigu. Enfin, j’uti­lise succes­si­ve­ment et dans le même ordre les trois micros dans un quatrième exemple sonore.

Extrait 8 Disto grave
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  • Extrait 8 Disto grave 00:24
  • Extrait 9 Disto grave et aigu 00:39
  • Extrait 10 Disto aigus 00:32
  • Extrait 11 Disto solo 3 micros 00:19
Epiphone Gary Clark Jr.

Encore une fois, cette Casino se montre parti­cu­liè­re­ment à l’aise avec les musiques dont Gary Clark se réclame. Le blues rock bien gras, tout comme le rock plus inci­sif d’un Neil Young lorsqu’il délaisse son acous­tique, ne seront pas des problèmes pour la Blak & Blu. Vous pouvez par contre d’ores et déjà oublier les satu­ra­tions extrêmes. Les guitares hollow­body étant extrê­me­ment sujettes au larsen. Cette propen­sion au feed­back peut d’ailleurs très vite deve­nir une qualité lorsque la satu­ra­tion est modé­rée. Entre ce phéno­mène et les vibra­tions de la caisse, on a l’im­pres­sion d’avoir affaire à un instru­ment animé… Quel pied !

Pour termi­ner notre balade sonore, repre­nons notre fameux accord de Mi et lais­sons-le réson­ner avec la satu­ra­tion. J’uti­lise d’abord le micro grave, puis les deux micros, et enfin le micro aigu.

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Casino Royale

La guitare Gary Clark Jr. « Blak & Blu » Casino avec Bigsby est indu­bi­ta­ble­ment sédui­sante. Je n’ai pas eu le coup de coeur que peuvent susci­ter certains instru­ments d’ex­cep­tion, mais j’ai eu l’im­pres­sion d’avoir entre les mains une très bonne guitare, vivante, dont le son corres­pon­dait parfai­te­ment à mes attentes. Le look de l’ins­tru­ment, et les micros P-90 sont un régal. Le posi­tion­ne­ment tari­faire de la Blak & Blu est aussi inté­res­sant, puisque son prix avoi­sine les 800 €, ce qui lui offre une place unique dans le cata­logue des Casino Epiphone à mi-chemin entre les modèles stan­dards et les modèles Elitist. C’est égale­ment un plai­sir d’avoir affaire à un modèle signa­ture qui fait sens, tant l’ar­tiste et son instru­ment partagent le même ADN musi­cal. Mais, évidem­ment, tout n’est pas parfait ! Tout d’abord, certaines fini­tions laissent parfois à dési­rer : le binding du corps n’est pas toujours très net et régu­lier au niveau de la join­ture avec le manche, et la pein­ture ou le vernis présentent certaines aspé­ri­tés au niveau des ouïes. Il s’agit de détails, et ce n’est abso­lu­ment pas rédhi­bi­toire. On pour­rait aussi ajou­ter que le Bigsby a tendance à alour­dir et déséqui­li­brer la guitare, et que l’en­trée Jack n’est pas parfaite. Mais tous ces éléments n’en­tachent en rien la réus­site de ce beau modèle Casino que je vous invite vrai­ment à tester si vous en avez l’oc­ca­sion.

  • Epiphone Gary Clark Jr.
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  • Epiphone Gary Clark Jr.
  • Epiphone Gary Clark Jr.

 

8/10
Points forts
  • Un modèle signature qui fait sens (pour l’artiste choisi et le positionnement tarifaire)
  • Esthétiquement réussie
  • Très agréable à jouer
  • Les micros Gibson U.S.A P-90
  • Excellente pour tout un pan de la musique américaine…
Points faibles
  • …mais pas au-delà
  • Le Bigsby alourdit et déséquilibre quelque peu la guitare comparée au modèle sans vibrato
  • Les finitions ne sont pas parfaites (branchement/débranchement, vernis, binding)

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