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Workstation démocratique
8/10
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Deux ans après le Kronos, Korg poursuit la déclinaison de sa gamme de synthés workstations ; avec le Kross, jamais un instrument de cette catégorie n’aura été aussi démocratique…

On lit çà et là que le marché des works­ta­tions est en voie de dispa­ri­tion, sous la pres­sion du tout logi­ciel. Pour­tant, Korg déve­loppe avec succès toute une gamme de synthés de ce type depuis le M1 de 1988. Aujour­d’hui, la société japo­naise est plus que jamais le leader de ce marché, que seuls Yamaha et Kurz­weil semblent un peu lui contes­ter, Roland ayant encore du poil de la bête à reprendre. En 2011, le Kronos avait marqué l’his­toire de la synthèse, avec une puis­sance sans précé­dent ; il a ensuite rapi­de­ment été décliné en version X, embarquant une carte mère plus récente et plus de mémoire. La gamme fait d’ailleurs actuel­le­ment l’objet d’une évolu­tion (OS 2.1), compre­nant notam­ment une modé­li­sa­tion d’orgues amélio­rée. En 2012, le Krome avait redé­fini l’en­trée de gamme des works­ta­tions, avec une mémoire PCM énorme pour du hard­ware, un séquen­ceur puis­sant, des effets à la pelle et une ergo­no­mie réus­sie… avec un excellent rapport perfor­mance/prix. Courant 2013, alors qu’on atten­dait une propo­si­tion en gamme inter­mé­diaire, le Kross est venu briser une nouvelle barrière de prix pour redé­fi­nir à son tour l’en­trée de gamme. Voyons si l’es­sen­tiel a été conservé pour en faire une nouvelle réfé­rence de works­ta­tion…

En rouge et noir

Korg Kross

Le Kross est décliné en deux modèles : 61 touches légères ou 88 touches lourdes. Nous avons testé la version 61 touches, munie d’un clavier un peu collant sensible unique­ment à la vélo­cité. Prix serré oblige, le Kross est tout en plas­tique bico­lore, noir dessus et rouge dessous. La construc­tion est correcte : la façade est très rigide, les 3 gros enco­deurs et les 2 potards sont parfai­te­ment ancrés, les boutons sont fermes, les 2 molettes (pitch et modu­la­tion) ne dévient pas d’un poil sur leur axe et la connec­tique est vissée sur la face arrière. Comme quoi on peut faire des efforts sur la construc­tion, même en entrée de gamme, merci !

Pour assu­rer une meilleure compa­cité, Korg a aban­donné le joys­tick pour deux molettes conven­tion­nelles et les a placées au-dessus du clavier. D’ailleurs, c’est bizarre qu’elles soient restées à gauche du clavier sur le modèle 88 touches, on aurait pu gagner en largeur et rendre le modèle encore plus facile à trans­por­ter… sans doute que la méca­nique du clavier lourd « NH » gênait !

Korg Kross

Outre les 4 kg (12 kg pour le modèle 88 touches), le côté portable est accen­tué par la poignée de trans­port en métal inté­grée au design (cf. photo) et la trappe située sous la machine, capable d’ac­cueillir 6 piles AA, assu­rant une auto­no­mie donnée de 4 à 5 heures suivant le type utilisé.

À part la prise casque mini-jack placée à l’avant gauche, toute la connec­tique est située sur le panneau arrière. Là, rien d’ex­tra­or­di­naire : 3 prises pour pédales (tenue avec half-damper, conti­nue, switch), entrée/sortie MIDI, connec­teur SD Card (SD/SDHC de 2/32 Go maxi­mum, pour les programmes et l’au­dio), prise USB (Midi over USB), entrée ligne (format mini-jack stéréo), entrée audio micro (jack 6,35 TS), sorties audio gauche/droite stéréo (jack 6,35 TS) et coin alimen­ta­tion (borne pour transfo externe 9 V fourni, pous­soir marche/arrêt et passe-câble, mieux qu’un Sola­ris !). Redi­sons-le, nous avons appré­cié le choix de Korg de visser toute la connec­tique au panneau arrière.

Ergo­no­mie basique

Korg Kross

La façade rappelle les works­ta­tions un peu plus anciennes, avec peu (ou pas) de commandes directes : il y a tout de même des touches de mode de jeu (programmes, combi­nai­sons, séquences, global/média, audio), une section de navi­ga­tion autour de l’écran à cris­taux liquides mono­chrome 240 × 64 pixels à contraste ajus­table (non tactile), des commandes de trans­port avec tempo et une grille de 16 boutons pour appe­ler des favo­ris ou program­mer le séquen­ceur à pas, nous y revien­drons.

Pour faci­li­ter la sélec­tion des sons, le Kross offre deux enco­deurs, un pour la caté­go­rie (parmi 12, dont une pour les programmes utili­sa­teur) et un pour la sélec­tion dans la caté­go­rie en cours. De même, il y a des touches pour créer immé­dia­te­ment une couche ou un split à partir du mode programme ou encore pour lancer une piste de batte­rie et/ou des arpèges en temps réel. Fidèles à la tradi­tion Korg depuis un bon bout de temps main­te­nant, deux touches assi­gnables SW1/SW2 surplombent les molettes, pour modu­ler le son en temps réel.

Korg Kross

La navi­ga­tion se fait sous forme de menus, avec des enchaî­ne­ments de pages parfois inter­mi­na­bles… les 4 boutons situés sous l’écran permettent de faire défi­ler ou sélec­tion­ner ces pages ; ils sont secon­dés par 4 flèches de navi­ga­tion et un enco­deur de données. Bref, l’édi­tion est un peu lourde, d’au­tant que le Kross n’est pas avare de para­mètres de synthèse, loin s’en faut ; pour faci­li­ter les choses, l’OS essaie de bien faire les choses : affi­chage de certains para­mètres sous forme de liste dérou­lante, repré­sen­ta­tion graphique des courbes d’en­ve­loppes, LFO ou couches d’échan­tillons, etc. un mode d’em­ploi vidéo en ligne est égale­ment prévu pour faci­li­ter la prise en main. Dernier point d’er­go­no­mie, une fonc­tion permet de sauve­gar­der 4 banques de 16 programmes, combi ou séquences audio favo­ris pour rappel immé­diat, idéal pour le live.

Plein de sons

Korg Kross

Le Kross est capable de géné­rer 80 voix de poly­pho­nie avec 1 oscil­la­teur (40 avec 2) sur 16 canaux multi­tim­braux. Il tire ses sons d’une Rom de 112 Mo de samples PCM (421 multi-samples dont 6 stéréo et 890 samples de percus­sions dont 49 stéréo). C’est peu pour les stan­dards actuels, en parti­cu­lier ceux érigés par Korg sur ses dernières works­ta­tions (3,8 Go pour le Krome, par exemple). D’au­tant que les 6 multi-échan­tillons stéréo sont en fait 3+1 couches d’un même piano, un ensemble de cordes et un ensemble de cuivres. Ces multi-samples sont d’ailleurs plutôt réus­sis par rapport à la mémoire utili­sée.

Pour le piano acous­tique spéci­fique au Kross (dérivé des Kronos / Krome German), on a donc le droit à 3 couches auxquelles s’ajoute une couche simu­lant la réso­nance sympa­thique lorsque la pédale de main­tien est enfon­cée. Les quelques pianos élec­triques donnent satis­fac­tion, la majo­rité étant à plusieurs couches (3 en géné­ral). La pano­plie d’orgues est géné­reuse, mais rien de nouveau… Viennent ensuite les cloches, scin­tillantes à souhait, merci l’échan­tillon­nage à 16 bit/48 kHz.

En bonne works­ta­tion, on trouve des instru­ments à vent (assez bons dans l’en­semble), des cordes (diffé­rentes sections dont une large stéréo et des instru­ments solos tout à fait corrects), des voix (clas­siques, pop, jazz), des basses (excel­lentes en présence et en punch), des guitares (pas terribles) et des percus­sions (correctes, avec féli­ci­ta­tions du jury pour le kit jazz stéréo).

Le prin­ci­pal reproche géné­ral que l’on pour­rait faire à cette série d’échan­tillons acous­tiques est le manque de couches de dyna­mique, on sent la limite de la mémoire ; c’est d’ailleurs ce qui diffé­ren­cie en partie le Kross du Krome. Les programmes synthé­tiques sont nombreux et excel­lents, assu­rant au Kross de briller dans les belles nappes sombres, les textures évolu­tives luxu­riantes, un vrai point fort. On notera aussi la présence d’échan­tillons-clés de Mello­tron (cordes, voix, flûtes) très musi­caux… en tout, on dispose de 640 programmes, 384 combi­nai­sons et 48 drum kits réins­crip­tibles, dont la majo­rité sont pré-char­gés d’usine.

Piano A Concert
00:0002:04
  • Piano A Concert 02:04
  • Piano A Bright 00:41
  • Piano A Upright 00:32
  • Piano E Clavi­net 00:34
  • Piano E CP 01:00
  • Piano E Fender 01:12
  • Piano E SG1 01:01
  • Piano E Wurly 00:50
  • Organs 01:30
  • Guitar A 01:07
  • Guitar E 00:41
  • Strings 01:27
  • Synth Poly 01:33
  • Synth Bass 01:12
  • Bass A 00:32
  • Bass E 00:39
  • Bass F 00:31
  • Brass 00:30
  • ZCom­bi1 00:45
  • ZCom­bi2 00:29
  • ZCom­bi3 00:31
  • ZCom­bi4 01:03
  • ZCom­bi5 00:37
  • ZCom­bi6 00:49

Programmes et kits

La struc­ture du Kross ne débous­so­lera pas trop les habi­tués de la marque, à quelques nuances près : en mode programme, on dispose d’un son, un arpé­gia­teur, une piste de batte­rie, un séquen­ceur à pas et 7 multi-effets ; en mode combi et séquence, on dispose de 16 sons indé­pen­dants, deux arpé­gia­teurs, une piste de batte­rie, un séquen­ceur à pas et 7 multi-effets. Un enre­gis­treur audio vient complé­ter le tout.

Korg Kross

Commençons par le mode programme, assez proche de ce que l’on trouve sur le Krome, mais en moins puis­sant. Il fait usage d’un ou deux oscil­la­teurs à 4 couches dyna­miques (chacune pouvant accueillir un multi-sample mono ou stéréo), ou bien un kit de percus­sions éditable en mode Global (chaque touche pouvant accueillir 1 à 4 couches d’échan­tillons mono ou stéréo). Les plus pres­sés pour­ront régler au préa­lable certains para­mètres de synthèse (filtre, enve­loppes) ainsi que l’en­trée audio. Les plus teigneux seront servis par la profon­deur de synthèse dispo­nible, puisque le Kross possède tous les modules dont on peut rêver sur une works­ta­tion : oscil­la­teurs, pitch, filtres, ampli, effets et un tas de modu­la­tions dyna­miques… comme sur le Krome, le pitch de chaque oscil­la­teur est large­ment modu­lable : tempé­ra­ment, suivi de clavier, enve­loppe multi-segments à temps et niveaux modu­lables, 2 LFO, porta­mento, ou encore des sources matri­cielles AMS (contrô­leurs physiques, para­mètres internes ou CC MIDI). Les modu­la­tions sont elles-mêmes modu­lables par une source AMS (Side­chain).

Éditeurs gratuits 

Les maniaques du clavier et de la souris seront heureux d’ap­prendre que le Kross possède ses propres éditeurs gratuits, stan­da­lone ou plug-in VST/AU pour PC/ Mac (non testés). Ils tournent sous Vista / W7 / W8 et Mac OSX (10.5 mini).

La section filtre dispose de deux filtres multi­modes réso­nants : passe-bas 2 pôles, passe-haut 2 pôles, passe-bande 1 pôle ou réjec­tion 1 pôle ; on peut les placer en mode simple, en série, en paral­lèle ou en mode double 24 dB (le nombre de pôles est doublé). Les modu­la­tions de la fréquence de coupure sont nombreuses : enve­loppe dédiée, 2 LFO + LFO global, géné­ra­teur de tracking 4 segments et sources AMS. La réso­nance peut aussi être modu­lée par l’AMS. On passe ensuite à la section ampli, avec volume et pano­ra­mique modu­lables. Le volume béné­fi­cie d’un trai­te­ment de choix : enve­loppe dédiée, 2 LFO, un géné­ra­teur de tracking 4 segments et des sources AMS. Au niveau global programme, on trouve quelques modu­la­tions supplé­men­taires : 2 géné­ra­teurs de tracking globaux à 4 segments, 1 LFO global et 2 mixeurs AMS (mélange de 2 modu­la­tions par addi­tion, multi­pli­ca­tion, déca­lage, fondu, morphing complexe, quan­ti­sa­tion, porte). Par rapport au Krome, on perd donc les possi­bi­li­tés d’over­drive dans la section ampli mais l’es­sen­tiel est bien là ! 

Arpé­gia­teurs poly­pho­niques

Korg Kross

Le Kross hérite de l’ar­pé­gia­teur du Krome, à savoir un puis­sant module poly­pho­nique 12 voix, qui passe à 64 pas (le Krome était limité à 48). L’ar­pé­gia­teur est dispo­nible dans les programmes (à 1 exem­plaire), combis (à 2 exem­plaires) ou séquences (à 2 exem­plaires). Il permet de créer des patterns ryth­miques complexes tels que lignes de basses, cocottes de guitares, riffs synthé­tiques ou ensembles de batte­rie… Il offre 5 motifs de base (haut, bas, alterné simple, alterné avec répé­ti­tion des notes extrêmes, aléa­toire) et 1028 motifs utili­sa­teur (dont 916 pré-char­gés). Ces motifs se créent en mode Global et s’ap­pliquent au programme, à la combi­nai­son ou à la séquence en cours. Pour chaque pas, on défi­nit la hauteur, la vélo­cité, le temps de Gate et le Flam (simu­la­tion de Strum­ming de guitare). On peut fixer certaines notes pour empê­cher leur trans­po­si­tion quels que soient les accords joués, idéal pour créer des patterns de percus­sions.

Au sein des programmes, combi ou séquences, on trouve les para­mètres de repro­duc­tion : Latch, éten­due (1 à 4 octaves), réso­lu­tion (en synchro à l’hor­loge, de la noire au trio­let de triple croche), Gate (0 à 100 %), réponse en vélo­cité (globale, jouée ou par note), swing (-100 à +100 %), ordre de tri des notes (suivant le jeu ou le pitch), mode clavier (notes arpé­gées jouée seules ou en plus des notes d’ori­gine), fenêtre d’ac­ti­va­tion (notes basse et haute)… on peut pilo­ter les arpèges en MIDI à partir d’un clavier externe ou arpé­ger un synthé/module MIDI à partir des arpèges produites par le Kross. Bref, rien à redire sur ce plan si ce n’est applau­dir des deux mains.

Drum and Step

Comme sur les grandes works­ta­tions Korg, le Kross permet de jouer une piste de patterns de percus­sions pilo­tant un Drum Kit, synchro­ni­sée (ou pas) à tout ce qui bouge dans la machine : c’est la Drum Track. Celle-ci est dispo­nible dans les programmes (second canal), combis (canal 16) ou séquences (piste 16). On choi­sit le motif dans une liste de 700 Presets parta­gés avec les motifs des Songs du séquen­ceur MIDI. Le motif peut partir dès qu’on appuie sur une note et béné­fi­cier du mode Latch. Comme avec l’ar­pé­gia­teur, on peut défi­nir la zone d’ac­ti­va­tion de la Drum Track et la vélo­cité (impo­sée par la note de départ).

Mais là où le Kross va un poil plus loin, c’est dans la possi­bi­lité de créer ses propres motifs de percus­sions à l’aide d’un Step Sequen­cer. Les patterns sont poly­pho­niques 12 voix (donc 12 percus­sions diffé­rentes) sur 64 pas et sauve­gar­dés au sein des programmes, combis ou séquences. La program­ma­tion est de type grille lumi­neuse (comme sur une TR Roland ou une Elec­tribe) avec les 16 touches de sélec­tion des programmes et les 4 touches de banque. L’écran affiche une grille graphique du motif obtenu. Là encore, on peut entrer des facteurs de vélo­cité, swing et accent pour affi­ner la ryth­mique.

Multi-effets par 7

Le Kross hérite partiel­le­ment de la grande tradi­tion des works­ta­tion Korg sur le plan des effets. Un peu moins costaud que le Krome, il offre cepen­dant 7 multi-effets; quel que soit le mode de jeu : 5 multi-effets d’in­ser­tion (IFX) et 2 multi-effets maîtres (MFX). On perd donc le multi-effet global et un tiers des algo­rithmes. On retrouve toute­fois les mêmes possi­bi­li­tés de routage et de modu­la­tions en temps réel, ainsi que l’édi­tion graphique bien utile pour orga­ni­ser les départs/retours. La mode étant toujours au vintage, le Kross contient des algo­rithmes modé­li­sés de marques célèbres, déve­lop­pés initia­le­ment pour le Kronos : phasers, flan­gers, chorus, ensembles, wah wahs, compres­seurs vintage imitant des effets Vox, EH, Black, Orange, Red, Korg (Poly­six). Sans oublier une pano­plie complète de déci­ma­teurs, proces­seurs de dyna­mique, voco­deurs, EQ, filtres, distor­sions, ensembles, délais, réver­bé­ra­tions… simples ou enchaî­nés en série et/ou en paral­lèle.

Korg Kross

Parmi les 134 algo­rithmes dispo­nibles, 14 plus puis­sants consomment le double de ressources (donc 2 slots d’ef­fets). Les algo­rithmes ont de nombreux para­mètres — grosso modo de 5 à 25 — avec une moyenne à plus de 10. Les modu­la­tions sont présentes, soit par synchro MIDI des temps, soit par modu­la­tion dyna­mique (D-Mod). Certains effets, tels que le limi­teur, le Gate ou le voco­deur, ont des Side­chains stéréo pour modu­ler leur action sur le signal par un autre signal. Concer­nant les routages d’ef­fets, on est dans la tradi­tion initiée sur le Trinity et affir­mée sur le Triton : on chaîne les IFX ou on les place en paral­lèle par paire.

En mode combi­nai­son ou séquence, chaque canal/piste peut être routé vers l’un des 5 IFX, avec créa­tion de cascades d’ef­fets suivant le point de routage. En même temps, chaque canal/piste a 2 départs réglables vers chaque MFX placés sur des bus globaux. La qualité est à la hauteur de la quan­tité, le Kross béné­fi­ciant du quart de siècle d’ex­pé­rience acquise par Korg en matière d’ef­fets sur ses works­ta­tions, depuis le M1.

Multiple de 16

Korg Kross

Aussi démo­cra­tique qu’il puisse paraître, le Kross est sans compro­mis dans l’as­sem­blage des ses programmes, loin devant la concur­rence dans cette gamme de prix. En effet, il main­tient la même multi-timbra­lité 16 canaux que ses aînés, en conser­vant la Drum Track (canal MIDI à spéci­fier), les 2 arpé­gia­teurs poly­pho­niques (A et B à assi­gner à n’im­porte quels canaux, au choix et sans limite), tout en ajou­tant le Step Sequen­cer (activé ou non sur le canal 16). La gestion des 16 canaux se fait en récep­tion (assi­gna­tion de sons internes) comme en émis­sion (assi­gna­tion de canaux MIDI externes), ce qui fait du Kross un excellent clavier maître à 16 zones indé­pen­dantes en émis­sion (tessi­ture, fenêtre de vélo­cité, canal MIDI sépa­rés) ; en outre, le modèle 88 touches lourdes est un candi­dat sérieux et très abor­dable pour pilo­ter une instal­la­tion MIDI complexe, en live notam­ment.

La visua­li­sa­tion simul­ta­née des 16 canaux n’est pas aussi complète et graphique que sur les Krome / Kronos, mais c’est l’une des rares conces­sions dans ce mode. Pour chaque canal, on accède aux réglages deve­nus habi­tuels chez Korg : caté­go­rie du programme, origine (interne/externe), canal MIDI, mode de jeu (mono/poly/legato/1 ou 2 oscil­la­teurs), volume, pano­ra­mique, trans­po­si­tion, accor­dage, tempé­ra­ment, tessi­ture (fondus infé­rieurs et supé­rieurs compris), fenêtre de vélo­cité (fondus égale­ment), délai. L’édi­tion des programmes dans leur contexte de combi­nai­son se fait via une page dédiée « Tone Adjust » permet­tant de prendre la main sur 8 para­mètres de synthèse essen­tiels : coupure(s) du (ou des) filtre(s), réso­nance(s), inten­sité de l’en­ve­loppe de filtre, vélo­cité sur l’am­pli­tude, ADSR (enve­loppes de filtre et d’am­pli­tude réglées ensemble). Tout cela est mémo­risé au sein des combi­nai­sons, une alter­na­tive à l’édi­tion totale des programmes dans leur contexte de combi­nai­son, toujours plus au programme chez Korg depuis le 01/W. En MIDI, on peut filtrer certaines commandes (Program Change, After­touch, pédale Sustain, porta­mento, molettes, switches, pédales, CC…). On peut égale­ment régler le routage vers les 5 effets d’in­ser­tion et les départs vers les 2 effets maîtres. Sans oublier les réglages et assi­gna­tion vers les bus d’ef­fets des signaux externes injec­tés via l’en­trée audio du Kross, puisqu’il y en a une (et même deux) !

Séquen­ceur complet

Le Kross gagne défi­ni­ti­ve­ment son rang de Works­ta­tion grâce à son puis­sant séquen­ceur MIDI inté­gré. Là encore, peu de conces­sions, si ce n’est l’édi­tion graphique et tactile de son aîné. Le fonc­tion­ne­ment du séquen­ceur est analogue au mode combi­nai­son : 16 pistes MIDI en entrée et/ou sortie (+ piste tempo), 1 Drum Track, 2 arpé­gia­teurs, 1 Step Sequen­cer, 5 IFX et 2 MFX. Sans oublier la modu­la­tion dyna­mique des para­mètres de synthèse et d’ef­fets, l’ajus­te­ment de quelques (rares) para­mètres de program­mes… Le séquen­ceur a une capa­cité de 210.000 événe­ments MIDI répar­tis en 128 Songs, avec une réso­lu­tion de 1/480 BPQN. La mémoire est vola­tile, on va finir par s’y faire… La fonc­tion Auto Song Setup permet, à partir d’un programme ou d’une combi­nai­son, de créer une séquence en assi­gnant auto­ma­tique­ment tous les réglages d’ori­gine (programmes, arpèges, effets…). 

Korg Kross

Pour ne pas partir de zéro, Korg a doté le Kross de gaba­rits pré-réglés : 16 en ROM, 16 en RAM. En relec­ture, il existe une fonc­tion permet­tant de boucler certaines mesures indé­pen­dam­ment pour chaque piste. Concer­nant l’édi­tion, toutes les fonc­tions des précé­dentes Works­ta­tions Korg sont là : couper, copier, dépla­cer, coller, insé­rer, suppri­mer… tant au niveau des pistes que des évène­ments (édition micro­sco­pique par liste). On perd toute­fois l’édi­tion tactile par « glis­ser-dépla­cer » et les modes Piano Roll / grille de percus­sions du Krome, mais l’es­sen­tiel est très large­ment préservé. Le Kross exporte et importe des SMF comme ses grands frères. Le séquen­ceur peut aussi enre­gis­trer des Sysex, y compris aux stan­dards GM, XG et GS.

Bonus audio

Korg Kross

L’en­re­gis­treur audio inté­gré permet d’im­mor­ta­li­ser ses propres perfor­mances, que ce soit avec le Kross seul ou accom­pa­gné de signaux audio externes, via les entrées audio ligne (stéréo) ou micro (mono + gain). Il utilise pour cela le lecteur de carte SD avec enre­gis­tre­ment immé­diat de l’au­dio (aucune sauve­garde n’est néces­saire). Le signal externe peut passer dans les effets (IFX et MFX), dont le voco­deur inté­gré. Le Kross travaille avec une réso­lu­tion et une fréquence internes fixes de 16 bits/48 kHz. Avec 200 Songs audio de 3 heures chacune maxi­mum (à concur­rence de la capa­cité de la carte SD connec­tée), il y a quoi voir venir…

L’en­re­gis­tre­ment peut se faire suivant diffé­rents modes de déclen­che­ment : appui de note, touche lecture du séquen­ceur ou seuil audio (faible ou élevé). Il est possible de faire des prises multiples pour chaque Song, avec fonc­tions Undo / Redo permet­tant de passer d’une prise à l’autre. On peut aussi faire de l’Over­dub, en mixant l’au­dio préa­la­ble­ment enre­gis­tré à la perfor­mance en cours. Autre appli­ca­tion, réali­ser des prises succes­sives, puis tout envoyer dans sa DAW pour recons­truire un enre­gis­tre­ment multi­pistes, avec conser­va­tion du Time Code. L’ex­port se fait en fichiers WAV stéréo 16 bits/48 kHz. Réci­proque­ment, le Kross est capable d’im­por­ter des fichiers WAV stéréo 16 bits/44 ou 48 kHz. Un module inté­res­sant qui n’a rien d’un gadget ! 

Conclu­sion

Le Kross est la works­ta­tion démo­cra­tique par excel­lence. Abor­dable, facile à trans­por­ter, auto­nome (piles), il n’en demeure pas moins une station de travail complète avec ses combi­nai­sons 16 canaux, ses facul­tés de clavier de commande 16 parties, ses 7 multi-effets, ses 2 arpé­gia­teurs poly­pho­niques, son séquen­ceur MIDI 16 pistes sans compro­mis… il ajoute même quelques bonus bien pensés tels que les fonc­tions split/layer rapides, le Step Sequen­cer (Drum Grid aurait été un terme plus appro­prié), le voco­deur (avec entrées micro/ligne) et l’en­re­gis­treur audio. Les compro­mis concernent surtout la Rom PCM, les couches sonores, la qualité du clavier assez spon­gieux (sur le 61 touches) et l’écran réduit pesant sur l’er­go­no­mie vu la pléthore de fonc­tions. Mais lorsqu’on regarde l’étiquette, on comprend qu’il puisse faire de l’œil aux musi­ciens peu fortu­nés ou aux adeptes de la scène qui veulent un clavier auto­nome poly­va­lent ou complé­men­taire à des synthés plus typés…

Merci à LaBoi­te­Noi­re­Du­Mu­si­cien.com pour le prêt du maté­riel !

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

8/10
Points forts
  • Ultra compact et léger
  • Fonctions split et layer rapides
  • Profondeur de la synthèse
  • Modulations matricielles
  • Sept puissants multi-effets
  • Deux arpégiateurs polyphoniques
  • Séquenceur à grille pour les drums
  • Séquenceur MIDI sans compromis
  • Entrées audio micro et ligne
  • Effet vocodeur
  • Enregistreur audio
  • Possibilité d’alimentation par piles
  • Clavier de commandes 16 zones
Points faibles
  • Manque de commandes directes
  • Beaucoup de fonctions dans les menus
  • Certains multisamples à une seule couche
  • Clavier collant (modèle 61 touches)
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.