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Pédago
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Les logiciels de mesure et de correction

La Loudness War, 11e partie

Suite et fin de notre dossier sur le volume, ses conséquences sur la musique, le son et nos oreilles.

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Évidem­ment, busi­ness is busi­ness, et les éditeurs ont vu là une belle oppor­tu­nité de présen­ter des outils inédits, qu’ils soient de mesure, inté­grant les nouveaux stan­dards, que de correc­tion, voire d’in­clure ces fonc­tions dans des produits déjà exis­tants à la faveur d’une mise à jour ou d’un chan­ge­ment de version. 

Pas ques­tion ici d’une liste exhaus­tive (diffi­cile de connaître tous les produits à n’im­porte quel instant T), mais on mention­nera les prin­ci­paux, de mesure et/ou de correc­tion, qu’ils soient payants ou (chouette !) gratuits. 

Norme et outils

Les posses­seurs de produits iZotope sont gâtés, à condi­tion d’avoir les versions les plus perfor­mantes des logi­ciels, et donc les plus chères. RX4 Advan­ced (1199 $), d’abord, intègre un module Loud­ness qui permet d’ana­ly­ser puis de corri­ger les fichiers audio suivant diffé­rentes normes, grâce aux présets four­nis (EBU R128, ITU-BS.1170 rev. 1, 2 et 3, ATSC A85, la variante US, l’OP-59 pour l’Aus­tra­lie, etc.). On peut y régler manuel­le­ment le limi­teur True Peak et le niveau en LUFS (iZotope a retenu le LKFS, iden­tique au LUFS).

La Loudness war

Ozone 6 Advan­ced (999 $) offre lui la suite d’ou­tils de mesure Insight (dispo­nible sépa­ré­ment pour 499 $) qui contient un ensemble d’in­di­ca­teurs de niveaux complets pour les nouvelles normes (sans oublier les clas­siques Peak et RMS), avec affi­chage de l’his­to­rique du Loud­ness, sans possi­bi­lité de correc­tion via proces­sus ou module dédié.

Chez Flux : :, on trou­vera le Pure Analy­zer System (279 €), auquel il faudra adjoindre l’op­tion Mete­ring (149 €). Mesures seule­ment, pas de correc­tions possibles, voir le test ici

L’édi­teur Meter­Plugs propose le LCAST, outil de mesure (seule­ment) stéréo (199 $) ou surround (399 $) assez complet. Non testé, je ne peux vous en dire plus.

Toujours dans la mesure, on recom­man­dera les outils Hofa-Plugins, en parti­cu­lier la série 4U, qui est gratuite. Et notam­ment, le Hofa 4U Meter, Fader & MS-Pan, pour ses fonc­tions d’af­fi­chage EBU R128. Limité, certes, mais gratuit. Une première manière de rentrer dans l’uni­vers des nouvelles mesures, et donc de s’ha­bi­tuer à la lecture de nouveaux indi­ca­teurs.

Chez Tone­Boos­ters, pour 19,95 €, le TB EBU Loud­ness vous offre les mesures de toutes les normes, y compris celles du K-System v2, le True Peak, histo­rique du Loud­ness et le fonc­tion­ne­ment en stéréo et multi­ca­nal… Le moins cher de toute la série, doté de sérieux atouts, notam­ment via le nombre de pré-réglages, l’in­di­ca­tion de l’en­trée en action des Gates (voir les docs tech­niques de la norme).

Autre éditeur, notam­ment connu pour son Visua­li­zer offrant quasi­ment toutes les options de mesure (actuel­le­ment en version 2), NuGen four­nit un ensemble très complet d’ou­tils dédiés à la mesure et à la correc­tion en accord avec la plupart des normes actuelles. Ainsi, le LMCor­rect2 (372 €) est un logi­ciel auto­nome permet­tant d’ana­ly­ser et corri­ger tout fichier audio (en fonc­tion d’une des normes inté­grées sous forme de présets, avec possi­bi­lité d’adap­ter les valeurs para­mé­trées, un must have si l’on produit beau­coup à desti­na­tion de divers media. L’ISL2 (234 €) est un limi­teur true peak qui permet d’ap­pliquer direc­te­ment des pré-réglages corres­pon­dant aux normes. Master­Check (120 €) permet de véri­fier instan­ta­né­ment la façon dont votre audio sonnera suivant les diffé­rentes normes, grâce à sa fonc­tion Offset To Match, avec affi­chage du PLR (Peak to Loud­ness Ratio, diffé­rence entre les crêtes et le volume perçu). VisLM2 (420 €) est un ensemble d’in­di­ca­teurs extrê­me­ment complet, avec affi­chage de l’his­to­rique et export des statis­tiques. Il existe un bundle, le Loud­ness Tool­kit 2, incluant ISL2, LMCor­rect2 et VisLM2 (864 €). Les tarifs ne mettent cepen­dant pas ces logi­ciels à la portée de tout un chacun…

Enfin du côté de chez TC Elec­tro­nic (tout récem­ment racheté par Music Group, soit Behrin­ger…), la série d’ap­pli­ca­tions LC Loud­ness Correct, qui analysent et traitent les fichiers .aif ou .wav, en fonc­tion d’un certain nombre de présets, avec réglages de niveau cible LUFS et dBTP : deux versions, le LC2n (trai­te­ment des fichiers stéréo, 358 $) et LC6n (fichiers surround, 838 €). Tout comme le NuGen LMCor­rect2, un must have. Le choix sera affaire de goût, le coût des logi­ciels étant à peu près équi­valent. À noter que TC propose aussi des versions sans correc­tion, avec les LM (2 et 6) et LMn (1, 2 et 6).

Vu les tarifs de certains logi­ciels, on évitera toute réac­tion moti­vée par le GAS, et il convien­dra de se poser la ques­tion de l’uti­lité et de la renta­bi­lité. En revanche, la connais­sance de l’im­pact des nouvelles normes sur sa propre produc­tion sera un plus, et pourra éven­tuel­le­ment résul­ter en un chan­ge­ment dans les pratiques person­nelles de mixage, dans une redé­cou­verte de la dyna­mique. Les quelques outils de mesure à bas prix (mais pas au rabais) ici présen­tés se révè­le­ront alors très utiles. 

Conclu­sion (provi­soire ?)

Toute­fois, ne nous mépre­nons pas. Ces nouvelles normes ne sont pas encore géné­ra­li­sées, tous les médias n’ont pas obli­ga­tion d’y sous­crire. Avant que tous les sites (prin­ci­paux pour­voyeurs de musique enre­gis­trée actuel­le­ment) ne se conforment par simple volonté (pas de contrainte légale à l’heure actuelle), et sans garan­tie que tous ceux ayant obli­ga­tion s’y conforment vrai­ment (voir comment certains sono­ri­sa­teurs live, DJ, patrons de bars, boîtes et salles de concerts arrivent à contour­ner le 105 dB…), on risque d’at­tendre encore un bon petit moment. 

La Loudness war

Rappe­lons, pour enfon­cer le clou, comme l’a démon­tré Earl Vickers, dans sa commu­ni­ca­tion sur le sujet lors de la 129e conven­tion de l’AES, qu’il n’y a aucune corré­la­tion entre le volume d’un titre, d’un disque et leur succès commer­cial ! 

Il est temps de conclure ; peut-être de façon provi­soire, sait-on jamais, imagi­nons que tous les acteurs respon­sables de la Loud­ness War décident d’un coup d’ar­rê­ter… Musi­ciens, produc­teurs, ingé­nieurs du son, ingé­nieurs de maste­ring, maisons de disques, radios, télés, mixeurs cinéma, sites inter­net, commer­ciaux, jour­na­listes (tiens, on aurait tendance à les oublier, ceux-là), remixeurs, sono­ri­sa­teurs, DJs, publi­ci­taires : tous d’ac­cord pour recon­naître leur erreur, les dégâts infli­gés à la fois à la musique, au son et à nos oreilles ! Ne rêvons pas. Ce qui fera chan­ger les choses, comme souvent, est une ou des pres­sions d’ordre avant tout commer­cial. Certaines sont déjà en place, reste à en trou­ver d’autres, et à agir diffé­rem­ment.

En atten­dant, l’es­sen­tiel est que le message passe : le problème n’est pas qu’es­thé­tique, il est aussi et avant tout, vous l’au­rez compris, de santé publique. 

PS : En guise de cadeau pour conclure cette série d’ar­ticles, vous pour­rez lire un entre­tien très inté­res­sant la semaine prochai­ne…

 

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