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SérieModartt Pianoteq 5

Test écrit
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Five Fingers
7/10
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Régulièrement, et entre diverses extensions dédiées à d’autres sonorités, Modartt met à jour son logiciel de piano acoustique à base de modélisation. Voici donc Pianoteq version 5, ses améliorations et nouveautés.

Dans notre doux domaine de l’au­dio, de la musique et de l’au­dio­nu­mé­rique, on connaît les oppo­si­tions Mac/PC, les tenants des amplis guitares physiques et les thuri­fé­raires des modé­li­sa­tions d’am­pli, les fondus de l’or­chestre virtuel et les incon­di­tion­nels de la vraie assem­blée de musi­ciens, et les diverses guerres picro­cho­lines entre défen­seurs de ceci et pour­fen­deurs de cela. Sans comp­ter ceux qui sont peut-être une majo­rité (je m’avance, atten­tion aux horions…) et qui trouvent leur bonheur dans l’uti­li­sa­tion de tech­niques présen­tées comme oppo­sées et qui seraient avant tout complé­men­taires, et surtout dépen­dantes du contexte, que l’on oublie souvent.

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.9.3
Logic Pro 10.0.7
Modartt Piano­teq 5.0.1

Dans ces oppo­si­tions se tiennent celles qui concernent ici notre article, dans les approches rete­nues afin de créer un piano acous­tique virtuel, à savoir les solu­tions à base d’échan­tillons, celles utili­sant des tech­niques hybrides (synthèse et échan­tillons, échan­tillons et modé­li­sa­tion, etc.) et celles n’uti­li­sant que la modé­li­sa­tion. L’un des repré­sen­tants les plus connus de la mise en œuvre de cette dernière est Modartt, éditeur du logi­ciel Piano­teq, dont la première version a été réali­sée en 2006, et consi­déré selon les termes du marke­ting maison comme le « premier piano véri­ta­ble­ment modé­lisé  ». 

On trou­vera sur Audio­fan­zine les diffé­rents tests des précé­dentes versions (voir enca­dré). Voici la toute dernière, Piano­teq 5 (5.0.1 au moment de ce test). 

Du piano virtuel chez AF

Afin de se faire une petite idée de ce que donnent la plupart des pianos virtuels à base d’échan­tillons comme de modé­li­sa­tion, voici un éven­tail des tests dispo­nibles sur Audio­fan­zine. 

Toutes les solu­tions n’y sont pas, soit parce que les pianos étaient trop anciens, soit parce que les produits ne nous sont pas parve­nus, soit parce que l’ac­tua­lité des sorties a poussé notre rédac’-chef à faire des choix.

Voici donc (j’es­père ne pas en oublier) les diffé­rents tests. Préci­sion : depuis quelques mois (années), j’uti­lise les mêmes fichiers MIDI (maison…), ce qui permet d’avoir des éléments de compa­rai­son plutôt objec­tifs.

Synthogy Ivory II Grand Pianos, Synthogy Ivory Upright Pianos, Tone­ham­mer (main­te­nant répar­tis entre 8DIO et Soun­dI­ron) Granny Piano, Bowed Grand Piano, Plucked Grand Piano, Emotio­nal Piano et Mont­cla­rion Hall Piano, Native Instru­ments Alicia’s Keys, Acous­tic­sampleS Kawai Ex-Pro, Old Black Grand et autres 88 notes, Best Service Galaxy Pianos II, Compa­ra­tif entre l’Akous­tik Piano de Native et The Grand 2 de Stein­berg, Modartt Piano­teq 3.5, Modartt Piano­teq 4, XLN Audio Addic­tive Keys, VI Labs True Keys

Intro­du­cing Modartt Piano­teq 5

Modartt Pianoteq 5

On obtien­dra comme d’ha­bi­tude le logi­ciel sur le site de l’édi­teur, un télé­char­ge­ment toujours aussi rapide puisque le fichier ne pèse que 36 Mo, qui gagne donc 16 Mo par rapport à la version 4 (20 Mo). L’ins­tru­ment est vendu 399 euros (dans sa décli­nai­son Pro, 249 dans sa décli­nai­son et 99 dans sa décli­nai­son Stage). L’up­grade depuis n’im­porte quelle version précé­dente est vendu 29 euros (bravo), et la mise à jour d’une décli­nai­son Stage à Stan­dard, ou de Stan­dard à Pro, en coûtera 150. Et il faudra débour­ser 300 euros pour passer de Stage à Pro. Une poli­tique tari­faire plutôt bien étudiée, notam­ment depuis les premières versions. Les décli­nai­sons offrent bien entendu des fonc­tion­na­li­tés diffé­rentes (voir sur le site de l’édi­teur), et si l’on ne souhaite pas modi­fier son instru­ment, Piano­teq Stage est une solu­tion idéale offrant toutes les autres spéci­fi­ci­tés du logi­ciel.

Le logi­ciel est compa­tible Mac, PC et Linux (un bon point pour l’édi­teur) aux formats de plug-ins VST, AU, AAX et RTAS 64 bits, et sous forme d’ap­pli­ca­tion auto­nome (stan­da­lone). Nouveauté, on sélec­tionne lors de l’achat un pack sonore composé de deux pianos acous­tiques (D4 et le nouveau K2), ou des pianos élec­tro-acous­tiques (Rhodes, Wurlit­zer), ou des lamel­lo­phones (vibras, xylo, marimba). Les autres modèles, sous forme d’Ins­tru­ment Packs pour­ront être ache­tés sépa­ré­ment (49 euros). On prêtera notam­ment atten­tion aux magni­fiques Schloss Krem­segg Collec­tion #1 et #2, déve­lop­pées avec le musée autri­chien du même nom, offrant de superbes pianos des XVIIIe et XIXe siècles (Krem­segg1 et Krem­segg2).

On télé­char­gera aussi les des Add-Ons gratuits KIViR et Bells, qui sont en train d’être mis à jour pour profi­ter des nouveau­tés de la version 5. KIVir offre de nombreux instru­ments histo­riques (clavi­corde, clave­cins, cymba­lum, piano­fortes, pianos et CP80), l’autre des tubu­lar bells, des cloches et carillons. 

Quelles sont les autres modi­fi­ca­tions appor­tées à Piano­teq dans sa version 5 ?

Dans le vif du sujet

Modartt Pianoteq 5

Fidèle à son habi­tude, l’édi­teur nous offre un nouveau modèle de piano entiè­re­ment fictif même si repre­nant, selon Modarrt, les carac­té­ris­tiques de plusieurs pianos diffé­rents, et baptisé K2, qui prend donc la place du K1 (les diffé­rents pianos sont en effet souvent rempla­cés d’une version à l’autre). On va donc procé­der à une écoute appro­fon­die de ce modèle (le terme n’a jamais aussi bien porté son nom).

Un des premiers grands avan­tages de la modé­li­sa­tion est sa gestion des nuances, qui ne montrent aucune dispa­rité timbrale autre que celles natu­relles, et ne fait entendre ni à-coup ni saut de vélo­cité. Le K2 n’y échappe pas.

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Autre clas­sique à recher­cher, que l’on peut parfois obte­nir avec les instru­ments utili­sant des échan­tillons et une tech­nique supplé­men­taire, la réso­nance sympa­thique. J’ai coutume d’uti­li­ser cet exemple, dans lequel un accord est plaqué sans faire entendre les notes, puis sont jouées par-dessus diffé­rentes notes, qui sur un véri­table instru­ment feraient entrer en vibra­tion les cordes de l’ac­cord muet par sympa­thie, puisque les étouf­foirs desdites notes sont en posi­tion haute. Voici le résul­tat sur le K2.

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Deux points sur lesquels les concur­rents pur sampling ou hybrides n’ar­rivent toujours pas à lutter…

Modartt Pianoteq 5

Autre compa­rai­son possible, la gestion des écarts de dyna­mique, ici avec deux accords à des nuances diffé­rentes. D’autres tests (répé­ti­tion d’une seule note, etc.) nous montrent que l’on dispose de 36 dB d’écart (±3 dB), ce qui corres­pond à peu près à l’écart que l’on peut trou­ver dans certaines condi­tions d’en­re­gis­tre­ment d’un piano à queue (une moyenne, car il est évident que les graves sonnent plus forts que les aigus).

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Cet écart n’est pas toujours rendu de façon très agréable. Par exemple, cet extrait avec le préset Studio Recor­ding fait entendre le premier accord fff avec un contenu en fréquences résul­tant en un son et des réso­nances trop métal­liques.  

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Profi­tons de ce préset pour faire entendre plusieurs exemples de re-peda­ling, plutôt diffi­cile à obte­nir avec du pur sample.

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Et ici un bel exemple de la capa­cité de l’ins­tru­ment à repro­duire le sustain et les réso­nances, avec un préset Close­Mic. 

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Plus le Concer­tRe­cor­ding joué avec la pédale Una Corda.

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Et le préset Under Lid, dans lequel les micros sont placés sous le couvercle (ouvert) donc proches des cordes et captant plus de réso­nances de la caisse, notam­ment dans les graves.

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On va conti­nuer avec quelques exemples plus musi­caux, notam­ment cette pièce de Rimski-Korsa­kov, utili­sant le (peu ortho­doxe, mais j’aime bien le résul­tat…) programme Bass & PianoS­plit. 

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Toujours dans la douceur, avec le programme Dreamy.

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Autre ambiance sonore, ce boogie. Les trémo­los ne passent pas ici aussi bien que sur les pianos à base de samples. Je vous laisse, je retourne les bosser… 

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Enfin, concer­nant le K2, un dernier exemple en jouant sur le réglage Condi­tion, et en le plaçant presque au milieu entre Mint et Worn.

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Autres chan­ge­ments, des amélio­ra­tions annon­cées des précé­dents modèles, c’est-à-dire les D4, Blüth­ner, YC5 et U4. On ne pourra pas les compa­rer tous, mais voici un même exemple joué sur le D4 Clas­si­cal­Re­cor­ding du Piano­teq 4 et du Piano­teq 5 (il y a une très légère diffé­rence de volume crête entre les deux, mais celui qui entend 0,2 dB de diffé­rence me fait signe).

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Modartt Pianoteq 5

Bas médiums et graves sont moins soute­nus, et à l’in­verse (ce n’est pas juste un senti­ment de balance spec­trale modi­fiée), les aigus sont plus brillants, plus forts, notam­ment à partir de 3 kHz. On constate à l’usage que c’est une tendance de la nouvelle version.

Autre grand chan­ge­ment, la gestion des micros ; d’abord l’édi­teur a modé­lisé de nombreux micros, que l’on recon­naî­tra parfai­te­ment de par leur appel­la­tion (et peut-être de leur compor­te­ment…) avec un réglage de compen­sa­tion de l’ef­fet de proxi­mité (augmen­ta­tion du bas du spectre plus on se rapproche de la source) et inclu­sion de nouvelles possi­bi­li­tés (notam­ment dues aux figures en 8). Ensuite, on peut modi­fier l’axe des micros utili­sés (jusqu’à cinq simul­ta­nés, diffé­rents, indé­pen­dants ou liés), ce qui permet une très grande souplesse de « prise de son », puisque l’on travaille main­te­nant en trois dimen­sions.

Bilan

On pour­rait quasi­ment reprendre la conclu­sion des précé­dents tests, mettant en avant toutes les quali­tés de la modé­li­sa­tion et donc de l’ins­tru­ment Piano­teq, notam­ment le réalisme et le confort de la réponse au jeu ainsi que la qualité du compor­te­ment sonore du piano (réso­nance sympa­thique, réponse à la vélo­cité, pédales, géné­ra­tion des harmo­niques, etc.).

Mais bizar­re­ment, cette fois, le prin­ci­pal reproche fait à Piano­teq semble accen­tué, c’est-à-dire la faiblesse des graves, d’au­tant que les hauts médiums et aigus ont eux été légè­re­ment renfor­cés. Mais peut-être dira-t-on qu’il vaut mieux avoir plus pour enle­ver, que pas assez. Certes. Deman­dons donc plus de graves pour la prochai­ne…

Il sera donc ques­tion de faire une balance raison­née entre les quali­tés indé­niables de la modé­li­sa­tion, inat­tei­gnables par les pianos à base d’échan­tillons, et les quali­tés de ces derniers, notam­ment dans la pléni­tude du son. Deux versions de démo de Piano­teq Stage et Piano­teq Stan­dard sont dispo­nibles sur le site de l’édi­teur, n’hé­si­tez pas à les essayer, peut-être que vos opinions sur les pianos virtuels chan­ge­ront.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC) 

  • Modartt Pianoteq 5
  • Modartt Pianoteq 5
  • Modartt Pianoteq 5
  • Modartt Pianoteq 5
  • Modartt Pianoteq 5
  • Modartt Pianoteq 5
  • Modartt Pianoteq 5

 

7/10
Points forts
  • Son
  • Réalisme sans égal de la réponse au jeu
  • Nouveau modèle K2
  • Collection Kremsegg
  • Nombreux présets
  • Quatre pédales
  • Sustain progressif
  • Nouveaux micros
  • Rotation et placement 3D des micros
Points faibles
  • Son manquant parfois de corps
  • Graves présentant un certain manque d’ampleur
  • Un gain dans les fréquences hautes pas toujours apprécié
  • Certaines attaques

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