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Sujet - Les trucs et astuces de scène.

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1 - Les trucs et astuces de scène.
Salut tout le monde !

Comme on l'a évoqué dans le délicieux topic : "Les Conneries on stage", on propose ici un tour d'horizon, voire un recueil :mrg:, de nos astuces en scène.

Le titre est tellement explicite qu'on pourrait certes se dispenser d'une "intro"... mais il ne faudrait pas faire "doublon" avec nos fameuses "C.O.S.".
=> En termes de music-hall, on va donc tenter ici de "faire la revue"...

Comment mettre en avant une chanson, théâtraliser son tour-de-chant, surprendre "le client"; motiver une salle un peu molle, que dire ou ne pas dire entre les chansons ?... À quel moment saluer et comment s'y prendre; maîtriser le faux-rideau et même, être efficace lorsqu'on est absolument aphone !... Tiens ! : comment surnager en pleine panne de courant, le son qui ne vient pas,... et j'en passe.

Bref, tout un tas de combines récoltées sur les scènes pour égayer le set et remuscler le numéro au bon moment. Ça s'apprend le + souvent en regardant les aînés faire le boulot lorsqu'ils vous tolèrent en coulisses, là où l'on se rend compte que le tour qu'ils trimbalent de ville en ville est, contre toute attente, parfaitement millimétré.

On tentera de voir tout ceci au fil des pages. Pas sur l'aspect technique ou matériel du bazar, uniquement sur le blabla et autres artifices de remplissage pour se sortir de situations glissantes ou en vue de pimenter le numéro.

J'avais réfléchi à un moment à sérier les choses et rendre ce thread un peu thématique, j'y renonce finalement : autant tout livrer "comme ça vient"... C'est d'ailleurs en vrac qu'on apprend ce genre de choses ramassées dans le coulisses toujours poussiéreuses (!) des + modestes cabarets aux + grands music-halls.

Avec votre concours, on va donc blinder ce topic d'astuces, de techniques, de tactiques, de gimmicks et autres ficelles... la pirouette gagnante étant toujours celle de l'humour !


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Cramponnez-vous : ça va commencer !
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41
Avec une chorale de jeunes enfants, on place les tout-petits devant (pour qu'on les voit), les moyens en ligne derrière, et les grands plus âgés au fond.
Mas ne posez pas vos micros juste devant, sinon vous allez amplifier surtout les plus criards qui chantent tout faux... :bravo:

Christian

42
Bonjour,

"le silence après la musique est encore de la musique"
mais pas que !

Même si je n'ai aucun souvenir de l'identité des deux artistes "en cause" je me rappelle d'une scène d'une vidéo où le chanteur, se retirant en coulisse recevait les conseils d'un ancien et illustre pair lui disant grosso-modo :

"N'enchaine pas si vite entre tes chansons. laisse le temps au public de digérer ta performance, de savourer cet intermède, de s'abreuver de son propre plaisir et de ses applaudissements...."


Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas un artiste, mais j'ai eu souvent l'occasion de présenter des spectacles, seul et en avant scène

Là aussi les silences ont un sens, mais il ne faut pas que silence se confonde avec "passage à vide"

Durant ces silences, on doit continuer à fixer le public, tout le public, balayer le parterre, les balcons, les yeux bien ouverts,avec bienveillance ou détermination, et surtout pas avec un regard de biche apeurée, et ceci même si les projos, surtout la poursuite vous aveuglent.
C'est un des éléments qui montre au public que c'est un "pro" qui présente sur scène, donc ce sont des "pro" qui vont se produire....
43
Citation de Will :
Hit : C'est moche et c'est une plaie pour les éclairages. ça pète toute ambiance de scène parce que dans un environnement sombre, la moindre lumière le fait ressortir à mort.

D'ailleurs, si tu vas dans une eglise ou ils projettent les paroles des chants avec videoproj, aucune n'utilise un fond blanc. Enfin celles qui font ca correctement avec des equipes de production. Sinon tout le reste de la production est a mettre a la poubelle.
44
Citation de Will :
Paraît même qu'il y a des musiciens qui montent sur scène avec leur bouteille de sky... remplie d'eau.
C'est à voir l'image qu'on veut véhiculer, mais dans certains cas, c'est pas incohérent.


Oui, ca peut être une blague, voire un gimmick.
Un pote avait comme ca vidé une bouteille de Jack en 2 ou 3 lampées en plein morceau ... elle était évidemment remplie d'ice-tea. :clin:

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Pour les pauses entre les morceaux, je dirais que l'important c'est l'intention. Un blanc où tout le monde est hébété, avec un éclairage cru quand on attend qu'un zicos s'accorde, est un signe flagrant d'amateurisme.
Le même silence avec une ambiance lumineuse et un geste du frontman/de la frontwoman, ou le noir, et ca passe comme très pro.

J'essaye de prévoir sur la set-list des morceaux à enchaîner, et d'autres avec du temps de ré-accordage ou de changement d'instrument où la chanteuse sait d'avance qu'elle doit meubler.
45
En fait, plus généralement (et c'est là tout l'intérêt de ce sujet), la scène, c'est pas juste monter sur une estrade et jouer sa musique. C'est un spectacle complet dont la musique est évidemment l'élément central, mais on n'imagine pas un comédien se contenter d'apprendre son texte par cœur et de savoir le dire avec intention avant de jouer une pièce. On n'imagine pas un réalisateur se contenter d'un script et d'une caméra qu'il maîtrise avant de tourner.

La difficulté des amateurs, mais aussi de pas mal de pros, c'est que c'est pas toujours évident voire impossible de faire des résidences pour travailler tous les autres aspects de la scène hors musique. L'avantage qu'ont les pros et semi-pro, c'est que quand on fait beaucoup de dates, on affine au fur et à mesure, on trouve des trucs qui sont mis en place, parfois naturellement sans concertation. Les amateurs qui jouent peu ont peut l'occasion de développer ça.

La seule solution est alors de se préparer comme on peut en répétition, en se plaçant autant que possible en condition de scène, en se filmant, etc.
Mais surtout, je crois qu'il faut que le groupe ait conscience de ces aspects de sa prestation (visuel, timing, aspects pratiques, etc) pour en discuter et se préparer. S'il n'y a même pas cette conscience, rien ne sera fait.

Après, on peut aussi tout à fait jouer sur son côté amateur-foutraque, surtout si on a de personnalités qui suscitent la sympathie et sont capables de déconner avec les bugs et de se tourner en dérision. ça peut aussi marcher... au moins un temps.
46
Citation :
La difficulté des amateurs, mais aussi de pas mal de pros, c'est que c'est pas toujours évident voire impossible de faire des résidences pour travailler tous les autres aspects de la scène hors musique. L'avantage qu'ont les pros et semi-pro, c'est que quand on fait beaucoup de dates, on affine au fur et à mesure, on trouve des trucs qui sont mis en place, parfois naturellement sans concertation. Les amateurs qui jouent peu ont peut l'occasion de développer ça.

La seule solution est alors de se préparer comme on peut en répétition, en se plaçant autant que possible en condition de scène, en se filmant, etc.

Ben nous (on est dans le cadre d'un tribute) et comme dit auparavant, la base des textes est prévue. Hé bien, en répète on me les sabre systématiquement. En gros, j'ai pas mal de difficultés à préparer le show comme je le voudrais. En effet, ce genre d'intervention parlée, voire la prestation scénique, d'un point de vue visuel, peut nécessiter du travail en répète. Mais vas-y faire comprendre ça à des musiciens qui ont l'habitude de jouer leurs morceaux et puis basta. :facepalm:

 

 

 

47
Citation :
Mais vas-y faire comprendre ça à des musiciens qui ont l'habitude de jouer leurs morceaux et puis basta.


:oops2:
Mais vas-y faire comprendre ça à des musiciens qui ont l'habitude de jouer leurs morceaux et puis basta.

"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus

48
Citation de Fresnel34 :
Durant ces silences, on doit continuer à fixer le public, tout le public, balayer le parterre, les balcons, les yeux bien ouverts,avec bienveillance ou détermination, et surtout pas avec un regard de biche apeurée, et ceci même si les projos, surtout la poursuite vous aveuglent.



Citation :
les balcons


Très important de ne pas les oublier.


Surtout ceux au fond; et pas seulement au moment du salut final. Vu de scène et lorsqu'on débute, il faut avoir à l'esprit de les "regarder tout le temps" pour ne pas oublier de les "regarder de temps en temps".

Au premier rang "ils" vous voient... Au dernier rang, c'est à vous de les voir !

J'allais y venir parallèlement à une recommandation de scène qui vaut pour tous mais plus particulièrement en Chanson : en config' "live" : il faut penser à articuler, presque "sur-articuler" mais bien évidemment sans que ça ne se remarque à outrance ! Tout est question de dosage et, + les conditions sont difficiles (plein-air, salles polyvalentes) et + on sera bien contraint de sortir le grand-jeu.
En situation, les pieds sur le grill, il faut se convaincre que le spectateur le + bouché de l'assistance doit comprendre sans effort ce que vous lui racontez.


On reviendra en profondeur sur ces 2 aspects (balcon + interprétation, qui sont liés) aux moments opportuns...

Patience !... :mrg:
49
x
Hors sujet :
Citation de Hit :
les pieds sur le grill


Je ne savais pas que tu étais aussi équilibriste ! :mrg:

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50
:bravo:

Après tout, à défaut de chapiteau on se trouve dans le sous-chapitre : "Comment capter l'attention". Rien qu'à ce titre, en étant beurré, le coup du fil-de-fériste impressionnerait assurément :mrg:


Je n'entrevoyais pas que l'argument "anti-alcool on stage" serait aussi positivement partagé. Mais ne nous leurrons pas : il y a ceux qui postent, et il y a ceux qui lisent; wouaf !


A une époque, je baladais dans mon fourbi (on consacrera + tard un chapitre dédié à notre mato's de base à ne pas oublier; patience...), je baladais donc une petite flache de whiskey.

Une rasade du breuvage avant d'entrer en scène, ça fait sur l'organisme son petit effet; surtout que les jours de gala j'étais proprement infichu de manger quoi que ce soit de toute la journée.

La flasque de whiskey, c'est hyper discret à l'usage et ça ne laisse pas de cadavres.
De +, ainsi qu'y veille avec raison mon ami Dart dans l'idée de contrôler la situation, le côté pratique des 10cl du flacon indiquent rapidement la dose à ne pas dépasser :mrg:

Pas meilleur qu'un autre, je confesse bien volontiers qu'en lieu de flache, si je m'étais trimballé la bouteille, alors le stress et ces putain d'heures d'attente aidant, il n'en serait probablement pas resté grand-chose !

Piège total que j'ai eu la chance d'apprendre très tôt à déminer (sic), précisément au contact d'Anciens qui s'étaient vissés une sacrée casquette d'alcoolos invétérés -casquette qu'ils se sont trimballé toute leur carrière durant et, ce, bien en dépit de fort longues périodes d'abstinence-. Bien pire encore, j'en ai vus aussi hélas ! quelques-uns vouloir s'envoler vers les paradis pour finalement s'enfermer dans les enfers; j'en ai même vu un sortir du client à coups de poings !

Et ce n'étaient pas les moins talentueux, je vous prie de le croire.
Quel gâchis, nom de Dieu quel gâchis !

Après un tel épisode, comment voulez-vous qu'on vous accorde quelque once de confiance...
Je peux comprendre le mal-de-vivre de certains, leur colère immense de notre génération et bien sûr que pour bon nombre ici -et j'en suis-, la Musique est toute notre vie. M'enfin bon, 'faut pas déconner : ce n'est jamais que de la Musique...


Notons toutefois qu'à côté de ça, il existe aussi les Seigneurs; là c'est un tout-autre monde. Ceux qui te dézinguent deux bouteilles de sky et restent tout aussi lucides et droits que si tu venais de terminer ton petit-déj' :8O:

Gilbert Bécaud et François Deguelt étaient, à ma connaissance, les champions de la discipline. Ils ne s'en cachaient ni l'un ni l'autre et de toute manière, je plaide qu'il y a prescription et aucune intention de nuire -bien au contraire-, à leur image.

Bécaud était magnétique, en scène.

Il transformait en fan' n'importe quel mar(r)i venu assister à l'une de ses représentations pour contenter l'épouse qui n'en finissait pas de causer de lui... Ça amenait du client et il n'était pas peu fier du résultat.

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Comme au grand dam de Roumanoff on ne vous raconte pas tout, le personnage s'amusait parfois entre deux représentations à laisser sa Roll's coincée sur une voie de chemin-de-fer et, mimant la déraison à s'y méprendre, appelait alors son pote Amade, alors préfet de police et auteur de "L'important, c'est la rose" pour que les secours viennent déblayer son véhicule avant qu'il n'y ait accident.

La plupart du temps c'était bien-sûr un canular mais ça faisait parler de lui en hauts-lieux.
Mettez tous les commissariats de France sur les dents : la réputation vous est unanimement assurée :mrg:.

Mais ça ne suffit pas.
Un jour je surprends de lui cette conversation de coulissses, genre énervé avec un journaleux : "pourquoi tu crois que je porte cette cravate (à pois, ndr) à la con depuis le départ !?" (...) "C'est comme Trenet et son chapeau : grâce à "ça", les gens m'identifient et dans ce métier, on revient toujours sur les lieux du crime".

Oui, je sais. Tout ce que je raconte n'est pas très Charlie. C'est Bécaud.


Co-incidence ? : depuis Eux, il n'y a plus de Chanson française.


Au rayon de la finition des alcools je me ressouviens tout aussi bien du camping-car de Deguelt, qui était cave ambulante. Forcément : partout où le bougre se produisait il raflait les meilleurs crus de chaque région :mrg:.

Il ne traversait les routes et les scènes qu'avec deux simples articles scéniques : son micro, sa guitare. Point.
Une housse affreuse en simili brun d'après-guerre et contenant tout au + 3 cordes de rechange; et c'est tout. Même pas, Ô luxe, une gratte en spare...

Autant dire, donc, qu'il y avait de la place dans le camping-car pour loger des bouteilles, y compris sous le plumard (qu'il ne refaisait jamais : une simple couette) et qui retenait ses meilleures prises.

De son ultime paradis, Dora Doll me fera encore bénéfice de toutes ses victimes qu'il appelait invariablement "Cerise" pour ne jamais se... tromper... (astuce dissimulée):mrg:
Dieu que ce gars était organisé !

Il passait chez des amis (une légion), y prenait une douche, faisait tourner une machine et hop ! c'était reparti pour le département voisin, et ainsi-de-suite.


Avouez qu'avec le coup du camping-car, côté "astuces" on atteint là des sommités d'orga' ! Certes il faut avoir les moyens mais Frnçois n'a pas toujours été "riche", loin s'en faut...

Mais parlons de Deguelt pour tenter de décrire la fascination qu'il exerçait sur le public du coin de son œil bleu de crooner.
En cabaret comme en scène, ce regard terriblement accrocheur pouvait faire tomber n'importe qui, je ré-écris : n'importe qui, et même sur le tard de ses dernières dates.


Une fois son nom annoncé dans le micro par le présentateur, il se faisait longuement, très longuement, applaudir...
Et ça aussi, c'est un métier : rien qu'avec sa sobre gestuelle et l'exacte mimique qu'il faut faire varier d'instant en instant et à ce moment-ci et surtout pas à un autre, il pouvait faire traîner les applauds aussi longtemps qu'un Gerra vous mime Hollande, sans dire un mot !

Je n'ai jamais très bien compris le mécanisme déclenchant un tel phénomène chez le spectateur ni comment il s'y prenait exactement : tout était contenu dans le charisme forgé du personnage et, une fois encore, dans la précision presque chirurgicale de ce tour. Véritable tour-de-force sur le grill.

Si ça vous tente d'essayer (car c'est un truc qui fonctionne à merveille), mieux vaut je pense s'y exercer très jeune et y travailler longtemps, longtemps, longtemps. Avant que les poètes ne disparaissent.
Loin de son œil sucré de vrai troubadour, j'ai bien tenté de m'y coller et reprendre à mon compte sa ficelle... ben ça marchait pô :noidea:
Sacha Distel y parvenait. Mais il faut dire que Distel a absolument TOUT piqué à Deguelt.


Une fois que François Deguelt avait décidé de faire retomber la généreuse mayonnaise de son intri (car avec lui, les applaudissements s'arrêtaient presque d'un coup -ça aussi, ça relève du magique !-), il allait chercher une simple chaise (prévue dans le tour, mais on y reviendra) sur laquelle reposera son pied durant tout le récital et, sans dire "bonsoir" en laissant pendre sa guitare par le manche il annonçait : "Je vous présente : mon orchestre !"

Et c'était parti pour son enfilade de titres.
Pas de chichi entre deux titres, juste un sourire de gitan et un hochement de tête parfois convivial en guise de remerciement. Un projo fixe, un peu à la Brassens -et, du coup, à la Le Forestier-; un peu à la Chelon.
Sobre et même peut-être trop discret comme tour-de-chant... Question de nature; moi j'aime quand ça bouge :diable:

Ce n'est d'ailleurs pas toujours très simple de jouer en première-partie de ce genre d'aigles-royaux si minimalistes.


Brève "DIGRESSION" sur les "première-parties :

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Promis : le prochain coup je tenterai de vous parler un peu de moi entre Bachelet et C.Jérôme. Non pas que l'immodestie de l'idée ne m'intéressât mais c'est là le sujet que je connais le mieux.


Pour l'heure, laissons conclure ce post par l'un des maîtres de la captation d'attention.
Car évidemment conquis par son magnifique "coup des applaudissements", je demandai à Deguelt la raison pour laquelle il ne remettait pas le couvert en fin de récital (dans mon esprit d'alors : juste histoire de quitter la salle sur un triomphe, "quoi"...)...

Réponse sans appel : "les journalistes et les photographes sont là au début pour faire leur papier et leurs photos. Après, ils se cassent. C'est qu'il faut leur en foutre plein la gueule.

C'est comme en Magie : on ne fait jamais deux fois le même truc de suite.