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Pédago
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L'enregistrement de la guitare électrique - DI Joe

Le guide de l’enregistrement - 75e partie

Quand nous parlons de son de guitare électrique, nous associons inconsciemment cela au couple instrument / ampli. À tel point que lorsque nous évoquons l'enregistrement direct à certains guitaristes, ces derniers crient souvent à l'hérésie et considèrent la chose avec dédain comme une sorte de filet de sécurité du technicien son amateur… Pourtant, de nombreux enregistrements légendaires comportent des parties de gratte uniquement réalisées en envoyant le signal de la guitare directement vers la console sans passer par la case ampli, et croyez-moi, ils ont touché plus que 20 000 ! Petite liste non-exhaustive…

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DI Hard

Commençons si vous le voulez bien par l’évi­dence même : les sons clairs. Il est effec­ti­ve­ment plutôt facile d’ima­gi­ner que l’on puisse obte­nir un son clair en enre­gis­tre­ment direct. Sauf qu’en écou­tant vos enre­gis­tre­ments « clean » réali­sés en direct, le son vous paraît certai­ne­ment aigre­let, trop fin, sans person­na­lité. Eh bien figu­rez-vous que ce n’est pas une fata­lité et que certains artistes ont telle­ment bien travaillé leur son en direct que c’est même devenu leur signa­ture ! J’en veux pour preuve le grand Nile Rodgers et ses fameuses ryth­miques inci­sives qui doivent beau­coup à l’en­re­gis­tre­ment direct. Par exemple, le son de guitare de l’in­dé­mo­dable Le Freak a été réalisé en bran­chant direc­te­ment sa Stra­to­cas­ter dans une console Neve :

Dans le genre tube plané­taire, il y a égale­ment la six cordes de Prince sur le célèbre Kiss :

Plutôt pas mal, non ?

Bon, d’ac­cord, il est possible d’ob­te­nir de bons sons clairs en enre­gis­tre­ment direct. Mais pour des sons satu­rés, cela semble tout bonne­ment impos­si­ble… Que nenni ma bonne dame ! Et ça ne date pas d’hier en plus !

En 68, les guitares de John Lennon et George Harri­son sont bran­chées direc­te­ment sur la console d’EMI pour l’ico­nique Revo­lu­tion. 

En 71, le fameux riff du Black Dog de Led Zeppe­lin a été exécuté sur une Les Paul bran­chée via un boitier de direct sur le préam­pli micro de la console et le résul­tat est ensuite passé dans deux compres­seurs Urei 1176 en série.

Plus proche de nous, en 91, la  guitare tota­le­ment satu­rée du titre anti-machisme Terri­to­rial Pissings de Nirvana provient d’un savant mélange entre une prise « tradi­tion­nelle » et une prise directe dans la console Neve.

Bref, en un mot comme en cent, vous voyez bien qu’il est tout à fait possible d’ob­te­nir une très large palette sonore en attaquant direc­te­ment un préam­pli micro avec une guitare élec­trique… mais cela ne se fait pas n’im­porte comment…

Born to DI

Pour réali­ser ce genre d’en­re­gis­tre­ment, il vous faut au mini­mum deux choses en plus de votre inter­face audio­nu­mé­rique : un boitier de direct et un préam­pli micro. 

Bellari RP520 : Bellari RP520

« Mais mon inter­face possède déjà une entrée instru­ment et un préam­pli micro ?! » me direz-vous. Certes, mais pour ce type de son le point crucial réside dans la maîtrise des gains en entrée et en sortie du préam­pli micro, et ce, avant conver­sion numé­rique. Sur votre inter­face, vous avez accès au gain d’en­trée des préam­plis micros, mais pas à celui de sortie avant d’at­taquer le conver­tis­seur. Mora­lité, en pous­sant l’un de ces préam­plis micros jusqu’à obte­nir une satu­ra­tion, aussi infime soit-elle, vous prenez le risque de satu­rer le conver­tis­seur et ça, ce n’est vrai­ment pas beau à entendre. Du coup, la solu­tion consiste à bran­cher la guitare élec­trique à un boîtier de direct pour attaquer un préam­pli micro externe qui est lui-même bran­ché sur une entrée ligne de l’in­ter­face audio. Avec cette confi­gu­ra­tion, vous pouvez régler le gain d’en­trée du préam­pli micro à loisir tout en conte­nant le surplus de niveau engen­dré via le gain de sortie afin de ne pas surchar­ger le conver­tis­seur de votre carte son.

Bien entendu, le grain sonore que vous obtien­drez avec cette tech­nique dépend énor­mé­ment du préam­pli micro externe utilisé. Mais n’al­lez pas croire que cela implique forcé­ment l’em­ploi d’un préam­pli hors de prix façon SSL, API ou Neve. Il existe des préam­plis micro externes d’en­trée de gamme assez surpre­nants à ce niveau-là et au final, tout n’est qu’af­faire de goût. À titre d’exemple, sachez que j’ai person­nel­le­ment utilisé avec bonheur un préam­pli Bellari RP520 pour ce genre de choses pendant des années. D’ailleurs, il m’ar­rive encore parfois aujour­d’hui de regret­ter de m’en être séparé, c’est dire !

Voilà, c’est tout pour aujour­d’hui. Rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aven­tures !

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