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Pédago
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L'enregistrement de la voix

Le guide de l’enregistrement - 86e partie

Attaquons-nous cette semaine à l'un des plus importants sujets de ce guide consacré à l'enregistrement : la captation de la voix. Comme nous allons le voir dans cette brève introduction, bien enregistrer la voix ne se résume pas qu'à placer au bon endroit le meilleur micro possible accouplé au préampli "idéal", loin de là…

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Prélude

Les personnes qui me connaissent un tant soit peu doivent certai­ne­ment se dire que je ne suis pas entiè­re­ment objec­tif lorsque je souligne l’im­por­tance de la voix dans le cadre de ce guide. Il est vrai que mon aven­ture musi­cale person­nelle a commencé par là puisqu’avant de travailler dans le son, je suis en premier lieu chan­teur. Ceci étant, qu’elle soit chan­tée, parlée, slamée ou rappée, la primauté de la voix au sein des musiques actuelles me semble indé­niable. Mais il ne s’agit pas là du seul et unique argu­ment en faveur d’un trai­te­ment spéci­fique de cet « instru­ment » si parti­cu­lier…

D’un point de vue stric­te­ment biolo­gique, il se trouve que l’oreille humaine est natu­rel­le­ment conçue pour être plus sensible à la voix qu’aux autres types de sons. Mora­lité, même le moins connais­seur des audi­teurs remarquera la plus petite « imper­fec­tion », la moindre « curio­sité » ou toute chose qui pour­rait paraître inha­bi­tuelle. C’est comme ça, nous sommes géné­tique­ment program­més pour perce­voir cela. Ainsi, mieux vaut en avoir conscience dès à présent pour d’une part, éviter les erreurs à la prise ou lors de la phase d’édi­tion, et d’autre part, pour éven­tuel­le­ment utili­ser cela de façon créa­tive afin d’at­ti­rer volon­tai­re­ment l’at­ten­tion du public sur tel ou tel passage, mais je m’écarte du sujet… 

Autre consi­dé­ra­tion plai­dant pour un regain d’at­ten­tion consé­quent à l’oc­ca­sion des prises de voix : il s’agit d’un instru­ment fonciè­re­ment à part. En effet, c’est le seul à possé­der pas moins de quatre niveaux de « lecture » : la voix est mélo­dique, ryth­mique, porteuse de sens et vecteur d’iden­tité. Si les deux premiers niveaux sont d’une évidence aveu­glante, les deux autres méritent peut-être une rapide expli­ca­tion.

La voix est porteuse de sens pour au moins deux raisons. D’une part, les paroles ont une signi­fi­ca­tion et sont, de fait, intel­lec­tuel­le­ment compré­hen­sibles pour peu que l’on sache parler la langue utili­sée. D’autre part, au-delà de la signi­fi­ca­tion des paroles, il y a égale­ment le sens véhi­culé par l’in­to­na­tion, les éven­tuels gémis­se­ments, grogne­ments, respi­ra­tions ou autres qui sont inter­pré­tables par tous sur un plan essen­tiel­le­ment émotion­nel cette fois-ci. L’un des plus beaux exemples du genre m’a d’ailleurs été rappelé par mon meilleur ami pas plus tard qu’hier soir, il s’agit du son de l’ins­pi­ra­tion de Jeff Buck­ley au début de sa version d’Hal­le­lujah. Effet dres­sage de poil garanti !

Quant à la voix en tant que vecteur d’iden­tité, c’est bien simple, aucun autre instru­ment ne reflète aussi bien l’iden­tité d’un musi­cien. Certes, certains spécia­listes peuvent diffé­ren­cier le son d’une Tele­cas­ter de celui d’une Les Paul ou recon­naitre le jeu de basse d’un Pasto­rius entre mille, mais quasi­ment tout le monde sait iden­ti­fier les personnes rien qu’à leur voix. C’est vrai dans la vie de tous les jours et ça l’est encore plus dans un contexte pure­ment musi­cal. Certains artistes ont même des « tics vocaux » qui permettent de les iden­ti­fier en une frac­tion de seconde comme par exemple Michael Jack­son avec ses fameux « Hee-Hee ».

Avec ces quatre niveaux de lecture, la voix est donc défi­ni­ti­ve­ment un instru­ment pas comme les autres. Par consé­quent, son enre­gis­tre­ment néces­site de prêter une atten­tion toute parti­cu­lière à cinq points essen­tiels pour le bon dérou­le­ment de ces lectures possibles : la justesse, le place­ment ryth­mique, l’in­tel­li­gi­bi­lité, l’émo­tion et enfin, le respect du timbre et des « tics vocaux » de l’ar­tiste. Lors d’une prise de voix, si vous arri­vez à cocher ces cinq cases, vous aurez la capta­tion parfaite. Or, il faut bien avouer que pour satis­faire ces exigences, le choix du micro, son place­ment et la « valeur » du préam­pli utili­sés n’ont que très peu d’in­ci­den­ce… Atten­tion, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne suis pas en train de mini­mi­ser la partie pure­ment tech­nique de l’en­re­gis­tre­ment de la voix, j’es­saye juste de remettre les choses à leur véri­table place.

La mora­lité de toute cette pompeuse intro­duc­tion, c’est que dans les prochains épisodes, nous abor­de­rons bien entendu en détail le côté tech­nique de la prise de voix, mais que nous trai­te­rons en premier lieu d’autres aspects qui ont beau­coup plus d’im­por­tance lorsqu’il s’agit de réus­sir vos enre­gis­tre­ments. De prime abord, vous pour­riez vous dire que tout ce dont nous venons de parler n’est abso­lu­ment pas du ressort de l’in­gé­nieur du son. Il est vrai que c’est avant tout l’af­faire de l’in­ter­prète. Ceci dit, il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire à notre « petit » niveau afin de faci­li­ter l’ob­ten­tion du résul­tat escompté, comme nous le verrons dès la semaine prochaine !

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