Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
1 réaction

L'enregistrement du piano à queue en prise de proximité

Le guide de l’enregistrement - 154e partie

Si vous êtes l'heureux propriétaire d'un magnifique piano à queue, ce nouvel épisode de notre guide de l'enregistrement en situation de home studio est pour vous !

L'enregistrement du piano à queue en prise de proximité : Le guide de l’enregistrement - 154e partie
Accéder à un autre article de la série...

Rappel

Comme nous l’avons vu précé­dem­ment dans l’in­tro­duc­tion à l’en­re­gis­tre­ment du piano, l’acous­tique de votre local d’en­re­gis­tre­ment aura un profond impact sur la qualité de votre capta­tion. Or, avec ses dimen­sions pour le moins impo­santes, le piano à queue est malheu­reu­se­ment trop souvent placé dans une habi­ta­tion non pas de façon à opti­mi­ser le son, mais plutôt dans une optique d’éco­no­mie de l’es­pa­ce… Rendez-vous donc service dès le départ et prenez la peine de cher­cher l’em­pla­ce­ment où votre instru­ment sonne le mieux au natu­rel. Je sais que ce n’est pas évident et que beau­coup ne feront pas cet effort, mais n’ou­bliez pas : « shit in, shit out ».

La prise de proxi­mité

Si vous n’avez abso­lu­ment pas la possi­bi­lité de dépla­cer votre beau joujou, voici une méthode qui devrait vous aider à sauver les meubles : la capta­tion en « close-miking », ou prise de proxi­mité en bon français.

Hero-R84-Grand-PianoComme vous devez vous en douter, il convient avant toute chose d’ou­vrir le couvercle histoire que ce dernier ne vienne pas s’in­ter­po­ser entre le son produit par l’ins­tru­ment et le dispo­si­tif de capta­tion. D’ailleurs, si vous ne souhai­tez pas complé­ter votre enre­gis­tre­ment avec des prises d’am­biances, vous pouvez carré­ment le reti­rer de façon à être plus à l’aise lors du place­ment des micros. Atten­tion toute­fois, ne vous lancez pas dans les grandes manoeuvres sans quelques paires de gros bras en renfort, car l’objet est impo­sant, lourd et fragile.

Concer­nant le place­ment des micros à propre­ment parler, il n’y a rien de vrai­ment bien sorcier. Il suffit de les dispo­ser au-dessus de la ligne de frappe des marteaux sur les cordes, ce qui est très facile à faire avec le couvercle ouvert. Quant à la tech­nique de prise, je vous propose deux options que nous avons déjà évoquées pour le piano droit : le couple A/B () et le couple X/Y.

Pour la méthode A/B, vous aurez besoin d’un couple appairé de micros omni­di­rec­tion­nels que vous centre­rez au-dessus du piano avec les capsules visant la ligne de frappe des marteaux. En jouant sur la hauteur de place­ment, vous pour­rez doser dans une certaine mesure la balance entre les tran­si­toires et le sustain des notes. De plus, l’écar­te­ment entre les deux micros influen­cera l’équi­libre de l’image stéréo. Cepen­dant, prenez garde à ne pas pêcher par excès puisqu’un écart trop élevé aura vite tendance à dégra­der la « consis­tance » du centre fantôme de la stéréo et donc, à fragi­li­ser la compa­ti­bi­lité mono.

Passons à présent à la méthode X/Y. Munis­sez-vous d’un couple de micros cardioïdes appai­rés et posi­tion­nez les capsules au plus proche l’une sur l’autre de façon à obte­nir un angle compris entre 90 et 135 degrés (voir schéma).

01

Centrez alors le couple ainsi obtenu au-dessus de l’ins­tru­ment le long de la ligne de frappe des marteaux en visant ces derniers. Ici encore, la hauteur de place­ment permet de gérer la balance tran­si­toires / sustain. Quant à l’angle formé par les deux micros, il permet bien entendu de jouer sur la sensa­tion de largeur stéréo du rendu. Même si la méthode X/Y offre une meilleure compa­ti­bi­lité mono que le couple A/B, faites tout de même atten­tion à ne pas trop exagé­rer l’ou­ver­ture de cet angle sous peine de créer un « trou » au centre de l’image stéréo.

En pratique

Afin d’illus­trer cet article, voici quelques exemples sonores. Ne dispo­sant malheu­reu­se­ment pas d’un quel­conque piano à demeure, sachez que ces extraits ont été réali­sés grâce à l’ex­cellent instru­ment virtuel Piano­teq de Modartt. En sus de nombreuses modé­li­sa­tions de pianos, ce dernier propose plusieurs émula­tions de micros qu’il est possible de placer libre­ment autour de l’ins­tru­ment, ce qui permet d’ob­te­nir des capta­tions diable­ment réalistes. Cerise sur le gâteau, l’uti­li­sa­tion de Piano­teq est la garan­tie que votre appré­cia­tion des diffé­rents samples ne sera aucu­ne­ment influen­cée par d’éven­tuelles varia­tions de qualité de jeu puisque les fichiers sources MIDI sont stric­te­ment les mêmes d’un exemple à l’autre.

Notez égale­ment que j’ai volon­tai­re­ment harmo­nisé le niveau des extraits afin que vous ne soyez pas influencé par des diffé­rences de sensa­tion de volume perçu. Gardez toute­fois bien à l’es­prit qu’il est évident qu’un micro placé près de l’ins­tru­ment donnera un rendu plus fort et néces­si­tera donc moins de gain au niveau de la préam­pli­fi­ca­tion qu’un micro éloi­gné.

Commençons par le couple A/B avec la modé­li­sa­tion d’une paire de micros omni­di­rec­tion­nels à petit diaphragme DPA 4007 virtuel­le­ment placée comme indiqué précé­dem­ment sur le modèle Stein­way D de Piano­teq. Notez que la lettre « E » suivie d’un nombre indique la distance en centi­mètre sépa­rant les deux micros alors que le « H » signale la hauteur de place­ment.

01_AB_4007_E50_H10
00:0001:24
  • 01_AB_4007_E50_H1001:24
  • 02_AB_4007_E50_H3001:24
  • 03_AB_4007_E100_H1001:24
  • 04_AB_4007_E100_H3001:24

Enchaî­nons avec le couple X/Y formé par un duo de modé­li­sa­tions des AKG C414 en mode cardioïde, toujours sur le même modèle Stein­way D de Piano­teq. Ici, la nomen­cla­ture des extraits indique l’angle en degrés par la lettre « A » ainsi que la hauteur « H » de place­ment en centi­mètres par rapport à la ligne de frappe des marteaux sur les cordes.

05_XY_C414_A90_H10
00:0001:24
  • 05_XY_C414_A90_H1001:24
  • 06_XY_C414_A90_H3001:24
  • 07_XY_C414_A110_H1001:24
  • 08_XY_C414_A110_H3001:24
  • 09_XY_C414_A130_H1001:24
  • 10_XY_C414_A130_H3001:24

Pour conclure cet épisode, il me semble utile de rele­ver un détail de taille… Bien que ces méthodes de « close-miking » puissent être consi­dé­rées comme des pis-aller ne rendant pas justice à l’am­pleur sonore qu’un piano à queue est capable de déli­vrer faute d’une acous­tique conve­nable, elles présentent tout de même un avan­tage non négli­geable : celui d’of­frir une pâte sonore qui s’in­sé­rera très faci­le­ment au sein d’un morceau dit de « musique actuelle », d’au­tant plus lorsque le piano y joue un rôle de soutien ryth­mique.

Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode consa­cré à la prise d’am­biance du piano à queue.

 

← Article précédent dans la série :
L'enregistrement du piano droit - Configurations multiples
Article suivant dans la série :
L'enregistrement du piano à queue - la captation d'ambiance →
  • patrick_g75 7996 posts au compteur
    patrick_g75
    Je poste, donc je suis
    Posté le 16/05/2020 à 12:55:58
    Commençant à lire l'article, je me suis dit : "Tiens, c'est marrant, mais Pianoteq (dont je dispose depuis 6 mois) a modélisé tout ça - l'emplacement des micros... "
    Et pif paf, qu'est-ce que je vois arriver quelques lignes plus bas ? Pianoteq !
    C'est vrai que c'est un outil quasi magique.
    Dont je n'ai pas fini d'explorer les possibilités...
    Et, d'ailleurs, ces possibilités de jouer avec les emplacements/orientations des micros, je n'ai fait que mumuse avec, pas plus d'un quart d'heure... juste pour voir.
    Mais, grand merci pour cet article, qui me donne bien des raisons d'y retourner, de ce côté-là en particulier.
    :bravo:

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre