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Pédago
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L’enregistrement du saxophone

Le grand guide de l’enregistrement - 7e partie

Top. Inventé par un grand maître belge de la clarinette aux alentours de 1840, je suis aussi bien utilisé dans le classique que dans la variété ou la musique contemporaine, mais c’est avec le jazz que je gagne mes lettres de noblesse grâce à des artistes tels que Charlie Parker, Ornette Coleman, John Coltrane ou bien encore Cannonball Adderley. Instrument à vent de la famille des bois, je dois mon nom à mon créateur Antoine-Joseph Sax, alias Adolphe Sax, je suis, je suis… Le saxophone !

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Spéci­fi­ci­tés

Contrai­re­ment à ce que nous avons vu lors du précé­dent article consa­cré au trom­bone, le son produit par un saxo­phone ne provient pas unique­ment du pavillon. Par consé­quent, il ne suffit pas de tout bête­ment placer un micro devant ce dernier pour obte­nir un résul­tat satis­fai­sant. Et cela tombe plutôt bien lorsqu’on y réflé­chit puisque le saxo­phone est capable de déli­vrer un niveau de pres­sion acous­tique pour le moins musclé. En ne visant pas direc­te­ment le pavillon, ce sont vos micros qui vous remer­cie­ront !

Autre parti­cu­la­rité, qu’il soit bary­ton, ténor, alto, ou autre, le saxo­phone produit quoi qu’il arrive un son que je quali­fie­rais de « précis » et « charnu » à défaut d’autres termes. Ainsi, il convient de prêter une atten­tion toute parti­cu­lière au « corps » du son, ce qui disqua­li­fie d’em­blée la direc­ti­vité omni­di­rec­tion­nelle selon moi tant celle-ci a une fâcheuse tendance à émacier le rendu de cet instru­ment.

Dernière spéci­fi­cité, cette fois-ci direc­te­ment due au jeu des saxo­pho­nis­tes… Ces derniers ont souvent une expres­si­vité gesti­cu­lante, ce qui ne faci­li­tera pas l’ob­ten­tion d’un son homo­gène. Heureu­se­ment, des solu­tions existent, comme nous allons le voir.

En piste

Nous travaille­rons aujour­d’hui avec un saxo­phone alto, mais les tech­niques décrites s’adaptent tout autant aux autres types de saxo­phones.

Commençons cette session d’exemples avec un micro dyna­mique cardioïde, un Senn­hei­ser e609. Niveau distance, je vous conseille d’os­cil­ler quelque part entre 20 cm et 50 cm. La capsule du micro, quant à elle, vise le milieu de l’ins­tru­ment. Notez que la main gauche du musi­cien consti­tue un excellent point de repère pour commen­cer.

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Ce type de rendu sera inté­res­sant pour des compo­si­tions pop ou rock, mais le léger écra­se­ment dyna­mique ne convien­dra pas aux morceaux néces­si­tant plus de finesse en regard des arti­cu­la­tions de jeu.

Le deuxième extrait utilise un micro à ruban (Sontro­nics Sigma) avec un place­ment simi­laire (voir photos).

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La douceur typique des micros à ruban dans le haut du spectre est ici très plai­sante. D’autre part, la direc­ti­vité en « 8 » capte juste ce qu’il faut « d’air » de la pièce pour rendre le son un poil plus vivant. Certes, cela ne convien­dra pas à tous les styles, mais il y a un certain charme à la chose, ne trou­vez-vous pas ?

Pour les trois derniers exemples, j’ai utilisé mon clas­sique statique AKG C414 en posi­tion cardioïde placé à une distance sensi­ble­ment iden­tique. En revanche, j’ai cette fois-ci joué sur l’in­cli­nai­son du micro : vers le couple bec/anche, vers la main gauche comme précé­dem­ment, puis vers le pavillon (voir photos).

03 Sax C414 cle
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  • 03 Sax C414 cle 00:43
  • 04 Sax C414 neutre 00:43
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Première consta­ta­tion, ce statique est beau­coup plus précis que ses petits cama­rades, que ce soit dans le haut du spectre ou dans le respect de la dyna­mique. Cepen­dant, la bosse typique du C414 peut paraître un tanti­net agres­sive. Heureu­se­ment, le travail de l’in­cli­nai­son du micro permet­tra d’amoin­drir le phéno­mène le cas échéant. En effet, le second constat que l’on peut tirer après écoute de ces exemples, c’est que l’in­fluence de l’in­cli­nai­son de la capsule par rapport à l’ins­tru­ment, bien que ténue, n’en est pas pour autant anec­do­tique. C’est là-dessus qu’il vous faudra jouer afin d’adap­ter le rendu spec­tral de l’ins­tru­ment à vos désirs en matière de produc­tion. Notez que l’im­pact de l’in­cli­nai­son est tout aussi valable avec d’autres types de micros.

Dernier conseil avant de conclure. Comme je vous l’avais annoncé tout à l’heure, le saxo­pho­niste bouge fréquem­ment lorsqu’il joue et cela influence énor­mé­ment le rendu puisque l’in­cli­nai­son du micro par rapport à l’ins­tru­ment n’est alors pas constante. Comment faire alors pour obte­nir quelque chose d’ho­mo­gène ? Une piste à explo­rer réside dans l’éloi­gne­ment du micro de la source, plus le micro sera éloi­gné et moins les varia­tions d’angle seront impor­tantes. Atten­tion cepen­dant, en faisant cela, deux phéno­mènes se produisent. Premiè­re­ment, vous perdrez obli­ga­toi­re­ment en « corps », et deuxiè­me­ment, vous capte­rez moins de son direct et plus de son de la pièce, ce qui peut être problé­ma­tique si l’acous­tique du lieu n’est pas tip top. À vous de trou­ver le bon compro­mis ! Il existe d’autres astuces pour remé­dier aux soucis induits par les mouve­ments des musi­ciens, mais je vous réserve ça pour un futur arti­cle…

Remer­cie­ments

Saxo­pho­niste, guita­riste, chan­teur, Fabrice Duco­gnon est un multi-instru­men­tiste et compo­si­teur dont la musi­ca­lité m’a toujours ému. Surnommé Le Druide par bon nombre de musi­ciens, sa sagesse est une force tranquille, mais ô combien puis­sante qui le pousse depuis bien long­temps à toujours explo­rer de nouveaux hori­zons, du jazz avec Yün et IOM Trio, en passant par la world avec l’En­semble Joia. Il travaille actuel­le­ment sur un nouveau projet tendance chan­son baptisé Effdé pour lequel j’ai eu l’hon­neur de parti­ci­per aux chœurs.

Un grand merci mon Druide, j’ai vrai­ment hâte que l’au­tomne pointe le bout de son nez pour pouvoir enfin entendre le premier album d’Effdé !

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