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Pédago
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Le mariage micro / préampli (1re partie)

Le guide de l’enregistrement - 134e partie

Cette semaine, je vous propose de nous pencher sur l'épineuse question de l'accouplement micro / préampli. Comme souvent, la réponse n'est malheureusement pas aussi évidente que ce que l'on pourrait croire à première vue…

Le mariage micro / préampli (1re partie) : Le guide de l’enregistrement - 134e partie
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Les coûts et les douleurs

Vous avez certai­ne­ment dû lire ici ou là sur la toile le pseudo-dogme suivant : les micros à lampes se marient à merveille avec les préam­plis à tran­sis­tors alors que les micros à tran­sis­tors s’ac­cordent mieux avec des préam­plis à lampes. Sans être tota­le­ment fausse, cette affir­ma­tion n’en reste pas moins approxi­ma­tive, voire rela­ti­ve­ment trom­peuse. En effet, elle repose sur un lieu commun qui consiste à croire que les lampes sont syno­nymes de chaleur alors que les tran­sis­tors riment avec préci­sion. Histo­rique­ment, c’est assez juste, cepen­dant, il existe du maté­riel à tran­sis­tors éton­nam­ment chaleu­reux et des joujoux à lampes incroya­ble­ment précis. De plus, cette asser­tion fait complè­te­ment abstrac­tion du contexte. Or, nous avons vu à maintes reprises qu’en matière d’en­re­gis­tre­ment, tout n’est juste­ment que contexte ! Toute­fois, ça a au moins le mérite de prôner une certaine recherche d’équi­libre, ce qui n’est pas un mal comme nous le verrons plus tard.

Mais alors, comment choi­sir le micro qui s’acoqui­nera au mieux avec votre préam­pli ? Eh bien, il n’y a malheu­reu­se­ment pas de réponse miracle à cette ques­tion étant donné que ce choix d’ac­cou­ple­ment repose sur des variables fluc­tuantes d’un cas à l’autre, à commen­cer par vos goûts person­nels… Néan­moins, voici quelques consi­dé­ra­tions qui devraient vous aider à mieux appré­hen­der la chose. Pour vous les présen­ter, je m’ap­puie­rai comme d’ha­bi­tude sur une bonne vieille méta­phore de derrière les fagots que je file­rai jusqu’à la corde !

Imagi­nons que vous soyez en train de construire une cabane en bois et que vous souhai­tiez fixer une planche à l’édi­fice. Un tour­ne­vis serait-il plus à propos qu’un marteau ? Mine de rien, cela dépend de pas mal de para­mè­tres… Il y a tout d’abord votre choix en matière de fixa­tion : clou ou vis. De fait, même s’il est possible d’en­fon­cer un clou en tapant avec le manche d’un tour­ne­vis ou de plan­ter une vis en tapant avec un marteau, avouez que c’est loin d’être idéal. Cela dépend aussi de votre savoir-faire. En effet, si par exemple vous ne savez pas vous servir d’un marteau et que vous tenez ce dernier à l’en­vers, vous aurez autant de mal à plan­ter votre clou qu’avec un tour­ne­vis, et versa vice. Il convient surtout de prendre en consi­dé­ra­tion tous les tenants et abou­tis­sants de votre séance de brico­lage. Si la planche que vous souhai­tez fixer doit pouvoir être rempla­cée faci­le­ment, mieux vaut opter pour des vis, car cela sera plus simple à gérer le moment venu. Bref, il faut abso­lu­ment que vous connais­siez le but de la manoeuvre afin de choi­sir au mieux vos outils.

Au rayon de l’ar­gu­ment absurde, en voici un pas piqué des hanne­tons. Pour fixer votre planche, inutile de prendre un marteau dans chaque main, un seul suffira et votre main libre s’oc­cu­pera du clou. Enfin, il y a bien entendu une ques­tion pure­ment esthé­tique, donc profon­dé­ment subjec­tive. Une fois la planche fixée à l’édi­fice, serez-vous plus à l’aise à la vision d’une tête de clou dans le bois, ou bien préfé­re­riez-vous une tête de vis cylin­drique, carrée ou hexa­go­nale ? Tout est affaire de goût, ce n’est donc pas réel­le­ment discu­table en soi.

Enregistrement-134Bon, c’est bien joli tout ça, mais quels ensei­gne­ments pouvons-nous en tirer quant au sujet du jour ? Dans le cadre de la produc­tion musi­cale, la cabane en bois à construire repré­sente le morceau en cours d’en­re­gis­tre­ment, la planche corres­pond à l’ins­tru­ment à enre­gis­trer et le couple vis / tour­ne­vis ou clou / marteau n’est autre que notre fameux mariage micro / préam­pli. Mora­lité, afin de choi­sir au mieux ce couple, il vous faut cerner vos attentes, opter pour un micro et un préam­pli complé­men­taires adap­tés à ces dernières que vous maîtri­sez sur le bout des doigts et dont l’es­thé­tique corres­pond à vos goûts.

Pour être plus clair, envi­sa­geons un cas concret. Mettons que vous souhai­tiez enre­gis­trer une ligne de basse bien funky. Le point à mettre en avant au sein du morceau est son groove qui repose essen­tiel­le­ment sur les attaques de chaque note. Il semble donc logique de vouloir magni­fier les tran­si­toires. Sauf que si vous choi­sis­sez un micro « tran­chant » allié à un préam­pli tout aussi affuté, il y a de fortes chances pour que vous vous retrou­viez avec un excès de tran­si­toires asso­cié à un bas du spectre pas fran­che­ment adapté à l’ins­tru­ment qui reste somme toute une basse, ne l’ou­blions pas ! Ainsi, mieux vaut opter soit pour un micro « tran­chant » avec une préam­pli­fi­ca­tion chaleu­reuse, soit pour un micro soyeux ampli­fié un peu plus nerveu­se­ment. À ce stade, voyez ce que vous avez en maga­sin et choi­sis­sez un couple que vous savez manier à la perfec­tion, corres­pon­dant à l’objec­tif  et dont la pâte sonore vous plaît. Voilà, ce n’est pas plus compliqué que ça ! Bien sûr, il y a certaines consi­dé­ra­tions tech­nico-tech­niques à prendre en compte, nous les verrons d’ailleurs la semaine prochaine, mais en suivant ces recom­man­da­tions, vous serez déjà bien engagé sur la bonne voie.

Pour finir, notez que nous pouvons pous­ser l’ana­lo­gie entre brico­lage et produc­tion musi­cale encore plus loin… Pour l’en­fant qui va s’amu­ser dans la cabane en bois, qu’est-ce qui comp­tera le plus : le plan de construc­tion, les outils avec lesquels vous l’avez montée, l’es­thé­tique des vis et autres clous, telle planche plutôt qu’une autre, l’ap­pa­rence de cette dernière ou sa fonc­tion, l’iso­la­tion, la couche de vernis ou le rendu global aussi beau que fonc­tion­nel ? C’est bien entendu le résul­tat final qui impor­tera le plus pour celui ou celle qui jouera des heures durant dans cette maison­nette. Eh bien pour les audi­teurs de vos futurs chefs-d’oeuvre, c’est exac­te­ment la même tisane. Qu’im­portent les outils, les planches, le vernis et tout le tralala, seul le rendu sonore global compte. Cela remet bien en pers­pec­tive le rôle du couple micro / préam­pli, de tel ou tel instru­ment, voire de chacun des éléments de la chaîne de produc­tion audio, n’est-ce pas ? 

Atten­tion, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Chacun de ces éléments est bien entendu impor­tant, mais seule­ment dans le cadre global du rendu final. À ce titre, certaines étapes me semblent tout de même plus capi­tales que d’autres. Par exemple, et pour en reve­nir au sujet du jour, que pèse le choix micro / préam­pli face à la compo­si­tion, l’ar­ran­ge­ment ou bien encore le jeu des musi­ciens ? C’est bien d’avoir de bons outils et de savoir s’en servir pour travailler vite, bien, et faire quelques fiori­tures au passage. Ça ne reste cepen­dant que des outils. L’es­sen­tiel ne se trouve simple­ment pas là à mon humble avis.

Sur ces bonnes paroles, rendez-vous la semaine prochaine !

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