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Pédago
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Le retour pour le chanteur (3e partie)

Le guide de l’enregistrement - 98e partie

Après un petit détour par une méthode de gestion du retour peu conventionnelle la semaine dernière, revenons à quelque chose de plus classique, à savoir notre donneur de voix équipé d'un bon vieux casque audio. Aujourd'hui, nous allons jeter les bases d'une méthode qui vous permettra de lui concocter un retour casque aux petits oignons tout en réglant en parallèle son niveau d'enregistrement.

Le retour pour le chanteur (3e partie) : Le guide de l’enregistrement - 98e partie
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Dans cet article, je présup­pose que les choix de micro, préam­pli, place­ment et tout le tralala sont déjà effec­tués. Ne vous en faites pas, je suis bien conscient de ne pas avoir encore à ce jour abordé ces sujets et je vous assure que nous trai­te­rons tout cela dans les moindres détails ulté­rieu­re­ment. Cet ordre de trai­te­ment au sein de ce guide peut vous paraître curieux, pour­tant je vous assure que je ne mets abso­lu­ment pas la char­rue avant les boeufs. D’après vous, d’un peintre aveugle équi­pée de la meilleure toile, des meilleurs pinceaux et de la plus magni­fique gamme de pein­tures ou d’un peintre voyant affu­blé d’un maté­riel premier prix, lequel créera le tableau le plus émou­vant ? La réponse me semble évidente, non ? Or, le musi­cien, et donc a fortiori le chan­teur, voit la musique avec ses oreilles, d’où ce choix de trai­ter du retour en profon­deur avant de vous parler du moindre micro.

Deuxième point que je tiens à souli­gner avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous invite à prépa­rer le plus de choses possibles en amont de la séance de prise de voix. En effet, le chan­teur vient pour chan­ter, pas pour vous voir bran­cher des câbles ou attendre dans un coin pendant que vous réglez un problème tech­nique. Cette remarque est d’ailleurs tout aussi valable si vous êtes à la fois l’in­gé­nieur du son et l’in­ter­prète. Veillez donc à ce que tout soit prêt avant votre session d’en­re­gis­tre­ment de façon à ce qu’au­cune consi­dé­ra­tion tech­nique ne vienne pertur­ber votre concen­tra­tion lors des prises. Cela concerne bien entendu toutes les ques­tions maté­rielles (micro, préam­pli, câblages, etc.) mais aussi l’as­pect pratique (talk­back, créa­tion de la session dans votre STAN, etc.) et bien entendu cela concerne direc­te­ment notre sujet du jour, à savoir la concep­tion du retour casque pour l’in­ter­prète.

Enfin, pour clôtu­rer ce préam­bule, je me permets de préci­ser que, comme d’ha­bi­tude, la méthode qui va suivre est à prendre pour ce qu’elle est : juste une méthode parmi tant d’autres. Je l’uti­lise avec bonheur depuis de nombreuses années mais je n’ai abso­lu­ment pas la préten­tion de croire qu’il s’agit de la seule et unique bonne façon de faire. D’ailleurs, si vous faites autre­ment, je serais vrai­ment curieux de connaître votre manière de procé­der alors surtout n’hé­si­tez pas à parta­ger votre expé­rience dans les commen­taires !

Bien, passons à présent aux choses sérieu­ses…

Le retour du retour de la vengeance de la mort qui tue…

Une fois le chan­teur bien campé devant son micro avec le casque ferme­ment arrimé à ses oreilles, la méthode que je conseille d’uti­li­ser pour élabo­rer son retour tout en réglant son niveau d’en­re­gis­tre­ment se décom­pose en sept étapes. Aujour­d’hui, nous nous concen­tre­rons sur les deux premières.

Étape n°1 :

     Réglez en premier lieu le niveau d’en­voi du « backing track » dans son casque. Notez que cela suppose d’avoir effec­tué au préa­lable un pré-mix des instru­ments déjà enre­gis­trés et / ou des stems issus de la pré-produc­tion en fonc­tion de ce que vous esti­mez néces­saire à la prise de voix. Bien sûr, ce pré-mix sera réajusté plus tard en fonc­tion des desi­de­rata du chan­teur mais pour l’ins­tant, conten­tez-vous seule­ment de gérer le niveau global d’en­voi du pré-mix dans son circuit retour. Le but du jeu est d’ar­ri­ver à un niveau d’écoute confor­table pour l’in­ter­prète, ni plus, ni moins. Une fois cela fait, mémo­ri­sez ce réglage et bais­sez-le de moitié.

Étape n°2 :

     Passez ensuite au réglage des niveaux d’en­re­gis­tre­ment et de retour de la voix à propre­ment parler. Si votre chan­teur s’inquiète à l’oc­ca­sion de cette étape, expliquez-lui que le but de la manoeuvre est tout d’abord de lui créer un beau son de voix afin qu’il puisse réali­ser sa perfor­mance avec tout le confort possible, c’est pourquoi le niveau de l’ins­tru­men­ta­tion est sensi­ble­ment en retrait pour l’ins­tant mais ce dernier sera bien sûr remonté à un volume adéquat le moment venu.

Enregistrement-98De votre côté, toute la diffi­culté de l’exer­cice réside dans la gestion en paral­lèle des deux niveaux : l’en­re­gis­tre­ment et le retour voix. Calez donc le play­back sur un passage repré­sen­ta­tif du titre en cours de produc­tion, typique­ment un refrain, et deman­dez au chan­teur de pous­ser la chan­son­nette. Ajus­tez alors le niveau d’en­re­gis­tre­ment pour que son maxi­mum oscille entre –15 et –10 dBFS. En paral­lèle, augmen­tez progres­si­ve­ment le retour voix jusqu’à atteindre un niveau confor­table pour le chan­teur. Atten­tion, ces niveaux d’en­re­gis­tre­ment et de retour sont inter­dé­pen­dants ! Ainsi, l’in­ter­prète chan­tera diffé­rem­ment suivant le niveau de sa voix dans le casque, ce qui remet­tra en cause votre niveau d’en­re­gis­tre­ment, ce qui modi­fiera le volume du retour, et caetera ; à vous d’ar­ri­ver à un certain équi­libre par petites touches succes­sives afin de trans­for­mer ce cercle vicieux en cercle vertueux. Lors de vos premières sessions, cela vous pren­dra peut-être un poil trop de temps mais avec l’ha­bi­tude, vous verrez qu’au final cette étape ô combien cruciale n’a vrai­ment rien de bien sorcier.

À l’issu de cette étape, le home studiste néophyte doit se dire qu’il suffit alors de remon­ter le niveau du play­back et roulez jeunes­se… Eh bien que nenni ! Il nous reste encore pas moins de cinq étapes à voir sur les sept annon­cées précé­dem­ment. Ceci étant, malgré ce que les lecteurs les plus aver­tis pour­raient penser, il y a déjà beau­coup d’in­for­ma­tions impor­tantes à digé­rer dans cet épisode. Ainsi, je préfère m’ar­rê­ter là pour aujour­d’hui et vous donner rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de nos aven­tures !

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