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Pédago
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L’automation fonctionnelle

Le guide du mixage — 104e partie

Après le « pourquoi » de l’automation évoqué la semaine dernière, la logique voudrait que l’article du jour soit consacré au « comment ».

L’automation fonctionnelle : Le guide du mixage — 104e partie
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Cepen­dant, votre servi­teur ayant déjà rédigé un papier virtuel sur la ques­tion il y a déjà près de trois ans, je préfère appro­fon­dir l’un des thèmes précé­dents : l’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle.

Il était une fois…

Comme je vous l’ex­pliquais tantôt, l’objec­tif de ce type d’au­to­ma­tion peut se résu­mer ainsi : affi­ner tout le travail que nous avons déjà effec­tué. Pour mieux comprendre la chose, nous allons voir deux exemples concrets. Toute­fois, n’at­ten­dez pas de ces derniers une exhaus­ti­vité à toute épreuve, il y a telle­ment de cas de figure diffé­rents qu’il serait illu­soire d’es­pé­rer tout couvrir en si peu de lignes.

Pour notre première étude de cas d’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle, imagi­nons un titre compre­nant une ligne de basse bien char­nue dans le bas du spectre accom­pa­gnée par une ryth­mique à la guitare folk format jumbo. Si nous suivons les recom­man­da­tions sur l’éga­li­sa­tion, il y a de fortes chances pour qu’un filtre (passe-haut ou en plateau) soit présent sur la guitare afin de lais­ser la place à la basse dans ce registre du spectre audio. Ce trai­te­ment faci­lite l’ar­ti­cu­la­tion basse/guitare et convient sur la majeure partie du titre… Mais s’il arrive à la guitare de jouer seule, par exemple à l’oc­ca­sion d’un break ou de l’in­tro, cette dernière risque alors de sonner trop « petit bras », voire pas natu­relle pour un sou. C’est dans ces moments-là qu’il peut être judi­cieux d’au­to­ma­ti­ser votre filtre de façon à redon­ner un peu de corps à cette 6 cordes. Ainsi, le rendu global sera plus équi­li­bré ou « plein ». Atten­tion, n’y allez pas non plus à la hache ! Faites en sorte que cette auto­ma­tion ne soit pas clai­re­ment percep­tible par l’au­di­teur, car rien n’est plus irri­tant pour ce dernier que de « sentir les mouve­ments » du gars derrière les manettes. À moins bien sûr qu’il ne s’agisse d’un effet spécial de produc­tion au service de l’évo­lu­tion drama­tique du morceau, ce qui sort alors du cadre de notre sujet du jour.

Filter automation

Autre exemple d’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle, cette fois-ci avec de la compres­sion. Envi­sa­geons un instru­ment dont vous contrô­lez la dyna­mique au moyen d’un compres­seur glissé en insert de piste. Tout se passe bien sauf à certains moments où le musi­cien s’est un peu trop emballé dans son inter­pré­ta­tion, géné­rant ainsi une paire de crêtes faisant travailler le plug-in de façon trop audible ou ines­thé­tique. Que faire ? Eh bien dans ce cas, plusieurs solu­tions sont envi­sa­geables. La première consiste à auto­ma­ti­ser le niveau seuil de votre compres­seur à l’oc­ca­sion de ces crêtes de façon à absor­ber les excès de zèle du musi­cien. La deuxième se résume à auto­ma­ti­ser le volume de la piste lors des passages incri­mi­nés en amont du compres­seur. Notez que si votre STAN n’offre pas la possi­bi­lité de régler ce para­mètre, il vous est toujours possible de réali­ser la manœuvre en insé­rant un plug-in de gestion du gain juste avant le compres­seur. Bref, dans tous les cas, le résul­tat de l’opé­ra­tion devrait permettre à la compres­sion d’évo­luer en toute trans­pa­rence tout au long du titre.

J’es­père qu’au travers de ces deux exemples vous aurez saisi l’es­prit de l’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle. En gros, il faut y avoir recours dès que l’as­sem­blage de votre puzzle sonore au cours du temps néces­site un petit coup de pouce pour que le tout sonne de façon natu­relle. Toute­fois, le genre de problèmes réso­lus via l’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle peut parfois se régler autre­ment…

Les alter­na­tives à l’au­to­ma­tion fonc­tion­nelles

Pour illus­trer le sujet du jour, repre­nons les deux exemples de la semaine dernière. Dans le premier, il était ques­tion d’au­to­ma­ti­ser le filtrage des graves d’une guitare folk pour faci­li­ter l’ar­ti­cu­la­tion entre les passages avec ou sans basse. Une autre façon d’ob­te­nir le même rendu se résume à utili­ser un égali­seur dyna­mique dispo­sant d’un circuit de side­chain externe. En effet, en insé­rant cet EQ sur la piste de guitare et en pilo­tant le filtrage du bas du spectre via le side­chain nourri par la basse, nous obte­nons un résul­tat simi­laire. Atten­tion toute­fois à régler fine­ment les constantes tempo­relles ainsi que la plage de fonc­tion­ne­ment de l’éga­li­sa­tion sous peine d’ob­te­nir un rendu pas vrai­ment natu­rel.

Dans le deuxième cas, il s’agis­sait d’au­to­ma­ti­ser le seuil d’un compres­seur ou le volume de piste avant ce dernier afin de rendre la compres­sion plus trans­pa­rente lors des plus hautes crêtes. Ici, une solu­tion alter­na­tive consiste à utili­ser un autre compres­seur en amont et de le régler de façon à ce qu’il ramène genti­ment les fameuses crêtes problé­ma­tiques à un niveau plus adapté au trai­te­ment du compres­seur suivant.

Pour conclure ce para­graphe, sachez que la majo­rité des cas d’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle peuvent être réso­lus d’une façon alter­na­tive pour peu qu’on se creuse le cibou­lot.

Bonnet blanc et blanc bonnet ?

Du coup, y a-t-il une façon de faire meilleure que l’autre ? Oui et non, cela dépend des habi­tudes de travail de chacun, des situa­tions ainsi que des outils à votre dispo­si­tion.

Automation Compresseur

Person­nel­le­ment, je suis un adepte du « less is more » et je préfère donc avoir recours à l’au­to­ma­tion autant que faire se peut, le rendu sonnant plus natu­rel à mon oreille. De plus, tout le monde n’a pas toujours à dispo­si­tion le bon plug-in qui va bien pour trai­ter tel ou tel problème, par exemple un plug-in d’éga­li­sa­tion dyna­mique avec side­chain externe. Sans parler de la mani­pu­la­tion de ce genre d’ou­tils qui n’est pas fonciè­re­ment des plus éviden­tes… Gardez à l’es­prit que ces plug-ins complexes peuvent engen­drer de graves dégâts lorsqu’ils sont mal utili­sés. Bref, l’au­to­ma­tion fonc­tion­nelle est à mon sens la réponse à privi­lé­gier en prio­rité.

Néan­moins, dans certaines situa­tions, cette solu­tion n’est pas réel­le­ment la plus adap­tée à mon humble avis. Par exemple, dans le cas de la compres­sion précé­dem­ment évoquée, si le nombre de crêtes posant problème est trop impor­tant, cela pren­drait certai­ne­ment beau­coup trop de temps à régler à coup d’au­to­ma­tion. Dans un objec­tif de maxi­mi­sa­tion de la produc­ti­vité, l’em­ploi d’un deuxième compres­seur me semble ici beau­coup plus judi­cieux.

En défi­ni­tive, et comme souvent en matière de mixage, le choix d’une façon de faire en lieu et place d’une autre n’a pas de réponse claire et défi­ni­tive dans l’ab­solu. Je vous invite donc à gérer cela au cas par cas.

La semaine prochaine, nous abor­de­rons le deuxième type d’au­to­ma­tion : l’au­to­ma­tion que je quali­fie d’ar­tis­tique.

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