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Pédago
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Prendre soin de ses musiciens

Le grand guide de l’enregistrement - 9e partie

Avoir le meilleur matériel du monde et être un technicien hors pair, c’est bien beau, mais un bon enregistrement ne se résume heureusement pas à ça.

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Comme disent nos amis anglo-saxons : « Shit in, shit out ». Est-il vrai­ment néces­saire de traduire ? Bref, aujour­d’hui je vous propose donc d’abor­der un sujet connexe au thème de cette série, mais qui a une impor­tance capi­tale lorsqu’il s’agit d’ob­te­nir un rendu de qualité : la gestion du musi­cien afin qu’il vous donne le meilleur de lui-même.

Soignez vos outils !

La première remarque que je vais faire peut faci­le­ment être prise pour une lapa­lis­sade, pour­tant il me semble utile de rappe­ler ce prérequis indé­niable : avant tout enre­gis­tre­ment, le musi­cien doit connaître sur le bout des doigts le morceau qu’il s’ap­prête à jouer. S’étendre sur la ques­tion serait super­flu, passons à la suite.

La deuxième consi­dé­ra­tion à ne pas négli­ger, c’est le confort. Pensez-vous qu’il soit possible de se concen­trer plei­ne­ment sur son inter­pré­ta­tion lorsque l’on est installé sur un banc jonché de clous rouillés ? Certes, l’image est cari­ca­tu­rale, mais le message est pour le coup d’au­tant plus clair. Vous avez tout inté­rêt à prendre soin de l’en­vi­ron­ne­ment de travail. Une ambiance calme ainsi qu’un mobi­lier fonc­tion­nel et confor­table ne nuiront pas à la manœuvre, bien au contraire ! Cela contri­buera à détendre l’at­mo­sphère et dimi­nuera donc le stress du musi­cien. Car oui, la plupart du temps un musi­cien sur le point d’en­re­gis­trer est sous pres­sion. En effet, la pratique du studio d’en­re­gis­tre­ment n’est pas forcé­ment quelque chose de natu­rel pour lui. Et le fait de réali­ser les prises sans ses comparses habi­tuels jouant tout autour de lui n’ar­range rien à la chose. Du coup, autant faire tout votre possible pour lui faci­li­ter la tâche.

Psycho

Toujours dans cette optique de confort, il est primor­dial pour l’ins­tru­men­tiste de bien entendre ce qu’il désire afin de pouvoir déli­vrer plei­ne­ment toute son expres­si­vité. Certains voudront plus de tel ou tel instru­ment dans le casque, d’autres souhai­te­ront juste le clic, ou bien encore un peu de réver­bé­ra­tion sur leur propre instru­ment. Soyez donc prêt à vous plier à n’im­porte quelle lubie, c’est dans l’in­té­rêt de la produc­tion. Notez au passage que la souplesse ici deman­dée n’est possible que si vous dispo­sez d’une prépro­duc­tion aux oignons, mais nous y revien­drons à l’oc­ca­sion d’un prochain article.

Autres points à prendre en compte, la gestion du temps et de la fatigue. Essayez autant que faire se peut de mini­mi­ser l’at­tente du musi­cien car avec elle, le taux de stress ne va pas en s’ame­nui­sant. D’autre part, la pratique instru­men­tale est assi­mi­lable à la pratique spor­tive. Pensez-vous qu’Usain Bolt reste aussi perfor­mant à la ving­tième course qu’il l’était à la première ? Bien sûr que non. Eh bien en musique, c’est la même tisane. Du coup, veillez à obte­nir le résul­tat escompté en un mini­mum de prises. Cette façon de faire a d’ailleurs un autre avan­tage non négli­geable : cela vous fera gagner du temps au moment du choix des prises ainsi qu’à l’étape d’édi­tion puisqu’alors vous n’au­rez pas à hési­ter entre une multi­tude de possi­bi­li­tés.

Enfin, la dernière recom­man­da­tion qui me vient à l’es­prit concerne l’as­pect psycho­lo­gique pur et dur. Tous les artistes doutent, même ceux qui semblent extrê­me­ment sûrs d’eux. Du coup, sans tomber dans la suren­chère, il me semble néces­saire de les récon­for­ter et de les encou­ra­ger en regard de leur perfor­mance. N’hé­si­tez pas à les guider afin d’ob­te­nir une inter­pré­ta­tion plus juste vis-à-vis de l’œuvre, mais ne soyez pas non plus trop diri­giste pour ne pas les braquer. Ce sont de petits êtres fragiles. Cela peut prêter à sourire, mais c’est pour­tant bel et bien le cas.

Un dernier mot pour conclure. Beau­coup de home studistes travaillent seuls et n’en­re­gistrent donc personne d’autre qu’eux-mêmes. Mais les conseils de cet article restent tout de même perti­nents à mon humble avis. Ne dit-on pas que charité bien ordon­née commence par soi-même ?

Sur ce, rendez-vous au prochain épisode !

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