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Pédago
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Réverbe : largeur vs. profondeur

Le guide du mixage — 76e partie

La fin de l'article précédent me pousse à ouvrir une petite parenthèse. Comme vous pourrez le constater, cette digression en deux parties traitera de quelques notions dont le champ d'application ne se limite pas au seul travail de l'espace mais bel et bien au mixage dans son ensemble.

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Dans notre quête du fameux « son 3D », il ne faut pas oublier une chose : nous travaillons pour un système de diffu­sion se résu­mant au mieux à une paire d’en­ceintes. Ainsi, notre espace de travail pour­rait être assi­milé à la feuille blanche d’un dessi­na­teur. Cette feuille est physique­ment limi­tée à deux dimen­sions, sa longueur et sa largeur. Pour­tant, le dessi­na­teur aguerri saura y faire naître de fantas­tiques scènes tridi­men­sion­nelles d’un réalisme saisis­sant avec pour seule arme un simple crayon gris. Comment parvient-il à insuf­fler une telle sensa­tion de relief à ces quelques traits ? Tout simple­ment en respec­tant certaines règles de pers­pec­tive : ligne d’ho­ri­zon, conver­gences vers des points de fuites, etc. Je ne suis qu’un piètre dessi­na­teur, pour­tant, l’ob­ser­va­tion du travail de certains artistes dans ce domaine m’a permis de beau­coup mieux appré­hen­der le mode­lage de l’es­pace dans le cadre du mixage. En effet, à l’ins­tar des règles de pers­pec­tive, il existe des prin­cipes de base spéci­fiques à l’au­dio qui permettent de dépas­ser les limites appa­rentes de la diffu­sion sonore stéréo­pho­nique.

Vienna Reverb Dimension

La première règle à prendre en compte est la suivante : qu’im­porte le réalisme du rendu souhaité, afin de produire une image sonore large et profonde, il convient de respec­ter la dicho­to­mie largeur/profon­deur. Compre­nez par là que plus un élément du mix doit sonner « large », moins il devra être profond. Inver­se­ment, si vous souhai­tez placer un instru­ment en fond de mix, ce dernier ne pourra être qu’étroit. En un sens, ce concept se rapproche d’une sorte de point de fuite sonore.

Comment traduire ce prin­cipe de façon concrète en situa­tion de mixage ? Eh bien cela influe en premier lieu sur les réglages de pano­ra­mique. Plus un élément devra être large et/ou proche et plus vous devrez le placer vers les côtés. À l’in­verse, plus une piste devra être éloi­gnée et plus elle sera rappro­chée du centre.

En ce qui concerne les réver­bé­ra­tions, vous avez sans doute déjà constaté que certaines d’entre elles sonnent plus large que d’autres. À cause du prin­cipe que nous venons de voir, ces réverbes seront donc effi­caces pour accen­tuer la sensa­tion de largeur d’un ou plusieurs éléments mais ne fonc­tion­ne­ront abso­lu­ment pas pour travailler sur la profon­deur. Afin de recu­ler un instru­ment dans le mix, il convient d’uti­li­ser une réverbe ayant une largeur stéréo limi­tée, voire carré­ment une réver­bé­ra­tion mono­pho­nique, avec un bus auxi­liaire bien planté au centre. Notez au passage qu’il est tout de même possible d’uti­li­ser une réver­bé­ra­tion « large » pour travailler la profon­deur, moyen­nant l’uti­li­sa­tion d’un petit subter­fuge : un plug-in de gestion de l’image stéréo afin de juste­ment réduire cette dernière.

Bien, je vous laisse réflé­chir là-dessus. La semaine prochaine, nous conti­nue­rons cette digres­sion en évoquant la notion de contraste.

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