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Pédago
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Le masquage fréquentiel

Le guide du mixage — 19e partie

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser au phénomène du masquage fréquentiel : qu’est-ce donc et comment peut-on y remédier ?

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MASK is VENOM

Rien à voir avec un célèbre dessin animé des années 80, mais la réfé­rence m’a fait sourire un instant. On parle de masquage fréquen­tiel lorsque deux éléments — voire plus — se battent dans la même zone du spectre, ce qui empêche de clai­re­ment les distin­guer l’un de l’autre. Cela arrive immanqua­ble­ment pour les instru­ments doublés (guitares, voix, etc.), mais pas que. En effet, vous consta­te­rez en jetant un œil sur un tableau des fréquences que beau­coup d’ins­tru­ments se « chevauchent » d’un point de vue fréquen­tiel. Si d’aven­ture deux instru­ments parta­geant peu ou prou la même tessi­ture venaient à jouer en même temps, il y a de fortes chances pour qu’ils se mangent le nez. Et je ne vous parle même pas du bazar lorsque ces instru­ments reprennent une mélo­die à l’unis­son !

Pour y pallier, il existe plusieurs stra­té­gies plus ou moins effi­caces. La première consiste à simple­ment utili­ser des pano­ra­miques diamé­tra­le­ment oppo­sés pour les instru­ments fautifs. Si cela peut s’avé­rer suffi­sant lors d’une écoute en stéréo, gardez à l’es­prit qu’en mono le résul­tat ne tien­dra bien évidem­ment pas la route. 

Il est égale­ment possible de travailler sur la profon­deur grâce à une combi­nai­son de delay/réver­bé­ra­tion comme nous le verrons plus tard, mais encore une fois, cela ne suffira pas la plupart du temps.

Pour bien faire, il convient avant tout de travailler sur l’éga­li­sa­tion, puis d’éven­tuel­le­ment utili­ser en sus les deux tech­niques précé­dentes pour un résul­tat plus tran­ché.

The Cure

Afin de circon­ve­nir à ce phéno­mène de masquage, je vous propose deux méthodes d’éga­li­sa­tion qui devraient vous sortir de la panade à tous les coups.

Tout d’abord, un grand clas­sique que nous allons voir au moyen d’un exemple théo­rique pour faire simple. Suppo­sons que vous ayez deux guitares jouant la même ryth­mique. Loca­li­sez la zone du spectre la plus char­gée par ces deux guitares ; pour notre exemple, disons qu’il s’agit d’une zone tour­nant autour des 800 Hz. Sur l’une d’entre elles, atté­nuez légè­re­ment cette fréquence (ici −2 dB à 800 Hz avec un Q de 2.5) au moyen d’un filtre en cloche. Ajou­tez alors un deuxième filtre en cloche et ampli­fiez d’au­tant de déci­bels que vous avez atté­nués, avec la même largeur de bande, mais à une fréquence située juste en dessous ou juste au-dessus de la fréquence d’at­té­nua­tion. Pour notre exemple, nous dirons +2 dB à 920 Hz. Main­te­nant, appliquez une égali­sa­tion stric­te­ment inverse sur l’autre guitare. Dans notre cas, cela donne +2 dB à 800 Hz et −2 dB à 920 Hz, toujours avec un facteur Q de 2.5. Vous devriez alors obte­nir deux instru­ments bien arti­cu­lés et ne se gênant plus l’un l’autre.

La deuxième façon de faire que je vous propose est direc­te­ment déri­vée de la précé­dente. Nous retrou­vons le prin­cipe de base de l’at­té­nua­tion/ampli­fi­ca­tion en mode miroir sur chacune des pistes, mais le choix des fréquences utili­sées diffère. Cette fois-ci, vous allez partir à la recherche de la texture (ou le corps) de l’un des instru­ments et l’at­taque de l’autre. Pour reprendre l’exemple précé­dent, suppo­sons que le corps de l’une de nos guitares soit vers 1 kHz et l’at­taque de l’autre à 4.5 kHz. Vous allez alors atté­nuer l’at­taque sur la première et ampli­fier sa texture, puis faire exac­te­ment l’in­verse sur l’autre. Cette méthode a ma préfé­rence, car la sensa­tion de sépa­ra­tion vient non seule­ment de la diffé­rence fréquen­tielle engen­drée, mais égale­ment du renfor­ce­ment du rôle de chacun des instru­ments. Dans notre exemple, l’une des guitares sera plus du côté texture de la force alors que l’autre appor­tera un soutien ryth­mique.

La semaine prochaine, nous allons nous inté­res­ser à la colo­ra­tion du son par le biais de l’éga­li­sa­tion.

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