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Quand la Brute va en boite
9/10
Award Valeur sûre 2018
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Six ans après son lancement réussi, le MiniBrute fait peaux neuves pour se décliner en deux modèles. Nous testons ici la version module, baptisée MiniBrute 2S.

Test du MiniBrute 2S d'Arturia : Quand la Brute va en boite

En 2012, Artu­ria lançait un pavé dans la mare du marché du synthé analo­gique, devenu inac­ces­sible. A l’époque en effet, les machines étaient posi­tion­nées dans le haut de gamme, comme chez Moog Music ou DSI. La cote du vintage ne cessait d’aug­men­ter et les sites de DIY fleu­ris­saient. Le Mini­Brute était né de la volonté d’of­frir au plus grand nombre de musi­ciens un synthé unique, abor­dable et capable d’en­trer dans une sacoche de portable. Succès commer­cial, la machine a permis à Artu­ria de renaître tout en déve­lop­pant un nouveau savoir-faire. Ont suivi le Micro­Brute, la Drum­Brute, puis le magni­fique Matrix­Brute. Aujour­d’hui, les données du marché ont consi­dé­ra­ble­ment changé : dans le sillage d’Ar­tu­ria, beau­coup de marques se sont mises sur le créneau de l’ana­lo­gique abor­dable : Moog a démo­cra­tisé une partie de sa gamme, Korg a lancé plusieurs produits d’en­trée de gamme, Nova­tion et Waldorf sont reve­nus dans le créneau, sans oublier Behrin­ger qui a litté­ra­le­ment envahi le segment. Il était donc temps pour Artu­ria de redé­fi­nir sa vision du synthé analo­gique acces­sible. C’est désor­mais chose faite, avec le concours de Yves « yusynth » Usson, présent sur les projets Brute depuis l’ori­gine, et Frédé­ric « marzac­dev » Meslin, ex-déve­lop­peur de Waldorf et fonda­teur de Fred’s Lab. Résul­tat, deux modèles de Mini­Brute 2 : un synthé-clavier et un module synthé-séquen­ceur. Nous testons ici le modu­le…

Mini augmenté

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Le Mini­Brute 2S est la version module du Mini­Brute 2. Le petit clavier 2 octaves est ici remplacé par 16 pads (dont les 13 premiers forment un mini clavier trans­po­sable par octave) et 16 enco­deurs cran­tés pour jouer les sons, program­mer / lancer / trans­po­ser les séquences en temps réel ou éditer certaines fonc­tions. La partie supé­rieure du panneau avant est iden­tique à celle du Mini­Brute 2. Elle comprend deux rangées réser­vées à la synthèse : 2 LFO, 2 VCO (avec ondes mixables pour le VCO1), 1 VCF, 1 VCA, 2 enve­loppes ; impos­sible de manquer la baie de bras­sage à 48 points (jacks 3,5 mm), permet­tant de patcher diffé­rents modules de synthèse (nous y revien­drons en détail).

Au-dessus des pads et enco­deurs, on trouve les commandes de program­ma­tion du séquen­ceur / arpé­gia­teur (motifs, chai­nages, pistes, tempo avec Tap, trans­port, édition) et de la synchro (interne, USB, MIDI, horloge analo­gique). Une touche Shift permet d’ap­pe­ler des fonc­tions secon­daires, via les boutons ou les pads (sens de lecture, réso­lu­tion, Swing, dernier pas du séquen­ceur, tempé­ra­ment clavier, motifs d’ar­pè­ge…). Au total, 20 poten­tio­mètres rota­tifs, 3 sélec­teurs rota­tifs, 12 curseurs linéaires, 6 sélec­teurs simples, 22 pous­soirs (certains lumi­neux) et 17 enco­deurs attendent nos ordres… 

MiniBrute2S 2tof 19.JPG

Mise à part la baie de bras­sage, la connec­tique est située à l’ar­rière : sortie audio mono et sortie casque (jacks 6,35), MIDI In/Out (commu­table en Thru), USB, connec­teur pour bloc d’ali­men­ta­tion (hélas externe) et inter­rup­teur secteur.

Un mot sur la qualité de construc­tion : la carcasse est faite de plas­tique (dessus) et métal (dessous) bien solide, alors que les flancs sont en imita­tion bois. Les poten­tio­mètres sont bien ancrés et offrent une bonne résis­tance. Côté curseurs linéaires, la résis­tance est agréable mais les capu­chons pas toujours d’équerre, ce qui ne gêne en rien l’uti­li­sa­tion.

Les pads, dont la couleur varie suivant la fonc­tion ou le mode, sont sensibles à la vélo­cité et à la pres­sion (toutes deux pré-assi­gnées et ré-assi­gnables, comme sur la version clavier) ; leur réponse est d’ex­cel­lente qualité (la pres­sion est très sensible !), permet­tant un jeu expres­sif. Enfin, la connec­tique de la baie de bras­sage est parfai­te­ment sertie.

Semi-modu­laire

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Le Mini­Brute 2S est un module synthé-séquen­ceur analo­gique semi-modu­laire mono­dique sans mémoires pour les programmes. La machine est donc livrée avec un carnet de patches (« livre de cuisine ») pour ne pas partir de zéro et s’éduquer à la synthèse modu­laire. Il n’est toute­fois pas néces­saire d’uti­li­ser la baie de bras­sage pour en sortir un son, puisque les modules internes sont précâ­blés (mais ce serait bien dommage !). Analo­gique oblige, il faut une dizaine de minutes à la machine pour se stabi­li­ser en tempé­ra­ture (sonner juste). La prise en main est immé­diate, toutes les commandes et les points de câblage étant situés en façade, pour une ergo­no­mie une fonc­tion / un bouton (à quelques excep­tions mineures près).

Nous appré­cions toujours autant la puis­sance du VCO, avec accès à toutes les formes d’onde et modi­fi­ca­tion du contenu harmo­nique de celles-ci ; pous­ser le niveau des ondes apporte une satu­ra­tion natu­relle à partir de 60% envi­ron de la course. Nouveauté de taille, un second VCO a fait son appa­ri­tion, ce qui donne plus de corps au son et permet des inter­mo­du­la­tions qui manquaient au Mini­Brute ; résul­tats, une poly­va­lence sonore beau­coup plus grande.

Le carac­tère brut saute tout de suite aux oreilles : filtre multi­mode Stei­ner toujours aussi origi­nal, Brute Factor bien destroy, enve­loppes qui claquent dont une qui offre diffé­rents modes de déclen­che­ment et bouclage, 2 LFO qui peuvent oscil­ler dans l’au­dio… Sans oublier la modu­la­rité qui permet de créer des sons très évolu­tifs que ne pouvait pas faire le premier Mini­Brute. La section séquen­ceur/arpé­gia­teur est un pur bonheur, avec pour le séquen­ceur des fonc­tion­na­li­tés avan­cées, comme les diffé­rents sens de lecture et les pistes de modu­la­tion qui sont de véri­tables atouts (nous y revien­drons). Bref, des progrès sonores et tech­niques très appré­ciables, encore plus pous­sés que sur le Mini­Brute 2 ! Au niveau grain, le bas du spectre est bien plus présent que sur le Mini­Brute origi­nel ; rensei­gne­ments pris auprès des concep­teurs, le feed­back du filtre a été revu pour amélio­rer la réponse dans les basses ; de même, le métal­li­seur est plus progres­sif et moins agres­sif. Il en résulte un rendu sonore beau­coup plus chaud et plus rond. Nous l’avons aussi trouvé plus défini, avec un meilleur impact. Brut mais pas brutal !

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  • Mini­Bru­te2S 1audio 01 Saws 01:07
  • Mini­Bru­te2S 1audio 02 Pulses 01:04
  • Mini­Bru­te2S 1audio 03 Metal 00:52
  • Mini­Bru­te2S 1audio 04 Bass 00:28
  • Mini­Bru­te2S 1audio 05 Hipass 00:19
  • Mini­Bru­te2S 1audio 06 Han 00:29
  • Mini­Bru­te2S 1audio 07 Sync­Brute 00:47
  • Mini­Bru­te2S 1audio 08 Selfrez Kicks 00:34
  • Mini­Bru­te2S 1audio 09 Selfrez Snares 00:33
  • Mini­Bru­te2S 1audio 10 Hihats Mod 00:35
  • Mini­Bru­te2S 1audio 11 FM Tam 00:58
  • Mini­Bru­te2S 1audio 12 FM Drone 00:28

VCO revi­si­tés

Le Mini­Brute ne dispo­sait que d’un VCO et son Sub-VCO. Le Mini­Brute 2S a remis cette section au goût du jour, avec cette fois 2 VCO complets, dont l’élec­tro­nique a été en partie revue. Le VCO1 est le plus puis­sant, puisqu’il dispose de plusieurs formes d’ondes indé­pen­dam­ment mixables et modi­fiables : dent de scie, carrée et triangle. Comme sur le premier Mini­Brute, on peut modi­fier le contenu harmo­nique de chaque onde : chan­ger la dent de scie en Ultra­saw (ajout de deux dents de scie dépha­sées, l’une de 1 Hz, l’autre entre 0,1 et 100 Hz) ; modu­ler la largeur d’im­pul­sion de l’onde carrée (50 à 90%) ; métal­li­ser l’onde triangle par replie­ment de spectre (créa­tion de sons métal­liques) ; le métal­li­seur a d’ailleurs été revu pour être plus progres­sif (donc plus maîtri­sable et musi­cal). De base, on peut modu­ler l’Ul­tra­saw par le LFO2, la largeur d’im­pul­sion par le LFO1 et le métal­li­seur par la vélo­cité. Le VCO1 peut être accordé fine­ment et être affecté par un Glide à temps variable.

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Le VCO2 est de concep­tion iden­tique au VCO1, même s’il ne dispose pas de toutes les formes d’ondes simul­ta­nées et modu­lables. On peut choi­sir entre les ondes dent de scie, carrée et sinus (cette dernière le prédis­pose tout parti­cu­liè­re­ment à la FM, voir ci-après). On peut l’ac­cor­der selon trois plages de réglage : fin (désac­cor­dage sur plus ou moins une octave envi­ron), All (accor­dage sur toute la plage de fréquences du Mini­Brute 2S) ou LFO (modu­la­tion de 1Hz jusqu’à l’au­dio). Créer un Detune précis est parfois complexe, même en réglage fin. Le VCO2 dispose de son propre curseur de volume ; il suit par défaut le pitch du VCO1, mais il peut aussi inter­agir avec lui : synchro­ni­sa­tion (via la baie de bras­sage), FM expo­nen­tielle (par défaut) et FM linéaire (aussi via la baie de bras­sage). Cela confère au Mini­Brute 2S un terri­toire sonore bien plus étendu que son ancêtre, indu­bi­ta­ble­ment. Enfin, on trouve un curseur pour doser le géné­ra­teur de bruit blanc et un autre pour doser l’en­trée audio. Pous­ser les volumes crée de la satu­ra­tion en entrée de filtre, moins agres­sive que sur le Mini­Brute, si nos souve­nirs sont bons…

VCF multi­mode

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Le filtre du Mini­Brute 2S reprend l’ar­chi­tec­ture de son ancêtre. Il a été conçu à la base sur le filtre multi­mode réso­nant 2 pôles de Stei­ner Parker, fonc­tion­nant en modes passe-bas, passe-bande, passe-haut et réjec­tion de bande. Les niveaux d’en­trée ont été adap­tés pour encais­ser la section VCO musclée sans satu­rer trop vite. La plage de fréquences est très éten­due (20 Hz à 18 kHz). L’auto-oscil­la­tion a été modi­fiée par rapport au premier Mini­Brute, pour une moindre agres­si­vité ; elle inter­agit avec le Brute Factor (voir ci-après). On appré­cie la variété de timbres obte­nus et l’ab­sence de perte de niveau quand on pousse la réso­nance. La fréquence de coupure est pré-assi­gnée à l’en­ve­loppe ADSR (modu­la­tion bipo­laire) et la modu­la­tion 1, alors que la réso­nance est pré-assi­gnée au LFO1 (modu­la­tion bipo­laire égale­ment). Sur le Mini­Brute, la fréquence de coupure était modu­lable par le suivi de clavier, qui plus est de 0 à 200% ; ce n’est plus le cas ici, en tout cas pas direc­te­ment (il faut passer par la baie de bras­sage, ce qui crée des dilemmes gênants).

En sortie de chaîne, on trouve un VCA avec enve­loppe AD et vélo­cité pré-assi­gnées. C’est là qu’in­ter­vient le Brute Factor, une boucle de feed­back entre la sortie du VCA et l’en­trée du filtre inspi­rée du Mini­moog, permet­tant de créer des satu­ra­tions – pas toujours maîtri­sables – qui gonflent le son ; comme dit précé­dem­ment, le feed­back a été revu par rapport au premier Mini­Brute, pour géné­rer plus de basses (et au passage moins d’agres­si­vité). La compen­sa­tion auto­ma­tique de niveau est toujours inté­grée au circuit (atté­nua­tion en sortie quand on pousse la modu­la­tion), ce qui permet d’éco­no­mi­ser un réglage. Le VCA a aussi été revu, puisqu’il est main­te­nant basé sur des OTA plutôt que des compo­sants entiè­re­ment discrets, pour obte­nir un meilleur rapport signal/bruit. Le volume final possède un poten­tio­mètre dédié, mais on perd au passage le réglage séparé sur la sortie casque… pas bien grave !

Modu­la­tions précâ­blées

La pres­sion est pré-assi­gnée au vibrato (via le LFO1) et à la coupure du filtre, alors que la vélo­cité est pré-assi­gnée au méta­li­seur et au volume.

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Le Mini­Brute 2S offre 2 LFO numé­riques à 6 formes d’onde (sinus, triangle, dent de scie, carrée, S&H, aléa­toire lisse) ; ils sont capables d’os­cil­ler entre 0,06 Hz (très lent) à 100 Hz (audio) ou de se synchro­ni­ser au séquen­ceur suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (de 1/32 à 8x le tempo) ; leur cycle peut être libre ou redé­clen­ché à chaque note. Dommage qu’il manque un réglage de fondu. Par défaut, le LFO1 peut modu­ler la PWM et la réso­nance du VCF, alors que le LFO2 est pré-assi­gné à la quan­tité de l’Ul­tra Saw.

Passons aux 2 enve­loppes, cette fois pure­ment analo­giques. La première est de type ADSR (pré-assi­gnée au VCF), la seconde de type AD (pré-assi­gnée au VCA). Cette dernière propose diffé­rents modes de déclen­che­ment et de bouclage : on peut ainsi créer une enve­loppe AD ou AR, jouée en coup unique ou bouclée ; très inté­res­sant ! Les temps de l’en­ve­loppe ADSR sont compris entre 0,5 ms et 4 secondes, ce qui en fait une enve­loppe très rapide (on perd toute­fois ici les modes rapides et lents des deux enve­loppes ADSR du Mini­Brute). Quant aux temps de l’en­ve­loppe AD, ils vont de 1 ms à 10 secondes.

Séquences modu­lées et arpèges

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Le Mini­Brute 2S est un candi­dat sérieux au rayon séquences et arpèges. Commençons par ces dernières. L’ar­pé­gia­teur offre 8 motifs : haut, bas, alterné, alterné avec répé­ti­tion des extrêmes, aléa­toire, suivant ordre joué, haut à double répé­ti­tion, bas à double répé­ti­tion. On trouve aussi un mode Hold, mais pas de fonc­tion d’éten­due auto­ma­tique sur plusieurs octaves. On peut régler le tempo (divi­sion tempo­relle en cas de synchro­ni­sa­tion à l’hor­loge globale / externe) au poten­tio­mètre ou avec la touche Tap. On peut ajou­ter jusque 16 notes à un arpège, mais aussi stop­per un motif puis le relan­cer au point de départ, ou encore chan­ger le facteur de Swing. La durée de note (Gate) est fixée à 50%.

Passons main­te­nant au morceau de bravoure, le séquen­ceur à pas. Il est bien plus puis­sant que celui du Mini­Brute 2 et posi­tionne le 2S loin devant. Il offre 4 pistes de 64 pas par séquence. Par défaut, les pistes 1–2–3–4 sont respec­ti­ve­ment assi­gnées aux notes, Gate, vélo­cité et pres­sion ; dans ce cas, elles partagent durée, divi­sion tempo­relle et sens de lecture (avant, arrière, alter­née ou aléa­toire) ; on peut choi­sir d’autres types de modu­la­tion pour les pistes 3–4 (leur sortie se trouve dans la baie de bras­sage) : pitch, Gate, vélo­cité, pres­sion, tension de commande (1–2–5–8V), enve­loppe ou LFO (sinus, triangle, dent de scie, rampe, carrée, S&H). Dans ce cas, ces pistes deviennent indé­pen­dantes (longueur, divi­sion tempo­relle et sens de lecture), ce qui permet des modu­la­tions qui se décalent au fur et à mesure des boucles. Deux para­mètres sont modi­fiables par piste, direc­te­ment avec les 16 enco­deurs (et la touche Shift pour atteindre le second para­mètre). Leur nature dépend du type de piste : pitch/slide, vélo­cité/slide, pres­sion/slide, tension/slide, Gate/Repeat (permet­tant de créer des ratchets sur un pas donné), attaque/déclin d’en­ve­loppe et onde/ampli­tude de LFO. Très bien pensé !

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Une fonc­tion permet de boucler la lecture d’une séquence entre deux pas. On peut aussi ajou­ter un peu de swing. La trans­po­si­tion directe se fait en main­te­nant le pad n°16 et en appuyant sur un autre pad suivant l’ef­fet souhaité (chro­ma­tique ou par octave) ; cela néces­site donc deux mains ou au moins une main avec de très grands doigts, moins pratique que sur le Mini­Brute 2 qui trans­pose direc­te­ment au clavier. L’en­re­gis­tre­ment offre les modes pas à pas (tout à fait clas­sique) et temps réel (avec quan­ti­fi­ca­tion au pas le plus proche suivant divi­sion tempo­relle et enre­gis­tre­ment simul­tané des pistes note / Gate, ainsi que vélo­cité / pres­sion si ces dernières sont confi­gu­rées ainsi). Le mode pas à pas permet aussi l’édi­tion détaillée de chaque pas avec les 16 enco­deurs, de manière très ergo­no­mique comme déjà vu. On peut par ailleurs utili­ser l’ar­pé­gia­teur pour enre­gis­trer une séquence en temps réel.

La mémoire interne comprend 4 banques de 16 séquences, sélec­tion­nables avec les pads. Au sein d’une même banque, on peut chaî­ner jusqu’à 16 séquences, en appuyant succes­si­ve­ment sur les pads des séquences à enchaî­ner (plusieurs fois sur la même si on souhaite). Hélas, ce chaî­nage n’est pas mémo­ri­sable et il n’y a pas de mode Song. Le Mini­Brute 2S est plus un séquen­ceur de mouve­ment dans l’es­prit modu­laire qu’un séquen­ceur qu’on laisse tour­ner seul. Signa­lons enfin, pour être à peu près complet, que les notes arpé­gées ou séquen­cées peuvent être affec­tées par le tempé­ra­ment clavier (7 Presets et 1 utili­sa­teur) et qu’elles sont trans­mises en MIDI/USB. Bref, un module qui frise l’ex­cel­lence !

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Baie de bras­sage

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La plupart des synthés analo­giques actuels sont précâ­blés, c’est-à-dire que le signal et les modu­la­tions suivent un schéma prédé­fini par les concep­teurs. On peut égale­ment trou­ver des matrices de modu­la­tion, qui permettent d’as­si­gner des sources à des modu­la­tions non prévues à l’ori­gine, avec une quan­tité de modu­la­tion ajus­table. Ceci est en partie permis par l’uti­li­sa­tion de tech­no­lo­gies numé­riques pour les modu­la­tions, car l’élec­tro­nique analo­gique est beau­coup plus complexe à mettre en œuvre. En effet, il faut une connexion physique entre la source et la desti­na­tion (un patch sur les synthés pure­ment modu­laires) et si on veut modu­ler la desti­na­tion, un VCA avec un atté­nua­teur. Sans oublier des somma­teurs et des multi­pli­ca­teurs quand on veut modu­ler une desti­na­tion par plusieurs sources ou qu’une source module plusieurs desti­na­tions. Cela explique que certains murs de studio ou de salon voient chaque année pous­ser les modules un peu plus haut jusqu’à en être tota­le­ment recou­verts (ce qui permet de masquer un papier peint qui date du premier modu­le…)

Si le Mini­Brute était un synthé câblé avec quelques entrées CV, le Micro­Brute a ouvert la porte à la modu­la­rité pure­ment analo­gique. Le Mini­Brute 2S va beau­coup plus loin, avec pas moins de 48 points de patch au format jack 3,5 mm (8 cordons sont four­nis pour les relier). Un point peut être une entrée ou une sortie (dans ce dernier cas, la séri­gra­phie est sur fond blanc). Certains points sont précâ­blés, comme par exemple le LFO1 sur la PWM1 ou le VCO2 sur la FM du VCO1 (les sources sont séri­gra­phiées en bleu et entre paren­thèses au-dessus des jacks). Y insé­rer un câble remplace la source par le signal passant par ce câble. On peut ainsi relier la sortie de l’en­ve­loppe ADSR au pitch du VCO1. Dans ce cas, le clavier (ou les pads) ne pilo­tera plus le pitch.

On voit tout de suite la puis­sance du système, mais aussi les limites : un seul choix par point, faute de modules multi­pli­ca­teurs ou somma­teurs (à une excep­tion près, cf. ci-après) ; du coup, il faut bidouiller des cordons multiples, en appré­ciant au passage le soin avec lequel Artu­ria a protégé les entrées/sorties (surten­sions, sous-tensions, courts-circuits, mauvais bran­che­ments…) ; autre contrainte, il n’y a pas de mémoire pour les câblages, donc il faut un bon cerveau, un carnet de patches (comme celui livré avec le Mini­Brute 2S) ou un truc pratique pour prendre les photos.

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Listons quelques points de patch notables (arran­gés par module dans la baie) : parmi les sorties, toutes les formes d’onde du VCO1 et celle sélec­tion­née pour le VCO2 ; égale­ment les modu­la­tions des enve­loppes et LFO ; sans oublier les données MIDI (note clavier / pad, Gate, vélo­cité, pres­sion). Parmi les entrées, le pitch du VCO1, la modu­la­tion de chaque onde du VCO1, la FM expo­nen­tielle du VCO1, la FM linéaire du VCO1 (bien vue celle-là !), la synchro du VCO1 ; mais aussi la fréquence et la réso­nance du filtre, le volume du VCA (2 entrées), les segments AD de l’en­ve­loppe éponyme, l’hor­loge et le retour à zéro du séquen­ceur. Notons la présence d’un inver­seur de modu­la­tion, d’un somma­teur (2 entrées / 1 sortie avec entrée CV de modu­la­tion) et deux atté­nua­teurs (asser­vis à deux poten­tio­mètres en façade). De quoi chan­ger radi­ca­le­ment l’or­ga­ni­sa­tion de la machine ou l’in­té­grer dans un écosys­tème modu­laire analo­gique.

C’est d’ailleurs tout le propos des Rack­Brute, éléments 3U et 6U se fixant à la machine pour accueillir des modules Euro­rack, avec bloc externe et rail d’ali­men­ta­tion +12V/-12V/+5V et posi­tion ergo­no­mique de travail (cf. photo). Leur design est réussi et leur qualité de construc­tion très correcte, excepté les petits pas de vis du tube stabi­li­sa­teur trans­ver­sal qui nous ont parfois posé problème. Une fois en place, tout est correc­te­ment sécu­risé. Au passage, atten­tion à ne pas monter direc­te­ment les rondelles Grower sur les axes, sous peine de ne plus pouvoir extraire les papillons laté­raux en plas­tique une fois vissés !

Logi­ciel incon­tour­nable

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Artu­ria a pris l’ha­bi­tude de dépor­ter l’édi­tion des para­mètres globaux de ses synthés analo­giques vers un logi­ciel (MIDI Control Center, tour­nant a minima sous Windows 8 / OS 10.10). Le Mini­Brute 2S ne déroge pas à la règle, ce qui le prive d’une réelle auto­no­mie, d’au­tant que la confi­gu­ra­tion n’est pas triviale et comporte quelques restric­tions d’usage liées aux pilotes. Les réglages concernent les canaux MIDI (pads, contrô­leurs physiques, séquen­ceur), la fonc­tion MIDI Out/Thru, la réponse des pads (vélo­cité, pres­sion, pres­sion poly­pho­nique), le déclen­che­ment des LFO, la prio­rité de note, les para­mètres du séquen­ceur, la réso­lu­tion d’hor­loge, le tempé­ra­ment des pads, les dumps des séquen­ces…

Nous avons trouvé cette partie complète, parfois un peu trop (par exemple, canaux MIDI sépa­rés pour chaque contrô­leur physique et pour la trans­po­si­tion des séquences, CC pour chaque commande de trans­port…) ; en fait, nous aurions préféré un accès aux fonc­tions essen­tielles via la touche Shift + boutons de choix + enco­deur de données, plutôt que consom­mer plusieurs pads pour chan­ger les valeurs des para­mè­tres…

Conclu­sion

Le Mini­Brute symbo­li­sait une nouvelle offre de synthés analo­giques origi­naux et abor­dables. La concur­rence s’est depuis engouf­frée dans la brèche et est aujour­d’hui très affû­tée. Artu­ria a revi­sité le concept, conser­vant ce qui avait fait la force de la machine et appor­tant un lot de fonc­tion­na­li­tés parti­cu­liè­re­ment inté­res­santes : des VCO plus musclés, un filtre plus rond, une approche semi-modu­laire et un module séquen­ceur / arpé­gia­teur très costaud pour faire bouger le tout. Du coup, on conserve en partie l’iden­tité sonore spéci­fique à la série Brute, tout en étant capable d’ex­plo­rer des terri­toires sonores plus vastes que l’an­cêtre ; on est clai­re­ment dans une qualité sonore supé­rieure, avec plus de poids, plus de basses, plus de puis­sance et une meilleure défi­ni­tion. La concep­tion sous forme de module séquen­ceur en fait à notre sens une offre plus inté­res­sante que la version clavier limi­tée à deux octaves et un séquen­ceur basique. Il reste toute­fois des choix de concep­tion qui pour­ront rebu­ter certains, comme l’ab­sence de mémoires et le logi­ciel de confi­gu­ra­tion incon­tour­nable. Au final, le Mini­Brute 2S est le point de départ idéal à la construc­tion d’un système modu­laire analo­gique compact et portable, qui mérite bien un Award Valeur Sûre.

Prix public moyen : 633 €

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

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9/10
Award Valeur sûre 2018
Points forts
  • Gros son pur analo
  • Basses puissantes
  • Variété de timbres
  • Deux vrais VCO
  • Interactions des VCO
  • Formes d’ondes mixables
  • Filtre multimode peu courant
  • Entrée audio vers le filtre
  • Deux vrais LFO
  • Enveloppe AD originale
  • Excellent séquenceur modulaire
  • Arpégiateur intégré
  • Semi-modularité à 48 points
  • Connectique variée
  • Prise en main aisée
  • Livret de patches fourni
  • Pads dynamiques de qualité
  • Construction solide
  • Compact et portable
Points faibles
  • Pas de transposition directe par demi-ton
  • Un seul module sommateur
  • Pas de modules multiples ni mixeurs
  • Logiciel incontournable pour les réglages globaux
  • Absence de mémoires gênante pour certaines utilisations
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.