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Le plan B
9/10
Award Qualité / Prix 2021
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Le Behringer 2600 se positionne comme un clone amélioré de l’ARP 2600, accessible aux musiciens pas forcément fortunés, bricoleurs ou collectionneurs. Un bon plan ?

Test du 2600 de Behringer : Le plan B

Aussi pres­ti­gieux que le Mini­moog, l’ARP 2600 est un synthé semi-modu­laire produit entre 1971 et 1980. Avec son grand pupitre verti­cal à HP inté­grés et son clavier quatre octaves, il est aussi à l’aise dans les sons musi­caux que les brui­tages. On lui doit autant les basses fermées de certains titres signés JMJ que les joyeux gazouillis de R2D2, ce qui permet au passage d’en­ter­rer une fois pour toutes la légende urbaine selon laquelle le son provien­draient d’un OB-1 (qui date de 1979, soit deux ans après la sortie du premier Star Wars). L’ARP 2600 a été décliné en 4 modèles et 9 révi­sions : 2600 « Blue Marvin » (bleu tout alu, filtre 4012), 2600C « Gray Meanie » (gris tout alu, filtre 4012), 2600P (gris en suit­case, 4 révi­sions avec diffé­rents VCO de qualité variable, filtre 4012) et 2601 (3 révi­sions, passage à partir de la V2 du filtre 4012 au 4072 suite à un conten­tieux avec Moog et aux couleurs orange sur fond noir). Les versions les plus convoi­tées sont celles à base de filtre 4012, plus gras et plus ouvert, le 4072 étant limité à 12 kHz suite à une erreur de concep­tion. 

Article mis à jour le 20/03/21, avec l’in­té­gra­tion des infor­ma­tions concer­nant les modèles « Blue Marvin » et « Gray Meanie ».

Aujour­d’hui, soit un demi-siècle plus tard (!), les amateurs d’ARP 2600 ont plusieurs alter­na­tives pour se rassa­sier : les collec­tion­neurs fortu­nés et chan­ceux peuvent craquer pour un modèle vintage (à choi­sir judi­cieu­se­ment), les nostal­giques moins aven­tu­reux mais tout de même fortu­nés opter pour un clone signé ARP fabriqué par Korg (série limi­tée à 1 000 exem­plaires), les un poil moins fortu­nés se tour­ner sur le clone de 2600 d’An­to­nus et les brico­leurs aver­tis se lancer dans la construc­tion d’un clone TTSH (Two Thou­sand Six Hundred). Mais pour le peu fortuné pas du tout brico­leur, c’est-à-dire le commun des musi­ciens, il n’y avait jusque-là pas trop de possi­bi­li­tés. Jusqu’à ce que Behrin­ger se lance dans un clonage de 2600, pour une frac­tion du prix. A vos patches !

Black rack

B2600_2tof 12 unlit.JPGLe 2600 reprend les codes couleurs des ARP 2600 et Odys­sey les plus récents, à savoir orange sur fond noir. Au NAMM 2021, Behrin­ger a annoncé deux modèles produits en série limi­tée, le Blue Marvin (bleu) et le Gray Meanie (gris), dotés d’am­plis op de qualité premium et d’une véri­table réverbe à ressort. La façade est impres­sion­nante, c’est une véri­table invi­ta­tion aux expé­ri­men­ta­tions les plus folles : 63 curseurs de 40 mm rétroé­clai­rés (couleur suivant le rôle du curseur), 15 inter­rup­teurs (doubles / triples), 2 pous­soirs momen­ta­nés, 92 mini-jacks de bras­sage ou audio, 2 sorties audio jack 6,35 mm, une sortie casque mini-jack stéréo 3,5 mm avec poten­tio­mètre de volume dédié et un inter­rup­teur secteur. Il reste une petite partie de connec­tique à l’ar­rière, sur un plan judi­cieu­se­ment placé en retrait pour ne pas consom­mer d’es­pace en cas de mise en rack : mini-poten­tio­mètre pour régler l’in­ten­sité des LED des curseurs (de la lumière éblouis­sante à l’ex­tinc­tion complète), deux entrées jack pour pédales (blocage d’in­ter­valle en mode Duo et acti­va­tion du porta­mento), deux prises MIDI (In/Thru) avec sélec­teurs de canal, une prise USB (MIDI / échange de données avec l’ap­pli) et une prise pour alimen­ta­tion externe (12 V DC / 2 A / C+ avec bloc externe central). Un dispo­si­tif permet de sécu­ri­ser le cordon pour éviter tout arra­che­ment. A part l’ali­men­ta­tion externe, rien à redire.

Tous les réglages ou presque sont conti­nus, y compris l’ac­cor­dage gros­sier des VCO. C’est assez pertur­bant pour ceux qui ont l’ha­bi­tude des réglages discrets par pieds et demi-tons. Cela néces­site dexté­rité et préci­sion pour bien doser tout cela. De même, il faut un certain temps pour s’ha­bi­tuer au fonc­tion­ne­ment par défaut de l’ap­pa­reil : signaux audio et modu­la­tions précâ­blés, réglage des curseurs situés au-dessus des entrées… puis compré­hen­sion du câblage qu’on ne manquera pas de mettre en œuvre (pour refaire les sons de basse fermée d’Equi­noxe et Chro­no­lo­gie, pas besoin de patcher ?). On remarque aussi 31 capu­chons caou­tchouc amovibles : ils permettent l’ac­cès à tous les ajus­tables depuis la façade. Un mot sur la qualité de construc­tion, qui nous semble très bonne : carros­se­rie tout en métal, curseur offrant une bonne résis­tance, connec­tique sertie (mais pas vissée). Cela nous donne donc un poids de 4,9 kg pour 482 × 354 × 110 mm. Comme on peut le voir sur les photos, le 2600 est rackable, il occu­pera exac­te­ment 8U en format 19 pouces.

Archi­tec­ture géné­rale

Le 2600 comprend une ving­taine de modules analo­giques purs : 3 VCO, 1 mélan­geur pré-VCF, 1 VCF, 1 VCA, 1 mélan­geur post-VCA, 1 enve­loppe AR, 1 enve­loppe ADSR, 1 porta­mento, 1 géné­ra­teur de CV duopho­nique, 1 LFO, 1 porta­mento, 1 préam­pli, 1 suiveur d’en­ve­loppe, 1 modu­la­teur en anneau, 1 géné­ra­teur de bruit, 4 proces­seurs de tensions et 1 S&H ; c’est peu ou prou ce qu’on retrouve sur un ensemble 2600 + clavier 3620, hormis les touches.

B2600_2tof 15 unlit.JPGS’y ajoute une réver­bé­ra­tion à ressort modé­li­sée pour le modèle de base, contrai­re­ment à l’ori­gi­nal et aux modèles « Blue Marvin » et « Gray Meanie », comme déjà dit. Tous ces modules sont déjà précâ­blés, que ce soit le parcours du signal audio depuis les sources jusqu’aux sorties ou les modu­la­tions basses et hautes fréquences. Il repré­sente donc un puis­sant synthé à lui seul, même sans câblage.

Mais l’uti­li­sa­teur peut déci­der de cham­bou­ler tout ou partie de cette belle harmo­nie, au moyen de cordons de bras­sage : par exemple, envoyer la dent de scie du VCO1 dans le filtre (plutôt que l’im­pul­sion), modu­ler la PW du VCO2 par le LFO (plutôt que le bruit) ou encore pilo­ter la fréquence du filtre avec l’en­ve­loppe AR (plutôt que l’ADSR). Dès que l’on connecte un cordon à l’une des prises 3,5 mm, on remplace la connexion prééta­blie. Les proces­seurs de tensions permettent de mélan­ger et/ou doser plusieurs signaux pour en fabriquer des plus complexes. C’est aussi l’oc­ca­sion de router des signaux sonores ou des modu­la­tions à partir de / vers un système modu­laire plus vaste (modules de synthèse, modu­la­tions, séquen­ceurs, etc.). A chaque étage sonore, le 2600 offre des possi­bi­li­tés d’in­ter­con­nexions. Revers de la médaille, aucun réglage n’est mémo­ri­sable ou pilo­table en CC MIDI : le son et les modu­la­tions passent physique­ment par les compo­sants, la seule partie numé­rique concerne le pilo­tage MIDI des notes et du pitch­bend. L’ap­pli Synth Tool permet de régler la prio­rité de note (basse, haute, dernière) et l’éten­due de pitch­bend ; elle permet aussi de reca­li­brer la machine (procé­dure manuelle) et mettre à jour l’OS.

Etat de l’ARP

B2600_2tof 06.JPGN’ayant pas d’ARP 2600 sous la main et étant toujours en confi­ne­ment, nous avons envoyé des exemples sonores à deux heureux proprié­taires d’ARP 2600 doté du filtre 4012. Deux personnes de confiance sans conces­sion ni complai­sance, bien au contraire ! Ils ont immé­dia­te­ment reconnu et validé le carac­tère sonore sur diffé­rents réglages typiques : basse punchy à filtre fermé, plage de réso­nance extrême du filtre, S&H bien barré, modu­la­tions extrê­mes… bref, les exemples sonores carac­té­ris­tiques de ce test. Ils ont égale­ment commenté la capa­cité de l’ARP 2600 à singer certains sons Moog typiques avec le filtre 4012, que l’on retrouve aussi dans les extraits. Nous avons aussi confié le 2600 à l’ami Pulso­pho­nic (prof de musique, orga­niste, contre­bas­siste, desi­gner sonore et bourré d’autres talents que nous ne détaille­rons pas ici…) qui nous a concocté un magni­fique « Swit­ched-On B » (Concerto Bran­de­bour­geois n°3 de JS Bach) programmé, joué et enre­gis­tré à la main, sans effet externe ajouté, ainsi que 7 ensembles de brui­tages complexes. Bravo !

Pour notre part, nous avons appré­cié le grain des VCO, la musi­ca­lité du filtre 4012 et la rapi­dité extrême des enve­loppes. Sans oublier les possi­bi­li­tés infi­nies de câblage, qui n’ont de limite que l’ima­gi­na­tion de l’uti­li­sa­teur. Côté réverbe modé­li­sée, la qualité est très correcte, le signal entrant n’est pas noyé. Elle a tendance à satu­rer quand on pousse trop le niveau d’en­trée, il faudra être là encore fin sur les régla­ges… Quant aux modèles « Blue Marvin » et « Gray Meanie », la qualité sonore de la réverbe à ressort authen­tique est plus convain­cante, avec des vibra­tions métal­liques typiques. Les derniers exemples audio « Bench » alternent le 2600 de base et le Gray Meanie, avec diffé­rents réglages d’ef­fets (« Blend » empile quant à lui les deux 2600 !). Si la diffé­rence des réverbes saute aux oreilles, on ne note en revanche pas d’écart flagrant lié aux AO premium. Au global, le compor­te­ment typique de l’ARP 2600 nous semble avoir été méti­cu­leu­se­ment analysé et bien repro­duit par les déve­lop­peurs, chapeau ! Nous avons pu échan­ger pas mal de temps avec une partie de l’équipe et il faut avouer qu’ils se sont bien pris la tête pour y parve­nir. Cela a repré­senté un travail consi­dé­rable, bien plus complexe que cloner un synthé compact entiè­re­ment préca­blé et basique comme un Model D ! Dernier point, le 2600 tient parfai­te­ment l’ac­cor­dage.

B2600_1audio 00 Swit­ched-On B_1
00:0006:24
  • B2600_1audio 00 Swit­ched-On B_106:24
  • B2600_1audio 01 Chrono Bass 1&2_101:54
  • B2600_1audio 03 Low Bass_100:40
  • B2600_1audio 04 Rez Bass_100:20
  • B2600_1audio 05 Squares_101:03
  • B2600_1audio 06 Grey PWM_100:34
  • B2600_1audio 07 Magne­tic Dry_100:30
  • B2600_1audio 08 Magne­tic Spring_100:30
  • B2600_1audio 09 Dont Go Saw_100:27
  • B2600_1audio 10 Dont Go PWM_100:27
  • B2600_1audio 11 Arp Laser_101:03
  • B2600_1audio 12 Blacks­tar Fifth_100:59
  • B2600_1audio 13 Solo Voice_100:29
  • B2600_1audio 14 Soft Duo_100:36
  • B2600_1audio 15 Pick Duo_100:34
  • B2600_1audio 16 S&H Game_103:03
  • B2600_1audio 17 Porte Nawak01:00
  • B2600_1audio 18 Noisy Winds01:36
  • B2600_1audio 19 Noisy Bloups01:44
  • B2600_1audio 20 Filter FM01:25
  • B2600_1audio JD 1 Voice01:07
  • B2600_1audio JD 2 Noises06:46
  • B2600_1audio JD 3 Noises02:33
  • B2600_1audio JD 4 Noises01:42
  • B2600_1audio JD 5 Noises03:15
  • B2600_1audio JD 6 Noises00:40
  • B2600_1audio JD 7 Noises01:40
Orange & Gray Bench1
00:0001:07
  • Orange & Gray Bench101:07
  • Orange & Gray Bench200:41
  • Orange & Gray Bench300:38
  • Orange & Gray Blend00:21

Sources sonores

Allez, on descend dans la synthèse. Commençons par les 3 VCO. Le premier est capable de produire simul­ta­né­ment une onde impul­sion variable (routée par défaut vers le mixeur) et une onde dent de scie. On peut préle­ver les signaux en sortie de VCO pour les envoyer dans n’im­porte quelle entrée (audio ou pas). On peut modi­fier la largeur d’im­pul­sion à la main (contrai­re­ment à l’ARP2600 dont l’onde carrée est fixe).

B2600_2tof 16 unlit.JPGOn peut modu­ler la fréquence par 4 sources prédé­fi­nies (suivi de clavier, S&H, ADSR, LFO) ou ce qu’on veut à la place, en routant une source à l’une des entrées. La quan­tité de modu­la­tion est défi­nie par les curseurs situés à la verti­cale des entrées, comme c’est le cas pour tous les modules. Les VCO 2 et 3 sont iden­tiques. Ils sont capables de produire simul­ta­né­ment les ondes triangle, dent de scie, sinus et impul­sion variable, ce qui va aussi plus loin que sur l’ARP 2600 dont le VCO3 est moins complet (ondes dent de scie et impul­sion variable unique­ment). Par défaut, c’est l’im­pul­sion du VCO2 et la dent de scie du VCO3 qui sont routées vers le mixeur. Là encore, rien n’em­pêche de préle­ver n’im­porte(s) quelle(s) onde(s) et l’en­voyer vers n’im­porte(s) quelle(s) entrée(s).

Les fréquences des VCO2 sont modu­lables par 4 sources prédé­fi­nies (suivi de clavier, S&H, ADSR, impul­sion du VCO1) et celles du VCO3 par 4 autres sources prédé­fi­nies (suivi de clavier, bruit, ADSR, sinus du VCO2). Les largeurs d’im­pul­sion des VCO 2 et 3 sont cette fois modu­lables par une source prédé­fi­nie (bruit pour le VCO2 et ADSR pour le VCO3), que l’on peut évidem­ment rempla­cer par ce qu’on veut avec un cordon. Tous les oscil­la­teurs peuvent être accor­dés entre 10 Hz et 10 kHz en continu (réglages gros­sier et fin). Pour chacun, on peut décon­nec­ter le suivi de clavier, ce qui les change en LFO (0,03 à 30 Hz). Le géné­ra­teur de bruit possède un niveau ajus­table et une couleur variable en continu (rouge à blanc). Amélio­ra­tion remarquable par rapport à l’ARP 2600, il est main­te­nant possible de synchro­ni­ser les VCO 2 et 3 au VCO1. Cela donne accès des terri­toires sonores éten­dus, merci.

Filtre au choix

B2600_2tof 05.JPGLe 2600 reprend les deux types de filtre passe-bas 4 pôles en échelle de tran­sis­tors qui ont équipé l’ARP 2600, sélec­tion­nables par un inter­rup­teur situé en façade. Le premier (4012 Moog) est très inci­sif et très réso­nant. Le second (4072) est nette­ment plus timide et pâle : il coupe davan­tage les aigus (11 kHz au lieu de 16 kHz) et résonne moins fort. Bref, on reste le plus souvent sur le premier, qui a une véri­table person­na­lité, les chas­seurs d’ARP 2600 vintage recherchent aussi les modèles à base de 4012. Le filtre récu­père le signal issu du mixeur. Ce dernier est capable de mélan­ger 5 sources prédé­fi­nies : sortie du modu­la­teur en anneau (nous y revien­drons), onde impul­sion du VCO1, onde impul­sion du VCO2, onde dent de scie du VCO 3, bruit. Elles sont égale­ment substi­tuables, avec le même prin­cipe d’en­trée audio et de curseur indi­vi­duel de dosage que pour les VCO. Pous­ser le niveau des sources fait satu­rer l’étage d’en­trée du filtre, c’est très agréable.

Le filtre dispose aussi de 3 entrées de modu­la­tion de fréquence. Elles sont préca­blées sur le suivi de clavier, l’ADSR et l’onde sinus du VCO2 (FM audio). Même prin­cipe que pour les modu­la­tions des VCO, on peut les substi­tuer avec ce qu’on veut, en basse fréquence ou en audio ; il ne faut d’ailleurs surtout pas se priver de modu­ler le filtre par des sources audio discon­ti­nues, c’est comme ça qu’on fabrique la voix de R2D2 avec une réso­nance en auto-oscil­la­tion.

B2600_2tof 10.JPGConcer­nant les réglages propres au filtre, on trouve une fréquence de coupure (réglages conti­nus gros­siers et fin de 10 Hz à 10 kHz, qui montent évidem­ment plus haut en fonc­tion des modu­la­tions telles que le suivi de clavier) et une réso­nance conti­nue qui peut pous­ser le filtre en auto-oscil­la­tion. La sortie du filtre peut être direc­te­ment préle­vée via le jack idoine.

Elle est égale­ment routée par défaut au VCA, qui possède un réglage de gain initial, 2 entrées audio préca­blées (VCF donc, ainsi que la sortie du modu­la­teur en anneau) et 2 entrées de modu­la­tion préca­blées (AR linéaire et ADSR expo­nen­tielle), là encore toutes substi­tuables. En sortie, un mixeur final permet de doser deux sources (VCF et VCA par défaut) ; il débouche sur 2 entrées post-fader et une sortie mélan­gée. On arrive ensuite au réglage de pano­ra­mique et au bus stéréo vers la réverbe (simu­lée ou authen­tique suivant modèle, rappe­lons-le). Elle possède une entrée substi­tuable (mixeur final par défaut), deux curseurs de niveau (canaux gauche et droit), deux entrées gauche/droite pour mélange d’un signal stéréo externe sur le circuit de retour et une sortie mono directe.

Modu­la­tions totales

B2600_2tof 04.JPGAu rayon des modu­la­tions, le 2600 est plutôt bien doté, sans être excep­tion­nel. C’est surtout sur les possi­bi­li­tés infi­nies de routage qu’on en tirera le meilleur. On commence par deux enve­loppes (AR et ADSR) ultra rapides avec des courbes carac­té­ris­tiques bien repro­duites ici. On peut les déclen­cher par les Gate / Trig­ger internes, deux signaux externes (en rempla­ce­ment) ou via le S&H. Leurs sorties sont préas­si­gnées ou assi­gnables au choix, via leur prise jack respec­tive. On peut chan­ger les facteurs de temps (x0,5 / x1 / x2) ; par contre, il n’y a pas d’en­trée pour les modu­ler, dommage. On pour­suit par la section de suivi de clavier. On y trouve 4 sorties (Gate, Trig­ger, suivi de clavier, voix la plus haute), un sélec­teur de répé­ti­tion (sans répé­ti­tion, avec répé­ti­tion liée au cycle du LFO, avec répé­ti­tion conti­nue liée au cycle du LFO) et un mode de déclen­che­ment (simple / multiple). Un mode Duo permet de déclen­cher un second VCO avec un CV diffé­rent du premier, en reliant la sortie « voix la plus haute » à l’un des VCO ; ce dernier est joué indé­pen­dam­ment du premier par la note la plus haute, en duopho­nie. Les enve­loppes peuvent être liées ou redé­clen­chées. On trouve aussi un porta­mento, avec curseur de temps, inter­rup­teur marche / arrêt et un bouton-pous­soir de déclen­che­ment momen­tané, comme sur le 3620.

B2600_2tof 08.JPGVient ensuite le LFO, capable de géné­rer 3 formes d’onde simul­ta­nées (triangle, carré, sinus), certaines étant précâ­blées vers diffé­rents modules. On peut bien sûr tout réas­si­gner, chacune offrant une sortie jack. L’onde sinus dispose d’un délai et d’une inten­sité réglables. La fréquence du LFO possède son propre curseur, mais on ne peut ni le synchro­ni­ser en MIDI, ni forcer son cycle. On pour­suit avec un préam­pli et son réglage de gain (avec facteur x10, x100 ou x1 000), utile pour trai­ter de l’au­dio ou contrô­ler le signal entrant dans le suiveur d’en­ve­loppe, son voisin direct. Ensemble, ils permettent de trans­for­mer n’im­porte quel signal entrant en tension de commande. On arrive au modu­la­teur en anneau, agis­sant par défaut sur l’onde dent de scie du VCO1 et l’onde sinus du VCO2 (RM clas­sique). Evidem­ment, on peut rempla­cer ces signaux par ce que l’on veut. On peut aussi opti­mi­ser le mode de réponse (audio ou basse-fréquence) et régler le niveau de sortie. La sortie du RM est précâ­blée vers le mixeur pré-filtrage, mais on peut l’en­voyer partout ailleurs. 

Allez, on passe aux proces­seurs de tension. Le premier crée un ou plusieurs signaux complexes en multi­pliant plusieurs sources vers plusieurs desti­na­tions, avec quatre points d’en­trée/sorties combi­nables au choix. Juste en-dessous, il y a trois autres proces­seurs : l’un mélange deux signaux entrants, les atté­nue de 10 V, les module par un signal asservi au suivi de clavier et inverse le tout (cf. photo, ce sera plus simple !). Le suivant ajoute 10V au signal entrant et inverse le tout en sortie. Le dernier lisse le signal entrant suivant un temps ajus­table ; il est opti­misé pour le suiveur d’en­ve­loppe. Il nous reste à parler du S&H, assez élaboré. Il est produit par le bruit interne (substi­tuable) et une horloge. Il dispose d’un niveau ajus­table, d’une vitesse ajus­table, d’une entrée horloge, d’une sortie horloge et d’une sortie de modu­la­tion. Sa vitesse contrôle aussi l’in­ter­rup­teur voisin, capable d’al­ter­ner soit un signal entrant vers deux sorties, soit deux signaux entrants vers une sortie. Pour utili­sa­teur averti !

Conclu­sion

Tout comme l’ARP 2600, le 2600 Behrin­ger est un pursang qui néces­site pas mal de patience et de finesse pour être dressé. Ce clone est bluf­fant, tant sur le plan sonore que compor­te­men­tal. Les modèles « Blue Marvin » et « Gray Meanie » en série limi­tée sont évidem­ment plus tentants, avec leurs AO de qualité premium, la véri­table réverbe à ressort et le look impa­rable. L’in­ter­face utili­sa­teur est très agréable, même si elle diffère de l’ori­gi­nelle, par sa compa­cité et sa dispo­si­tion. Si on perd la réverbe à ressort sur le modèle de base, les HP et l’ali­men­ta­tion interne, on gagne en revanche un certain nombre d’amé­lio­ra­tions bien­ve­nues dans les sections VCO et VCF. Le 2600 n’est pas adapté à celui qui a l’ha­bi­tude de travailler avec des mémoires ou des auto­ma­tions, tout se fait à la main et en fonc­tion de l’ins­pi­ra­tion du moment. D’au­tant que la parfaite conti­nuité des commandes rend diffi­cile la repro­duc­tion à l’iden­tique d’un son donné à plusieurs reprises. Mais c’est le propre du 2600, comme tout modu­laire, avec cette fois un prix défiant toute concur­rence et une dispo­ni­bi­lité garan­tie. Une nouvelle réfé­rence à suivre dans le milieu semi-modu­laire et un nouveau stan­dard qualité/prix, qui mérite large­ment l’Award Audio­fan­zine éponyme.

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  • B2600_2tof 24 both.JPG

 

9/10
Award Qualité / Prix 2021
Points forts
  • Sonorité et conception fidèles à l’ARP 2600
  • VCO très complets
  • Filtre de qualité, avec les deux variantes
  • Enveloppes hyper rapides
  • Souplesse des routages
  • Tous les modules du 2600 disponibles
  • Fonctionnalités nouvelles (VCO, PWM, synchro, LFO)
  • Réverbe à ressort naturelle (Blue Marvin et Gray Meanie)
  • Semi-modularité globale
  • MIDI USB/DIN
  • Construction solide et intelligente
  • Compact et rackable (8U x 19 pouces)
  • Curseurs rétroéclairés à intensité variable
  • Prix hyper serré
Points faibles
  • Pas d’entrée modulation sur la résonance
  • Nécessite un temps de prise en main
  • Alimentation externe
  • Pas de mémoires
  • Pas de CC MIDI
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.