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Le jour et la nuit
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Originellement développé sous le nom de Valkyrie, le Kyra est un module de synthèse multitimbral à prix premium désormais signé Waldorf. Voyons comment ses données techniques impressionnantes se traduisent à l’usage…

Test du Kyra de Waldorf : Le jour et la nuit

À la Musik­messe 2018, la microen­tre­prise Exodus Digi­tal, diri­gée par Manuel Cabal­lero, avait présenté le Valky­rie, un synthé numé­rique poly­pho­nique et multi­tim­bral. Il était alors comparé au Virus Ti2, sans doute davan­tage par son look que par son moteur sonore, basé sur un FPGA. Le projet avait alors flotté pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que le synthé réap­pa­raisse au NAMM 2019 dans une nouvelle robe, avec un nouveau nom et sous une nouvelle marque : le Kyra de la maison Waldorf. La phase de déve­lop­pe­ment est diffi­cile à retra­cer avec préci­sion, compte tenu de l’or­ga­ni­sa­tion waldor­fienne plutôt protéi­forme. Peu importe, c’est le son, l’ori­gi­na­lité, l’er­go­no­mie, la puis­sance et la qualité de construc­tion qui comptent, d’au­tant que le module est proposé à un tarif premium. Sans parler de sa rareté en France, qui nous a conduits à deman­der à Thomann de nous prêter un modèle de test; qu’ils en soient remer­ciés! À l’heure où les initia­tives de nouvelles socié­tés et de nouveaux produits se multi­plient dans le monde de la synthèse, à des condi­tions toujours plus abor­dables, en quoi les armes du Kyra feront-elles la diffé­rence?

Classe austère

Kyra_2tof 01.JPGLe Kyra est un module à la fois classe et austère. Classe par le choix des maté­riaux : coque métal­lique épaisse pliée avec façade aiman­tée, flancs en bois cérusé, poten­tio­mètres à capot alu fretté parfai­te­ment ancrés, écran OLED super contrasté, connec­tique vissée, poids de 5,7 kg pour 440 × 305 × 85 mm. Austère sur le plan du graphisme, pour­tant l’œuvre d’Axel Hart­mann : séri­gra­phie noire avec un peu de bleu sur aplats gris et fond blanc, boutons sombres, poten­tio­mètres mats. Austère aussi au regard de l’er­go­no­mie d’un autre temps : bouger l’un des 34 poten­tio­mètres ou 60 boutons-pous­soirs appelle une page-écran sur laquelle on peut éditer 4 para­mètres en colonne. Il faut faire défi­ler les pages pour atteindre les para­mètres supplé­men­taires avec deux flèches, et ça défile, et ça défi­le… Ensuite, il faut utili­ser deux autres flèches pour atteindre l’un des quatre para­mètres éditables; enfin, il faut utili­ser deux autres touches pour entrer les valeurs, faute d’en­co­deur : bonjour pour aller cher­cher l’une des 4 096 formes d’ondes dispo­nibles, même si elles sont grou­pées par type! Pour sélec­tion­ner un programme, on a encore droit à deux touches de banques et deux touches de son, heureu­se­ment que la touche SHIFT permet de sauter de dix en dix. Et pour chan­ger de partie en mode multi­tim­bral, encore deux touches! Waldorf a oublié ses clas­siques, à savoir des enco­deurs à capteur d’ac­cé­lé­ra­tion et des touches contex­tuelles, dont il avait pour­tant fait sa spécia­lité par le passé!

Kyra_2tof 15.JPGDernier point, quand on voit ce bel écran OLED 256 × 64 points, on regrette de ne pas avoir un peu plus de graphiques pour illus­trer les pages (tables d’ondes, filtres, enve­loppes, routa­ges…); seules les formes d’ondes des oscil­la­teurs et des LFO sont affi­chées. Il existe une touche UNDO pour annu­ler la dernière opéra­tion (utile dans la mesure où l’écran n’af­fiche pas les valeurs stockées en paral­lèle de celles modi­fiées) et une fonc­tion FOLLOW pour ouvrir auto­ma­tique­ment la page d’un para­mètre en cours d’édi­tion, mais pas de touches COMPARE/PANEL. Bref, c’est chiche, surtout à ce tarif, comparé à l’Hydra­synth qui partage le studio à quelques centi­mètres de là. La connec­tique vient un peu nous conso­ler, occu­pant les trois quarts du panneau arrière. Au programme, une prise casque jack 6,35 stéréo, quatre paires de sorties stéréo jack 6,35 TRS (DAC 32 bits/96 kHz, merci!), un trio MIDI DIN et une prise USB 2.0. Les sorties sépa­rées étant deve­nues une denrée rare sur les synthés, nous saluons Waldorf d’avoir traité ce point sans compro­mis, qui plus est avec une qualité irré­pro­chable, bravo! L’USB véhi­cule des signaux MIDI (émis­sion/récep­tion de Sysex pour les para­mètres et les mémoires de programmes, récep­tion de CC via la matrice de modu­la­tion) et audio (ASIO), avec 8 canaux stéréo 24 bits/48–96 kHz et un mode carte son, permet­tant de récu­pé­rer un retour stéréo 24 bits de la STAN pour envoyer à la paire prin­ci­pale de sorties analo­giques. Par contre, il n’y a pas d’en­trée audio; c’est bien dommage, ça aurait fait du Kyra une inter­face audio auto­nome. Il n’y a pas non plus d’in­ter­rup­teur secteur, l’al­lu­mage et l’ex­tinc­tion sont logi­ciels, en pres­sant simul­ta­né­ment les deux touches de trans­po­si­tion sur le panneau avant, comme sur beau­coup de synthés de la marque. Ah, et l’alim au fait? C’est un bloc externe 12V/2A central qui s’em­broche à l’ar­rière via une prise mini-DIN, on a vu beau­coup mieux dans cette gamme de prix…

Espaces stéréo

Kyra_2tof 06.JPGPropulsé par un FPGA capable de déli­vrer 128 voix de poly­pho­nie sur 8 canaux multi­tim­braux, le Kyra est un puis­sant synthé numé­rique à synthèse sous­trac­tive. En mode double-voix stéréo, la poly­pho­nie est rame­née à 64 voix, ce qui est bien normal. Un petit bémol toute­fois à cette géné­ro­sité : chaque partie multi­tim­brale est limi­tée à 32 voix simples ou doubles. Le niveau de sortie audio n’est pas des plus élevés, une réserve de dyna­mique liée à la poly­pho­nie massive. Il est donc néces­saire de pous­ser les niveaux en entrée de table ou de carte son, heureu­se­ment que le Kyra génère un bruit de fond négli­geable. La mémoire interne tota­lise 3 328 programmes simples (26 banques de 128, avec défi­le­ment par caté­go­rie) et 128 mémoires multi­tim­brales, toutes réins­crip­tibles. Une grande partie comprend des programmes d’usine, d’une qualité assez inégale. Pire, il n’y a aucun Multi proposé, diffi­cile à admettre à ce niveau de prix! Toute­fois, les commandes directes sont suffi­sam­ment nombreuses pour modi­fier rapi­de­ment le son (en mode saut unique­ment), mais quand il faut entrer dans les menus, on a envie de se ruer sur un logi­ciel d’édi­tion. Pas la peine, ce n’est pas prévu, il n’y qu’un gestion­naire de mise à jour de l’OS (nous en avons profité pour passer notre Kyra de test en V1.72).

Kyra_2tof 05.JPGAu plan sonore, le Kyra se montre très à l’aise dans les grands espaces stéréo, les empi­lages de textures hybrides, les orgues tour­nants, les chœurs synthé­tiques et les pêches de Super­saw. La profon­deur et la largeur sonores sont là, il n’y a aucun alia­sing dans les aigus (merci au moteur 32 bits/96 kHz à virgule flot­tante), le son est impec­cable et d’une préci­sion… quasi chirur­gi­cale. D’au­cuns diront que cela manque de chaleur. Le Kyra peine un peu sur les grosses basses réso­nantes, le filtre modé­lisé en échelle de tran­sis­tors ayant la fâcheuse tendance à écra­ser le signal. C’est aussi le cas sur les synthés analo­giques de concep­tion de filtre iden­tique, mais ici, on est en numé­rique pur, donc on aurait aimé avoir des modèles avec compen­sa­tion. Ce devrait d’ailleurs être un mini­mum sur les synthés numé­riques contem­po­rains. L’Hy­dra­synth, par exemple, fait cela très bien (sans la grosse poly­pho­nie ni la multi­tim­bra­lité). Point notoire, nous avons trouvé de la vélo­cité assi­gnée au volume sur tous les sons, même initia­li­sés, impos­sible de l’en­le­ver! De même, nous avons eu à déplo­rer quelques freezes ou légers délais de notes. Il faudrait que Waldorf revoie sa copie, car l’OS actuel n’est pas le premier sorti.

01 Dual Hyper­synth
00:0000:55
  • 01 Dual Hyper­synth00:55
  • 02 Pana­ro­mia00:47
  • 03 Fanta­sia00:46
  • 04 Belis­sima01:02
  • 05 Arped Saws00:44
  • 06 Moment of Pad00:51
  • 07 PPGesque00:50
  • 08 Arped Chords00:59
  • 09 Stack House00:35
  • 10 Shower Sync00:18
  • 11 Arped Bass01:09
  • 12 Love Spy00:54

Table de marbre

Kyra_3schema 03.JPGLe Kyra est un synthé numé­rique sous­trac­tif basé sur 2 oscil­la­teurs, 2 sous-oscil­la­teurs, 2 filtres, un ampli stéréo, 3 LFO, 3 enve­loppes et une matrice de modu­la­tion par voix, ainsi que 9 effets et un arpé­gia­teur par partie. Commençons par les oscil­la­teurs. Ils peuvent fonc­tion­ner en mode WAVE ou HYPER­SAW. En mode WAVE, chacun utilise trois formes d’onde simul­ta­nées dosables sépa­ré­ment : dent de scie, table d’onde et impul­sion variable. La table d’onde est à choi­sir dans une banque de 4096 ondes 18 bits statiques sur un cycle. Statiques? Statiques! Hein, des tables d’ondes statiques? Ben oui, le terme est donc impropre, pour ne pas dire plus, surtout de la part de Waldorf dont la marque trône en bonne place sur les pres­ti­gieuses séries Micro­wave/Wave. Certains lecteurs qui seraient coura­geu­se­ment arri­vés jusque-là pour­raient en rester là, on les compren­drait… Le LFO1 peut direc­te­ment agir sur le pitch et le LFO2 sur la PWM. On peut aussi modu­ler la fréquence de l’OSC1 par l’onde « table » de l’OSC2 ou synchro­ni­ser les deux oscil­la­teurs. Les sous-oscil­la­teurs offrent diffé­rentes formes d’ondes (dent de scie, carré, rectangle, triangle), un niveau, un désac­cor­dage fin et un réglage d’oc­tave (-1 ou fonda­men­tale), ce qui permet d’épais­sir le son de l’os­cil­la­teur maître, bien vu. On peut ajou­ter à ce mélange déjà épais un oscil­la­teur auxi­liaire, à choi­sir entre la modu­la­tion en anneau des deux oscil­la­teurs ou un géné­ra­teur de bruit blanc, mais pas les deux en même temps. 

Le mode HYPER­SAW utilise quant à lui l’en­semble des ressources des deux oscil­la­teurs pour créer une onde compo­sée de 6 oscil­la­teurs empi­lés; on peut en régler l’in­ten­sité et la largeur. On perd fort logique­ment les inter­mo­du­la­tions, mais on gagne des sono­ri­tés bien épaisses et bien grasses, comme on aime en EDM. Et si cela ne suffit pas, le Kyra peut aussi fonc­tion­ner en mode double-voix, que ce soit en mode WAVE ou HYPER­SAW. Cela permet le désac­cor­dage et l’élar­gis­se­ment stéréo de deux ondes iden­tiques. Ce mode utilise alors les filtres en stéréo, pour conser­ver la largeur de l’image sonore. Les oscil­la­teurs peuvent suivre l’ac­cor­dage stan­dard (tempé­ra­ment stan­dard) ou être assi­gnés à une table micro­to­nale (entiè­re­ment program­mable, compa­tible MTS).

On filtre!

Une fois toutes les sources dosées (cf. sché­mas), on attaque la partie filtrage. On a deux filtres réso­nants modé­li­sés en échelle de tran­sis­tors, pouvant fonc­tion­ner en paral­lèle, suivant le mode (cf. ci-après). Les filtres offrent des para­mètres iden­tiques, à commen­cer par le mode (passe-bas, passe-bande ou passe-haut) et la pente (2 ou 4 pôles), soit six possi­bi­li­tés direc­te­ment sélec­tion­nables en façade. Le poten­tio­mètre de réglage de la fréquence de coupure a une réso­lu­tion insuf­fi­sante : 128 valeurs d’après nos analyses, comprises entre 40 Hz et 20,5 kHz. Le lissage fonc­tionne bien sur les dépla­ce­ments à vitesses moyenne et rapide, mais pas sur les mouve­ments lents, où on entend les pas. La fréquence de coupure est direc­te­ment modu­lable par l’ENV1, l’ENV2, le LFO2, le LFO3 et le suivi de clavier (para­mètre unique­ment acces­sible par le menu, dommage). La réso­nance agit sans compen­sa­tion des graves, écra­sés sans pitié, nous l’avons déjà dit et regretté. Pous­ser la réso­nance fait presque entrer le filtre en auto-oscil­la­tion (presque, car il faut un peu de signal en entrée), ce qui peut forte­ment faire satu­rer le niveau de sortie.

Kyra_3schema 01.JPG Kyra_3schema 02.JPG

En mode simple-filtre, les signaux des deux groupes d’os­cil­la­teurs sont diri­gés vers le premier filtre. En mode double-filtre, le premier filtre reçoit le signal du premier groupe d’os­cil­la­teurs et le second filtre celui du second groupe. On peut alors régler sépa­ré­ment les fréquences, réso­nances et autres modu­la­tions. La balance entre les filtres est égale­ment ajus­table et modu­lable. Cela permet d’avoir des couleurs sonores complexes, utiles sur certaines nappes. Acti­ver le mode double-filtre active aussi le mode double-voix et fait bascu­ler les oscil­la­teurs en mode WAVE. Lorsque les oscil­la­teurs sont à contra­rio mis en mode DUAL HYPER­WAVE (mode double-voix + mode HYPER­WAVE), le mode double-filtre est désac­tivé : les deux filtres sont utili­sés en stéréo, mais réglés simul­ta­né­ment avec les para­mètres du premier filtre. Au fond, c’est quand même dommage d’avoir deux filtres et de ne pas pouvoir les placer en série, ni régler la balance des diffé­rentes sources. La sortie du ou des filtres est ensuite envoyée dans un ampli stéréo avec limi­teur inté­gré (trois niveaux de compres­sion plus ou moins marqués), pano­ra­mique, LFO1 sur volume et LFO2 sur pano­ra­mique.

Modu­la­tions matri­cielles

Le Kyra possède un porta­mento poly­pho­nique, avec réglage de temps unique­ment. En mode mono, seules les notes liées sont modu­lées. Passons aux enve­loppes ADSR, au nombre de trois, bien claquantes. Les deux premières sont préas­si­gnées au filtre et au volume. Les plages de temps varient de 0 ms à 8 secondes (segment A) et 0 ms à 16 secondes (segments D et R). Le segment S possède un réglage de pente posi­tive ou néga­tive, qui peut aller jusqu’à 60 secondes. Par contre, on ne peut pas chan­ger la forme des courbes de temps ou visua­li­ser l’en­ve­loppe sous forme graphique. Rien de bien extra­or­di­naire dans cette section.

Kyra_2tof 12.JPGViennent ensuite les trois LFO, quasi iden­tiques, avec 128 formes d’ondes (toutes les clas­siques, y compris la S&H), vitesse variable de 0,1 à 12,8 Hz (ce qui reste trop lent), synchro au tempo, mode d’os­cil­la­tion (mono libre, poly­pho­nique redé­clen­ché, phase aléa­toire, en oppo­si­tion de phase pour le mode double-voix, en quadra­ture de phase pour le mode double-voix), délai et divi­sion tempo­relle. Le LFO3 n’a pas de réglage de délai et de modes double-voix. Voilà, à part le nombre élevé de formes d’onde, rien d’ex­tra­or­di­naire là non plus.

En plus des assez nombreuses modu­la­tions prédé­fi­nies, le Kyra dispose d’une matrice de modu­la­tion à six cordons, chacun consti­tué d’une source et trois desti­na­tions. Les modu­la­tions sont bipo­laires et sépa­rées pour chaque desti­na­tion d’un cordon. Les sources et desti­na­tions sont mono ou poly­pho­niques; par exemple, la molette de modu­la­tion est une source mono, alors que la vélo­cité est une source poly­pho­nique. La balance d’un effet est une desti­na­tion mono, alors que la coupure d’un filtre est une desti­na­tion poly­pho­nique. Le Kyra permet tout type de routages, sauf une source poly­pho­nique vers une desti­na­tion mono. Bien qu’as­sez logique, c’est bien la première fois que l’on voit ce type de restric­tion. Parmi les 34 sources, citons les contrô­leurs physiques, le numéro de note, un géné­ra­teur aléa­toire et plusieurs CC MIDI. Parmi les 82 desti­na­tions, on compte à peu près tous les para­mètres de synthèse et d’ef­fets de la machine, y compris ceux des modes double-voix, permet­tant d’épais­sir ou élar­gir de son en temps réel. Seule (énorme) ombre au tableau, comme déjà évoqué, l’in­dex de lecture des tables d’ondes qui ne fait pas partie de la liste des desti­na­tions. Ce ne sont vrai­ment pas des tables d’ondes, on l’aura compris.

Huit parties

Kyra_2tof 20.JPGPour tirer plei­ne­ment parti de la puis­sance de feu dispo­nible, rien de tel que le multi­mode. En fait, le Kyra fonc­tionne en perma­nence dans ce mode, étant donné que chaque partie est indé­pen­dante, que ce soit sur le plan des para­mètres de synthèse, des effets et des arpèges (nous en repar­le­rons bien­tôt). Comme nous l’avons dit, deux touches permettent d’al­ter­ner entre les parties pour les éditer une par une. En plus des para­mètres de synthèse précé­dem­ment décrits, on peut faire quelques réglages propres à chaque partie dans l’édi­teur Multi : paire de sortie audio (A-B-C-D), canal MIDI de récep­tion (off, 1–16), volume, pano­ra­mique, banque de programme, numéro de programme, trans­po­si­tion par demi-ton, accor­dage fin, note haute, note basse, récep­tion du volume MIDI (CC07), récep­tion des numé­ros de programme et acti­va­tion des effets de partie (délai, chorus, EQ & Formant, réverbe). Il manque à notre sens des filtres MIDI plus puis­sants (contrô­leurs physiques, CC) et un réglage de fenêtre de vélo­cité, pour faire des empi­lages plus dyna­miques. À noter que seul les indexes du programme sont sauve­gar­dés, pas les programmes eux-mêmes, qui sont à puiser et sauve­gar­der parmi les 3 328 mémoires.

Effets plétho­riques

Nous avons vu que le Kyra remet­tait au goût du jour les synthés à poly­pho­nie géné­reuse, multi­tim­bra­lité confor­table et sorties sépa­rées. Il en est de même pour les effets. À l’ins­tar de la série Super­nova de Nova­tion en son temps, les effets du Kyra sont dispo­nibles sépa­ré­ment pour chaque partie. On a donc 8 ensembles d’ef­fets tota­le­ment indé­pen­dants, qui de ce fait font partie inté­grante des programmes avec lesquels ils sont sauve­gar­dés. Tous les synthés multi­tim­braux à effets devraient en faire de même; c’est hélas loin d’être le cas, même sur certaines stations de travail répu­tées.

Kyra_2tof 14.JPGChaque partie offre 9 modules d’ef­fets stéréo placés en série. L’ordre et les routages sont hélas immuables, cela semble le prix à payer pour l’abon­dance de biens : EQ (3 bandes para­mé­triques), filtre à formants (diffé­rentes couleurs), distor­sion (5 types plus ou moins colo­rés et durs), limi­teur d’en­trée (modé­li­sa­tion de compres­sion à lampe), délai (stéréo ou ping­pong, jusqu’à 2,7 secondes, avec synchro au tempo MIDI), phaser (6 étages stéréo avec LFO en quadra­ture), chorus/flan­ger (modes filtre en peigne, flan­ger, chorus, doubleur), réverbe (jusqu’à 20 secondes, avec prédé­lai, atté­nua­teur de HF et réglage de couleur) et limi­teur de sortie.

Les élèves les plus assi­dus du cours de maths de termi­nale scien­ti­fique pour­ront en déduire, grâce à leur calcu­la­trice, que cela repré­sente 72 modules simul­ta­nés, à quelques dizaines près… tout cela sans manger de poly­pho­nie, puis­sant! Ces 9 effets repré­sentent 35 para­mètres direc­te­ment éditables en façade, grâce à un système matri­ciel assez bien pensé, orga­nisé en 7 lignes de 5 para­mètres. Les autres para­mètres sont acces­sibles via les menus. On peut acti­ver/désac­ti­ver certains effets dans certaines parties; cela permet par exemple de rempla­cer systé­ma­tique­ment certains effets internes par des effets externes (ou de la STAN via USB), en conser­vant toujours les mêmes effets coupés/acti­vés lorsqu’on change de programme, bien vu! La qualité des effets internes est très correcte, mais le nombre de para­mètres éditables est assez restreint.

Arpèges basiques

Pour faire bouger le son, le Kyra propose un arpé­gia­teur indé­pen­dant pour chacune de ses huit parties, mémo­ri­sable dans chaque programme. Les notes arpé­gées peuvent être trans­mises via MIDI. Les possi­bi­li­tés sont assez basiques : les commandes directes concernent le mode de lecture (haut, bas, alterné simple, aléa­toire, accord), le motif (128 types avec ryth­miques et vélo­ci­tés variées, hélas non éditables), l’éten­due (1 à 3 octaves) et le tempo. Il n’y a pas de mode Latch, mais la machine répond à la commande de main­tien MIDI. Via le menu, on peut régler le temps de porte, la source de synchro et la divi­sion tempo­relle, utile pour synchro­ni­ser tous les arpèges acti­vés d’un Multi. L’ar­pé­gia­teur répond aux messages MIDI Start/Stop/Conti­nue lorsqu’il est placé en synchro MIDI. En revanche, il ne répond pas à la vélo­cité, n’a pas de réglages supplé­men­taires type swing, Ratchets, proba­bi­lité ou autres exotismes présents à la concur­rence. Un module surtout inté­res­sant pour sa multi­tim­bra­lité.

Résul­tat contrasté

Au final, le Kyra nous laisse un senti­ment mitigé. C’est sans doute parce que le bon et le moins bon se côtoient dans un module en défi­ni­tive assez cher. Le bon, c’est l’énorme poly­pho­nie, la multi­tim­bra­lité, les sorties sépa­rées, les effets indé­pen­dants par partie, la matrice de modu­la­tion, l’ar­pé­gia­teur multi­tim­bral, l’au­dio USB multi­ca­nal et la qualité de construc­tion. Le moins bon, c’est l’er­go­no­mie austère, l’ab­sence d’en­co­deur, les tables d’ondes qui n’en sont pas vrai­ment, la faible réso­lu­tion de la coupure du filtre, la vélo­cité assi­gnée en perma­nence au volume et la stabi­lité de l’OS encore perfec­tible. Droit au but pour l’édi­tion directe des sons, le Kyra manque aussi d’ori­gi­na­lité, de gènes waldor­fiens dans l’ADN. À ce tarif, la concur­rence est rude, y compris les stations de travail ou les solu­tions à deux synthés (analo­gique + numé­rique). Nous pensons qu’il aura la vie dure, malgré une grande qualité sonore. Il fera le bonheur de ceux qui veulent créer rapi­de­ment diffé­rentes couleurs de nappes épaisses, profondes et larges, ou encore de mons­trueux empi­lages, sans craindre de venir à bout de poly­pho­nie.

 

  • Kyra_2tof Walkyrie proto 1
  • Kyra_2tof Walkyrie proto 2
  • Kyra_2tof 01.JPG
  • Kyra_2tof 02.JPG
  • Kyra_2tof 03.JPG
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  • Kyra_2tof 19.JPG
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  • Kyra_3schema 01.JPG
  • Kyra_3schema 02.JPG
  • Kyra_3schema 03.JPG

 

6/10
Points forts
  • Empilages sonores stéréo large bande
  • Polyphonie généreuse
  • Multitimbralité huit parties
  • Plusieurs oscillateurs simultanés
  • Vaste choix de formes d’onde
  • Mode double-voix stéréo
  • Filtres multimodes avec mode double-filtre
  • Matrice de modulation
  • Nombreux effets pour chaque partie
  • Quatre paires de sorties stéréo
  • Audio multicanal via USB
  • Qualité de construction au top
  • Prise en main facile, mais…
Points faibles
  • … Ergonomie décevante in fine
  • Absence d’encodeur de données
  • Tables d’ondes fixes et non éditables
  • Résolution faible sur la fréquence du filtre
  • Pas de modes de filtrage en série
  • Vélocité assignée au volume en permanence
  • Fiabilité et stabilité de l’OS perfectibles
  • Qualité irrégulière des sons d’usine
  • Pas d’entrée audio
  • Pas d’éditeur ou bibliothécaire fourni
  • Alimentation externe, à ce tarif !
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.