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Yamaha FS1R
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Test du Yamaha FS1R

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Le beau parleur

Toujours à la recherche de nouvelles formes de synthèses sonores, Yamaha a décidé de donner de la voix avec le FS1R, rassemblant une synthèse à formants inédite et de la FM évoluée. Voyons ce que la machine peut bien avoir à nous raconter.

Déci­dé­ment, 1998 aura été l’an­née de la synthèse chez Yamaha, avec notam­ment l’EX5, mélan­geant parci­mo­nieu­se­ment échan­tillon­nage, lecture d’échan­tillons, modé­li­sa­tion analo­gique, simu­la­tion virtuelle d’ins­tru­ments acous­tiques et autres trai­te­ments étranges par DSP. Ceci n’a pas empê­ché la firme japo­naise de déve­lop­per en paral­lèle des cartes audio numé­riques profes­sion­nelles et des plug-in de synthèse hard­ware, encore moins de lancer un nouveau module GM (MU128) et une sympa­thique boîte à groove (RM1X).

Mais Yamaha a décidé de ne pas en rester là et dès 1999, c’est un expan­deur d’un genre nouveau qui débarque, boosté par une synthèse à modé­li­sa­tion de la voix humaine inédite, mélan­gée à de la FM surpuis­sante. Avec le FS1R, le construc­teur vise les musi­ciens fati­gués de la lecture d’échan­tillons, à la recherche de nouvelles textures sonores. En quelques mots, la machine permet de synthé­ti­ser et contrô­ler des formants, éléments déter­mi­nants des sons de voix ou d’ins­tru­ments acous­tiques (voir enca­dré). En plus, elle est capable de rejouer des séquences à formants afin de recréer des simu­la­tions vocales, des boucles ryth­miques ou des motifs techno. Ces séquences modulent le son dans le temps en modi­fiant l’éner­gie du formant à diffé­rentes fréquences. Enfin, elle produit une synthèse FM très évoluée et dispose de filtres multi­mode réso­nants. Avouons-le, le FS1R sait parler et risque fort de faire taire les grandes gueules de la synthèse !

Gorge profonde

Le conduit vocal est la partie de notre anato­mie allant de la glotte aux lèvres. Cette ensemble complexe est consti­tué de struc­tures solides, pratique­ment fixes (la gorge, le palet et les dents) et de struc­tures mobiles, encore appe­lées arti­cu­la­tions (la langue, les lèvres, ou encore les joues, qui font partie des arti­cu­la­tions primaires). Le mouve­ment de ces arti­cu­la­tions compte pour une part très signi­fi­ca­tive dans les varia­tions de forme du conduit vocal et par asso­cia­tion, dans la parole. Cepen­dant, d’autres struc­tures peuvent elles aussi se mettre en mouve­ment. La glotte, à titre d’exemple, est capable de se dépla­cer vers le haut ou vers le bas afin de raccour­cir ou agran­dir le conduit vocal. C’est là où le corps humain est merveilleux, puisqu’un dépla­ce­ment de la glotte vers le bas, alors que les cavi­tés buccale et nasale sont obtu­rées, peut entraî­ner une pres­sion néga­tive dans le conduit vocal. Certaines langues utilisent cette inté­res­sante faculté pour produire leurs plosives. Plgfrl, j’y arrive pas !

Fine gueule

Yamaha FS1R

Le FS1R se présente sous la forme d’un rack 19 pouces d’une unité de haut et de couleur argent bleuté. Très sobre, la face arrière se limite à l’es­sen­tiel, avec un connec­teur trois broches pour la prise secteur, un trio Midi et un groupe de deux paires de sorties stéréo (tout de même !), prin­ci­pales et auxi­liaires, au format jack 6,35 asymé­trique.

Le panneau avant est un peu moins dépouillé. De gauche à droite, on trouve une prise casque (devant, c’est bien !), un poten­tio­mètre de volume, un LCD rétro éclairé à contraste variable, deux groupes de 6 et 9 « Smar­ties » et 4 poten­tio­mètres rota­tifs de bonne dimen­sion. Le LCD est un mélange d’al­pha­nu­mé­rique (partie supé­rieure) et d’icônes (partie infé­rieure), emprunté aux derniers modèles Yamaha, certes moins pratique qu’un véri­table LCD graphique. La partie infé­rieure affiche en perma­nence la partie multi­tim­brale, le canal Midi, la caté­go­rie du son, le volume, le filtre, le pano­ra­mique, le départ vers les trois effets et la trans­po­si­tion. Tout cela s’avère très pratique à l’usage.

Yamaha FS1R

Le premier ensemble de 6 petits « Smar­ties » est dédié aux modes géné­raux (jeu, utili­taires et recherche) et aux modes d’édi­tion (perfor­mances, effets et programmes). Le second groupe de 9 « Smar­ties », de taille moyenne, est utilisé en édition (Mute/Solo des parties, Enter/Compare, Exit, partie < >, curseur < > et valeur < >). Trop petits et trop proches, ces inter­rup­teurs rendent l’édi­tion souvent ardue. Heureu­se­ment, Yamaha a prévu une manière très astu­cieuse d’édi­ter à l’aide des quatre poten­tio­mètres rota­tifs : le premier navigue entre les parties ou les opéra­teurs, le deuxième entre les menus d’une même arbo­res­cence, le troi­sième entre les para­mètres et le quatrième permet d’en­trer les données. Ainsi, on peut sauter d’une partie à une autre tout en éditant le même para­mètre. Ce mode d’édi­tion à double sens, qui nous avait déjà séduit sur le S6000 Akaï, est tout de même limité par les nombreuses arbo­res­cences des menus, dont il faut souvent ressor­tir. En mode de jeu, les quatre poten­tio­mètres agissent en temps réel sur diffé­rents para­mètres de synthèse, présé­lec­tion­nés ou à redé­fi­nir. Comme ils sont sans fin, on est en prise directe sur la valeur des para­mètres, ce qui est très utile pour le live. Bref, à part ses trop petits « Smar­ties », le FS1R est une machine qui invite à enga­ger rapi­de­ment les pour­par­lers.

La voix de son maître

L’unique mode de jeux du FS1R est le mode perfor­mances où sont combi­nés 4 programmes, au maxi­mum. Il est donc aisé d’em­pi­ler ou de spli­ter le clavier, ou encore de jouer des séquences multi­tim­brales sur 4 canaux sépa­rés. En contre­par­tie, il est néces­saire de passer par une perfor­mance pour écou­ter des programmes simples. Conscient que l’uti­li­sa­teur part rare­ment de zéro, le construc­teur nippon a doté sa petite merveille de 1408 programmes et 384 perfor­mances en Rom, pour complé­ter les 128 programmes et 128 perfor­mances utili­sa­teur. Pour s’y retrou­ver, une astu­cieuse fonc­tion de recherche par caté­go­rie est prévue. Les perfor­mances comportent bien souvent deux couches de programmes, ce qui a pour effet de rame­ner la poly­pho­nie déjà limi­tée, de 32 voix à 16 voix. Mais dès que l’on pose ses doigts sur le clavier, la machine émer­veille : des textures riches, denses et grasses aux sons précis, percus­sifs et tran­chants, le FS1R sait tout faire. Et même parler ! Seule l’ami­cale des utili­sa­teurs inten­sifs de lecteurs d’échan­tillon s’en plain­dra.

Yamaha FS1R

Parmi les « nombreuses perles rares » que contient la machine, « Choir » est un ensemble de chœurs très réussi avec contrôle de la voyelle émise par la molette de modu­la­tion. Grâce à la magie des formants, on ne détecte aucun arte­fact de trans­po­si­tion, aucun clic de boucle et la tran­si­tion sur l’en­semble de la tessi­ture est abso­lu­ment parfaite, le rêve ! « Stab » démontre la faculté de la machine à produire des sons extrê­me­ment gras qui démarrent au quart de tour. « Hollow » est une copie d’un programme très siru­peux de D-50 Roland qui prouve la poly­va­lence de la synthèse embarquée. Mais le FS1R ne produit pas que des voix éthé­rées, comme l’illustre avec brio « Dirt Voco­der », un enchaî­ne­ment très « sale » de syllabes que l’on peut jouer en accords parfai­te­ment synchro­ni­sés, ce qui fera pâlir d’en­vie le fan club de Kraft­werk.

Pour ceux qui recherchent des boucles techno inédites, « Tech­beat » propose une ryth­mique spec­ta­cu­laire produite grâce aux séquences à formants. Et pour les nostal­giques du DX7, 1152 programmes de sons d’ori­gine (donc les meilleurs et les pires) leur feront verser une larme. Le grand retour des pianos Fender, des vibes, des boîtes à musique, des cloches, des basses slap… et des DX-Violins (argh !). Rien à redire, la banque son est incon­tes­ta­ble­ment l’une des grandes forces du FS1R. Coup de chapeau aux sound desi­gners de chez Yamaha qui, grâce à Lao-Tseu, ont su trou­ver la voix. 

Ouïe FM

Ceux qui ont connu la série DX7 ne seront pas débous­so­lés par l’ap­proche FM du petit nouveau Yamaha : des opéra­teurs sont arran­gés en algo­rithmes, au sein desquels ils occupent une place de porteurs (ceux qui émettent le son) ou de modu­la­teurs (ceux qui modulent en fréquence les porteurs et créent ainsi de nouvelles harmo­niques). Une boucle de feed­back agré­mente le tout. La ressem­blance va même jusqu’à rendre la machine tota­le­ment compa­tible DX/TX par dump Midi, le souffle en moins. Comme sur l’an­cêtre, chaque opéra­teur dispose de son réglage de fréquence (ratio de la fonda­men­tale ou fixe), de son enve­loppe d’am­pli­tude (5 temps et 4 niveaux), de sa double courbe de suivi de clavier, de sa réponse à la vélo­cité et de son niveau de sortie. Là où le FS1R marque un gros progrès, c’est que l’on passe à de 6 à 8 opéra­teurs et de 32 à 88 algo­rithmes, soit 33% de prise de tête assu­rée en plus. De plus, tous les opéra­teurs que l’on décide de para­mé­trer sur une fréquence fixe disposent d’une seconde enve­loppe de fréquence (2 temps et 2 niveaux), ce qui permet des effets de balayage spec­tral très inté­res­sants, impos­sibles sur un DX. Mais le fin du fin, c’est que le FS1R ne nous limite plus à des opéra­teurs à onde sinu­soï­dale, en éten­dant la palette à 8 formes d’ondes : sinu­soïde, séries harmo­niques complètes à bande large ou étroite, séries harmo­niques paires à bande large ou étroite, pic de réso­nance large ou étroit, et enfin formants (nous revien­drons en détail sur cette forme d’onde si parti­cu­lière).

Yamaha FS1R

Là où cela se complique, c’est que le FS1R est capable de géné­rer 8 opéra­teurs supplé­men­taires en ligne (8 porteurs), bapti­sés « sans voix » et char­gés de géné­rer des bruits ou des plosives. Ils disposent grosso modo de tous les para­mètres des opéra­teurs « à voix », mis à part le choix de forme d’onde et la modu­la­tion de tona­lité. Avec tout cela, on s’ima­gine aisé­ment que l’édi­tion à partir des 9 smar­ties est un véri­table tour de force, « pas moins pire » que sur un DX7. D’au­tant que le trop succinct manuel, par ailleurs en français, se contente de décrire sans vrai­ment expliquer. Mais le résul­tat en vaut vrai­ment la chan­delle. Cette « super FM » produit des timbres à la fois subtiles et riches, beau­coup d’al­go­rithmes possé­dant 4 porteurs dont le contenu harmo­nique va bien au-delà de la simple fonda­men­tale. On obtient aussi de superbes nappes rappe­lant les textures éthé­rées des 01/W Korg ou les évolu­tions addi­tives des K5000 Kawaï. Mais le FS1R sait aussi sonner très gras, si l’on en croit les émula­tions de sons cuivrés type OBX ou les balayages à la Prophet. En fait, la machine a pure­ment et simple­ment comblé toutes les lacunes sonores du DX7. Comme quoi la synthèse FM peut encore nous lais­ser bouche bée ! 

Otorhy­no­la­ryn­go­lo­giste

Capable de rempla­cer les ondes de ses opéra­teurs par des formants de voix, le FS1R est un spécia­liste de la gorge et du larynx, deux éléments du conduit vocal (voir ci-dessous*). Le para­mé­trage se fait de façon à peu près analogue aux autres ondes. Pour chaque opéra­teur, on règle la fréquence centrale du formant, la largeur de bande et la jupe de spectre. Ceci permet d’ob­te­nir pour chaque formant des réponses de filtres passe-bas (en élar­gis­sant au maxi­mum la bande de fréquence centrale) ou des pics de réso­nance (en la rédui­sant). En combi­nant les deux, on obtient un filtre passe-bas réso­nant. C’est la somme de plusieurs opéra­teurs à formants qui permet la resti­tu­tion réaliste d’ar­ti­cu­la­tions vocales, les 8 opéra­teurs « à voix » pour les voyelles et les 8 opéra­teurs « sans voix » pour les plosives ou le souffle.

Imagi­nons que nos 8 opéra­teurs « à voix » décrivent un son de « a ». En faisant varier indé­pen­dam­ment les niveaux et les largeurs de bande grâce aux enve­loppes et aux contrô­leurs en temps réel, on peut faci­le­ment passer à un son de « i ». Beau­coup de nappes du FS1R utilisent cette possi­bi­lité surpre­nante, que seul le morphing entre deux profils de filtres Z-plane E-mu permet d’ap­pro­cher. Mieux, il est possible de confier cette tâche à l’une des 90 séquences de formants présentes en mémoire Rom. Chaque séquence possède 8 pistes affec­tables aux 8 paires d’opé­ra­teurs « à voix » et « sans voix ». Celles-ci décrivent des varia­tions dans les posi­tions respec­tives des formants, c’est-à-dire des évolu­tions de fréquence, de hauteur fonda­men­tale et de niveau basées sur des analyses forman­tiques de sons réels. De plus, rien n’em­pêche de réaf­fec­ter une piste à l’opé­ra­teur de son choix. Surpuis­sant !

Parmi la liste de séquences, on trouve des diph­tongues (« yeah », « waoh », « a-e-i-o-u »), des mots complets (« welcome », « shoo­bydo », « 4–3–2–1 », « hello ») et des boucles ryth­miques tech­noïdes capables de trans­for­mer un bruit anodin en groove déjanté. A noter que certaines séquences comportent pas moins de 512 pas ! Les para­mètres program­mables concernent le point de démar­rage de lecture, le mode de lecture (un coup ou en boucle), les points de bouclage, le tempo et la réponse du volume et du tempo à la vélo­cité. Bonne nouvelle, le tempo peut se synchro­ni­ser via Midi. Comme les sons conservent leurs fréquences fixes carac­té­ris­tiques, seule la vitesse est alté­rée. Autre­ment dit, le timbre (donc l’in­tel­li­gi­bi­lité) du signal demeure intact. A nous les « I love you » à 32 voix en parfaite synchro­ni­sa­tion. Seule limite, on ne peut program­mer ses propres séquences et même si la machine dispose de 6 mémoires libres, c’est pour rece­voir des données via Midi. Dans ce cas, on passe de 128 à 64 mémoires de programmes. Impos­sible d’éga­ler les sound desi­gners de chez Yamaha sans logi­ciel spécia­lisé, gardons donc notre souffle pour plus tard !

*Dites « aaaaaaa »

Yamaha FS1R

Certaines fréquences du conduit vocal sont des bandes de fréquences « exagé­rées », c’est-à-dire des fréquences réso­nantes majeures. Elles varient en même temps que la physio­no­mie du conduit vocal, par exemple lorsqu’on produit certains sons de voyelles. Ces pics de réso­nance dans la fonc­tion de trans­fert (ou réponse en fréquence) du conduit vocal sont connus sous le nom de formants. Il s’agit de compo­sants d’un son à fréquences quasi constantes qui lui confèrent un timbre carac­té­ris­tique, indé­pen­dam­ment de sa hauteur. Lorsqu’une femme ou un homme chante « aah », le son possède les mêmes formants carac­té­ris­tiques, si bien qu’on iden­ti­fie faci­le­ment le « aah », sans confu­sion possible avec un « iii ». C’est en fonc­tion de la posi­tion des formants que l’oreille est capable de diffé­ren­cier un son parlé d’un autre, ou une langue d’une autre. Les formants de voix sont donc essen­tiel­le­ment des blocs de construc­tion de la parole. En mettant ensemble des voyelles et des consonnes pour créer des sons tels que « aw », « ow », « tch » ou « pff », on consti­tue les blocs primaires de la parole. La synthèse à formant décrit comment ces blocs peuvent être assem­blés pour créer des sons. Sa capa­cité s’étend non seule­ment à la simu­la­tion des formants carac­té­ris­tiques de la voix humaine, mais égale­ment à celle d’ins­tru­ments acous­tiques. Car comme la voix humaine, un instru­ment contient lui aussi un ensemble fixe de formants carac­té­ri­sant son timbre, faci­le­ment iden­ti­fiable quelle que soit sa tona­lité. C’est bien là le problème des échan­tillon­neurs : lorsqu’on trans­pose un son, on trans­pose égale­ment les formants asso­ciés, d’où ces effets infâmes façon Jabba (vers le bas) ou Ewoks (vers le haut). Il faut tout de même savoir que trans­po­ser un échan­tillon de voix revient à modi­fier la taille de la tête du chan­teur, aïe aïe aïe !

Casser la voix

Nous venons jusqu’à présent de voir en détail les diffé­rentes méthodes de produc­tion sonore du FS1R, « l’équi­valent » d’une section VCO sur un analo­gique ou de tables PCM sur un lecteur d’échan­tillons. Mais une fois produit par les oscil­la­teurs (à formant ou à FM), le signal audio va encore subir quelques trai­te­ments de choc. Le premier est une enve­loppe de hauteur globale (4 temps et 5 niveaux) avec suivi de clavier sur les temps. Le second est un filtre multi­mode réso­nant dispo­sant de son propre géné­ra­teur d’en­ve­loppe (4 temps et 4 niveaux) avec suivi de clavier sur les temps. Il dispose de 6 algo­rithmes : 3 passe-bas (2, 3 et 4 pôles), un passe-haut, un passe-bande et un élimi­na­teur de bande. La fréquence de coupure dispose d’un suivi de clavier et la réso­nance est modu­lable par la vélo­cité. Ce filtre, capable de couper la parole aux opéra­teurs les plus bavards, est respon­sable d’ex­cel­lentes basses type Moog et de balayages d’ondes impres­sion­nants. Revers de la médaille, l’uti­li­sa­tion du filtre réduit la poly­pho­nie de moitié (donc 16 voix), limite DSP oblige.

Pour modu­ler le tout, 2 LFO se tiennent à notre dispo­si­tion. Presque iden­tiques, ils disposent de 6 formes d’onde clas­siques, dont une S&H. Leur diffé­rence se fait essen­tiel­le­ment sur leur desti­na­tion : le premier peut modu­ler le pitch, l’am­pli­tude, la fréquence de formant et la fréquence de coupure du filtre alors que le second se contente de la fréquence de coupure du filtre. Autre diffé­rence, le premier dispose d’un délai et le second d’un réglage d’angle de phase. Par contre, ils ne peuvent se synchro­ni­ser à une horloge Midi, dommage. Pour termi­ner le chapitre modu­la­tions, les poten­tio­mètres Formant et FM de la face avant peuvent pilo­ter 5 contrô­leurs affec­tables à 5 des 16 opéra­teurs Formant et FM. Les modu­la­tions sont bipo­laires et les desti­na­tions se choi­sissent parmi le volume de sortie, la fréquence ou la largeur de bande de l’opé­ra­teur. De quoi se rincer la bouche !

Tous en chœur

Nous avons vu que le FS1R avait la parti­cu­la­rité de ne fonc­tion­ner qu’en mode de jeu perfor­mances, combi­nant un maxi­mum de quatre canaux. En édition, certains para­mètres sont communs à tous les canaux. Commençons par la matrice de modu­la­tion, qui permet de créer 8 ensembles de contrô­leurs de para­mètres, chacun ayant ses sources (poten­tio­mètres 1 à 4, contrô­leurs Midi assi­gnables 1 à 4, pédale, contrô­leur de souffle, molette de modu­la­tion, After­touch par canal, pres­sion poly­pho­nique et pitch­bend), ses canaux de desti­na­tion (1 à 4) et ses desti­na­tions propre­ment dites. Ainsi, un même contrô­leur peut être assi­gné à diffé­rents para­mètres et réci­proque­ment, ce qui est appré­ciable. Parmi les 48 desti­na­tions auto­ri­sées, on trouve jusqu’à 14 para­mètres d’ef­fets d’in­ser­tion, ainsi que le volume, le pano­ra­mique, la fréquence de coupure du filtre, la réso­nance (oui !), mais égale­ment les para­mètres Formant, FM, les enve­loppes ou encore les LFO (vitesse et action). Viennent ensuite les para­mé­trages de la séquence de formant, l’as­si­gna­tion des parties aux sorties sépa­rées (que fait ce réglage dans les para­mètres communs ?) et le choix de caté­go­rie de perfor­mance.

Yamaha FS1R

Passons aux réglages sépa­rés par canaux : on y règle des offsets de certains para­mètres de synthèse (déca­lage des formants, FM, LFO, filtre, enve­loppes) mais égale­ment les fenêtres de tessi­ture et de vélo­cité, l’ac­cor­dage, le porta­mento, la réserve de notes et la modu­la­tion du pano­ra­mique par le suivi de clavier et par un des contrô­leurs choisi dans la matrice de modu­la­tion. Le mode perfor­mances est sympa­thique mais il manque, à notre sens, un mode programmes clas­sique, avec repro­duc­tion et édition sépa­rées. Quant à la multi­tim­bra­lité limi­tée à 4 parties, elle inter­dit la fabri­ca­tion de véri­tables kits de percus­sions, sono­ri­tés pour­tant fétiches de la synthèse FM. Si le FS1R a des succes­seurs (FX5 ?), ils devront travailler dans ce sens. Voilà donc une modeste chorale encore bien loin des chœurs de l’Ar­mée Rouge. 

Bouchées quadruples

Pour faire des phrases bien travaillées, le FS1R possède quatre groupes d’ef­fets indé­pen­dants de fort bonne qualité : une réver­bé­ra­tion, un effet de varia­tion, un effet d’in­ser­tion et un égali­seur. Les deux premiers groupes sont placés en paral­lèle alors que les deux suivants sont dispo­sés en série (inser­tion pré-effets et égali­seur post-effets). De plus, l’éga­li­seur est global et l’in­ser­tion dispose de réglages d’en­voi indé­pen­dants dans la réver­bé­ra­tion et la varia­tion. De même, l’ef­fet de varia­tion dispose d’un réglage d’en­voi dans la réver­bé­ra­tion, ce qui permet de combi­ner tout en souplesse ces deux proces­seurs. Chacune des quatre parties multi­tim­brales dispose de deux départs indé­pen­dants (réver­bé­ra­tion et varia­tion) et d’un commu­ta­teur pour l’ef­fet d’in­ser­tion. C’est un progrès par rapport aux précé­dents modèles Yamaha où l’ef­fet d’in­ser­tion ne pouvait être activé que sur une partie.

La réver­bé­ra­tion comporte 16 algo­rithmes parmi lesquels plusieurs effets de Hall, Room, Stage, Plate et des délais stéréo. L’ef­fet de varia­tion est quant à lui un véri­table multi-effets composé de 28 algo­rithmes : effets d’en­semble (réver­bé­ra­tions, chorus, flan­ger) mais aussi haut-parleur tour­nant, wah wah, compres­seur, distor­sion et simu­la­teur d’am­pli font partie du voyage. Si cela ne suffit toujours pas, rien de tel qu’un effet d’in­ser­tion, là encore un gros multi-effets armé de 40 algo­rithmes, certains repris des précé­dents effets, d’autres combi­nés en série, tels que compres­seur / over­drive / délai. On trouve même un proces­seur de lo-fi qui donne de très bon résul­tats sur les séquences d’ondes techno ou vocales. Chacun des trois groupes d’ef­fets décrits ci-avant possède de 10 à 16 para­mètres et des réglages de pano­ra­mique et de retour.

Enfin, l’éga­li­seur en sortie est un véri­table para­mé­trique 3 bandes avec, en plus, choix du type de courbe de réponse des graves et aigus (peak ou shelf). Pour être complet, rappe­lons qu’un maxi­mum de 14 para­mètres de l’ef­fet d’in­ser­tion peuvent être des desti­na­tions de modu­la­tion en temps réel, très sympa. Dommage qu’il n’en soit pas de même pour les autres groupes d’ef­fets et que les délais ne soient pas synchro­ni­sables au Tempo des séquences de formants. Mais au global, voilà une section de qualité qui ravira toutes les fines bouches !

Mise en bouche

Yamaha FS1R

A l’heure de Midi, le FS1R n’est pas en reste. C’est dans le mode Midi, sous-groupe du mode « Utility », que l’on filtre les messages de Bank Select et Program Change, que l’on active la trans­mis­sion de données des poten­tio­mètres de la face avant, qu’on leur assigne des numé­ros de contrô­leurs et qu’on défi­nit les numé­ros des contrô­leurs Midi internes (les 4 contrô­leurs Midi assi­gnables, la pédale, le brea­th­con­trol, les poten­tio­mètres Formant et FM). Autre trou­vaille inté­res­sante, la machine dispose d’une fonc­tion d’af­fi­chage Midi de ses para­mètres. Depuis n’im­porte quel mode, il suffit de sélec­tion­ner un para­mètre et d’ef­fec­tuer un double clic sur la touche « Enter ». L’écran affiche alors la chaîne corres­pon­dante de Sysex en hexa­dé­ci­mal, ce qui permet d’édi­ter tranquille­ment le para­mètre en ques­tion et d’avoir immé­dia­te­ment la traduc­tion en Sysex, bien vu !

Enfin, un mot sur la fonc­tion de dump Midi, cruciale pour le FS1R qui ne dispose pas d’autre moyen de sauve­garde externe. La machine peut envoyer l’un ou l’en­semble de ses programmes, perfor­mances et séquences de formants, ainsi que ses para­mètres système globaux. Pour faci­li­ter la tâche des machines censées récep­tion­ner les messages, il est possible de régler l’in­ter­valle sépa­rant plusieurs blocs de données. En faisant varier cet inter­valle entre 50 et 300 milli­se­condes, on évite ainsi de satu­rer la mémoire tampon du desti­na­taire. Assu­ré­ment, sur les coups de Midi, le FS1R parle la bouche pleine ! 

Libéré sur parole

Au final, le FS1R est une machine très réus­sie, extrê­me­ment puis­sante et inno­vante. Elle mélange astu­cieu­se­ment synthèse à FM et modé­li­sa­tion de formants, avec en prime un sympa­thique filtre multi­mode réso­nant. La resti­tu­tion des programmes de DX7 est parfaite et le souffle a mira­cu­leu­se­ment disparu. Résul­tat, un cock­tail de sono­ri­tés archi-connues « remas­te­ri­sées » que l’on retrouve avec plai­sir, mélan­gées à des textures inédites qui couvrent un terri­toire sonore impres­sion­nant. Mais dès que l’on souhaite maîtri­ser toute cette puis­sance, on se perd assez vite dans l’or­ga­ni­sa­tion complexe et pas toujours logique des éditeurs. Côté perfor­mances, la poly­pho­nie de 32 voix et la multi­tim­bra­lité de 4 canaux ne consti­tuent pas un record en la matière, mais il s’agit du premier instru­ment utili­sant cette tech­no­lo­gie. Enfin, l’ab­sence d’un mode de jeux de programmes simples est dérou­tante et peu pratique à l’usage. Ceci dit, dès qu’il s’agit d’in­no­va­tion, de puis­sance de program­ma­tion, d’ef­fets de qualité et de contrôle sur les sons, le FS1R n’a pas son pareil, surtout dans cette gamme de prix. Pour les gros fondus de program­ma­tion qui souhaitent ajou­ter une couleur sonore inédite à leur mix, le FS1R est le synthé­ti­seur idéal. Il n’a rien d’une station de travail complète et auto­nome, mais il y a toujours un grand orchestre derrière chaque diva.

Glos­saire

jupe : extré­mi­tés de la bande passante, plus ou moins en forme de cloche, dont l’élar­gis­se­ment ajoute des harmo­niques.

opéra­teur : oscil­la­teur numé­rique pouvant être assem­blé en algo­rithmes en tant que porteur ou modu­la­teur de signal.

plosive : consonnes combi­nées conte­nant beau­coup d’éner­gie dans la phase tran­si­toire, telles que « pfff », « pshh », « flll »…

Points forts
  • Synthèse innovante
  • Prix intéressant
  • FM enrichie à 8 opérateurs
  • Sons en Rom très bien programmés
  • Textures radicalement nouvelles
  • Sons riches et variés
  • Séquences de formants animées
  • Mouvements des potentiomètres enregistrables
  • Sons de DX7 sans souffle
  • Manuel en français
  • Sorties audio séparées
  • Triple effet de qualité
  • LCD confortable
Points faibles
  • Touches de navigation trop petites
  • Polyphonie limitée (avec les filtres)
  • Multitimbralité réduite à 4 voix
  • Architecture de la mémoire
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.

  • nan3200 704 posts au compteur
    nan3200
    Posteur·euse AFfolé·e
    Posté le 27/03/2017 à 17:08:29
    Waouh ! nous avons ce &&#35;40;aucun superlatif n'est assez fort&&#35;41; FS1R au studio, c'est tout simplement &&#35;40;aucun superlatif n'est assez fort&&#35;41; !
    je découvre maintenant &&#35;40;2017, fun!&&#35;41; ce test qui date de 1999 .... je découvre aussi la côte de l'engin, qui si mes souvenirs sont bons à fait un flop à sa sortie.
    pourtant, on le trouve partout, les gens ne s'en vantent pas , mais c'est un engin tellement complet qu'il a fait peur à sa sortie et s'est imposé avec le temps.
  • tomheck 770 posts au compteur
    tomheck
    Posteur·euse AFfolé·e
    Posté le 14/01/2021 à 21:18:14
  • ztevoz 50 posts au compteur
    ztevoz
    Posteur·euse AFfranchi·e
    Posté le 14/01/2021 à 21:27:53
    Waouh c'est top
    sinon une simple application intermédiaire où il sera possible de mapper en mode learn midi depuis n'importe quel contrôleur me ravirai aussi, et surement plus à ma portée financièrement je suppose

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