Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Pédago
8 réactions

Introduction à la réverb

Comprendre la réverbe, partie 1

Lorsque dans le “monde réel” nous entendons des sons, ils évoluent au sein d'un environnement acoustique. Par exemple, supposons que vous soyez en train de jouer de la guitare dans votre salon. Vous n'entendez pas uniquement le son de la guitare, car cette dernière génère des ondes sonores qui se réfléchissent sur les murs, le plafond et le sol. Certaines de ces ondes reviennent à vos oreilles avec un retard induit par leur trajet, ce qui les décale temporellement par rapport à celles directement issues de la guitare.

Le son résul­tant de toutes ces réflexions est extrê­me­ment complexe et appelé réver­bé­ra­tion. Quand les sons se réflé­chissent sur des objets, ils perdent de l’éner­gie et leur niveau ainsi que leur tona­lité changent. Si une forme d’onde rencontre un oreiller ou un rideau, elle sera plus absor­bée que si elle rencontre une surface dure. Les fréquences hautes tendent à être absor­bées plus faci­le­ment que les basses fréquences, donc plus une onde sonore voyage plus elle sonne « brouillon ». Cet effet est appelé « damping » en anglais, nous pouvons traduire ce terme par « atté­nua­tion de la vibra­tion ». Il est possible de prendre comme autre exemple une salle de concert qui va sonner diffé­rem­ment lorsqu’elle est vide et lorsqu’elle est remplie, parce que le public et ses vête­ments vont absor­ber le son.

La réver­bé­ra­tion est un effet impor­tant, car elle donne une sensa­tion d’es­pace. Pour les enre­gis­tre­ments de concert, il y a souvent deux micro­phones ou plus dispo­sés de manière à enre­gis­trer le son de la pièce afin de mélan­ger ce signal à celui des instru­ments. Certains studios d’en­re­gis­tre­ment ont une pièce dédiée au son « live » géné­rant de nombreuses réflexions tandis que d’autres ont des pièces acous­tique­ment trai­tées afin de réduire les réflexions au maxi­mum voire même une pièce dispo­sant d’un côté traité et d’un autre consti­tué de maté­riaux durs donc réflé­chis­sants. Les batteurs enre­gistrent souvent dans de larges pièces non trai­tées afin d’ob­te­nir de nombreuses réflexions natu­relles, à l’in­verse les chan­teurs préfèrent un envi­ron­ne­ment acous­tique neutre telle une cabine de chant, puis ajoutent une réver­bé­ra­tion arti­fi­cielle lors du mixage pour recréer la sensa­tion d’es­pace acous­tique.

Qu’elle soit géné­rée natu­rel­le­ment ou arti­fi­ciel­le­ment, ce que l’on appelle « une réverbe » par fran­ci­sa­tion, est deve­nue un élément essen­tiel des enre­gis­tre­ments actuels. Cet article traite de la réver­bé­ra­tion arti­fi­cielle, de ce qu’elle offre et comment elle fonc­tionne. Dans un prochain article, nous verrons comment l’uti­li­ser.

Diffé­rents types de réverbe

Figure 1Figure 1 : La Mega­Re­verb de Chez TC Elec­tro­nic peut resyn­thé­ti­ser diffé­rents espaces. Notez que vous pouvez défi­nir la forme et la taille de la pièce, la fréquence de réponse ainsi que de nombreux autres para­mètres.


Il y a prin­ci­pa­le­ment deux types de réverbes arti­fi­cielles : les synthé­ti­sées et celles à base de convo­lu­tion. Les synthé­ti­sées modé­lisent le son d’une pièce en utili­sant divers algo­rithmes (Figure 1). Par exemple, un algo­rithme « Hall » pren­dra en compte le fait que la forme d’onde voyage plus loin que dans une petite pièce, donc la réver­bé­ra­tion mettra plus de temps à s’af­fai­blir. Un algo­rithme de « pièce » peut égale­ment modé­li­ser un lieu à la taille plus réduite comme une boite de nuit ou une chambre. D’autres algo­rithmes modé­lisent des réverbes arti­fi­cielles, par exemple celles à ressort qu’on trou­vait dans les amplis de guitares ou bien celles à plaque, très utili­sées dans les années 60. Chaque algo­rithme offre une qualité sonore diffé­rente, mais tous fonc­tionnent basique­ment de la même manière : un signal entre dans la réverbe, y est analysé puis l’al­go­rithme de la réverbe génère un écho et des réflexions par mimé­tisme avec l’es­pace acous­tique choisi.

La réverbe à convo­lu­tion est une tech­no­lo­gie rela­ti­ve­ment nouvelle qui « échan­tillonne » le son d’une pièce. Typique­ment, un pisto­let de départ spor­tif créera une impul­sion qui géné­rera des réflexions dans la pièce. Ces réflexions sont enre­gis­trées, analy­sées puis conver­ties en une modé­li­sa­tion très précise du lieu. Comme analo­gie inté­res­sante, imagi­nez que l’im­pul­sion d’une réverbe à convo­lu­tion est comme un moule dans lequel vous versez le son, ce dernier acquiert alors les carac­té­ris­tiques d’une diffu­sion dans la pièce.

 

Figure 2Figure 2 : La réverbe Perfect Space, conçue par Voxengo, est incluse dans Sonar 8. Une réponse impul­sion­nelle de chapelle est char­gée.


Vous pouvez conce­voir la diffé­rence qu’il y a entre une réverbe synthé­ti­sée et une à convo­lu­tion à l’ins­tar de celle qu’il y a entre un sampler et un synthé­ti­seur. Ce dernier offrira plus de contrôles sur le son, mais avec un effet « impres­sion­niste » moindre, tandis que le sampler sera extrê­me­ment précis, mais avec des possi­bi­li­tés d’édi­tion réduites.

Une autre consi­dé­ra­tion est qu’une réverbe à convo­lu­tion est très gour­mande en ressources proces­seur. Seuls les ordi­na­teurs récents ont la puis­sance néces­saire à son utili­sa­tion en temps réel, de plus, les calculs peuvent induire un délai audible. Heureu­se­ment, comme le prin­cipe de réver­bé­ra­tion est basé sur le délai, avec un ordi­na­teur rapide il est possible de ne rien remarquer.

Les éléments d’une réverbe

Une réverbe sophis­tiquée dispose de nombreux para­mètres, mais peu de gens savent les opti­mi­ser selon la situa­tion. Voyons donc comment ces para­mètres affectent votre son.

Le prin­cipe de réver­bé­ra­tion est divisé en deux parties. (Fig. 3)

Figure 3

Figure 3 : Une réver­bé­ra­tion est consti­tuée de plusieurs compo­sants sonores.

Les réflexions initiales (early reflec­tions pour les moins anglo­phones) regroupent les premiers échos qui se produisent lorsque les ondes sonores rencontrent des murs, des plafonds, etc. Elles sont plutôt bien défi­nies et sonnent plus comme un écho que comme une réverbe. Il est souvent possible d’ajus­ter leur niveau sonore.

L’af­fai­blis­se­ment, ou decay en anglais, se produit lorsque les ondes conti­nuent à rebon­dir dans l’es­pace. Cet « évanouis­se­ment » du son est ce que la majo­rité des gens asso­cient au concept de réverbe et est commu­né­ment appelé « queue de réverbe ».

Un autre para­mètre, le prédé­lai, défi­nit le temps que vont mettre les sons avant de produire la première série de réflexions. Plus grande est la pièce, plus long est le prédé­lai, car le signal voyage plus long­temps avant de rencon­trer un mur ou un plafond et donc de commen­cer à rebon­dir.

Para­mètres avan­cés 1

Voici certains para­mètres que l’on trouve sur des réverbes haut de gamme à base de synthèse. Celles à convo­lu­tion en ont géné­ra­le­ment moins, mais ces dernières années, les ingé­nieurs sont néan­moins parve­nus à les rendre plus para­mé­trables.

Algo­rithme. Nous avons déjà mentionné les algo­rithmes « room » et « hall », tout comme ceux émulant les réverbes dites vintages. Mais vous pouvez en rencon­trer d’autres tels que cathe­dral, gymna­sium, small room, closet (malheu­reu­se­ment, les noms ne sont pour ainsi dire jamais traduits, autant vous y habi­tuer dès main­te­nant), tout est possible ! Il y a même des algo­rithmes dits « reverse », qui fonc­tionnent à l’en­vers, où l’af­fai­blis­se­ment part du silence et évolue vers le plein volume, contrai­re­ment à l’évo­lu­tion habi­tuelle du son. Mais existent aussi des algo­rithmes « à porte » où la queue de réverbe est coupée bruta­le­ment dès qu’elle descend sous un certain seuil, à l’ins­tar d’un noise gate, (cet effet était très popu­laire dans les années 80, notam­ment sur les albums de Phil Collins).

Avec les réverbes à convo­lu­tion, le concept équi­valent est ce qu’on appelle une impul­sion. Les impul­sions peuvent captu­rer le son de pièces spéci­fiques (comme une salle de concert au design parti­cu­lier) ou même le son de baffles de guitare. Il est égale­ment possible de créer des réponses impul­sion­nelles d’an­ciennes réverbes, il est donc envi­sa­geable d’avoir une impul­sion sonnant comme une vieille Lexi­con PCM-70.

Voici quelques exemples dans diffé­rentes pièces. Ces exemples utilisent tous un unique son percus­sif pour « exci­ter » la réverbe, ainsi vous pouvez aisé­ment compa­rer les diffé­rents types de réverbes ainsi que leurs réglages.

Small RoomPlateCathe­dralBright Cham­ber

 

Room size/Taille de la pièce. Ce para­mètre affecte la longueur du trajet que parcour­ront les ondes lors de leurs rebonds dans la pièce virtuelle. Comme celles du monde réel, les pièces virtuelles peuvent géné­rer des ondes station­naires et des réso­nances. Si le son commence à fluter (une sorte de gazouille­ment pério­dique), faites varier ce para­mètre en rela­tion avec le temps d’af­fai­blis­se­ment afin d’ob­te­nir un résul­tat plus doux.

Decay time/Temps d’af­fai­blis­se­ment. Cela déter­mine le temps que pren­dront les réflexions pour perdre de l’éner­gie. Rappe­lez-vous que de longs temps de réver­bé­ra­tion peuvent produire un effet impres­sion­nant sur un instru­ment seul, mais fonc­tion­ne­ront rare­ment sur un ensemble (à moins que l’ar­ran­ge­ment ne soit parti­cu­liè­re­ment clair­semé). L’échelle de valeurs pour l’af­fai­blis­se­ment est RT60 et exprime le temps qu’un signal mettra à s’af­fai­blir de 60dB. Par exemple, si RT60 = 1,5, alors il faudra au signal 1,5 seconde pour s’af­fai­blir de 60dB par rapport au niveau initial.

Damping/Atté­nua­tion de la vibra­tion. Si le son rebon­dit dans un hall sur des surfaces dures, les queues des réver­bé­ra­tions seront brillantes et « dures ». Avec des surfaces plus douces (c’est à dire du bois par rapport à du béton), les queues perdront des fréquences dans le haut du spectre au fur et à mesure de leurs rebonds, ce qui aura pour résul­tat un son plus chaleu­reux. Si votre réverbe ne peut produire un son doux dans les hautes fréquences, indui­sez un effet de damping afin que les médiums et les graves soient mis en avant.

Afin d’en­tendre la diffé­rence, écou­tons ces deux exemples audio :

Much Damping (Douce)No Damping (Brillante)

 

Para­mètres avan­cés 2

Atté­nua­tion des hautes et basses fréquences. Ces para­mètres atté­nuent les fréquences à l’en­trée de la réverbe. Si votre réverbe sonne de manière métal­lique, essayez de réduire les fréquences hautes à partir de 4/8kHz. Notez que certaines réverbes à plaques sonnant magni­fique­ment n’ont quasi­ment pas de réponse au-delà de 5kHz, donc ne vous inquié­tez pas si votre réverbe ne fait pas briller vos aigus, cela n’est pas crucial.

Réduire les basses fréquences en entrée dimi­nue l’im­pres­sion brouillonne d’un rendu, essayez d’at­té­nuer à partir de 100/200Hz.

Diffu­sion des réflexions initiales. Augmen­ter la diffu­sion rapproche les réflexions initiales, ce qui épais­sit le son. Réduire la diffu­sion produite favo­rise des échos indi­vi­duels au détri­ment de l’éva­nouis­se­ment sonore global. Pour les voix ou des sons de claviers soute­nus (orgue ou synthé), réduire la diffu­sion peut donner un bel effet de réver­bé­ra­tion qui n’étouffe pas le signal source. D’un autre côté, pour des instru­ments percus­sifs tels que la batte­rie, cela fonc­tionne mieux avec une diffu­sion accrue qui permet­tra un affai­blis­se­ment doux plutôt que l’im­pres­sion de multiples rebonds de blocs de marbre sur une plaque en acier (tout du moins avec une réverbe peu onéreuse). Vous allez entendre la diffé­rence avec les deux exemples audio suivants :

Diffu­sion maxi­mumPas de diffu­sion

 

La queue de réverbe peut dispo­ser de son propre réglage de diffu­sion (les mêmes règles s’ap­pliquent) ou alors les deux para­mètres peuvent être combi­nés au sein d’un même contrô­leur.

Prédé­lai des réflexions initiales. Il faut au signal quelques milli­se­condes pour rentrer en contact avec les surfaces de la pièce et commen­cer à produire des réflexions. Le para­mètre simu­lant cet effet, varie géné­ra­le­ment entre 0 et envi­ron 100ms. Augmen­tez la valeur de ce réglage pour accen­tuer l’im­pres­sion d’es­pace; par exemple, si vous avez choisi de simu­ler une grande pièce, vous dési­re­rez proba­ble­ment ajou­ter un temps raison­nable de prédé­lai.

Densité de la réver­bé­ra­tion. De basses densi­tés donnent plus d’es­pace aux réver­bé­ra­tions initiales et suivantes. Des densi­tés hautes les rapprochent. En géné­ral, je préfère des densi­tés hautes sur les éléments percus­sifs et des basses sur les voix et les sons soute­nus.

Niveau des réflexions initiales. Ce réglage défi­nit le niveau sonore des réflexions initiales par rapport à celui de l’af­fai­blis­se­ment global de la réver­bé­ra­tion, il faut équi­li­brer les deux de manière à ce que les premières ne soient ni trop en avant, ni trop étouf­fées par l’af­fai­blis­se­ment, il doit s’agir d’échos discrets. Dimi­nuer le niveau des réflexions initiales permet aussi de recu­ler la posi­tion de l’au­di­teur dans la pièce.

Affai­blis­se­ment des hautes et basses fréquences. Certaines réverbes ont un contrô­leur pour le temps d’af­fai­blis­se­ment des hautes fréquences et un autre pour celui des basses fréquences. Ces fréquences peuvent être fixes ou peut être inté­gré un para­mètre de croi­se­ment (cros­so­ver en anglais) défi­nis­sant la limite entre basses et hautes fréquences.

Ces contrôles ont un effet impor­tant sur le carac­tère global de la réverbe. Augmen­ter le volume des basses au moment de l’af­fai­blis­se­ment crée un effet de son « massif ». À l’in­verse, augmen­ter celui des aigus produit un son plus « éthéré ». À quelques excep­tions près, ce n’est pas de cette manière que le son se comporte dans un envi­ron­ne­ment natu­rel, néan­moins cela peut très bien sonner sur des voix, car cela ajoute de la réver­bé­ra­tion sur les sibi­lantes et les frica­tives tout en mini­mi­sant l’ef­fet sur les plosives et le bas du spectre. Vous évitez ainsi une réver­bé­ra­tion « brouillonne » incom­pa­tible avec le trai­te­ment des voix.

Prochaine étape : utili­ser une réverbe

Main­te­nant que nous savons comment une réverbe fonc­tionne, nous pouvons nous deman­der comment l’uti­li­ser dans notre musique. Mais cela requiert un article à part entière ! Prochai­ne­ment, vous pour­rez lire l’ar­ticle appelé « Utili­ser une réverbe » pour plus d’in­for­ma­tions.


Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre