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Cockos Reaper 6
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Test de Reaper 6

Séquenceur généraliste de la marque Cockos appartenant à la série Reaper

Prix public US : $60 incl. VAT
Test vidéo
123 réactions
6 education
9/10
Award Valeur sûre 2020
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La plus configurable de toutes les STAN nous revient dans une sixième version, l’occasion de faire le point sur un logiciel qui a considérablement évolué depuis sa dernière mise à jour payante.

Autant le dire, si Reaper passe le cap symbo­lique de la nouvelle version, il convient de souli­gner la façon très parti­cu­lière dont Cockos fait évoluer son logi­ciel depuis ses débuts. Extrê­me­ment produc­tif, l’édi­teur ne cesse en effet de publier des mises à jours entre deux versions qui comportent bien évidem­ment des correc­tions de bugs mais aussi et surtout des myriades de nouvelles fonc­tion­na­li­tés plus ou moins ambi­tieuses. C’est ainsi qu’en version 5.11 est arri­vée la possi­bi­lité de faire des sous-projets dans un projet, tandis qu’un éditeur de parti­tion a fait son appa­ri­tion en v5.2, que la 5.5 a apporté rien de moins que l’édi­tion spec­trale dans le logi­ciel et que la 5.97 a vu Reaper s’ou­vrir aux plug-ins ARA2… Là où la plupart des concur­rents gardent ce genre de gros morceaux pour justi­fier l’achat d’une mise à jour, Cockos fait donc montre d’une géné­ro­sité inouïe, à plus forte raison si l’on consi­dère le prix extrê­me­ment bas du logi­ciel : 225$ si vous faites plus de 20 000$ de CA par an, et 60$ si ce n’est pas le cas… ce qui est le cas de la grosse majo­rité des utili­sa­teurs, sachant en outre qu’au­cune protec­tion n’em­pêche son usage sans payer : ce n’est pas fair­play vis-à-vis des déve­lop­peurs, mais à l’heure où certaines nous polluent avec des dongles USB, c’est un geste de confiance qui donne vrai­ment envie de passer à la cais­se….

Rien que cette poli­tique tari­faire pour­rait expliquer l’en­goue­ment que suscite le logi­ciel, mais c’est surtout dans son rapport à sa commu­nauté que Cockos fait très fort car l’édi­teur est à l’écoute conti­nuelle des dési­dé­ra­tas de ces derniers, tandis que Reaper est assu­ré­ment la STAN la plus person­na­li­sable du marché : de l’ap­pa­rence du logi­ciel à quan­tité de ses fonc­tions, tout ou presque peut être changé pour s’adap­ter à l’uti­li­sa­teur, ce qui fait que l’évo­lu­tion du logi­ciel n’est pas seule­ment tribu­taire de la force de déve­lop­pe­ment de Cockos mais aussi des milliers de ressources qui émanent de sa commu­nauté d’uti­li­sa­teurs. Un mode Session à la Able­ton Live ? C’est possible. Un look à la Cubase pour faci­li­ter la migra­tion ? C’est possible. Un bouton qui, d’un simple clic, vous permet de suppri­mer tous les silences d’une prise en rajou­tant des fondus d’en­trée et de sortie sur tous les segments restants ? C’est possible. Bref, Reaper est plus qu’une STAN, c’est un envi­ron­ne­ment de travail que chacun peut a priori adap­ter selon ses goûts et ses besoins. Et c’est d’ailleurs sur le plan de l’in­ter­face et de l’er­go­no­mie que nous allons commen­cer pour faire le tour de cette nouvelle version.

Adjust can get enough

reaperadjustLa première nouveauté de cette V6 réside bien évidem­ment dans une évolu­tion du thème de base, rela­ti­ve­ment discrète mais amélio­rant sensi­ble­ment les contrastes (encore que tous les utili­sa­teurs ne soient pas convain­cus par cette évolu­tion) tandis que le logi­ciel gère désor­mais les écrans à haute réso­lu­tion type Retina. Mais c’est surtout l’ap­pa­ri­tion de Theme Adjus­ter qui s’avère inté­res­sante puisqu’il permet de gérer très simple­ment l’or­ga­ni­sa­tion graphique voir fonc­tion­nel du panneau de contrôle des pistes, des tranches du mixeur ou encore des enve­loppes. Longueur de champs texte pour le nom des pistes, taille des sliders de volume, taille et posi­tion­ne­ment des vu-mètres, fonc­tions affi­chées : il y a déjà de quoi sensi­ble­ment person­na­li­ser son envi­ron­ne­ment de travail sans avoir à rentrer dans les détails tech­niques d’un thème, avec la possi­bi­lité en outre de joueur sur diffé­rents facteurs de zoom et de stocker jusqu’à trois réglages pour chaque élément (des Layouts). Rien à dire là-dessus, c’est propre et bien executé, même si certaines fonc­tions paraî­tront anec­do­tiques voire contre­pro­duc­tive à certaines : pouvoir dispo­ser d’un facteur de zoom diffé­rent pour chaque tranche ne permet en rien de gagner en préci­sion tout en intro­dui­sant une dissy­mé­trie dans la table de mixage qui peut être gênante. On imagine bien que ce genre de fonc­tions peut trou­ver son inté­rêt pour distin­guer certaines types de tranches ou de pistes, mais ce n’est clai­re­ment pas ce qu’il y a de plus notable comme nouveauté au rayon ergo­no­mie.

Fenêtre sur plug

reaperplugsOn dispose en effet désor­mais de la possi­bi­lité d’af­fi­cher depuis la table de mixage ou le bandeau des pistes de la fenêtre d’ar­ran­ge­ment des versions minia­tures des plug-ins Cockos les plus couram­ment utili­sés en mixage : cela concerne donc ReaComp, ReaX­comp, ReaEQ et ReaFir mais aussi les diffé­rents visua­li­seurs au format JS de l’édi­teur (Spec­tro­graphe, oscil­lo­scope, analy­seur de spectre, etc.) et quelques utili­taires. Inutile de dire que cette nouvelle fonc­tion offre un bon gain de temps au mixage dans la mesure où l’on repère d’au­tant plus vite quoi est sur quelle tranche et qu’on a même plus besoin d’ou­vrir le plug pour faire une correc­tion rapide, dans la limite de préci­sion qu’offre cet aperçu minia­ture : pour mettre vite fait un coupe-bas, ça marche, mais pour mater une fréquence qui tourne avec préci­sion, autant dire que la bonne vieille inter­face du plug-in est toujours de mise. Préci­sons-le aussi : cette fonc­tion est unique­ment réser­vée aux plug-ins Cockos et il n’est pas ques­tion de dispo­ser du même aperçu avec vos Fabfil­ter par exemple.

reaper-routingEntre amélio­ra­tion graphique et fonc­tion­nelle, on dispose d’un nouveau mode d’af­fi­chage de la matrice de routing, délais­sant le tableau à double entrée pour un aperçu plus graphique avec des câbles virtuels reliant les diffé­rents éléments. Reaper prend ainsi des faux airs de Reason, et même si cet aperçu ne révo­lu­tion­nera pas le logi­ciel, force est de consta­ter qu’il est moins abstrait et pour­rait s’avé­rer inté­res­sant pour réali­ser simple­ment des multis ou encore intro­duire des modu­la­teurs à la Bitwig. Affaire à suivre donc.

Tendre bézier

On dispose égale­ment aussi de la possi­bi­lité d’uti­li­ser des courbes de Bézier pour réali­ser des auto­ma­tions de contrô­leurs conti­nus MIDI : plus besoin de juxta­po­ser des dizaines de points pour faire une courbe en cloche par exemple, deux points et une petite poignée suffisent. Bien que ce soit un ajout non négli­geable, on ne s’at­tar­dera pas trop là-dessus vu que Reaper comble plus sur ce point son retard sur la concur­rence.

On en dira autant de l’ap­ti­tude du logi­ciel à suivre dyna­mique­ment les auto­ma­tions de tempo, si complexes soient-elles, grâce à ses algos de Time Stret­ch… Encore une fois : un ajout précieux mais pas forcé­ment révo­lu­tion­naire, moins en tout cas que certaines fonc­tions appa­rues de la v5 à la V6 comme l’édi­tion spéc­trale, même si c’est préci­sé­ment sur cette dernière que nous pour­rons bascu­ler vers le versant plus critique de ce banc d’es­sai.

Fâcheuse faucheuse

Tout génial qu’il soit sur quan­tité d’as­pect, le défaut de Reaper en V6 est assu­ré­ment toujours le même qu’en V5 : à trop donner de possi­bi­li­tés de person­na­li­sa­tion à l’uti­li­sa­teur, il tourne souvent à l’usine à gaz, avec des menus qui n’en finissent plus et des options d’op­tions parfois très acces­soires, comme si les dévs ajou­taient au soft tout ce qui peut faire plai­sir à sa commu­nauté, sans se rendre compte parfois que le trop est l’en­nemi du bien. La colo­ra­tion de pistes est un bon exemple de cela : pour cette seule fonc­tion, on dispose de 4 entrées dans un sous-menu suivant que l’on veut choi­sir une couleur ou plusieurs pour une ou plusieurs pistes de façon aléa­toire ou non. Ne suffi­sait-il pas d’une unique fenêtre rassem­blant tout cela ? Toute­fois, on n’au­rait pas pu appe­ler ces diffé­rentes fonc­tions dans des macros ou des scripts, ceci expliquant cela.

reapernightmareEt notons-le : quand bien même on peut person­na­li­ser le logi­ciel pour l’adap­ter à ses préfé­rences, on a vite fait de tomber sur des pans d’in­ter­face qui n’ont rien de person­na­li­sables et qui n’ont béné­fi­cié d’au­cun soin en terme d’er­go­no­mie : dans la fenêtre « Enve­lopes for Track » par exemple, l’ac­cès des contrô­leurs conti­nus d’un instru­ment virtuel ou des effets consiste en un listage gros­sier de centaines de para­mètres avec un ascen­ceur pour s’y balla­der hori­zon­tal (les pires d’un point de vue acces­si­bi­lité). Ce n’est pas incom­pré­hen­sible en soi, et certes on dispose de boîtes de saisie pour surli­gner ou filtrer les contrô­leurs répon­dant à une suite de carac­tères, mais on a cette impres­sion d’un logi­ciel à la fois extrê­me­ment abouti sur certains aspects qui relèvent du détail et curieu­se­ment rustique sur des choses plus essen­tielles. On en dira autant des plug-ins Reaplugs, tous excel­lents mais offrant des inter­faces extrê­me­ment rudi­men­taires, sans aucune vraie hiérar­chi­sa­tion des para­mètres. C’est peu dire que la possi­bi­lité d’ap­pliquer des skins à ces derniers les rendrait autre­ment plus attrayants et intui­tifs au quoti­dien.

Pour résu­mer sur ce point, disons qu’on sent parfois que derrière cette liberté un refus d’in­ves­tir une réflexion ergo­no­mique et de faire des choix, tout en livrant des fonc­tion­na­li­tés souvent dérou­tantes sur le plan de l’uti­li­sa­tion. C’est mani­feste sur l’édi­tion spec­trale par exemple, où les contrôles s’af­fi­chant en roll over n’ont rien d’évident à comprendre au premier abord, en l’ab­sence de libellé. De fait, même si l’ou­til est parfai­te­ment utili­sable, on se sent face à un module dont le déve­lop­pe­ment n’au­rait pas été achevé. Cela n’a rien de bien grave évidem­ment, car au rythme où s’en­chainent les mises à jour, on se doute bien que cette partie du logi­ciel comme le reste va évoluer dans les versions à venir. Mais cela refroi­dira certaines utili­sa­teurs qui passe­ront toute­fois à côté d’un formi­dable logi­ciel.

Reap Reap Reap Hourra

Bien qu’ils puissent rebu­ter certaines utili­sa­teurs qui préfé­re­ront les terrains plus bali­sés et docu­men­tés d’un Cubase, d’un Logic ou d’un Pro Tools, four­nis avec autre­ment plus de contenu, tous ces défauts ne pèsent toute­fois pas bien lourd en marge des énormes quali­tés du logi­ciel dans l’ab­solu, sans même tenir compte de son prix. Évidem­ment, on rappel­lera la puis­sance des macros et des scripts qui permettent de gran­de­ment simpli­fier les tâches fasti­dieuses (et l’en­re­gis­tre­ment comme le mixage n’en manquent pas), et on louera la souplesse du moteur audio de Cockos, capable de faire se cotoyer sur une même piste de l’au­dio ou du MIDI adres­sant plusieurs instru­ments virtuels là où la concur­rence récla­me­rait quan­tité de pistes pour faire la même chose. On parlera encore de la puis­sance des Recalls et des snap­shots, des événe­ments d’au­to­ma­tions, de la gestion avan­cée du routing ou de la capa­cité du logi­ciel à géné­rer du MIDI à partir de l’au­dio… Bref, à plus d’un titre, Reaper est une tuerie qui ne vole en rien sa popu­la­rité crois­sante et ses concur­rents feraient souvent bien de s’ins­pi­rer de la façon dont Cockos travaille.

Conclu­sion

Mille nouveau­tés sont appa­rues entre la version 5 et la version 6 de Reaper, et si le logi­ciel en a profité pour combler quelques retards sur ses concur­rents (courbes de Bézier sur les contrô­leurs conti­nus, gestion globale du tempo, éditeur de parti­tion) au point de deve­nir l’un des logi­ciels les plus exhaus­tifs du marché, il n’en garde pas moins des défauts qui subsistent depuis sa toute première version : un côté geek assumé à cause de ses myriades d’op­tions et de la possi­bi­lité de le confi­gu­rer à outrance, et quelques pans réel­le­ment en friche du côté de l’er­go­no­mie. C’est dommage car il ne faudrait sans doute pas grand chose pour corri­ger cela, mais on sent qu’on n’est pas loin d’un parti pris qui fait l’iden­tité même du logi­ciel, comme si Reaper était à Cubase et Logic ce que Linux est à Windows et MacOS : un envi­ron­ne­ment de travail puis­sant et fiable, mais qui deman­dera un mini­mum d’in­ves­tis­se­ment de la part de l’uti­li­sa­teur pour en profi­ter plei­ne­ment. Il n’y a donc sans doute pas de quoi lui attri­buer les cinq étoiles d’une note parfaite, mais sûre­ment plus que les quatre étoiles et demies liées à notre système de nota­tion.

9/10
Award Valeur sûre 2020
Points forts
  • Le Theme Adjuster
  • Support du Retina
  • Enfiin des courbes de Bézier pour les contrôleurs continus
  • Le suivi en Time Stretch des évolutions de tempo
  • L'aperçu des plugs depuis le mixeur et le bandeau des pistes
  • Le nouvel affichage du routing
  • Tout ce qui est apparu depuis la V5, et pas des petites choses : édition spectrale, éditeur de partition, événements d'automation
  • Tout ce qu'on aime dans Reaper depuis ses débuts : ultra configurable, puissant, souple, léger, aux mains d'une communauté très active et vraiment pas cher !
Points faibles
  • Toujours ce côté usine à gaz qui demande de l'investissement
  • Quelques interfaces rudimentaires depuis des lustres et pas du tout éditables
  • Toujours pas de réelle offre côté instruments virtuels
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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