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stiiiiiiive stiiiiiiive

« L'essentiel et un peu plus. »

Publié le 06/06/19 à 10:54
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
Le Sub Phatty est un synthé analogique soustractif monophonique à deux oscillateurs à l'architecture simple et cachant quelques subtilités. Doté d'un clavier de 2 octaves (vélocité mais pas d'aftertouch), son moteur sonore est similaire à ce que proposent le Sub 37 et les suivants ; en particulier, le cœur de ses oscillateurs est le même que sur le Minitaur.

Ayant déjà joué un Little Phatty depuis plusieurs années à l'annonce de sa sortie, j'étais assez excité à l'idée d'un panneau de contrôle "complet". Un ami à moi a acheté le Sub Phatty et j'ai donc pu me faire une idée sans me départir de mon LP. J'ai joué le Sub de mon pote chaque semaine pendant quelques années.



Ses caractéristiques sont plutôt simples, comme souvent chez Moog.
Deux oscillateurs synchronisables à formes d'onde continument variables, comme sur le Little Phatty ou le Voyager. Dommage que Moog n'ait pas continué à proposer cela sur les derniers modèles que sont le GrandMother et le Matriarch.
Un filtre Moog classique qui offre la possibilité d'être configuré en 1, 2, 3 ou 4 pôles. Deux enveloppes ADSR et un LFO multiformes et un bus de modulation. Une source de bruit blanc est aussi présente au niveau du mélangeur, lequel permet de doser chaque source avec une fourchette allant du silence à la légère saturation.
Quelques entrées CV, le MIDI, 16 presets et voilà pour le principal. Les détails sont accessibles par ailleurs.



A l'utilisation, tout est clair : le panneau de commandes permet de contrôler tous les paramètres essentiels pour un tel moteur de synthèse. Le clavier n'est pas fou, mais il fait le travail. 2 octaves permettent de jouer des lignes de basses et des leads si on se permet d'utiliser les boutons de transposition au cours du jeu : une troisième octave fait une grande différence, mais franchement, ça se fait.
Ah, on aime que l'accordage soit parfait en quelques instants.

Beaucoup d'entre nous déplorent que certaines fonctions soient "cachées", comprendre : accessibles via combinaisons de touches. Toutes ces fonctions ne sont pas des fonctions de jeu, ce sont pour la plupart des fonction de configuration : priorité de note, re-déclenchement des enveloppes ou du LFO, etc. Quelques unes, cependant, mériteraient peut-être un bouton en façade ; je pense au bouclage des enveloppes, à la pente du filtre, notamment. Pour ma part, j'ai rarement été dérangé par cela, mon utilisation étant de jouer le clavier en live avec quelques presets bien sentis pour des lignes de basses.



Son plumage est plutôt classieux, même si les goûts et les couleurs etc. Ce profil audacieux, introduit avec le Little Phatty, peut paraître tantôt putassier tantôt racé, mais il ne laisse pas indifférent sur scène. Le panneau incliné est confortable quelle que soit la position de jeu, l'instrument est robuste, relativement massif (bien plus lourd qu'un BassStation, par exemple...) et inspire confiance : tu peux le maltraiter sur scène, il encaisse.
L'absence d'écran m'est reposante, les boutons sont bien espacés et leur toucher est agréable. Je les préfère un peu plus gros, mais ils sont bien au delà de ce qu'on voit sur tous les instruments genre Boutique, SE-02 etc.

Les flancs et les molettes du Sub de mon pote sont devenus poisseux avec le temps ; c'est malheureusement un défaut classique de cette surface initialement douce sous les doigts. Curieusement, ceux de mon LP, plus ancien, ne souffrent pas trop de cela. On a pensé un temps équiper nos instruments de flancs en bois, mais ces derniers sont devenus un peu plus difficiles à trouver qu'à une époque.
Au rayon des défauts toujours, aucun problème de potar de filtre sur l'instrument que j'ai pratiqué : ce n'est donc pas une Epée de Damoclès ni une fatalité, la qualité n'est pas constante, c'est tout. En revanche, un sélecteur d'octave d'oscillateur a lâché.



Son ramage est clairement caractéristique de la marque : un son charnu avec un potentiel d'agressivité ne demandant qu'à être exploité... ce qui lui a valu un bon lot de démos trop modernes à mon goût. A l'usage, mixer les oscillateurs à la moitié de la course des potentiomètres idoines permet de rester dans le domaine du doux ; au delà et en fonction de ce qu'on lui envoie, le mélangeur commence à saturer. On aime avoir le choix.

Les possibilités de modulation ne sont pas légion, mais c'est Moog : tout reste assez musical, tu peux te concentrer sur la musique sans plonger dans un océan de possibilités techniques. Avec un brin d'expérience, on peut ciseler un son sur le vif, tout en improvisant sa ligne de basse : je pense que c'est essentiel pour pouvoir pratiquer un synthé en live.

Ah, l'entrée audio permet des petites fantaisies comme piloter via MIDI un synthé polyphonique avec le Sub et faire passer son audio dans le filtre du Moog : limitant de par la paraphonie obtenue, mais à tester.

Pour le comparer à son grand frère le Little Phatty, je dirais qu'il est un peu plus moderne dans son caractère, saturation ou pas : les oscillateurs sont moins capricieux à l'accordage, plus droits. Le filtre a un petit quelque chose de différent, difficile de mettre le doigt dessus. Ce n'est pas tant en comparant les deux instruments réglage-à-réglage que j'ai senti cela mais plutôt en manipulant les deux "avé' les doigts".
La saturation offerte par le MultiDrive du Sub est moins chantante à mes oreilles que ne peut l'être l'OverLoad du Little Phatty ; ce dernier est plus sauvage, plus rock'n'roll. Enfin, le relâchement des enveloppes est moins long sur le Sub ; pas très significatif pour la plupart d'entre nous, mais jouant live, j'ai eu besoin un temps d'enveloppes assez longues pour permettre de déclencher une note et de faire autre chose avec cette main pendant que la note décroît... plus commode avec le release du Little Phatty.
Il offre aussi la possibilité d'avoir trois destinations de modulation indépendamment dosables, là où le Little Phatty en avait deux avec le même dosage (dont une accessible via menu uniquement). Enfin, le niveau de l'entrée audio est devenu réglable, pratique pour les expérimentations en paraphonie ou autres.

Excité j'étais, calmé je suis : j'ai conservé mon Little Phatty pour les raisons suivantes. D'abord, son caractère me plait bien plus, eu égard aux quelques points abordés ci-dessus. Ensuite, j'ai pu m'apercevoir que cette troisième octave était un vrai plus pour moi. Enfin, les synthés à boutons et à mémoires, tant qu'il n'y a pas de colliers de LEDs, ça me froisse un brin... j'aime pouvoir visualiser les réglages en un coup d’œil sur le panneau ; LED autour des potars, ou pas de mémoire : c'est ce que je préfère.
Pour la petite histoire, lorsque le Sub 37 a été annoncé, j'étais encore plus excité, penses-tu : une troisième octave, un second bus de modulation, l'aftertouch. Et puis je l'ai essayé et j'ai été déçu par le toucher du clavier et par le fait que le caractère sonore soit celui d'un Sub et pas d'un Little. Calmé j'ai été, encore une fois.


En guise de bilan, je dirais que le Sub Phatty est un chouette "petit" synthé à l'image de ce que sa marque fait : pas de grandes folies en termes de programmation, mais une musicalité garantie et une architecture et des commandes pédagogiques.
Si tu cherches le son Moog, tu peux aller l'essayer. S'il te parait un peu sage, regarde du côté des Little et Slim Phatty. S'il te parait un peu court, ou s'il manque de commandes en façades ou encore s'il manque de possibilités, la série des Sub et Subsequent devrait te satisfaire : un second bus de modulation, toutes les commandes cachées du Sub Phatty sont passées en façade, une troisième octave et le caractère sonore est conservé. Mais à ce budget et pour une utilisation plus "back to the basics", le Sub reste une valeur sure même en 2019.