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Sequential Circuits Prophet-600
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Sequential Circuits Prophet-600

Clavier synthétiseur analogique de la marque Sequential Circuits

aurélien chubilleau aurélien chubilleau

« Puissance et richesse harmonique : Le Prophet 600 n'usurpe pas la réputation de la marque.  »

Publié le 15/06/15 à 17:19
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
C'était le 15 juin 1995, à tout juste 18 ans, j'emportais sous mon bras le Prophet 600 que je venais d'acquérir, non sans une réelle fierté. Car à l'époque, c'était le grand come-back de l'analogique, et avec un Prophet, on jouait d'emblée dans la cours des grands. Peut-on en dire autant de nos jours ? Le 600 est-il digne du légendaire Prophet 5 ? Ou, tout simplement, parmi la large production des analogiques polyphoniques, quelle est sa place aujourd'hui ?

Pour les impatients, disons-le tout de suite : Le Prophet 600 sonne superbement bien. Puissance, richesse harmonique, tout est là. Certes, il ne sonne pas exactement comme un Prophet 5 rev.1 ou rev.2, car ceux-ci possèdent des circuits SSM. Le 600 se rapproche plutôt du Prophet 5 rev.3, car ils ont en commun les mêmes circuits CEM. La différence entre les deux se joue essentiellement sur les caractéristiques simplifiées du Prophet 600.

Bien plus que le minimum

L'idée de Sequential Circuits, en commercialisant ce synthétiseur, était de barrer la route aux concurrents japonnais et au Siel Opera 6, en proposant un vrai Prophet a un prix accessible. Il en ressort des caractéristiques très classiques : Deux oscillateurs, un LFO, un filtre passe-bas 24db/oct, et deux enveloppes. Pourtant, on découvre vite quelques raffinements : Les oscillateurs possèdent trois formes d'onde chacun, et on peut les combiner. L'onde carré est à impulsion variable, et justement le LFO peut affecter cette variation. Les deux oscillateurs peuvent être synchronisés pour faire de la modulation de fréquence, et, pour parfaire le tout, le Prophet 600 propose une matrice de modulation nommée Poly-mod, qui permet de router l'enveloppe dédiée au filtre vers la fréquence de l'oscillateur A,ou le filtre lui-même, pour un effet feed-back. L'oscillateur B peut connaître les mêmes destinations

Ca module
On le voit, on retrouve un peu le principe de modulation du Prophet 5 ou du Pro-One, mais en simplifié. Cela est surtout vrai pour le LFO : il affecte la fréquence des deux oscillateurs à la fois, mais on ne peut pas les dissocier. Surtout, la roue de modulation sur le côté du clavier est seulement affectée à l'amplitude du LFO, mais pas au filtre. Ce LFO ne propose que deux formes d'onde : carré et dent de scie.

En résumé, le Prophet 600 n'en offre pas autant que le Prophet 5, mais il reste complet pour un analogique de cette époque. D'autant que l'on trouve quelques "goodies" : un arpégiateur à deux modes : monté-descente et assignable, beaucoup plus basique que celui d'un Korg Polysix c'est vrai, mais qui peut lui aussi faire office de séquenceur. Par ailleurs, le P600 dispose d'un séquenceur deux pistes en temps réel. Enfin, le mode unison peut aussi mémoriser des accords. L'effet est spécialement efficace, quand on bloque deux notes à l'octave.

Et le son dans tout ça ?
On a pu lire ça et là que les enveloppes n'étaient pas rapides. D'une part, c'est très réducteur de juger un synthé sur ce critère, et d'autre part, rassurez-vous, la grosse patate à la mode californienne est bien au rendez-vous. A vous les bonnes basses bien lourdes et veloutées, et avec un peu de pratique, on peut les rendre bien percutantes. Dans tous les cas, le Prophet sonne chaud, sonne riche, et il excelle dans les cuivres (tout comme les Oberheim), les sonorités planantes, envoutantes, épiques... A noter la possibilité de retrouver un timbre façon violoncelle très chaleureux. La Poly-mode permet des sons métalliques, et aussi le fameux son de harpe laser comme si vous y étiez. Le mode unison est parfait pour le "rentre-dedans" surpuissant. Les orgues sont très expressifs, et les voix sonnent comme dans Radioactivity de Kraftwerk.

Bilan
Assez compact mais solidement construit, le Prophet 600 est un pur analogique très expressif et assez polyvalent, dans la belle lignée des synthés "made in USA" : electro, techno, trans, hardcore, symphonique, psychédélique, funky, disco, pop, new wave... il a LE son, et procure énormément de plaisir.

Notons cependant quelques défauts : c'est un vrai analogique, il faut le jouer pendant une petite demi-heure pour qu'il arrive à sa bonne température et qu'il sonne juste, en renouvelant régulièrement l'accordage par une touche sur le pavé de commande. On aurait aimé un peu plus de fonctions pour les modulations, le pitch-bend n'est pas monté sur ressort, et il n'est pas agréable. Autre défaut dû à l'âge de sa conception : l'encodage des potentiomètres manque de progressivité.
Mon exemplaire n'est pas équipé de la mise à jour Gligli, qui résout ces problèmes, apporte des améliorations et met à la page les fonctions midi.

Le Prophet 600 est assez rare en France, il n'est pas donné non plus, mais son prix se justifie bien plus que celui de certains japonnais de l'époque. Entre un Juno 106 et un Prophet 600... l'américain s'impose par sa musicalité bien supérieure. Quant à le comparer à un synthé analogique actuel, les circuits CEM des années 1980 ont un son bien caractéristique qui justifie que l'on recherche ce genre d'instrument "d'époque", mais surtout intemporel.

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