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Simply Red
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Award Valeur sûre 2014
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À peine le Nord Lead 4 en route vers le succès, Nord présentait le Lead A1 début 2014, un synthé VA embarquant un nouveau moteur et une approche simplifiée de la synthèse. Le rouge revisité ?

Depuis le Nord Lead de 1995, la marque Nord propose aujour­d’hui une gamme complète de pianos de scène (Elec­tro 4, Stage 2, Piano 2), de synthés VA (Lead 4, Lead 2X) et de produits divers (orgue modé­lisé C2D, péda­lier MIDI PK27 et module de percus­sions Drum 2). Les claviers de scène existent en diffé­rents types et tailles de clavier alors que les synthés sont décli­nés en modules rackables. La marque est deve­nue célèbre pour la qualité sonore, les banques sons addi­tion­nelles gratuites, la robus­tesse, la légè­reté et la trans­por­ta­bi­lité de ses produits. À tel point qu’il est devenu banal de voir rouge quand on se balade sur les scènes musi­cales d’ici et d’ailleurs. En 2013, c’est le Lead 4 et sa version module 4 R qui repre­naient le flam­beau de la gamme de synthés VA. Ce fut donc avec beau­coup de surprise que nous décou­vrîmes un nouveau modèle en ce début d’an­née, au NAMM 2014 : le Lead A1. Ques­tions immé­diates qui, en plus de nous mettre en mode passé simple, nous brûlèrent les lèvres et les doigts : pourquoi un nouveau modèle, son posi­tion­ne­ment n’est-il pas trop proche du Lead 4, rempla­cera-t-il le 2X, est-ce un modèle réduit ? Un tableau compa­ra­tif des 3 synthés est d’ailleurs dispo­nible sur le site Nord. À part cela, peu de choses ont été publiées jusqu’à présent, les discus­sions sont rares et (encore) calmes. Il a donc fallu trou­ver un Lead A1 ; aussi­tôt dit, pas du tout aussi­tôt fait… Alors ça vaut bien un bon coup de rouge, non ?

Light métal

Bien­tôt 20 ans que Nord fabrique des synthés VA, avec carros­se­rie métal­lique peinte en rouge, aplat gris et noir, séri­gra­phie blanche, potards gris, boutons à diodes rouges ou vertes, pitch bend laté­ral en bois, molette en pierre, écrans à LED 7 segments, clavier 4 octa­ves… et bien d’autres points communs !

Nord Lead A1

La construc­tion du Lead A1 est toujours aussi soignée, les ajus­te­ments nickel. L’alu peint des flancs plats vissés a remplacé le bois du Lead 4. L’an­crage des 26 boutons, 23 potards et 3 enco­deurs inspire la plus grande confiance, c’est du très bon made in Sweden ! La connec­tique est, comme toujours, ramas­sée sur la moitié gauche de la façade, pour tenir dans un format rack et ainsi opti­mi­ser l’in­dus­tria­li­sa­tion. Cela permet d’avoir un clavier très compact de 86 cm de large pour moins de 5 kg, welcome on stage ! Les 49 touches Fatar répondent à la vélo­cité, mais pas à la pres­sion. Elles sont courtes (13 cm), mais de largeur stan­dard ; l’en­fon­ce­ment est léger et le rebond assez franc pour réali­ser des passages rapides sans se fracas­ser.

La version Lead A1R est un module qui se pose à plat (avec un angle parfait pour l’édi­tion) ou qui se visse en rack 19 pouces sur 4 U (avec connec­tique en retrait permet­tant de câbler sans perte de hauteur, bien vu !). À part le clavier, le pitch­bend et la molette, il conserve les mêmes carac­té­ris­tiques que le modèle clavier. Côté connec­tique, tout est parfai­te­ment vissé sur le panneau arrière : 5 prises audio au format jack 6,35 (1 sortie casque stéréo, 4 sorties sépa­rées asymé­triques confi­gu­rables en paires stéréo ou indi­vi­duelles), 2 prises pour pédales (tenue simple et contrôle continu), entrée/sortie MIDI (avec Soft Thru) et prise USB (pour le MIDI unique­ment, pas l’au­dio hélas !). De même il n’y a pas d’en­trée audio pour trai­ter des signaux externes, c’est très dommage, car les filtres sont excel­lents. Le Lead A1 est parfai­te­ment à l’aise avec les CC MIDI qu’il émet et reçoit via ses prises DIN ou USB. L’ali­men­ta­tion est interne, donc il y a un connec­teur stan­dard IEC 3 broches, du sérieux !

Lead for speed

Nord Lead A1

Le premier parti pris de Nord pour diffé­ren­cier le Lead A1 du Lead 4 est l’ap­proche ergo­no­mique. Le construc­teur a étudié l’usage des nouvelles géné­ra­tions de synthé­tistes et a décou­vert que la demande avait évolué en faveur d’un nombre restreint de commandes, mais des commandes effi­caces. Résul­tat, pour une puis­sance équi­va­lente au Lead 4 (voire supé­rieure dans certains domaines), 20% de commandes en moins ! Les yeux aguer­ris obser­ve­ront immé­dia­te­ment une section oscil­la­teurs dépouillée et des enve­loppes tronquées. Il ne s’agit donc pas de suppri­mer des modules vitaux (il y a bien 2 oscil­la­teurs dispo­nibles, par exemple), mais de simpli­fier l’ex­pé­rience de la synthèse, réduire certaines fonc­tion­na­li­tés et accé­lé­rer les moyens pour fabriquer des sono­ri­tés variées. Véri­ta­ble­ment redé­fi­nir le marché en bous­cu­lant les approches tradi­tion­nelles, pour atti­rer de nouveaux types d’uti­li­sa­teurs ou d’usages, ce que les stra­tèges appellent Océan Bleu (le Mini­Brute d’Ar­tu­ria est un exemple de cette approche).

Nord Lead A1

Autres points d’er­go­no­mie en vrac, il est immé­diat d’as­si­gner des potards à une source de morphing, de trans­po­ser par octave (mais pas par demi-ton), de créer des splits/couches, de copier/muter/isoler des parties, de créer des sons aléa­toires (fonc­tion Rando­mize) ou des muta­tions sonores plus progres­sives (fonc­tion Mutate), ou encore de prendre une photo virtuelle de l’état de la façade avant de passer à autre chose (fonc­tion Like qui crée 50 instan­ta­nés en mode Programme et 50 en mode Perfor­mance, sur lesquels on peut reve­nir à volonté). En mode Perfor­mance, on peut même éditer plusieurs parties en même temps (fonc­tion « Multi Focus »). Un biblio­thé­caire gratuit permet de gérer les banques à partir d’un PC/Mac via l’in­ter­face USB, cool.

Tout n’est cepen­dant pas parfait en termes d’er­go­no­mie : outre l’ac­cès déli­bé­ré­ment limité à certains para­mètres de synthèse lié au posi­tion­ne­ment du Lead A1, on déplore l’unique mode Snap des potards (saut de la valeur stockée à la valeur physique dès qu’on les bouge), l’ab­sence de vrai LCD (notam­ment pour nommer les sons ou visua­li­ser les valeurs stockées en plus de celles en cours d’édi­tion) et le recours fréquent à la touche Shift pour atteindre les para­mètres dits secon­daires. Pour le reste, l’er­go­no­mie est au top !

Rouge son

Nord Lead A1

La poly­pho­nie initia­le­ment de 24 voix a été portée à 26 voix depuis l’OS 1.20 (1.32 testé), donc supé­rieure au Lead 4 ! Pour se mettre en appé­tit, on peut piocher dans les 400 programmes et 200 perfor­mances à 4 parties, dont les trois quarts contiennent des réglages d’usine, en majo­rité d’ex­cel­lente facture. Premiers constats, le Lead A1 est un camé­léon, capable de sonner vintage, moderne, gras, froid, doux, âpre… c’est surpre­nant ! Nous avons présenté diffé­rents exemples audio courts, mais nombreux, afin de démon­trer nos propos sur l’éten­due des terri­toires sonores couverts, la variété des filtres, l’in­té­gra­tion des effets et l’in­té­rêt des empi­lages et splits. Des nappes clas­siques aux textures éthé­rées, des sons FM typiques DX aux basses rondes ou acides, des solos très purs aux distor­sions exagé­rées, le Lead A1 se montre parti­cu­liè­re­ment docile et à l’aise.

Il nous semble que les niveaux audio des programmes sont moins élevés que sur le Lead 4, parti­cu­liè­re­ment hot en sortie, mais ce n’est peut-être qu’une impres­sion. En tout cas pas besoin d’at­té­nuer à la table, ni d’am­pli­fier d’ailleurs. En tripo­tant les filtres, on constate que les diffé­rents modes ont une réelle diffé­rence sur la couleur sonore, sur l’en­semble des plages de réglage. Une même source d’os­cil­la­teurs passée dans les 3 modes passe-bas 4 pôles donne des résul­tats très diffé­rents. La qualité audio est élevée. Avec les effets, le son prend son envol, que ce soit avec un effet d’en­semble, un délai subtil ou une réverbe pas trop débor­dante. Les sons avec inter­ac­tion d’os­cil­la­teurs ne produisent pas d’alia­sing notable, le nouveau moteur audio semble à la fois souple et bien dompté. Du très bon son !

NL A1 101
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  • NL A1 234 00:15
  • NL A1 347 00:27
  • NL A1 413 Mini 00:24
  • NL A1 413 TB 00:24
  • NL A1 PA12 00:22
  • NL A1 PA16 00:25
  • NL A1 PA17 00:19
  • NL A1 PA18 00:38
  • NL A1 PA20 00:33
  • NL A1 PB06 00:37
  • NL A1 Waves analo Ens Dist 00:35
  • NL A1 Waves digi­tal 00:36
  • NL A1 Waves formants Dry 00:36
  • NL A1 Waves formants Ens 00:37
 

Oscil­la­teurs bridés

Nous avons vu que le Lead A1 était basé sur une approche simpli­fiée de la recherche sonore. Comment cela se traduit-il en matière de synthèse ?

Nord Lead A1

On a 2 oscil­la­teurs, 1 filtre, 1 ampli, 1 LFO, 1 vibrato et 2 enve­loppes par voix. Mais on n’ac­cède pas à tous les para­mètres, en parti­cu­lier pour les oscil­la­teurs : plutôt que mettre à dispo­si­tion les mêmes para­mètres pour les 2 oscil­la­teurs, le Lead A1 les orga­nise en confi­gu­ra­tions où leurs para­mètres et inter­ac­tions sont prédé­fi­nis. Cela permet, avec très peu de commandes et de temps, d’ac­cé­der à une large palette de modèles. On commence par choi­sir la forme d’onde du premier oscil­la­teur avec un enco­deur assi­gné à un petit écran à 2 carac­tères (diodes 7 segments) : il y a 4 ondes analo­giques modé­li­sées basiques (carrée, dent de scie, triangle et sinus), 7 ondes analo­giques modé­li­sées compo­sées, 3 ondes à impul­sion fixe (la largeur d’im­pul­sion reste constante quel que soit le pitch), 9 réglages de 9 tirettes harmo­niques virtuelles d’orgue, 5 ondes métal­liques, 8 spectres numé­riques, 4 ondes de pianos élec­triques (type Fender / Clavi­net) et 7 ondes à formants (diffé­rentes voyelles synthé­ti­sées).

Nord Lead A1

Une fois l’onde sélec­tion­née, on choi­sit l’une des 8 confi­gu­ra­tions d’os­cil­la­teurs à l’aide d’un second enco­deur avec son petit écran à 3 carac­tères (diodes 7 segments) : Pitch, Detune, Shape, Sync, FM, AM, Mix ou Noise. Pitch est une confi­gu­ra­tion simple à un oscil­la­teur dont le pitch est piloté par le LFO et l’en­ve­loppe assi­gnable ; Shape est une confi­gu­ra­tion à un oscil­la­teur dont le contenu harmo­nique (par exemple la largeur d’im­pul­sion pour les ondes éponymes) est modu­lable par le LFO et l’en­ve­loppe ; Sync crée un oscil­la­teur virtuel pour synchro­ni­ser l’os­cil­la­teur prin­ci­pal, avec LFO et enve­loppe pour modu­ler le contenu harmo­nique (pas la hauteur) ; Noise ajoute un bruit blanc à l’os­cil­la­teur prin­ci­pal, avec une balance comman­dée par le LFO et l’en­ve­loppe ; Detune ajoute un second oscil­la­teur à l’os­cil­la­teur prin­ci­pal (une copie pour les ondes analo­giques modé­li­sées, une sinus à la fonda­men­tale pour les autres ondes) dont l’ac­cord fin est piloté par le LFO et l’en­ve­loppe ; les 4 confi­gu­ra­tions Mix (Sine, Tri, Saw et Pulse) ajoutent à l’os­cil­la­teur prin­ci­pal un oscil­la­teur secon­daire décalé à inter­valle fixe (-1 octave, fonda­men­tale, harmo­nique 3–5–6–7ème, +1 octave, +3 octaves) dont la balance est pilo­tée par le LFO et l’en­ve­loppe ; FM crée une FM à 2 opéra­teurs modu­lée par le LFO et l’en­ve­loppe ; enfin, AM crée de la modu­la­tion d’am­pli­tude de l’os­cil­la­teur prin­ci­pal via une onde sinus dont la fréquence est contrô­lée par le LFO ou l’en­ve­loppe. On peut donc créer un vaste terri­toire sonore à partir de seule­ment 3 para­mètres combi­nables et 2 sources de modu­la­tion, au prix de la souplesse.

Filtres modé­li­sés

Le filtre du Lead A1 reprend en partie les modes du Lead 4, à l’ex­cep­tion du passe-bas 8 pôles. Il reste donc les modes passe-bas 2 et 4 pôles, passe-bande, passe-haut, passe-bas 4 pôles Mini­moog et passe-bas 4 pôles TB-303. Ces deux derniers modes repro­duisent non seule­ment les carac­té­ris­tiques du filtre, mais égale­ment la modu­la­tion d’en­ve­loppe, les satu­ra­tions internes et le profil de l’en­ve­loppe d’am­pli­tude. Comme nous l’écri­vions pour le Lead 4, le filtre Mini­moog sature en entrée et résonne de manière pronon­cée et instable, alors que le filtre TB sature dans les basses, avec une belle réso­nance acidu­lée colo­rante et maîtri­sée qui n’entre pas en auto-oscil­la­tion.

Nord Lead A1

L’éten­due de la fréquence de coupure a été revue, puisqu’elle varie de 14 Hz à 35 kHz. Elle est modu­lable par le suivi de clavier (Off – 1/2 – 2/3 – 3/3), le LFO et l’en­ve­loppe assi­gnable (ADR bipo­laire contrô­lable par la vélo­cité, nous y revien­drons). Un Drive fine­ment dosable permet de salir le son en sortie de filtre de manière plus ou moins violente. Le signal termine (presque) sa course dans l’am­pli, avec niveau, pano­ra­mique et enve­loppe ADR modu­lable par la vélo­cité. Les voix du Lead A1 peuvent être jouées suivant diffé­rents modes : poly, mono, legato (mono sans redé­clen­che­ment des enve­loppes), glide ou unis­son (3 types : 2 voix par note avec désac­cor­dage et élar­gis­se­ment stéréo légers, 4 voix avec désac­cor­dage et élar­gis­se­ment stéréo légers et 4 voix avec désac­cor­dage et élar­gis­se­ment stéréo pronon­cés).

Modu­la­tions réduites

Nord Lead A1

Certains construc­teurs proposent des tas de modu­la­tions, des matrices et des séquen­ceurs à pas. Chez Nord, c’est plutôt l’in­verse, avec une approche droit au but. Le Lead A1 est encore plus dépouillé que le Lead 4 : 2 enve­loppes, 1 seul LFO et 1 vibrato. Les enve­loppes sont réduites à de modestes ADR… Le temps d’at­taque varie de 0,5 milli­se­conde à 45 secondes (ça claque bien !), le Decay de 3 milli­se­condes à 45 secondes avec une posi­tion Sustain (temps infini) et le Release de 3 milli­se­condes à 35 secondes. L’une des enve­loppes est assi­gnée unique­ment au volume alors que l’autre, bipo­laire, est assi­gnable au filtre et aux oscil­la­teurs (para­mètre variable suivant la confi­gu­ra­tion d’os­cil­la­teurs). La vélo­cité peut contrô­ler la quan­tité de modu­la­tion de chaque enve­loppe. Le Lead A1 propose aussi un vibrato qui peut être déclen­ché à la molette ou après un certain délai (0,5 ou 1 seconde), dont la vitesse et la quan­tité de modu­la­tion sont para­mé­trables via le menu (une rare excep­tion).

L’unique LFO est assi­gnable au filtre et aux oscil­la­teurs ; sa fréquence peut varier de 0,03 à 523 Hz (pas mal du tout !) et peut se synchro­ni­ser à l’hor­loge maîtresse suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (de 4 mesures à 1/64 de note, y compris les valeurs ternaires). Il est mono­dique et offre 5 formes d’onde basiques : carrée, dent de scie, rampe, triangle et S & H. Dispa­rus les 60 motifs addi­tion­nels présents sur le LFO du Lead 4 ! On gagne toute­fois un sympa­thique mode enve­loppe, où le LFO évolue sur un cycle unique et devient poly­pho­nique. Les courbes dispo­nibles sont la porte, le déclin, l’at­taque, l’AD et le S & H (diffé­rentes valeurs aléa­toires). Enfin, le Lead A1 propose un petit arpé­gia­teur assez dépouillé, mais indé­pen­dant du LFO (mieux que le Lead 4 sur ce point). Il peut agir de 1 à 4 octaves et dispose de 4 sens de lecture : haut, bas, alterné et aléa­toire ; on perd donc le mode poly­pho­nique du Lead 4 qui permet de faire bascu­ler des accords, dommage. Le tempo peut être asservi à l’hor­loge maîtresse suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles (dont des valeurs ternaires).

Dose de morphing

Le Lead 4 nous avait enchan­tés par ses possi­bi­li­tés de morphing continu et par impul­sion. Le Lead A1 est moins perfor­mant, puisqu’il ne comprend que le morphing continu, permet­tant de passer progres­si­ve­ment entre deux ensembles de réglages de para­mètres conti­nus. Il s’agit de tous les para­mètres assi­gnés à un potard (hormis le volume global). On repère faci­le­ment les potards concer­nés, puisqu’ils sont équi­pés d’une diode verte qui est allu­mée quand le para­mètre est mis sous morphing. Cela repré­sente 22 potards et 25 para­mètres, dont les modu­la­tions d’os­cil­la­teurs, les para­mètres de filtre, les segments d’en­ve­loppes, les réglages de LFO, les tempos, les divi­sions tempo­relles, les dosages d’ef­fets…

Nord Lead A1

Le passage progres­sif entre les deux profils de morphing se fait à la vélo­cité de frappe et à la molette (ou pédale ou CC01 MIDI), qui ont chacune leurs réglages indé­pen­dants pour chaque Programme ou Perfor­mance. Seuls les dosages d’ef­fets ne sont pas dispo­nibles pour être modu­lés par la vélo­cité.

Pour program­mer un morphing, on main­tient le bouton de la source de modu­la­tion (molette/pédale ou vélo­cité) puis on touille tous les potards dans la posi­tion finale souhai­tée, c’est on ne peut plus simple. Il est possible d’ef­fa­cer tout ou partie des réglages de manière tout aussi intui­tive. Pour faci­li­ter la tâche et libé­rer les deux mains lors de la program­ma­tion, une fonc­tion de main­tien est présente. On trouve même un copier/coller et des fonc­tions Muta­tor/Rando­mize pour faire évoluer les réglages au gré du hasard. Voilà qui contri­bue à faire oublier l’ab­sence de matrice de modu­la­tion et renforce l’orien­ta­tion jeu live de la machine. 

Effets distinc­tifs

Nord Lead A1

Avec le temps qui passe, la section d’ef­fets des synthés Nord évolue. Le Lead A1 est diffé­rent du Lead 4 sur ce point. Globa­le­ment, on perd certaines armes de destruc­tion massive (Bit Crusher, Compres­sor, Talk, Comb), mais on gagne en puis­sance sur les effets d’en­semble au grand complet. Disons-le tout de suite, les para­mètres sont peu nombreux, mais la qualité est là. On commence par un premier multief­fet consa­cré aux Ring Mod, Flan­ger, Phaser, Chorus, Ensemble et Drive. Le seul para­mètre modi­fiable et modu­lable est la quan­tité ou la vitesse pour les effets qui tournent. Le Phaser est modé­lisé à partir d’une Mu-Tron vintage : bien, sans plus ; le chorus stéréo est ample, parfait sur les voix ; l’En­semble est modé­lisé à partir d’un orgue Eminent vintage, sort en stéréo et convient parfai­te­ment aux cordes ; le Drive simule un ampli à lampes et permet de passer de petites satu­ra­tions à de grosses distor­sions.

Le deuxième proces­seur d’ef­fets est entiè­re­ment consa­cré au Délai, cette fois plus détaillé. Outre le tempo (20 à 1500 milli­se­condes, synchro­ni­sable à l’hor­loge maîtresse, avec touche Tap), il propose 4 niveaux de feed­back, une option ping-pong, un mode de réponse clas­sique ou analo­gique et une balance Wet/Dry. Très bien ! Mais ce n’est pas terminé, puisqu’on trouve un troi­sième et dernier proces­seur entiè­re­ment consa­cré à la réverbe, avec le choix de 5 types (Room, 2 Stage et 2 Hall) et une balance Wet/Dry. Cette réverbe est certes simpliste, mais tient bien sa place dans le contexte. Tous les effets possèdent un bouton de bypass, bien utile lorsqu’on programme. Bref, sur le Lead A1, c’est fromage ET dessert en ce qui concerne les effets !

4 par 4

Le Lead A1 peut assem­bler jusqu’à 4 programmes indé­pen­dants au sein du mode Perfor­mance. Grâce à 4 touches, on peut faci­le­ment sélec­tion­ner, acti­ver/muter/isoler, copier/coller n’im­porte quelle partie. La fonc­tion Multi Focus permet d’édi­ter toutes les parties acti­vées à la fois, nous l’avons déjà dit, mais nous le répé­tons, car c’est bien agréable !

Nord Lead A1

Il est très facile d’as­si­gner les parties en couche ou split. En mode Split, les slot AB et CD sont placés respec­ti­ve­ment de part et d’autre du point de sépa­ra­tion program­mable pour être direc­te­ment jouées sur le clavier ; il n’y a donc pas de multi­zones ou de fenêtres de vélo­cité. En revanche, chaque partie peut rece­voir sur son propre canal MIDI (notes, CC) quel que soit son statut (acti­vée ou pas) et ainsi être pilo­tée indé­pen­dam­ment par un séquen­ceur externe ; les canaux MIDI sont réglés de manière globale.

Excel­lente nouvelle, chaque programme d’une Perfor­mance conserve ses réglages d’ef­fets et d’ar­pé­gia­teur, pas besoin de sacri­fier des mémoires en mode Programme, c’est parti­cu­liè­re­ment appré­ciable. Mieux, toutes les éditions faites en mode Perfor­mance sont mémo­ri­sées indé­pen­dam­ment du mode Programme, au sein de 200 empla­ce­ments. Enfin, on peut router chaque partie vers l’une des 4 sorties indi­vi­duelles ou par paire stéréo (1&2 ou 3&4). C’est bien, mais cela reste un réglage global, comme les canaux MIDI. Les messieurs de chez Nord pour­raient-il revoir cela dans un futur OS ?

Nouvelle approche

Pour conclure, le Lead A1 tient bien ses promesses : il permet de créer très rapi­de­ment des sono­ri­tés variées et riches en couleurs : de l’ana­lo­gique à grain vintage ou moderne, du numé­rique à texture évolu­tive ou FM bien trem­pée, des orgues ou pianos élec­triques synthé­tiques… il est à l’aise partout et son nouveau moteur sonore nous a convain­cus. Certains raccour­cis nous ont quand même un peu coin­cés par moment, notam­ment lorsque nous avons voulu modu­ler le pitch et la largeur d’im­pul­sion d’un oscil­la­teur ; la simpli­fi­ca­tion vire parfois au simplisme, mais c’est beau­coup moins fréquent que ce que nous crai­gnions. Au final le Lead 1 (1622€ prix de vente conseillé), c’est la synthèse revi­si­tée, aussi bien pour les débu­tants, les produc­teurs pres­sés ou les synthé­tistes nomades, mais certai­ne­ment pas pour les nuls ! Nous lui desser­vons l’Award Valeur Sûre 2014.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC)

 

9/10
Award Valeur sûre 2014
Points forts
  • Qualité et diversité sonores
  • Construction tout métal
  • Compact et léger
  • Ergonomie réussie
  • Polyphonie confortable
  • Variété des formes d’onde
  • Interactions d’oscillateur
  • Excellents filtres modélisés
  • Enveloppes très rapides
  • Morphing avec destinations multiples
  • Arpégiateur multitimbral
  • Effets bienvenus
  • Multitimbralité à 4 couches
  • MIDI over USB
  • Fonctions Mutate, Randomize et Like
  • L’indépendance Programmes/Performances
  • Gestionnaire de programmes
Points faibles
  • Accès simpliste aux oscillateurs
  • Compromis dans les modulations
  • Paramètres d’effets limités
  • Arpégiateur dépouillé
  • Mode Performance assez rigide
  • Aftertouch aux abonnés absents
  • Pas d’entrée audio
  • Pas d’audio over USB
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.