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Concentré de modèles
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Le Jupiter-Xm est le premier exemplaire d’une nouvelle génération de synthés signés Roland, modélisant des gloires du passé de la marque, misant sur une polyphonie accrue et un nombre de modèles simultanés disponibles accrus. Pari gagnant ?

Test du Jupiter-Xm de Roland : Concentré de modèles

Le marché du synthé est en pleine ébul­li­tion : d’un côté, le revi­val analo­gique bat son plein, avec de nouveaux entrants, petits produc­teurs arti­sa­naux comme notre Balo­ran natio­nal ou puis­santes multi­na­tio­nales comme Behrin­ger, venant contes­ter la supré­ma­tie des construc­teurs histo­riques. D’un autre côté, les grands construc­teurs comme Kurz­weil ou Yamaha, déci­dés à faire renaître les stations de travail, après des années de silence pour certains majors, vrai­sem­bla­ble­ment assom­més par le Kronos de Korg. Quant à Roland, la marque semblait surtout concen­trée sur les séries Aira et Boutique ces derniers temps, modé­li­sant petit à petit ses gloires du passé.

Mais récem­ment, le construc­teur a annoncé plusieurs nouveau­tés pour les adeptes de musique élec­tro­nique : des boites à groove (MC), des stations de travail (Fantom) et des synthés à modé­li­sa­tion (Jupi­ter). Nous testons ici le Jupi­ter-Xm (OS version 1.03), basé sur une nouvelle plate­forme tech­no­lo­gique, bapti­sée Zen-Core, capable de combi­ner diffé­rentes synthèses numé­riques : lecture PCM, synthèse VA déri­vée du V-Synth et nouvelles modé­li­sa­tions analo­giques ABM. L’idée est de pouvoir empi­ler plusieurs types de sons avec une réserve de poly­pho­nie éten­due, à contre-courant de ce que les fabri­cants proposent ces derniers temps. Voyons si ce choix est payant…

Compact et robuste

Jupiter-Xm_2tof 04.JPGLe Jupi­ter-Xm fait partie d’une famille proli­fique d’ins­tru­ments compacts spécia­le­ment étudiés pour les studios-mallette ou les musi­ciens nomades. Il affiche 58 × 31 × 9 cm sous la toise et 4,4 kg sur la bascule. La construc­tion est très soignée : façade en métal peint, flancs en alu brossé, dessous en résine solide allé­gée. Roland semble avoir tourné la page de la série Aira dans laquelle le plas­tique et le vert flashy régnaient. Là, c’est sobre et clas­sieux. Les commandes, nombreuses, sont parfai­te­ment ancrées et agréables à manier. On dénombre 22 poten­tio­mètres rota­tifs, 8 enco­deurs cran­tés, 2 curseurs linéaires et 53 boutons rétroé­clai­rés. On appré­cie le soin dans les détails, comme par exemple la possi­bi­lité de régler l’in­ten­sité des LED acti­vées et désac­ti­vées, bien utile pour se repé­rer dans les ambiances sombres.

Le panneau est simple à comprendre : une première section renferme le poten­tio­mètre de volume, 2 curseurs linéaires et 3 boutons de modu­la­tion assi­gnables ; viennent ensuite les sections i-arpé­gia­teur, oscil­la­teurs et LFO. La partie centrale est réser­vée à l’édi­tion par menus : écran LED mono­chrome 128 × 64 points, 2 poten­tio­mètres cran­tés pour la navi­ga­tion dans les para­mètres et l’édi­tion, 4 flèches de navi­ga­tion dans les pages menus et 2 touches Enter / Exit. On peut initia­li­ser un son via la fonc­tion Write (curieux) ; on peut aussi véri­fier la valeur d’un para­mètre sans le modi­fier, mais il n’y a pas de touche / fonc­tion Compare ou Panel… En partie droite, on trouve les sections filtres, enve­loppes, ampli et effets. Tout à droite, des touches de mode permettent de chan­ger le rôle assi­gné à la rangée de 16 touches au-dessus du clavier, nous y revien­drons. Le mini-clavier est très agréable au toucher, une très bonne surprise. Les touches mesurent 10 cm de long et les trois octaves s’étendent sur 44 cm (à compa­rer aux 9 × 43 cm d’un Reface ou aux 44,5 × 10,8 cm d’un Mini­logue – oui, parfois la taille comp­te…). Il est sensible à la vélo­cité mais pas à la pres­sion. On peut le trans­po­ser rapi­de­ment par octave ou demi-ton, pratique ! Ceux qui veulent jouer avec au moins dix doigts devront attendre plusieurs mois la sortie du Jupi­ter-X, version 5 octaves à touches stan­dard et plein de commandes directes. À sa gauche, deux molettes de pitch­bend et modu­la­tion, assez inha­bi­tuelles au pays du bâton de joie où vit habi­tuel­le­ment Roland.

Jupiter-Xm_2tof 21.JPGOn passe à la connec­tique : on trouve une prise casque mini-jack 3,5 mm sur le devant, sous les molettes, merci ! Le reste est à l’ar­rière : bouton marche/arrêt, borne pour alimen­ta­tion externe à décou­page de type bloc au milieu qui envoie la sauce, entrée/sortie MIDI DIN (sortie commu­table en Thru), 2 prises pour pédales (modu­la­tion, main­tien), 2 entrées audio (ligne mini-jack 3,5 mm ou micro combo XLR/jack symé­trique avec mini-poten­tio­mètre de gain), 2 sorties audio prin­ci­pales stéréo (jack 6,35 et XLR), sortie casque (cette fois en jack 6,35 mm), prise USB A pour clé de sauve­garde et prise USB type B pour trans­mis­sion des données audio/MIDI vers un PC (2 entrées / 7 sorties audio stéréo en 24 bits / 44–48–88–96–192 kHz, après instal­la­tion d’un driver Windows ou Mac). C’est très complet, mais pourquoi avoir doublé les sorties prin­ci­pales plutôt qu’of­frir deux paires de sorties sépa­rées ? Sous le capot, il y a 4 haut-parleurs déli­vrant 2 × 4 Watts à travers la grille longi­tu­di­nale en façade. Leur puis­sance est suffi­sante et leur qualité accep­table pour un bon appoint en mode nomade. Cette volonté d’au­to­no­mie est complé­tée par une trappe située sous la machine, capable d’ac­cueillir 8 piles de type AA LR6 Ni-MH, promet­tant une auto­no­mie de 3,5 heures. Bien joué !

Prin­cipes géné­raux

Jupiter-Xm_2tof 14.JPGLe Jupi­ter-Xm est un synthé numé­rique multi­tim­bral de nouvelle géné­ra­tion, faisant appel à 2 DSP audio nouvelle géné­ra­tion dits BMC. La plate­forme Zen-Core combine plusieurs modé­li­sa­tions de synthés analo­giques (ABM) et la lecture de multié­chan­tillons (PCM). Les modèles four­nis à date sont tous issus d’ins­tru­ments la marque, vintage ou récents : Jupi­ter-8, Juno-106, JX-8P, SH-101, XV-5080 et pianos RD récents (hors RD-2000). Tous ont été redé­ve­lop­pés à partir d’an­ciens moteurs maison, à l’ex­cep­tion du JX-8P qui est une vraie nouveauté. D’autres modèles vien­dront s’ajou­ter si l’on en croit la récente inter­view du CEO de la firme, Jun-ichi Miki. C’est d’au­tant plus allé­chant quand on connait la qualité et la variété des moteurs déve­lop­pés sur la série Boutique : JX-3P, Juno-60, TB-03, TR-08, TR-909, VP-330, D-50. Sans parler des Plug-Out initia­le­ment conçus pour les System-1 et 8 : SH-2 et Promars.

La poly­pho­nie maxi­male est de 256 voix maxi­mum pour la partie PCM (moins si on empile plusieurs partiels, évidem­ment) et 32 voix allouées de manière dyna­mique entre les moteurs ABM (on est plus souvent sur 20–24 voix ABM pour les exemples sonores de nos tests, mais le vol des voix est bien géré). La multi­tim­bra­lité est de 5 parties, avec cepen­dant certaines restric­tions : le moteur RD-Piano et l’ef­fet Voco­deur ne peuvent être utili­sés que sur la partie 1 et la partie 5 est dédiée aux kits de batte­rie.

Jupiter-Xm_2tof 13.JPGLa machine fonc­tionne en perma­nence en mode multi­tim­bral, appelé scène, compre­nant les para­mètres communs (assi­gna­tion des contrô­leurs physiques, mixage global, arpé­gia­teur « intel­li­gent », effets globaux) et les réglages sépa­rés des cinq parties multi­tim­brales (réserve de notes, numéro de programme, mixage, zone clavier, zone de vélo­cité, offset de quelques para­mètres de synthèse pour éditer rapi­dos un Preset, para­mètres de synthèse complets pour créer son propre Tone, canal MIDI en émis­sion, filtres MIDI, effet de partie, EQ de partie). On peut sauve­gar­der 256 scènes et 256 Tones (desti­nés aux parties 1–2–3–4), mais pas les kits de percus­sions (réser­vés à la partie 5) qui ne sont hélas pas modi­fiables, ce qui est bien dommage. Il y a aussi des réglages système pour toute la machine : accor­dage, trans­po­si­tion, niveaux des entrées et des sorties (lignes, micro, USB audio), mode d’ac­ti­va­tion des haut-parleurs inté­grés, âge du capi­taine (simu­la­tion de l’usure de la machine, dans l’es­prit vintage), tempo/synchro, Blue­tooth, canaux MIDI en récep­tion, micro (niveau, porte de bruit, compres­seur), contrô­leurs physiques, effets maîtres de type maste­ring (EQ 5 bandes, compres­seur multi­bande). Sans oublier la gestion courante de la mémoire interne : sauve­garde, export, restau­ra­tion. L’âge du capi­taine que l’on vient d’évoquer est aussi un para­mètre dispo­nible dans chaque moteur de synthèse, en compa­gnie de la simu­la­tion d’in­sta­bi­lité (nous y revien­drons). Par contre, les canaux MIDI en récep­tion sont consé­cu­tifs pour chaque partie ; on choi­sit le premier et le Jupi­ter-Xm fixe les autres, domma­ge…

Entre mains et oreilles

Jupiter-Xm_2tof 12.JPGOn appré­cie de pouvoir touiller les para­mètres de synthèse courants en façade. Mais l’er­go­no­mie devient assez vite labo­rieuse dès qu’on entre dans le dur : d’une part, l’édi­tion des scènes et des confi­gu­ra­tions des parties néces­site de navi­guer dans des pages menu mal orga­ni­sées et inter­mi­nables (défi­le­ment des pages à l’ho­ri­zon­tale et des para­mètres à la verti­cale). Le petit écran mono­chrome, très souvent solli­cité, n’est pas des plus convi­viaux, même s’il est bien situé au centre sur le Jupi­ter-Xm (on en repar­lera sur le Jupi­ter-X où il est complè­te­ment excen­tré). D’autre part, il faut jongler avec pas mal de touches qui défi­nissent le rôle de la fameuse rangée de 16 touches au-dessus du clavier : Scène (touche Scène allu­mée), banque (Shift + Scène), Fonc­tion, choix de Modèle (touche Modèle allu­mée), assi­gna­tion de Modèle (touche Modèle main­te­nue), Partie. C’est donc ainsi que l’on choi­sit/active/coupe une partie, assigne un modèle, sélec­tionne un numéro de scène, sélec­tionne une banque de scènes, appelle un programme par caté­go­rie, choi­sit l’os­cil­la­teur à éditer (parmi 4), choi­sit/active/coupe les oscil­la­teurs, appelle des fonc­tions secon­daires (split, dual, porta­mento, unis­son, mono…). On se plante souvent pour chan­ger de partie ou de modèle de synthèse. Cela contraste avec le grand écran tactile du Fantom et son orga­ni­sa­tion logique !

Jupiter-Xm_2tof 18.JPGLe Jupi­ter-Xm est plutôt géné­reux en sons d’usine, puisque 80 scènes multi­tim­brales sont déjà program­mées parmi les 256 mémoires réins­crip­tibles et que chaque modèle comporte ses Presets : 104 pour le JP-8, 107 pour le Juno-106, 105 pour le JX-8P, 96 pour le SH-101, 896 pour le XV-5080 et 5 pour le RD-Piano. S’y ajoutent près de 3 000 Presets en vrac (modèles indé­fi­nis), 91 kits de percus­sions et 2 Presets de voco­deur. L’écoute des premiers sons fait immé­dia­te­ment émer­ger le gros poten­tiel sonore et ryth­mique. La diver­sité de moteurs sous la main permet de fabriquer rapi­de­ment des basses rondes ou grasses, des nappes amples, des cuivres brillants, des cordes émou­vantes. S’y ajoutent les multié­chan­tillons acous­tiques et élec­tro­niques de la partie PCM, qui même s’ils datent, complètent la partie synthé­tique pure ; on reste dans un esprit synthé avec conno­ta­tion vintage, pas station de travail passe-partout. Sans oublier les kits de percus­sions qui couvrent une large majo­rité de styles musi­caux. On appré­cie la poly­pho­nie éten­due par rapport aux anciens modèles ainsi que la multi­tim­bra­lité. Le seul hic ici, c’est le nombre réduit d’oc­taves, qui ne permet pas de jouer faci­le­ment deux sono­ri­tés sépa­rées main gauche / main droite ou des arti­cu­la­tions complexes. Du coup, on se rabat sur les empi­lages ou les arpèges multi­tim­braux, accom­pa­gnés d’un motif ryth­mique en parfaite synchro­ni­sa­tion. Nous revien­drons en détail sur la qualité de modé­li­sa­tion de chaque moteur sonore au sein des para­graphes respec­tifs. Avant d’en­trer dans le vif du sujet, on appré­cie aussi la réso­lu­tion des para­mètres conti­nus, souvent sur 1 024 valeurs, voire 2 048 pour certaines modu­la­tions bipo­laires. Merci !

Jupi­ter-Xm_1audio 01 Poly Arp 1
00:0001:24
  • Jupi­ter-Xm_1audio 01 Poly Arp 101:24
  • Jupi­ter-Xm_1audio 02 Poly Arp 201:26
  • Jupi­ter-Xm_1audio 03 Poly Arp 301:51
  • Jupi­ter-Xm_1audio 04 Poly Arp 402:40
  • Jupi­ter-Xm_1audio 05 Poly Arp 501:38
  • Jupi­ter-Xm_1audio 06 Poly Arp 601:54
  • Jupi­ter-Xm_1audio 07 Poly Arp 701:29
  • Jupi­ter-Xm_1audio 08 Poly Arp 802:26
  • Jupi­ter-Xm_1audio 09 Power Chords01:08
  • Jupi­ter-Xm_1audio 10 Bye Bye01:38

Moteur Jupi­ter-8

La synthèse ABM est basée sur une approche globale privi­lé­giant la poly­pho­nie et la multi­tim­bra­lité, par oppo­si­tion à l’ACB (utili­sée sur la série Boutique et le System-8) qui se foca­li­sait sur la préci­sion au niveau de chaque élément consti­tuant le synthé modé­lisé. Nous verrons pour chaque moteur si la qualité de modé­li­sa­tion s’en ressent vrai­ment. À tout seigneur tout honneur, commençons par le moteur Jupi­ter-8. Jusqu’à présent, la modé­li­sa­tion la plus réus­sie était incon­tes­ta­ble­ment celle du petit JP-08, plus fouillée que celle du System-8. Pour ne pas partir de zéro, le Jupi­ter-Xm intègre une centaine de programmes spéci­fiques JP-8, dont 32 repro­duc­tions des programmes origi­nels. Nous avons pu direc­te­ment compa­rer leur excel­lente qualité et leur compor­te­ment très proche du modèle, avec, suivant les réglages de vétusté et d’in­sta­bi­lité, des voix çà et là un peu désac­cor­dées, des enve­loppes incon­sis­tantes ou des filtres déca­lés. Nous retrou­vons la même poly­va­lence d’une machine très à l’aise dans les basses, les nappes, les cuivres, les strings, les leads et les grosses synchro. Des VCO discrets bien émulés, un filtre passe-bas très linéaire, des enve­loppes qui claquent… De nos souve­nir du moteur ACB du JP-08, le niveau semble ici équi­valent, donc un poil mieux que le System-8 dont la modé­li­sa­tion semblait moins précise.

Jupiter-Xm_3graph 01.JPGLe moteur Jupi­ter-8 reprend l’en­semble des para­mètres de synthèse du célèbre synthé lancé en 1981, auxquels il apporte quelques ajouts sympa­thiques. Il diffère en ce sens du moteur JP-8 présent dans le System-8 qui avait pris quelques liber­tés sur son modèle. Le son est généré par 2 oscil­la­teurs (accord de 2 à 16 pieds pour le premier et sur –12/+24 demi-tons pour le second + posi­tion basse fréquence + désac­cor­dage fin), avec Cross Modu­la­tion (effets spéciaux métal­liques ou distor­dus) et synchro­ni­sa­tion. Le premier oscil­la­teur offre les ondes triangle, dent de scie, impul­sion variable, carrée ; le second, les ondes sinus, dent de scie, impul­sion, bruit blanc. Les largeurs des impul­sions peuvent être soit modu­lées par le LFO ou l’en­ve­loppe 1, soit réglées à la main. La fréquence de chaque oscil­la­teur peut égale­ment être modu­lée par le LFO ou l’en­ve­loppe 1. Les deux oscil­la­teurs sont indé­pen­dam­ment dosés (pas mélan­gés comme sur le JP-8) puis entrent dans un filtre passe-haut statique (qui est en réalité placé en bout de chaîne), suivi d’un filtre passe-bas réson­nant 2/4 pôles. Là où le moteur diffère de son modèle, c’est qu’il propose trois types de filtres modé­li­sés : Roland, Moog ou Sequen­tial. Le filtre Roland s’ar­rête avant l’auto-oscil­la­tion (comme sur le JP-8), tout comme les deux autres filtres, sauf si on pousse le para­mètre de vétusté, auquel cas certaines voix se mettent en auto-oscil­la­tion (c’est un peu bizarre comme compor­te­ment, mais bon pourquoi pas…).

La fréquence de coupure du filtre peut être modu­lée par le LFO, l’une des deux enve­loppes dispo­nibles (modu­la­tion bipo­laire) et le suivi de clavier. La résul­tante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le niveau et la modu­la­tion par le LFO (4 posi­tions). Ce dernier est assez basique, avec réglages de vitesse, délai et forme d’onde (sinus, dent de scie, carrée, aléa­toire). Les deux enve­loppes sont des ADSR bien pêchues, capables de suivre le clavier, fonc­tion rare mais pour­tant fort utile. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unis­son (sans désac­cor­dage). La section de modu­la­tion physique du JP-8 (pitch­bend, pous­soir, porta­mento) est aussi inté­grée, agis­sant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simu­ler la dérive des VCO du JP-8 et la vétusté des compo­sants, comme déjà dit (âge). La haute réso­lu­tion des para­mètres conti­nus peut être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.

Moteur JU-106

Le deuxième moteur est dédié au Juno-106. Parmi les programmes four­nis, 32 Presets origi­nels du Juno-106. On appré­cie les sections de cuivres ou les poly­synths avec ce fameux chorus très typées 80 (généré ici par le MFX), que ce soit filtre ouvert ou fermé avec une attaque d’en­ve­loppe carac­té­ris­tique. On a aussi des nappes planantes douces, des orgues bien pêchus à attaques percus­sives ou des stan­dards cuisi­nés à la PWM : onde carrée acidu­lée, strings passés par le chorus, leads avec largeur d’im­pul­sion bala­deu­se… tout comme des basses puis­santes, tant rondes réso­nantes que grasses avec sous-oscil­la­teur.

Jupiter-Xm_2tof 11.JPGCertains membres nous ont demandé de compa­rer la modé­li­sa­tion du Jupi­ter-Xm à celle du JU-06. Nous avons profité du passage au studio d’un JU-06A pour réali­ser notre test, qui sonne comme le JU-06 en mode 106. Il a fallu au préa­lable ajus­ter les Presets censés être iden­tiques entre les deux machines pour qu’ils collent parfai­te­ment. Une fois ce travail fait, la diffé­rence est quasi indé­ce­lable, rien à dire là-dessus. À notre grande surprise, il y a beau­coup moins d’alia­sing dans les extrêmes aigus sur le Jupi­ter-Xm que sur le JU-06A ! En revanche, le niveau de sortie du Jupi­ter-Xm est beau­coup plus faible que celui du JU-06A, c’est lié à la réserve de dyna­mique néces­saire pour la poly­pho­nie totale supé­rieure. Fina­le­ment, quand on entend la qualité du moteur Juno-60 du JU-06A, on aurait sans hési­ta­tion préféré le 60 à la place du 106 ; cela vien­dra peut-être…

Au plan des réglages, on retrouve la bonne ving­taine de para­mètres éditables du Juno-106, permet­tant d’al­ler droit au but. Le son est généré par un DCO modé­lisé accor­dable sur 16–8–4 pieds, accom­pa­gné d’un sous-oscil­la­teur à onde carrée à l’oc­tave infé­rieure et d’un géné­ra­teur de bruit blanc. L’os­cil­la­teur peut géné­rer simul­ta­né­ment une impul­sion à largeur variable (marche/arrêt) et une dent de scie (marche/arrêt). Il n’y a donc pas d’in­ter­ac­tions d’os­cil­la­teurs (vu qu’il n’y en a qu’un). Le pitch peut être modulé par le LFO, alors que la largeur de l’im­pul­sion peut être réglée à la main ou modu­lée par le LFO (on est sur un 106, pas un 60). On peut doser le niveau du sous-oscil­la­teur et du bruit. Le tout passe ensuite dans un filtre passe-haut statique (réglable sur 4 posi­tions), suivi d’un filtre passe-bas réson­nant 4 pôles.

Là où le moteur diffère de son modèle, c’est qu’il propose trois types de filtres modé­li­sés : Roland, Moog ou Sequen­tial. Le filtre Roland est cette fois auto-oscil­lant (comme sur le Juno-106), les deux autres filtres se compor­tant comme sur le moteur Jupi­ter-8. La fréquence de coupure peut être modu­lée par le LFO, l’en­ve­loppe (modu­la­tion bipo­laire) et le suivi de clavier. La résul­tante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le volume et la source de modu­la­tion (Gate ou enve­loppe). Pour simu­ler le chorus du Juno, on doit mobi­li­ser le MFX (algo­rithme Juno chorus simu­lant les posi­tions I/II/I+II du chorus du Juno-106, avec possi­bi­lité d’ajou­ter du bruit de fond) car il n’y a pas de chorus endo­gène. Le LFO est plus que basique (une seule onde sinus), avec réglage de la vitesse (sub-audio) et du délai. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unis­son (sans désac­cor­dage). La section de modu­la­tion physique du Juno-106 (pitch­bend, modu­la­tion, porta­mento) est inté­grée, agis­sant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simu­ler une dérive d’os­cil­la­teurs (on modé­lise pour­tant un DCO stable par essence, mais bon, pourquoi pas…) et la vétusté des compo­sants (âge). La haute réso­lu­tion des para­mètres conti­nus peut là encore être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.

Moteur JX-8P

Il s’agit d’un nouveau modèle déve­loppé pour la plate­forme Zen-Core. Le JX-8P est un synthé du milieu des 80’s à base de DCO, dont l’ar­chi­tec­ture est un mélange de JX-3P et de JP-8. Basé sur un CI VCF-VCA IR-3R05, il n’a toute­fois ni les compo­sants ni le son de ces deux machines et avec le recul, on lui préfère le carac­tère du JX-3P (sans parler du JP-8 bien sûr). Parmi les programmes four­nis, on trouve 32 des 64 Presets origi­nels du JX-8P. Le point qui saute tout de suite aux oreilles, c’est l’ex­pres­si­vité des sono­ri­tés, puisque le JX-8P était l’un des premiers synthés analo­giques répon­dant à la vélo­cité, assi­gnable au pitch, au mixeur, au filtre et au volume. Du coup, à nous les pianos élec­triques dyna­miques, les basses filtrées expres­sives, les cuivres éner­giques, les leads qui giclent ; sans oublier les sons de cloches à la sauce Cross Mod, les effets spéciaux évolu­tifs et les percus­sions analo­giques dyna­miques. Fina­le­ment après écoute, la réponse en vélo­cité et les inter­ac­tions d’os­cil­la­teurs justi­fient à eux seul l’in­té­rêt de ce moteur.

Jupiter-Xm_2tof 09.JPGAu plan tech­nique, le son est généré par 2 DCO modé­li­sés (accord sur 16–8–4–2 pieds, sur –12/+12 demi-tons + désac­cor­dage fin), avec Cross Modu­la­tion (effets spéciaux métal­liques ou distor­dus) et synchro­ni­sa­tion. Chaque oscil­la­teur offre les ondes dent de scie, impul­sion fixe, carrée et bruit blanc. Leurs fréquences peuvent être modu­lées indé­pen­dam­ment par le LFO ou l’une des deux enve­loppes (modu­la­tion bipo­laire), avec vélo­cité sur l’ac­tion de l’en­ve­loppe. Les deux oscil­la­teurs sont indé­pen­dam­ment dosés, ce mélange étant modu­lable par l’une des deux enve­loppes et la vélo­cité. La résul­tante entre dans un filtre passe-haut statique à quatre posi­tions (qui est en réalité placé en bout de chaîne là encore), suivi d’un filtre passe-bas réso­nant 4 pôles. Là où le moteur diffère de son modèle, c’est qu’il propose trois types de filtres modé­li­sés : Roland, Moog ou Sequen­tial. Le filtre Roland est auto-oscil­lant, tout comme les deux autres (pourquoi cette fois et pas avec les précé­dents moteurs ? Mystè­re…).

La fréquence de coupure du filtre peut être modu­lée par le LFO, l’une des deux enve­loppes dispo­nibles (modu­la­tion bipo­laire avec modu­la­tion par la vélo­cité) et le suivi de clavier. La résul­tante passe alors dans un ampli, dont on peut régler le niveau et la source de modu­la­tion : enve­loppe 2 modu­lée par la vélo­cité ou Gate. Pour simu­ler le chorus du JX-8P, on doit mobi­li­ser le MFX car il n’y a pas de chorus endo­gène (l’al­go­rithme Juno Chorus précé­dem­ment évoqué offre aussi les modes JX I/II). Le LFO est assez basique, avec réglage de vitesse (cette fois jusqu’à l’au­dio), délai et forme d’onde (sinus, carrée, aléa­toire). Les deux enve­loppes sont des ADSR, asser­vis­sables par la vélo­cité et capables de suivre le clavier, fonc­tion rare mais pour­tant fort utile. Les modes de jeu des voix sont poly, mono ou unis­son (sans désac­cor­dage). La section de modu­la­tion physique du JX-8P (pitch­bend, pous­soir, porta­mento) est aussi inté­grée, agis­sant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simu­ler une dérive d’os­cil­la­teurs (on modé­lise pour­tant des DCO stables par essence, mais bon, à nouveau pourquoi pas…) et la vétusté des compo­sants (âge). La haute réso­lu­tion des para­mètres conti­nus peut là encore être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.

Moteur SH-101

Le SH-101 est un synthé mono lancé en 1982, au son juteux carac­té­ris­tique, avec un VCO, un sous-oscil­la­teur, un VCF, une seule enve­loppe et un LFO. Il a notam­ment été modé­lisé dans le SH-01A. Le moteur SH-101 du Jupi­ter-Xm est poly­pho­nique. Malgré l’ab­sence de chorus et l’unique oscil­la­teur, le son est gros et brut, diffé­rent des synthés poly­pho­niques de la marque à cette époque. Le filtre en impose, mettant en valeur les graves ; la réso­nance peut siffler sans écra­ser les basses fréquences et les PWM sont épaisses. On appré­cie la rapi­dité de l’en­ve­loppe, ça claque bien. Évidem­ment, avec le sous-oscil­la­teur, les basses sont le domaine de prédi­lec­tion de ce moteur. La réso­nance exces­sive du filtre en fait aussi un très bon candi­dat pour les kicks analo­giques. Mais le plus grand bonheur, c’est d’avoir tout ça en poly­pho­nie, soit pour jouer des accords, soit pour empi­ler des oscil­la­teurs. 

Jupiter-Xm_2tof 10.JPGLe géné­ra­teur sonore, accor­dable sur 16–8–4–2 pieds, produit simul­ta­né­ment une onde dent de scie, une impul­sion à largeur variable (manuelle ou modu­lable par le LFO ou l’en­ve­loppe), une onde carrée à 1 ou 2 octaves sous la fonda­men­tale (avec commu­ta­tion possible en impul­sion étroite à –2 octaves) et un bruit blanc. Lorsqu’on pousse les niveaux en addi­tion­nant les formes d’onde, on obtient une satu­ra­tion natu­relle agréable. La sortie du mixeur attaque ensuite un filtre passe-bas 4 pôles réso­nant. Là où le moteur diffère de son modèle, une désor­mais habi­tude sur le Jupi­ter-Xm, c’est qu’il propose trois types de filtres modé­li­sés : Roland, Moog ou Sequen­tial. Le filtre Roland est ici auto-oscil­lant (pas qu’un peu !), tout comme les deux autres (pas qu’un peu non plus !). La fréquence de coupure peut être modu­lée par l’unique enve­loppe (modu­la­tion bipo­laire), le LFO et le suivi de clavier. On peut modu­ler le volume par l’en­ve­loppe parta­gée ou lui faire prendre la porte (mode Gate, of course).

Le LFO est basique, avec un réglage de vitesse (jusqu’à l’au­dio) et de forme d’onde (triangle, carrée, aléa­toire). L’en­ve­loppe est de type ADSR clas­sique, avec diffé­rents modes de redé­clen­che­ment : à chaque nouvelle note, à chaque nouvelle note lorsqu’au­cune autre n’est tenue ou à chaque début de cycle du LFO. Vu que le moteur est poly­pho­nique, on peut jouer les voix en poly, mono ou unis­son (sans désac­cor­dage). La section de modu­la­tion physique du SH-101 est aussi inté­grée, agis­sant sur le pitch et le filtre. On peut aussi simu­ler une dérive d’os­cil­la­teurs (on modé­lise pour­tant des DCO stables par essence, mais bon, pourquoi pas ter…) et la vétusté des compo­sants (âge). La haute réso­lu­tion des para­mètres conti­nus peut là encore être réduite, pour les jusqu’au-boutistes.

Moteur XV-5080

Comme pour le JX-8P, il s’agit d’un nouveau moteur déve­loppé pour la plate­forme Zen-Core. Produit en 2000, le XV-5080 fut long­temps l’ex­pan­deur à lecture d’échan­tillons le plus puis­sant du marché, capable de produire 128 voix de poly­pho­nie sur 32 parties à partir d’une Rom PCM de 64 Mo, à laquelle on pouvait ajou­ter 4 cartes SR-JV80 « ancienne géné­ra­tion » de 16 Mo et 4 cartes SRX « nouvelle géné­ra­tion » de 64 Mo (soit 512 Mo de mémoire totale en comp­tant les 128 Mo de RAM, énorme il y a 20 ans !). Les dernières béné­fi­ciaient d’échan­tillons « nouveaux », plus longs, plus nombreux (en tessi­ture et en couches) donc plus réalistes. Dire que ces échan­tillons datent un peu est un doux euphé­misme, mais les nostal­giques appré­cie­ront cette Rom somme toute correcte, même si large­ment dépas­sée par les nouvelles stations de travail maté­rielles (sans parler des versions logi­cielles). On retrouve d’ailleurs les listes de sons dans le Fantom ; elles proviennent du XV-5080, mais aussi de l’AX-Edge, de l’Inte­gra-7, des exten­sions SL et des stations de travail FA. On fait en revanche un sérieux bond sur la poly­pho­nie.

Jupiter-Xm_2tof 06.JPGC’est, avec le RD-Piano, le moteur le plus pénible à éditer, car les commandes directes sont inadap­tées en fonc­tion­na­lité et nombre pour ce type de synthèse qui regroupe des centaines de para­mètres pour quatre couches sonores. Le petit écran souffre beau­coup, nous aussi ! Un Tone XV est consti­tué de 4 couches sonores (partiels). Chaque partiel comprend une fenêtre de tessi­ture et de vélo­cité avec fondus hauts et bas, un oscil­la­teur, un filtre, un ampli et un EQ. Les partiels sont arran­gés en struc­tures, au sein desquelles ils peuvent inter­agir deux par deux : synchro, modu­la­tion en anneau ou cross modu­la­tion (sorte d’AM complexe).

Les oscil­la­teurs peuvent faire appel soit à un multié­chan­tillon PCM (mono ou stéréo), soit une onde analo­gique modé­li­sée VA, soit une onde PCM-Sync, soit une onde Super­saw, soit un bruit blanc. Pour les PCM, on compte 2 126 multié­chan­tillons (mono/stéréo) en Rom, héri­tés des XV/JV et de leurs cartes d’ex­ten­sion ; la synthèse Super­Na­tu­ral n’est donc pas à l’ordre du jour. Les oscil­la­teurs VA, déri­vés du V-Synth, peuvent faire appel à 9 formes d’ondes élémen­taires : dent de scie, carrée, triangle (x3), sinus (x2), rampe ou Juno (dent de scie modu­lée) ; on peut faire varier la largeur d’im­pul­sion de chacune. Les ondes PCM-Sync utilisent 48 formes d’ondes que l’on peut détruire sauva­ge­ment. La Super­saw dispose d’un Detune, ce qui ravira les amateurs d’EDM.

Le pitch peut être direc­te­ment modulé à la main, aléa­toi­re­ment, par le suivi de clavier, avec un vibrato ou une enve­loppe multi-segments répon­dant à la vélo­cité et au suivi de clavier. Le filtre peut être de deux natures : TVF (multi­mode clas­sique Roland – 6 types) ou modé­lisé (VCF Jupi­ter/Moog/Sequen­tial + HPF). Dans le second cas, la poly­pho­nie prend une petite claque ; c’est bien normal, le résul­tat mérite ample­ment le sacri­fice. Les modu­la­tions sont confiées à 3 enve­loppes, 2 LFO à 11 formes d’ondes synchro­ni­sables (avec Step LFO program­mable sur 16 pas) et une matrice 4 sources / 16 desti­na­tions. Les sources englobent les contrô­leurs MIDI, les enve­loppes, les LFO, le suivi de clavier et la vélo­cité. En fin de parcours, on choi­sit le routage vers l’over­drive et/ou le MFX (multief­fets de partie), avec départs vers le chorus, le délai et la réver­bé­ra­tion.

Moteur RD-Piano

Le sixième moteur de synthèse est le RD-Piano, c’est-à-dire des multié­chan­tillons PCM passés dans un effet de réso­nance sympa­thique simu­lant le compor­te­ment des pianos acous­tiques. Ce n’est donc pas pareil que le moteur V-Piano du Fantom, qui pour sa part fait appel à une modé­li­sa­tion note par note. On ne peut l’as­si­gner qu’à la première partie sonore. Cinq Presets de base sont four­nis pour ne pas partir de zéro. D’après la liste des formes d’ondes dispo­nibles et nos oreilles, on dispose de trois pianos acous­tiques stéréo distincts (ABC), chacun avec trois niveaux de vélo­cité (mp, mf, f).

On peut en empi­ler jusque quatre couches par Tone (partiels 1–2–3–4). Cela aurait été bien que Roland pousse les multié­chan­tillons à davan­tage de couches, ce qui n’est plus du luxe de nos jours. Les para­mètres éditables sont peu ou prou les mêmes que ceux du moteur XV, nous ne nous y attar­de­rons donc pas à nouveau. En revanche, le MFX n’est plus dispo­nible ici. Il est remplacé par une modé­li­sa­tion de réso­nance sympa­thique. On peut régler la quan­tité de réso­nance des cordes et celle du corps du piano. Le résul­tat est vrai­ment très bon, que ce soit dans les réglages subtils ou au contraire les extrêmes, allant même jusqu’à des effets de réverbe.

Section effets

Le Jupi­ter-Xm orga­nise ses effets en trois niveaux hiérar­chiques : partie, scène et système. Chacune des quatre premières parties peut faire appel à un multi-effet distinct (MFX) et chacune des cinq parties possède un EQ trois bandes. Il existe cepen­dant une restric­tion, le moteur RD-Piano, comme nous venons de le voir. Lorsqu’on assigne un Tone à une partie, on peut utili­ser le MFX stocké avec lui ou repar­tir de zéro. C’est notam­ment utile pour certains modèles de synthés qui utilisent le chorus du MFX, cet effet d’étant pas endo­gène. Chaque MFX est capables de produire 90 algo­rithmes diffé­rents : filtres (EQ, boos­ter, wah-wah, Enhan­cer, simu­la­teur de HP), modu­la­tions (phaser, trémolo, auto­pan, HP tour­nant), chorus / flan­gers, proces­seurs de dyna­mique (OD, compres­seur, limi­teur), délais (simple, stéréo, multiple, écho à bande), effets lo-fi, modu­la­tions de pitch, simu­la­tions vintage (CE-1, SBF-325, SDD-320, Juno-106), loopers, DJFX, satu­ra­teurs… sans oublier les combi­nai­sons de deux effets, bien utiles pour les indé­cis du fromage ou dessert. Entre 5 et 15 para­mètres sont dispo­nibles par effet, certains synchro­ni­sables au tempo, d’autres, prédé­fi­nis dans chaque algo­rithme, modu­lables par la matrice dédiée (4 sources / 4 desti­na­tions, modu­la­tions bipo­laires).

Jupiter-Xm_2tof 19.JPGAu niveau scène, communs à toutes les parties, on dispose d’un OD, un chorus, un délai et une réverbe. Chaque partie peut être routée (ou non) vers l’OD (effet d’in­ser­tion) et offre des départs sépa­rés vers le chorus, le délai et la réverbe (effets paral­lèles). L’Over­drive est une simple distor­sion ses propres envois sépa­rés vers le chorus, le délai et réverbe. Le chorus offre 9 algo­rithmes (chorus stéréo, émula­tion de la pédale CE-1, émula­tion de SDD-320, délai stéréo, délai synchro, délai -> trémolo, double écho stéréo, triple écho stéréo et simu­la­tion du chorus des Juno-106/JX-8P). On peut défi­nir le niveau et la quan­tité d’en­voi vers la réverbe. Les autres para­mètres (entre 1 et 10) sont fonc­tion de l’al­go­rithme. On passe ensuite aux délais, décli­nés en 5 types stéréo, proches des délais déjà présents dans les effets chorus, avec possi­bi­lité de synchro­ni­sa­tion des temps. Ici aussi, on peut défi­nir le niveau et la quan­tité d’en­voi vers la réverbe. Les para­mètres (entre 1 et 10) dépendent de l’al­go­rithme choisi. Il y a enfin la réverbe, dotée de 7 algo­rithmes : Inte­gra-7 (5 types), Warm Hall, Hall, GS (8 types), SRV-2000 (15 types), SRV non linéaire et GM2 (6 types). On trouve géné­ra­le­ment une dizaine de para­mètres par type de réverbe. Des choix plus éclec­tiques qu’à l’ac­cou­tu­mée. Signa­lons que contrai­re­ment aux MFX, ces effets sont statiques. Ils peuvent être sauve­gar­dés dans chaque scène ou au plan global du synthé.

Au niveau global synthé enfin, on trouve un EQ para­mé­trique 5 bandes et un compres­seur multi­bande, permet­tant de maste­ri­ser le signal final selon le style souhaité ou la salle de concert, avec de nombreux para­mètres. S’y ajoutent deux effets micro : un réduc­teur de bruit et un compres­seur. On peut doser l’en­trée micro vers le chorus, le délai et la réverbe. On peut aussi la router vers le voco­deur inté­gré (tout comme l’en­trée USB audio), dispo­nible unique­ment sur la première partie d’une scène, comme le RD-Piano (ce qui signi­fie au passage qu’on ne peut pas avoir de RD-Piano si on utilise le voco­deur et réci­proque­ment). Le voco­deur est en fait traité comme un moteur de synthèse, on aurait pu en faire un para­graphe séparé. Il est doté de deux programmes, l’un plus clair, l’autre plus doux. La qualité est excel­lente, avec une très bonne intel­li­gi­bi­lité et une détec­tion impec­cable des consonnes et tran­si­toires. Le géné­ra­teur de bruit inté­gré fait aussi très bien son job. Dommage qu’on ne puisse éditer aucun para­mètre. On aime­rait à l’ave­nir pouvoir chan­ger le signal de synthèse, adap­ter les bandes de fréquences, déca­ler les formants… Peut-être dans une mise à jour ? Le voco­deur étant traité comme un moteur, on peut l’en­voyer vers les effets décrits ci-dessus, comme un programme clas­sique. Bien vu !

Arpé­gia­teur intel­li­gent

Le Jupi­ter-Xm est équipé d’un i-arpé­gia­teur utili­sant l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, à mi-chemin entre un arpé­gia­teur et un arran­geur, un peu comme un Karma de Korg. Il permet de géné­rer des arpèges simples ou multi­tim­brals sur les quatre premières parties d’une scène et un rythme sur la partie batte­rie. En façade, on choi­sit le type d’ar­pège et de rythme avec deux enco­deurs, on ajuste le tempo et c’est parti ! L’ar­pé­gia­teur fait alors varier les motifs en fonc­tion des notes jouées (fonc­tion Play Detec­tor Key) et du timing de jeu live (fonc­tion Play Detec­tor Beat). Plus on complexi­fie notre jeu, plus l’ar­pé­gia­teur enri­chit les motifs. On peut aussi désac­ti­ver ces fonc­tions « intel­li­gentes » pour jouer des arpèges clas­siques. La qualité du résul­tat dépend de ce que l’on joue et surtout du bon vouloir de la machine. Avouons que c’est parfois bluf­fant, parfois déce­vant, souvent impré­vi­sible, un peu comme le Karma de Korg où on pige que-dalle, mais sans les réglages infi­nis. Ici, prio­rité au jeu !

Jupiter-Xm_3graph 02.JPGLa mémoire interne renferme 55 types d’ar­pèges et 44 types de motifs. Si on change de type alors qu’un motif tourne, celui-ci est bruta­le­ment inter­rompu, c’est ballot ! La partie qui gère le timing (Play Detec­tor Beat) possède 10 niveaux de sensi­bi­lité, qui modi­fient les motifs de manière plus ou moins dras­tique. Le manuel conseille de réduire la valeur si on trouve que ça varie trop d’une mesure à l’autre alors qu’on joue avec régu­la­rité. On peut aussi mettre un peu de Shuffle pour détendre l’at­mo­sphère. Au plan de chaque partie, on peut éditer bon nombre de para­mètres supplé­men­taires d’ar­pège : réso­lu­tion de la grille, tessi­ture de scan (+ ou – 3 octaves), trans­po­si­tion (+ ou – 36 demi-tons), motif (haut, bas, alterné, aléa­toire, comme joué, rythme non trans­posé, phrase trans­po­sée, basse prio­ri­taire), durée (en propor­tion par rapport à la longueur de note jouée), Shuffle, vélo­cité (valeur fixe ou comme jouée). D’autres réglages permettent de spéci­fier comment les arpèges sont enchaî­nés quand le Play Detec­tor Beat est activé (immé­dia­te­ment, à la fin du batte­ment, à la fin de la mesure, à la fin du cycle d’ar­pège), comment les notes en cours sont arrê­tées lorsque le motif d’ar­pège change, comment les accords sont scan­nés, comment deux notes iden­tiques sont gérées dans un arpège multi­tim­bral (possi­bi­lité de Ducking), etc. L’uti­li­sa­teur devra y consa­crer du temps pour bien para­mé­trer son arpé­gia­teur, car cela change le cours des choses.

Il gagnera égale­ment à consa­crer du temps à l’édi­tion des arpèges par pas. Pour cela, il faut action­ner le bouton Step Edit lorsque le motif en cours de jeu nous satis­fait ou au contraire partir de rien. L’écran affiche alors les arpèges sous forme de grille de 64 pas et 16 notes maxi­mum. On peut les éditer par pages succes­sives de 16 pas en ligne et 4 notes en colonne, grâce à la rangée de 16 boutons (sélec­tion directe du pas), aux 2 enco­deurs et aux 4 flèches situés sous l’écran. Pour chaque pas, on peut entrer des notes, défi­nir la vélo­cité (de 0 à 9 par pas de 20, certai­ne­ment pour que le chiffre puisse entrer dans les petites cases), insé­rer une liai­son ou impo­ser le silence. Le bouton Part permet d’al­ter­ner entre les 5 parties multi­tim­brales. La touche S3 permet quant à elle d’écou­ter immé­dia­te­ment le résul­tat obtenu. Dès que l’on est content du résul­tat, on peut le sauve­gar­der dans la scène en cours ou l’ex­por­ter sur clé USB via le menu utili­taire, afin de l’uti­li­ser dans une STAN. Chaque partie conte­nant des données est alors expor­tée dans un fichier au format SMF Type 0, inté­grant le canal MIDI utilisé par la partie. On nomme le fichier et le Jupi­ter-Xm ajoute auto­ma­tique­ment le numéro de partie à chaque fichier généré, sympa. Les notes arpé­gées sont trans­mises en MIDI sur le canal d’émis­sion réglé en mode Scène, parfait !

L’ins­tant X

Le Jupi­ter-Xm est un concen­tré de synthés vintage Roland modé­li­sés, tant analo­giques que numé­riques. S’y ajoute la lecture d’échan­tillons pour couvrir un maxi­mum de terri­toires sonores. On appré­cie le nombre de modèles fourni, la poly­pho­nie nette­ment accrue et la multi­tim­bra­lité. La qualité de modé­li­sa­tion est au rendez-vous, tout comme la soli­dité. De la place semble dispo­nible pour accueillir de nouveaux moteurs, le CEO de Roland, l’a promis, nous suivrons ce point de près. Les commandes directes permettent d’ac­cé­der à la majo­rité des para­mètres de synthèse sous­trac­tive. Hélas, cela se gâte dès qu’on veut atteindre des réglages supplé­men­taires, de synthèse ou globaux, confiés à des menus dérou­lants souvent inter­mi­nables ou des touches multi­fonc­tions. On se plante souvent et cela casse l’am­biance, pour­tant bien assu­rée par le sympa­thique arpé­gia­teur multi­tim­bral dit intel­li­gent (même si on ne comprend pas toujours comment il fonc­tionne et que sa flui­dité est perfec­tible). Les sons PCM, tirés des gloires du passé (XV et leurs cartes), sont datés, mais c’est un parti pris, le Jupi­ter-Xm n’a pas voca­tion de rempla­cer le Fantom. Il n’en a d’ailleurs ni la puis­sance, ni la poly­va­lence, ni le prix. Le clavier limité à trois octaves peut aussi refroi­dir si on veut profi­ter de toute la puis­sance sous le capot. Il oriente le Jupi­ter-Xm aux studios-mallette (ou plutôt petite malle), aux répé­ti­tions de tour­née (grâce aux HP inté­grés et au piles) ou aux scènes exigües. Dans ces confi­gu­ra­tions, le Jupi­ter-Xm se fera rapi­de­ment une place de tout premier ordre.

 

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8/10
Points forts
  • Qualité sonore et musicalité
  • Multiples modèles émulés
  • Polyphonie très confortable
  • Multitimbralité sur cinq parties
  • Allocation dynamique des voix
  • Solide section effets
  • Vocodeur qui sonne bien
  • Contrôle MIDI intégral
  • USB audio multicanal
  • Entrée Bluetooth audio/MIDI
  • Arpégiateur multitimbral intelligent
  • Possibilité de créer ses motifs
  • Qualité de construction
  • Commandes directes
  • Connectique généreuse
  • Alimentation par piles
  • Haut-parleurs intégrés
  • Compacité et autonomie
  • Plateforme extensible
Points faibles
  • Sons PCM datés
  • Drum kits non éditables
  • Vocodeur non éditable
  • Défilé de pages menus
  • Touches à fonctions multiples
  • Compact mais limité à trois octaves
  • Pas de réponse à la pression
  • Interruptions lors de la sélection d’arpèges
  • Pas de sorties analogiques séparées
  • Alimentation externe
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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