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Modal Electronics Modulus 002
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Test du 002 de Modal Electronics

Synthétiseur hybride analogique/numérique de la marque Modal Electronics

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Prix public : 3 795 € HT
Test écrit
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So British
7/10
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Aussi rare que racé, le 002 est un synthé hybride polyphonique multitimbral conçu à Bristol par des fans du son PPG. Monstre sacré ou sacré monstre ?

Test du 002 de Modal Electronics : So British

En 2014, le 002 est le premier synthé poly­pho­nique signé Modal Elec­tro­nics (ancien­ne­ment Modu­lus), conçu par P. Maddox, fana­tique du son PPG. Très diffi­cile à trou­ver de notre côté de la Manche, il aura fallu une traque digne de Sher­lock Holmes pour en attra­per un exem­plaire. « Tout vient à point à qui sait attendre » synthé­ti­se­rait bien cette aven­ture, arri­vant à son épilogue dans les lignes qui vont suivre. C’est au Pays Cata­lan que nous avons déni­ché la perle rare chez l’ami Clari­net­te66, grand amateur de beaux synthés, qui nous avait déjà confié son Quan­tum : une fois acquis son beau 002 (l’un des 100 premiers Modu­lus construits en 2014), il l’a envoyé chez Modal Elec­tro­nics pour lui faire instal­ler l’op­tion audio­nu­mé­rique/effets et nous l’a ensuite confié ; merci mon cher Stéphane ! Alors que nous venons à peine de tester l’Argon8, il s’agit cette fois d’un rétro-test sur un maté­riel récent, chose plutôt inha­bi­tuelle. Et de l’in­ha­bi­tuel et du dérou­tant, on n’a pas fini d’en croi­ser, sous les couleurs de l’Union Jack qui trône fière­ment à gauche du panneau… Let’s go !

Say Hello

002_2tof 02.JPGSi le 002 a plusieurs années de vol, le dernier OS ne remonte qu’à un an (1.3 d’après le manuel, 1.03 quand on contrôle la version à l’écran). Dès le débal­lage, le synthé impres­sionne à plusieurs titres : son poids élevé (16,5 kg) au regard de sa rela­tive compa­cité (89 × 40 cm), la dispo­si­tion de ses commandes en courbes harmo­nieuses (on peut aussi y voir une tête de Mickey et des Inva­ders), la forme de ses enco­deurs, la texture de ses flancs, les graphismes clas­sieux rouge et gris de l’écran central. La qualité de construc­tion et le choix des maté­riaux semblent soignés : coque en métal épais, capu­chons en alu tourné, flancs en cuir brun estampé (brillants noirs sur la dernière version signée Modal), bâton de joie à ressort, clavier 5 octaves Fatar TP/9 semi-lesté parfai­te­ment équi­li­bré, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion… on se croi­rait presque dans une Rolls ! Presque, car quelques détails viennent un peu gâcher ce beau tableau : certaines commandes s’en­foncent un peu quand on appuie dessus, indiquant des cartes élec­tro­niques insuf­fi­sam­ment fixées pour leur rigi­dité ; les enco­deurs bougent sur leur axe, ils ne sont pas vissés au panneau ; parfois, certaines LED s’éteignent et les boutons deviennent inuti­li­sables, bon…

002_2tof 18.JPGCôté ergo­no­mie, le 002 déroute autant qu’il fascine. Avec 57 enco­deurs lisses très sensibles, 1 seul poten­tio­mètre (volume) et 68 boutons pous­soirs (ronds façon M&M’s et carrés/ronds façon Matrix-12), il y a de quoi faire sans entrer dans les menus. Cepen­dant, on n’y échappe pas pour atteindre les nombreux réglages dispo­nibles. Ceci se fait en appuyant sur l’une des 6 touches situées sous l’écran, corres­pon­dant aux 9 pages prin­ci­pales d’édi­tion : programme/perfor­mance, séquen­ceur/anima­teur, para­mètres/favo­ris, sauve­garde, compa­rai­son et réglages géné­raux. Chaque page est divi­sée en sous-pages, dans lesquelles les para­mètres portent un numéro d’ap­pel rapide : on y « flotte » en compo­sant le numéro avec le pavé numé­rique, ou en navi­gant avec l’en­co­deur-pous­soir et trois autres pous­soirs (arrière/sélec­tion/avant). Une fois habi­tué, on gagne du temps. On ne peut pas régler l’angle de visi­bi­lité de l’écran ; dommage car il est diffi­cile à lire assis. Sur le plan fonc­tion­nel, on sent que l’OS n’est pas des plus stables ou des mieux opti­mi­sés : notes figées, plan­tages, délai dans la sélec­tion des Perfor­mances multi­tim­brales (8 secondes !), embal­le­ment spon­ta­né… Crazy 002 ! 6 ans après sa sortie et un dernier OS datant de 2019, on a du mal à imagi­ner que la machine sera un jour fina­li­sée…

Connec­ting people

002_2tof 09.JPGAllez, on passe à l’ar­rière, pour y décou­vrir une connec­tique plutôt four­nie : à gauche, deux sorties audio combo XLR (symé­trique femelle) / jack (asymé­trique), deux entrées audio jack TS (routage des signaux vers le VCF, nous en repar­le­rons), un connec­teur D-Sub 15 broches appor­tant 12 sorties analo­giques indi­vi­duelles asymé­triques (pour ceux qui trou­ve­ront un câble épanoui adapté, puisqu’il n’est pas fourni), une prise USB-B (dispo­nible avec l’op­tion carte numé­rique). A droite du panneau arrière, on trouve un trio MIDI DIN, un port USB-A (MIDI, appa­reils compa­tibles), un port Ether­net RJ45, deux entrées pour pédales (main­tien et contrô­leur continu assi­gnable) et une borne IEC 3 broches flanquée de son inter­rup­teur secteur (alimen­ta­tion interne univer­selle, well done Sirs !).

La prise Ether­net RJ45 permet de relier direc­te­ment le 002 au serveur de Modal via un routeur, pour parta­ger des banques ou mettre jour l’OS. A partir d’un PC, en tapant l’adresse IP assi­gnée par le routeur, on peut pilo­ter l’en­semble des fonc­tions du 002 (para­mètres sonores, banques, réglages système) avec un navi­ga­teur HTML, donc sans appli. Origi­nal ! La prise casque est située à l’avant droit, direc­te­ment dans le pli métal­lique sous le clavier. Inha­bi­tuel mais bien pratique. Nous avons déjà évoqué la carte numé­rique option­nelle ; elle ajoute trois proces­seurs d’ef­fets et l’au­dio­nu­mé­rique multi­ca­nal via USB, nous y revien­drons en détail en fin de test.

Hybrid sound

Le 002 est un synthé hybride (oscil­la­teurs numé­riques, VCF, VCA) poly­pho­nique 12 voix et multi­tim­bral 12 canaux. L’énorme mémoire interne réins­crip­tible contient 100 banques de 100 programmes simples et 100 banques de 100 perfor­mances multi­tim­brales, ce qui permet de voir venir. Plusieurs centaines de programmes sont propo­sés par le construc­teur et les utili­sa­teurs, gratui­te­ment télé­char­geables sur le serveur du construc­teur via la fameuse prise Ether­net. Les banques sont un mélange de textures diverses, ensembles synthé­tiques, nappes évolu­tives, tables d’ondes, basses, pas toutes inou­bliables.

002_2tof 20.JPGOn déplore l’ab­sence de Perfor­mances multi­tim­brales d’usine ; il y a une banque utili­sant les effets de la carte option­nelle, ainsi que quelques présé­lec­tions d’ef­fets. On peut aussi orga­ni­ser les sons en 100 banques de 12 favo­ris (poin­tage vers des programmes unique­ment, le poin­tage vers les perfor­mances, séquences ou autres étant affi­ché mais pas dispo­nible !) ; ils sont ensuite rappe­lés avec la rangée de 12 touches en partie gauche du panneau.

En écou­tant les premiers sons, nous avons trouvé les niveaux des sorties analo­giques assez faibles, même en XLR symé­trique. Nous avons alors désac­tivé la fonc­tion de compen­sa­tion auto­ma­tique de gain de la carte numé­rique option­nelle (prévue pour éviter la distor­sion via l’au­dio USB multi­ca­nal) et réglé le gain à la main (50 à 100 suivant le son). Là nous avons retrouvé un niveau correct. Le 002 est très à l’aise sur les textures évolu­tives type PPG ou Prophet-VS, les nappes luxu­riantes, les sons cris­tal­lins et les sons qui se baladent dans tous les sens, grâce à de nombreuses possi­bi­li­tés d’ani­ma­tion. Chose curieuse et sympa­thique, les oscil­la­teurs numé­riques ont tendance à déri­ver natu­rel­le­ment, alors qu’au­cun para­mètre du genre n’est prévu. Rensei­gne­ments pris chez le construc­teur, cela est dû à leur concep­tion indé­pen­dante, chaque carte voix ayant ses propres géné­ra­teurs oscil­lant libre­ment avec leur propre phase. Quoi qu’il en soit, le résul­tat sonore est convain­cant. Le 002 est tout aussi à l’aise dans les gros sons de basse (pas seule­ment empi­lés), là où on ne l’at­ten­dait pas vrai­ment. Il ne rempla­cera pas un mono analo­gique dédié type Moog, mais s’en sort très bien sur les basses à tran­si­toires claquan­tes… 

002_1audio 01 Huge Pad
00:0000:50
  • 002_1audio 01 Huge Pad00:50
  • 002_1audio 02 Vocal Colours00:58
  • 002_1audio 03 Add Harm00:40
  • 002_1audio 04 Hybrid Strings01:00
  • 002_1audio 05 Stack The Bass00:52
  • 002_1audio 06 VCF EG00:52
  • 002_1audio 07 DeRez PPG00:41
  • 002_1audio 08 The Arri­val00:31
  • 002_1audio 09 Multi Wave01:01
  • 002_1audio 10 Big Phatty00:52
  • 002_1audio 11 Big Sync00:19
  • 002_1audio 12 Vocal 200:39
  • 002_1audio 13 PPG 200:39
  • 002_1audio 14 Chan­ged Heart00:49
  • 002_1audio 15 Last Bass00:37

Nume­ri­cal oscil­la­tions

002_2tof 17.JPGPour produire le son, chacune des 12 voix dispose de 2 NCO (oscil­la­teurs contrô­lés numé­rique­ment), 2 sous-oscil­la­teurs, un mélan­geur, un VCF et un VCA. Les NCO sont des oscil­la­teurs à fréquence d’échan­tillon­nage variable suivant la tessi­ture (un peu comme sur les PPG Wave et le Prophet-VS), ce qui les distingue des oscil­la­teurs numé­riques clas­siques à fréquence fixe et leur apporte un son plus défini sur toute l’éten­due du clavier. Pour chacun, on peut choi­sir la forme d’onde parmi 56 ondes courtes (dont un bruit et une onde à largeur d’im­pul­sion variable), l’ac­cor­der (+/-24 demi-tons) et acti­ver le mode PW. On peut évidem­ment désac­cor­der fine­ment les deux NCO pour épais­sir le son. Les autres manières d’avoir un gros son est d’em­pi­ler plusieurs voix et de les désac­cor­der, soit en mode unis­son (1 à 12 voix simul­ta­nées en mono), soit en mode Stack (1 à 12 voix parta­geant la poly­pho­nie). On trouve aussi les modes clas­siques Poly et Mono avec prio­rité de note (dernière, haute, basse, aucune). N’ou­blions pas le mode Chord, caché dans le menu, prévu pour mémo­ri­ser un accord et le trans­po­ser ensuite d’un seul doigt.

Un réglage DeRez permet de modi­fier la couleur des ondes en ajou­tant des aigus, créant par moment de l’alia­sing dans les aigus et du buzz dans les graves, un peu comme sur les synthés hybrides vintage. D’ailleurs le 002 produit lui-même un peu d’alia­sing dans les aigus, même sans DeRez. On peut synchro­ni­ser les deux NCO (le NCO2 étant l’es­clave auquel le NCO1 impose sa fréquence, ce qui modi­fie son contenu harmo­nique lorsqu’il est désac­cordé, puisque sa forme d’onde est redé­clen­chée hors cycle). Chaque NCO possède un sous-oscil­la­teur, capable de produire soit une onde carrée fixe, soit la même onde que le NCO à l’oc­tave infé­rieure. Les NCO ne sont donc pas des tables d’ondes modu­lables, contrai­re­ment à l’Ar­gon8 qui va plus loin dans ce domaine. Nous verrons toute­fois qu’il est possible de recréer un effet assez proche avec la fonc­tion anima­teur assi­gnée au numéro d’onde (toute­fois sans lissage ni ordon­nan­ce­ment des ondes). Les quatre signaux (NCO et sous-NCO) ainsi créés sont ensuite dosés dans un mélan­geur avec les éven­tuels signaux externes présents aux entrées audio stéréo. Dans ce cas (c’est-à-dire dès que le volume du signal exté­rieur est supé­rieur à zéro), seules les 4 premières voix sont utili­sables, les autres étant condam­nées sans pitié, dommage ! 

Analog parts

Les signaux mélan­gés attaquent alors le filtre, doté d’un étage de satu­ra­tion analo­gique dosable, au rendu très inté­res­sant. Contrai­re­ment à ce que le panneau pour­rait le lais­ser penser, ce n’est pas au mélan­geur que cet étage est inté­gré mais bien au filtre. Ce dernier est un VCF discret en échelle de tran­sis­tors, capable de passer progres­si­ve­ment entre les modes passe-bas 4 pôles, passe-bande 2 pôles et passe-bas 1 pôle. La posi­tion passe-bas 4 pôles reste la plus inté­res­sante, les autres ne sont pas vrai­ment renver­santes au plan sonore, c’est d’ailleurs souvent le cas sur les filtres analo­giques en échelle d’autres marques.

002_2tof 15.JPGLa fréquence de coupure descend jusque 40 Hz et monte au-delà de 20 kHz. Mauvais point, on entend des effets de palier à réso­nance modé­rée, lorsqu’on bouge l’en­co­deur à vitesse lente, vu qu’il n’y a que 127 valeurs ; c’est moins flagrant quand on accé­lère le mouve­ment, comme s’il y avait un algo­rithme de lissage en tâche de fond. La fréquence de coupure est direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe dédiée, le LFO2 (celui qui est poly­pho­nique), la vélo­cité initiale et le suivi de clavier (avec déca­lage de note). Toutes ces modu­la­tions sont bipo­laires, tant mieux ! Augmen­ter la réso­nance atté­nue les basses, comme toujours sur ce genre de filtre. La pous­ser davan­tage met le filtre en auto-oscil­la­tion, avec géné­ra­tion d’une onde sinus assez douce en mode 4 pôles et plus criarde dans les autres posi­tions. Là, on se rend compte que les voix de notre 002 méri­te­raient sérieu­se­ment d’être reca­li­brées ; hélas ce n’est possible par logi­ciel, on se croi­rait reve­nus 40 ans en arrière ! Pire, Modal Elec­tro­nics ne four­nit pas la procé­dure de cali­bra­tion manuelle, impo­sant un retour atelier. Dommage, des photos publiées sur la toile révèlent qu’il n’y a que trois ajus­tables multi­tours par voix (sans doute deux pour le VCF et un pour le VCA…)

Le signal passe enfin dans le VCA, doté d’une enve­loppe dédiée avec réglage de quan­tité de modu­la­tion. Il n’y a pas d’autres modu­la­tions directes du volume, il faut passer par la matrice de modu­la­tion. Les voix sont alter­na­ti­ve­ment routées vers les sorties gauche/droite, sauf avec la carte audio­nu­mé­rique/effets option­nelle où on peut toutes les centrer puis les envoyer vers les effets. Pourquoi Modal n’a-t-il pas ajouté de réglage de pano­ra­mique en mode Programme pour les 002 équi­pés de cette option, vu que cela existe en mode Perfor­mance ?

In the mod

002_2tof 07.JPGPour modu­ler le son de manière tradi­tion­nelle, on dispose d’un porta­mento (avec mode auto­ma­tique), 2 LFO, 2 enve­loppes et une matrice de modu­la­tion. Le LFO1 est global pour les 12 voix (ou par canal en mode multi­tim­bral). Il offre quatre formes d’onde (sinus, dent de scie, carré et S&H) et un para­mètre de vitesse avec possi­bi­lité de synchro MIDI (diffé­rentes divi­sions tempo­relles sont prévues). Le LFO2 est quant à lui poly­pho­nique et un peu plus sophis­tiqué. En plus des para­mètres du LFO1, il offre un délai, une modu­la­tion bipo­laire de la vitesse par le suivi de clavier et plusieurs modes de cycle (libre, redé­clen­ché, un seul cycle libre, un seul cycle redé­clen­ché). Via le menu, on peut tripler la vitesse du LFO2 (mais pas jusqu’à l’au­dio) et passer en modu­la­tion posi­tive (surtout utile avec l’onde carrée). Les deux enve­loppes, de type ADSR, sont numé­riques. L’une est assi­gnée au VCF, l’autre au VCA. On peut régler la courbe des segments de déclin et relâ­che­ment (linéaire ou expo­nen­tielle), l’at­taque étant toujours linéaire (curieux). Ces enve­loppes ont quelque chose d’étrange, leur étalon­nage rend diffi­cile la plupart des réglages, que ce soit sur des temps courts percus­sifs ou des extinc­tions de relâ­che­ment. Un para­mètre permet de déci­der si l’en­ve­loppe est redé­clen­chée ou non à chaque note jouée.

On passe à la petite matrice de modu­la­tion, dispo­nible sous forme de deux ensembles de 3 sources et 8 desti­na­tions direc­te­ment assi­gnables en façade. Le premier ensemble permet de relier le LFO1, la pres­sion et la molette de modu­la­tion aux pitchs des NCO1/NCO2, aux numé­ros d’ondes des NCO1/NCO2, à la fréquence de coupure du filtre, à la posi­tion de réponse du filtre, à la satu­ra­tion et au volume. Le second ensemble permet de relier le LFO2, la vélo­cité et le suivi de clavier aux pitchs des NCO1/NCO2, aux numé­ros d’ondes des NCO1/NCO2, à la réso­nance du filtre, à la posi­tion de réponse du filtre, à la satu­ra­tion et au volume. Bref, cela repré­sente seule­ment 6 sources et 9 desti­na­tions, les enve­loppes n’en faisant pas partie, such a shame ! De plus, la quan­tité de modu­la­tion (bipo­laire) est commune pour toutes les desti­na­tions d’une même source, sauf le LFO2 qui possède des dosages de modu­la­tion par desti­na­tion (acces­sibles via le menu). Un mot enfin sur le bâton de joie, avec 4 direc­tions assi­gnables à une longue liste de desti­na­tions, dont le pilo­tage de la molette de modu­la­tion / CC1, elle-même assi­gnée via la matrice de modu­la­tion.

Triple Motion

L’un des points forts du 002 et de combi­ner un séquen­ceur, un anima­teur et un arpé­gia­teur, tous capables de pilo­ter le moteur interne, des instru­ments MIDI externes ou les deux en même temps. L’ar­pé­gia­teur offre 10 motifs : avant, arrière, pendu­laire avec répé­ti­tion des notes extrêmes, pendu­laire sans répé­ti­tion, aléa­toire sur un motif répété, aléa­toire total, avant par ordre crois­sant de note, arrière crois­sant, pendu­laire crois­sant avec répé­ti­tion et pendu­laire crois­sant sans répé­ti­tion. Les notes arpé­gées peuvent être répé­tées sur 1 ou 2 octaves, mais pas plus. Un mode de main­tien permet d’ajou­ter ou suppri­mer des notes à l’ar­pège en cours. Enfin, on peut défi­nir la divi­sion tempo­relle du motif. En revanche, le temps de Gate est fixé à 50% et il n’y a pas de facteur de swing ou autres Ratchets. Bref, ça reste basique.

002_2tof 16.JPGLe séquen­ceur possède 32 pas de 12 lignes direc­te­ment ajus­tables avec les 2 rangées de 8 enco­deurs-pous­soirs situés à droite du panneau (réglage/acti­va­tion du pas). Une ligne corres­pond à une note ou une modu­la­tion agis­sant en valeur abso­lue sur le moteur interne (note / para­mètres de synthèse et d’ef­fets) ou sur un instru­ment MIDI externe (note / CC MIDI). Chaque pas peut avoir une longueur spéci­fique, avec temps de Gate indi­vi­duel séparé pour la ligne de notes. Les para­mètres peuvent être lissés entre les pas, mais c’est leur valeur qui est lissée ; autre­ment dit, si on assigne le para­mètre Note d’un oscil­la­teur (accor­dage par demi-ton), le lissage est chro­ma­tique et pas continu (enle­ver le lissage fait sauter le pitch sur les valeurs réglées dans chaque pas). On peut défi­nir les points de bouclage, le sens de lecture (comme l’ar­pé­gia­teur, mais sans notion d’ordre de notes jouées) et le swing (bipo­laire). En lecture, les séquences peuvent être trans­po­sées au clavier, soit en main­te­nant la touche Trans­pose, soit direc­te­ment après avoir double-cliqué dessus. 10 000 mémoires attendent nos œuvres, que l’on rattache ensuite aux programmes.

Enfin, l’ani­ma­teur fonc­tionne comme le séquen­ceur, sur 32 pas et 12 pistes, avec la même possi­bi­lité de lissage entre les pas, mais en agis­sant unique­ment sur les para­mètres internes ou CC MIDI (donc pas les notes). Autre diffé­rence, il est déclen­ché par chaque note jouée et peut fonc­tion­ner en valeur abso­lue ou rela­tive. C’est ainsi que l’on module le numéro de forme d’onde ou le pano­ra­mique d’un programme tout en jouant. Pour la forme d’onde, le lissage ne permet pas le passer progres­si­ve­ment d’une onde à l’autre, car on lisse les numé­ros d’onde (on balaie les numé­ros consé­cu­tifs au lieu de sauter du premier au dernier), pas les formes d’onde, la nuance est impor­tante. Pour l’ani­ma­tion du pano­ra­mique, la décep­tion est grande là aussi, car la carte option­nelle qui permet ce réglage n’ad­met pas le lissage ! L’ani­ma­teur dispose de points de début et fin de lecture, d’un sens de lecture et d’un facteur de swing. Il peut être lu en boucle, une seule fois avec arrêt sur les dernières valeurs modu­lées ou une seule fois avec retour aux valeurs du programme. Là encore, 10 000 mémoires attendent nos anima­tions pour être rappe­lées rapi­de­ment. Une très bonne idée qui souffre des limites du code et/ou du proces­seur.

Multi Modal

002_2tof 05.JPGLà où le 002 se démarque de ses descen­dants, c’est dans la possi­bi­lité de jouer ses 12 voix en multi­tim­bra­lité totale. Cela se passe au sein du mode Perfor­mance. Bascu­ler dans ce mode prend 8 secondes de calcul, autre­ment dit une éter­nité. Il en est de même pour chan­ger de Perfor­mance, ce qui est diffi­cile à admettre sur une machine ce cette géné­ra­tion et de ce stan­ding ! C’est d’au­tant plus surpre­nant que les Perfor­mances ne mémo­risent pas les para­mètres des programmes assi­gnés, mais juste leur numéro. En fait, une Perfor­mance renferme, pour chacun de ses 12 canaux, le numéro de programme, le volume, le canal MIDI, la réserve de voix, le statut des messages MIDI (émis­sion, récep­tion, les deux) et la trans­po­si­tion par demi-ton. Donc aucun réglage de fenêtre de vélo­cité, soit-dit en passant.

Si les programmes édités sont sauve­gar­dés en mode Programme avec leurs réglages d’ar­pé­gia­teur, le numéro d’ani­ma­tion et le numéro de séquence asso­ciés, ils sont char­gés dans la Perfor­mance avec leurs réglages d’ar­pèges et les poin­tages vers l’ani­ma­teur et la séquence asso­ciés, ceci pour chaque canal, ce qui commence à faire du monde. Lorsque la carte option­nelle audio­nu­mé­rique/effets est instal­lée, chaque canal d’une Perfor­mance dispose de trois départs sépa­rés vers les effets, ainsi qu’un réglage de pano­ra­mique (bizar­re­ment sur notre modèle, le pano­ra­mique fonc­tionne à l’en­vers ; ne recu­lant devant aucun effort, nous avons inversé nos cordons audio gauche et droit, ce qui est au fond plus facile que rouler à gauche en étant assis à droite). D’ailleurs, parlons-en tout de suite de cette fameuse carte.

Digi­tal option

La carte audio­nu­mé­rique/effets option­nelle prend la place de la carte audio de base. Cela néces­site d’en­voyer son synthé chez Modal, on aurait préféré pouvoir faire cela soi-même, surtout pour chan­ger un simple PCB. L’op­tion permet d’abord d’uti­li­ser l’USB-B pour véhi­cu­ler des signaux audio­nu­mé­riques multi­pistes vers une STAN, en plus du MIDI de base. On peut la confi­gu­rer comme 12 sorties indi­vi­duelles ou 2 paires de sorties stéréo (une trai­tée par les effets de la carte et une non trai­tée). Elle offre aussi une entrée numé­rique stéréo depuis la STAN, que l’on peut envoyer aux circuits analo­giques VCF/VCA. Elle fonc­tionne à une réso­lu­tion de 24 bits et à des fréquences de 48–96–192 kHz sous Mac, où elle est classe-compa­tible USB2. Sous Windows, elle est limi­tée à 48 kHz en USB1 et néces­site d’ins­tal­la­tion préa­lable d’un pilote (type Asio4all). Etant sous Windows XP et 10, nous n’avons pas testé cette partie pour ne pas mettre le bazar dans nos pilotes ASIO qui se portent très bien, merci…

002_3diag FXAllez, parlons des effets. Le 002 de base en est complè­te­ment dépourvu. Avec la carte numé­rique, on a trois effets simples (chorus, délai, réverbe) avec des routages complexes. Le chorus est mono en entrée et stéréo en sortie. Sa sortie est retour­née sur le bus stéréo maître et simul­ta­né­ment envoyée dans le délai, stéréo en entrée et en sortie. La sortie de l’en­semble chorus + délai est à son tour retour­née sur le bus stéréo maître et son signal réduit en mono envoyé vers la réverbe (mono en entrée et stéréo en sortie), où il peut être ajouté au signal mono non traité. Enfin, la sortie stéréo de la réverbe est retour­née sur le bus stéréo maître, où elle rejoint les sorties stéréo mélan­gées du signal sec, du délai, du chorus et de l’en­semble chorus + délai. Que ceux qui préfèrent les dessins se réfèrent au diagramme joint.

Entrons un peu dans le détail des effets. Le chorus offre 5 para­mètres : temps de délai, feed­back, vitesse, profon­deur et largeur stéréo. Il apporte un peu d’am­pleur au son, mais n’est pas excep­tion­nel. Le délai propose 6 réglages : quan­tité des modu­la­tions stéréo croi­sées, temps du canal gauche, feed­back gauche, temps du canal droit, feed­back droit et quan­tité de chorus envoyée dans le délai. Les temps des canaux gauche/droit peuvent être synchro­ni­sés à l’hor­loge MIDI suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles. Un effet plutôt réussi. Enfin, la réverbe offre 6 para­mètres : prédé­lai, temps, taille des délais internes (réso­nance de pièce), balance des réflexions, feed­back et quan­tité de délai injecté dans la réverbe. Le son est fin et métal­lique, plutôt déce­vant. Le manque d’al­go­rithmes plus exotiques, tels que plaques, portes ou inver­sions, est aussi regret­table.

En mode multi­tim­bral, rappe­lons que l’on peut doser l’en­voi de chaque partie vers les trois effets, parta­gés avec l’en­semble de la Perfor­mance. Les réglages des trois effets sont stockés indé­pen­dam­ment dans 1 000 mémoires, que l’on lie au Programme ou à la Perfor­mance. Les para­mètres de mixage (dont le pano­ra­mique) et d’ef­fets peuvent être modu­lés avec l’ani­ma­teur, mais seule­ment de façon discrète (pas de lissage, nous l’avons dit), ce qui en limite l’uti­li­sa­tion (notam­ment pour le pano­ra­mique, les départs/retours ou les temps de délai/réverbe). Même avec la partie audio­nu­mé­rique, la note pour obte­nir cette carte est très salée (envi­ron 700 € TTC compris montage et trans­port retour du synthé en Europe) au regard des possi­bi­li­tés et résul­tats sonores obte­nus. Pas vrai­ment indis­pen­sa­ble…

Say good bye

Le 002 a été un bel objet de convoi­tise à sa sortie. Il a su séduire un public de privi­lé­giés, tant par son tarif haut de gamme que par sa rareté. Il faut dire que sur le papier, il offre des spéci­fi­ca­tions allé­chantes, telles que la multi­tim­bra­lité, le moteur hybride, les diverses possi­bi­li­tés d’ani­mer le son, les commandes garnies, l’ap­proche Web/Cloud, sans oublier la carte option­nelle qui apporte audio­nu­mé­rique, effets et pano­ra­mique ajus­table, manquant cruel­le­ment à la version de base. Pour­tant, le 002 présente plusieurs points de fric­tion, dont certains seront rédhi­bi­toires suivant les sensi­bi­li­tés de chacun : l’OS pas encore stable après plusieurs années de mise à jour, la lenteur surpre­nante du mode multi­tim­bral, un écran peu visible en posi­tion assise et l’im­pos­si­bi­lité de reca­li­brer soi-même les parties analo­giques. C’est sans doute ces points, compa­ra­ti­ve­ment au prix premium, qui ont pu faire renon­cer certains clients poten­tiels. Dommage, car le 002 avait sa place dans l’uni­vers des synthés élitistes et sophis­tiqués, avec sa concep­tion singu­lière et son carac­tère sonore hybride distinc­tif. Réservé aux belles collec­tions…

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7/10
Points forts
  • Textures hybrides originales
  • Sonorités bien pêchues
  • Nombreuses commandes directes
  • Multitimbralité 12 canaux
  • Oscillateurs NCO très organiques
  • 2 oscillateurs + 2 sous-oscillateurs par voix
  • Synchronisation des oscillateurs
  • VCF en échelle avec morphing
  • (Petite) matrice de modulations
  • Séquenceur, animateur et arpégiateur
  • Nombreuses mémoires internes
  • Éditeur Web intégré et accès Cloud
  • Clavier Fatar de très bonne qualité
  • Look et choix des matériaux
Points faibles
  • OS toujours instable après plusieurs mises à jour
  • Lenteurs pesantes en mode Performance
  • Enveloppes uniquement routées sur le VCF et VCA
  • Carte audionumérique/effets optionnelle trop chère
  • Effets optionnels très moyens, surtout la réverbe
  • Calibrage des VCF/VCA nécessitant un retour atelier
  • Écran difficilement lisible en position assise
  • Pas donné au regard des prestations globales
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.